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EAN : 9791022601627
280 pages
Editions Métailié (15/09/2016)
3.75/5   26 notes
Résumé :
Crisostomo, un pêcheur solitaire, décide à quarante ans de prendre son destin en main. Il s'invente une famille, comme si l'amour était avant tout la volonté d'aimer. Il choisit un fils en apprivoisant le petit orphelin abandonné par le village, puis une femme au passé tourmenté les rejoint, et autour de ce noyau se forme une famille peu commune de laissés-pour-compte et d'éclopés. Ce bricolage affectif se révèlera inventif et profitable pour tous et éveillera entre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Un homme arriva à l'âge de quarante ans et assuma la tristesse de ne pas avoir d'enfant. Il s'appelait Crisostomo. Il était seul, il n'avait pas eu de chance en amour et il avait le sentiment qu'il lui manquait la moitié de tout, comme s'il n'avait eu que la moitié des yeux, la moitié du coeur et la moitié des jambes, la moitié de la maison et des couverts, la moitié des jours, la moitié des mots pour pouvoir s'expliquer auprès des gens. (...)
Il se voyait à moitié dans son miroir parce qu'il se voyait sans personne à ses côtés. (...)
A l'intérieur de lui c'était l'infini, et peu ou rien de ce qu'il contenait ne lui servait de bonheur. A l'intérieur de l'homme l'homme tombait .(p. 13)"

Déjà de nombreux mois que j'ai fait cette très émouvante lecture... une découverte complète de cet écrivain, en fouinant au hasard de mes boulimies..En novembre 2016, je suis tombée sur ce très beau roman de Valter Hugo Màe , né en 1971, en Angola, d'origine portugaise...

Une histoire de solitude extrême; un homme, en manque absolu de paternité... se dit , à quarante ans "que puis-je faire" sur cette terre si je ne suis pas en mesure d'aimer , de protéger un enfant, de lui transmettre ce qui m'est cher... Crisostomo, notre protagoniste se sent incomplet...inachevé !

Une éternité... que je ne me suis pas retrouvée ainsi, le coeur au bord des larmes, au fil d'une lecture; les sujets abordés font la quintessence d'un bilan de vie sévère et authentique...

Qu'avons-nous fait ? Qu'avons-nous créé ? Qu'avons-nous transmis ?


"Il décida qu'il sortirait dans la rue pour dire à tous qu'il était un père à la recherche d'un enfant. Il voulait savoir si quelqu'un connaissait un enfant seul. Il disait aux gens qu'il vivait dans le quartier des pêcheurs, puisqu'il était un pêcheur, il disait qu'il n'avait pas eu de chance en amour, mais que les amours ratées ne détruisaient pas pour autant l'avenir. Crisostomo pensait que peut-être dans le village quelqu'un l'attendrait, quelqu'un qui serait la moitié de tout ce qui lui manquait. Et peu importait qu'on le trouve idiot, il n'éprouvait pas de honte et ses rêves étaient si puissants que chaque empêchement ne représentait qu'un petit retard, en aucun
cas un renoncement ou l'acceptation de sa folie. Il pensait que lorsqu'on rêve si puissamment la réalité en tire un enseignement. "(p. 15)
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Crisóstomo, célibataire, quarante ans n'en peut plus de sa solitude, de ne pouvoir transmettre ses valeurs à un fils. « A l'intérieur de l'homme l'homme tombait ». le pantin qu'il a acheté est un ersatz dérisoire pour lui. Il veut un enfant, mais faire un enfant tout seul lorsque l'on est un homme est mission impossible. Alors, il en parle « Il décida qu'il sortirait dans la rue pour dire à tous qu'il était un père à la recherche d'en enfant. Il voulait savoir si quelqu'un connaissait un enfant seul. ». Un jour, le destin met en face de lui un garçon qui vient de perdre sa seule famille, son grand-père. Il accepte le coeur de Crisóstomo « Crisóstomo, et Camilo, qui, soudainement, étaient comme seuls au monde, parce qu'à eux deux ils étaient toute la compagnie nécessaire. La vraie. ». Arrive une femme qui sera SA femme, l'être qu'il attend, qu'il aime déjà, une femme qui les aime tous les deux, une femme qui ne se contente plus « de profiter d'un instant d'amour possible. L'amour des malheureux. »
Ce livre parle de l'amour désintéressé, de la filiation utérine, des familles recomposées que l'on se choisit, pas celles que l'on subitet la famille que l'on se compose, qui s'agrandit comme les ronds dans l'eau. Un grand hymne à l'amour humain, au bonheur « Celui qui n'a pas peur de souffrir a plus de chance d'être heureux. ». La famille, la vraie, celle des liens du sang n'est pas toujours à la hauteur des espérances des uns et des autres, mais, englobée dans la famille choisie, donne sa part de bonheur. Crisóstomo, tel un artisan, un bon artisan, a construit sa famille. Il a reçu l'aide de son fils et de la femme qu'il aime pour agrandir le cercle familial.
Je vous vois venir, vous vous dites, Zazy va finir chez BC (B. Cartland) ! mais non, ce livre est une réflexion sur l'amour désintéressé et n'est en rien gnangnan. L'amour est une force qu'il faut travailler, remettre le travail sur l'établi chaque jour, accepter ce qui peut nous déranger.
Un livre empli de poésie où les phrases sont belles et j'y suis très sensible. Une pépite de bonheur


Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un court roman d'un auteur portugais que je ne connaissais pas. J'ai découvert une écriture tout en poésie, ciselée, précise qui m'a emportée dès les premières pages. J'ai totalement adhéré à l'histoire et j'ai été conquise par le personnage de Crisostomo, ce pêcheur qui a décidé de se créer sa famille sur mesure, au-delà des liens de sang, au-delà des apparences, du niveau social. J'ai adoré l'idée, la famille de sang n'étant pas toujours à la hauteur de nos attentes, il est parfois nécessaire de s'en détacher et de se créer un cocon familial qui nous ressemble et dans lequel on peut être nous-mêmes. Mais je m'égare là, revenons au roman. Il va s'entourer en commençant par se choisir un fils et petit à petit d'autres personnages vont se greffer et tout ce petit monde va pouvoir s'apprivoiser et chose formidable, comme ils sont tous différents avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs qualités et leurs défauts ils vont s'apporter beaucoup et surtout se donner de l'amour et de la bienveillance.

Attention, je dois préciser qu'il ne s'agit pas là d'un roman plan-plan ou niais , du genre tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. C'est un roman puissant, des personnages hors normes et beaux chacun à leur manière, la vie ne les a pas épargnés et cela leur a donné de la force. Une expérience humaine et d'amour inconditionnelle unique que nous fait partager l'auteur. J'ai beaucoup aimé l'idée car c'est déjà ce que je fais dans la vie, ça m'a donc beaucoup parlé.

Un roman qui se lit d'une traite, dans lequel on entre direct et qui fait du bien car très humain. Je ne regrette pas ma lecture et je vais suivre de plus près Valter Hugo Mae dont j'ai apprécié la poésie et l'écriture

VERDICT

Un roman parfait pour reprendre le chemin du travail et s'évader pour quelques heures, un auteur à découvrir, un univers unique. Courez l'acheter


Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Valter Hugo Mae, écrivain né en Angola en 1971, peint ici un monde complexe, qui réunit toutes les « gueules cassées » sociales ou psychologiques d'un village perdu dans la campagne où, comme souvent, il ne fait pas bon être différent. Éclopés et laissés -pour-compte (dixit la 4ème de couverture) s'y retrouvent, méfiants d'abord, conquis finalement, dans une sorte de grande famille recomposée où chacun aura le droit d'être ce qu'il est, sans craindre le jugement des autres, juste pour apporter et recevoir l'amour et la compassion nécessaires à son bonheur.
Sous le regard bienveillant de Crisostomo se rejoignent une femme meurtrie qui finit par épouser deux hommes à la fois, un enfant perdu, un homosexuel terrifié qui reprend confiance, sa propre mère, d'abord haineuse à son égard mais qui découvre la compassion, etc. C'est une oeuvre revigorante, qui redonne un peu le goût de la collectivité et une confiance dans la société qui, si on veut bien y mettre du sien, peut ne pas être absolument détestable. Une bouffée d'air pur par les temps qui courent...

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"Crisostomo, un pêcheur solitaire, décide à quarante ans de prendre son destin en main. Il s'invente une famille, comme si l'amour était avant tout la volonté d'aimer. Il choisit un fils en apprivoisant le petit orphelin abandonné par le village, puis une femme au passé tourmenté les rejoint, et autour de ce noyau se forme une famille peu commune de laissés-pour-compte et d'éclopés. Ce bricolage affectif se révèlera inventif et profitable pour tous et éveillera entre les membres de cette communauté un amour bienveillant et généreux. L'auteur construit des personnages étranges aux vies pleines de vicissitudes et dont la rencontre va construire un type de rapports et d'amour particulier à chacun. Ce texte sensible et humain au style ciselé est un éloge de tous ceux qui résistent aux injonctions de l'évidence. Cette expérience d'amour de l'humanité explique finalement comment le rêve change la vie."

Ce roman court m'a fait pensé à un conte philosophique, découpé en chapitres de vie, reliant les uns aux autres tous les personnages. A la fois poètique et dévergondé, ce mélange particulier emmène le lecteur vers le but ultime, l'espoir.
Que chacun avec ses différences, avec ses propres croyances pas toujours trés justes, puisse vivre en harmonie dans le respect et l'amour. La peur, le desespoir, la solitude, rien n'est alors inéluctable et une famille peut se construire sans lien du sang, simplement parce que chacun l'accepte comme une évidence.

Une découverte interressante, malgré une écriture pas toujours simple, mais qui étonnamment dans tout ce qu'elle a de douloureux, fait du bien.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Un homme arriva à l'âge de quarante ans et assuma la tristesse de ne pas avoir d'enfant. Il s'appelait Crisostomo.
Il était seul, il n'avait pas eu de chance en amour et il avait le sentiment qu'il lui manquait la moitié de tout, comme s'il n'avait eu que la moitié des yeux, la moitié du coeur et la moitié des jambes, la moitié de la maison et des couverts, la moitié des jours, la moitié des mots pour pouvoir s'expliquer auprès des gens. (...)
Il se voyait à moitié dans son miroir parce qu'il se voyait sans personne à ses côtés. (...)
A l'intérieur de lui c'était l'infini, et peu ou rien de ce qu'il contenait ne lui servait de bonheur. A l'intérieur de l'homme l'homme tombait .(p. 13)
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Il pensait que l'enfant était l'héritage. L'enfant était ce qui restait au monde comme la continuité de quelque chose que l'on n'avait pas pu faire avant ni d'aucune façon. (...)
Le vieil Alfredo, qui n'avait peut-être été qu'un idiot, voulait que le garçon ait la bouche remplie de leurs noms et qu'il perpétue leur souvenir. Parce qu'il y avait une tristesse insupportable à permettre qu'un amour aussi fort disparût sans témoin. Comme s'il n'avait servi à rien. (p. 67)
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Elle s'était réveillée vide, sans personne à l'intérieur d'elle, et à présent elle se sentait remplie par l'idée qu'il était en fait impossible d'oublier l'amour. Parce que l'amour était l'attente et elle , qui n'avait plus rien, ne faisait rien d'autre qu'attendre. Isaura savait qu'elle aimait quelqu'un qui viendrait, elle aimait l'abstraction de quelqu'un à venir. Elle attendait l'avenir, et attendre était une manière d'aimer. (p. 59)
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Il commençait toutes ses phrases en disant : tu sais , mon fils. C'était ce qu'il avait le plus besoin de dire. Il voulait dire mon fils, comme si en prononçant ces mots il avait le pouvoir de donner la vie à quelqu'un, (p. 13)
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Il décida qu'il sortirait dans la rue pour dire à tous qu'il était un père à la recherche d'un enfant. Il voulait savoir si quelqu'un connaissait un enfant seul. Il disait aux gens qu'il vivait dans le quartier des pêcheurs, puisqu'il était un pêcheur, il disait qu'il n'avait pas eu de chance en amour, mais que les amours ratées ne détruisaient pas pour autant l'avenir. Crisostomo pensait que peut-être dans le village quelqu'un l'attendrait, quelqu'un qui serait la moitié de tout ce qui lui manquait. Et peu importait qu'on le trouve idiot, il n'éprouvait pas de honte et ses rêves étaient si puissants que chaque empêchement ne représentait qu'un petit retard, en aucun cas un renoncement ou l'acceptation de sa folie.
Il pensait que lorsqu'on rêve si puissamment la réalité en tire un enseignement. (p. 15)
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Vidéo de Valter Hugo Mãe
Valter Hugo Mãe - L'Apocalypse des travailleurs .A l'occasion du Festival de Manosque 2013, rencontre avec Valter Hugo Mãe "L'Apocalypse des travailleurs" aux éditions Métailié. Traduit du portugais par Daniel Schramm. http://www.mollat.com/livres/mae-valter-hugo-apocalypse-des-travailleurs-9782864249320.html Notes de Musique : 01 Pursuit of Happiness - Free Music Archive
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