Après plusieurs jours sur ce gros pavé, j'ai enfin lu le dernier mot. Il est dur d'être la première personne à faire une chronique sur un nouveau livre, mais je relève le défi ! Dès que j'ai vu le livre tourner sur facebook, j'ai sur que je le voudrais ! Étant férue de fantasy pure, ce livre était en quelques sortes fait pour moi. Puis plus on avance, plus on se rend compte qu'il n'y a pas que de la fantasy qui rentre en compte dans ce premier opus.
Il va être très dur de vous résumer un livre qui donne énormément d'informations tout le long (en même temps 667 pages, que même...). Haraar est un jeune homme envoyé par son sultan, quérir le moyen de sauver son pays des affres sanglants qui ne tarderont pas à tomber sur eux. Grâce à la Pierre des Glaces, un artefact magique puissant, il pourrait ainsi sauver son monde. Mais son périple sera mis à mal par un dieu renégat, qui ne souhaite qu'une chose : prendre possession de ce monde et y exercer son pouvoir. Durant son voyage, il fera la rencontre d'une jeune femme qui ne le laisse pas indifférent : Anna Ordas. Mais qui est-elle réellement ? Peut-il lui faire pleinement confiance. Lui ayant promis de la protéger coûte que coûte, il devra la supporter, elle et son caractère des plus lunatiques.
Je vous l'accorde, ce résumé est un vrai résumé vu tout ce qui se déroule réellement lors de leurs aventures. J'aimerais vous en dire plus, vraiment, mais... il y a tellement d'informations à découvrir par soi-même, que je n'ai aucune envie de vous spoiler la suite et de vous gâcher la surprise. Que dis-je ? LES surprises !
Première fois que ça m'arrive mais je ne sais même pas par quoi vraiment commencer cette chronique... Il y aurait tellement de choses à dire, que je n'aurais pas assez de quelques pages, pour ! Commençons peut-être par ce que vivent les personnages, hein ? Si vous vous attendez à des personnages qui arrivent à combattre des monstres ou des gens sans égratignures, passez votre chemin. Ici, vous aurez du sang, des vraies bagarres, des morts. Rien n'est laissé au hasard et les remords que peut ressentir l'auteure sont inexistants et c'est un peu ça qui rend la lecture si addictive. On sait que rien ne sera facile, qu'ils s'en sortiront, mais beaucoup plus touchés physiquement et moralement que prévu. C'est loin d'être une promenade de santé, et même si à plusieurs reprises j'ai détesté
Astrid Méan pour ce qu'elle a fait, d'un autre sens, je la félicite aussi d'avoir osé. Si elle ne l'avait pas fait, l'histoire n'aurait pas été aussi prenante et angoissante.
Chaque chapitre a son lot de retournements, qui nous surprennent un peu plus à chaque fois. S'il est vrai que je ne suis pas fan des longs chapitres et que j'ai eu du mal à m'y faire au début, je dois dire qu'une fois dans le vif du sujet, les pages s'enfilent et se dévorent sans qu'on s'en rende compte. Lorsqu'on commence une nouvelle saga, il est toujours difficile au début de comprendre où l'auteur veut nous embarquer, quels sont les fils conducteurs du récit et aussi de reconnaître de suite les personnages que nous suivrons sur plusieurs centaines de pages. Même si j'ai eu ce problème ici (comme avec beaucoup de sagas, je le répète), une fois que l'on connaît chaque personnage, la lecture se fait plus fluide.
Il faut aussi dire que la plume de l'auteure aide à la bonne compréhension de l'histoire. À la fois fluide, incisive, poétique, recherchée, elle ne laisse rien derrière elle, au risque de prendre plusieurs pages à nous expliquer le cheminement de ses pensées et pourquoi toutes ces explications. Car chacune de ces dernières à son importance et même si on peut ressentir un sentiment de longueur, on se rend compte que plusieurs chapitres (ou pages) plus tard, tout prend enfin son sens. Elle joue parfaitement avec nos nerfs, nous faisant passer du rire à la colère, des larmes à la pitié ou encore de la surprise à la logique.
Venons-en aux personnages, quand même. Beaucoup entre en ligne de compte dans ce premier opus, mais contrairement à certains romans, on ne s'y perd pas. On s'habitue vite à eux et on s'attache d'autant plus à leur personne. Leur psychologie est poussée au maximum et on sent derrière cette plume que l'auteure les a sondés au maximum, pour qu'ils nous paraissent plus réels. J'ai particulièrement adoré la relation entre Haraar et Wa, sa jument. Cette dernière est douée de parole et ne perd pas un instant pour se plaindre ou montrer son désaccord. Fière peureuse, Haraar prend énormément de plaisir à la remettre à sa place et faire preuve de beaucoup d'ironie à son encontre. Wa se frustre rapidement et il en profite. J'ai tout de suite aimé cette jument et mon avis n'a jamais changé durant ma lecture.
Ensuite vient la relation Haraar/Anna. Si au début, cette jeune femme est très particulière et mystérieuse, on apprend à la connaître en même temps que Haraar, ce qui est très plaisant. Plus on avance dans le récit, plus leur relation évolue et plus on est touché. Il est vrai qu'au début, j'avais un peu de mal avec Anna, ne sachant pas où me positionner avec elle. En fait, même si le récit est à la troisième personne, on se met très vite dans la peau de Haraar et on est d'accord avec tout ce qu'il pense et dit, de ce fait, on est aussi indécis que lui concernant la jeune femme.
Concernant l'histoire et les recherches et légendes, on sent à la lecture que l'auteure a fait un énorme travail de ce côté-là. Je ne vous en dirais pas plus, de peur d'en dire trop, mais sachez encore une fois, que rien n'est laissé au hasard et que
Astrid Méan a vraiment dû donner du temps dans toutes ces recherches qui confirment que c'est une saga à découvrir !
Le seul petit point faible que je peux retirer est la police d'écriture qui est bien trop petite pour mes pauvres yeux. Au bout de seulement 100 pages, j'étais obligée d'arrêter ma lecture, ce qui gênait, d'autant plus que plus on lit, plus l'action devient prenante et angoissante. Je pense que j'aurais réussi à le lire plus vite si la police était plus grosse. Mais à force, on s'habitue, il est vrai.
En résumé, un premier tome rempli de rebondissements, des personnages que l'on apprend à connaître par coeur, leur psychologie poussée à son maximum. La plume de l'auteure aide aussi à entrer dans son univers en deux temps, trois mouvements. Les recherches effectuées sont flagrantes et très appréciables. Un beau pavé de 667 pages, mais qui malgré tout se lit très vite. Nous n'avons pas le temps de souffler et les personnages sont loin de faire une promenade de santé. Leur corps et leur esprit sont vivement touchés, ce qui prouve que l'auteure n'a aucun remord pour eux. À plusieurs reprises, j'ai aimé détester
Astrid Méan pour ses idées, mais qui coulaient aussi de source avec ce qui leur arrivait ! Une saga que je conseille donc fortement !
Justine P.
« — Stupide canasson que tu es, déclara l'oiseau en secouant sa belle tête recouverte de plumes aussi blanches que la neige autour d'elles. Ne vois-tu pas que tu n'es plus en danger?
[...]
— Beaucoup de paroles ne devraient pas sortir de ce si petit orifice qui te sert de bec, espèce de poule couverte de fiente ! s'emporta Wa en approchant ses naseaux dilatés de colère de la figue plate de la chouette.
— Devrais-je dire pareil, saut que, pour toi, seules des injures semblent sortir d'une si grande bouche herbivore et édentée? répondit Nocturne sur un ton étrangement calme. Mesure tes mots, jument, ce si petit orifice, comparé au tien, tue des proies chaque nuit, tandis que toi, être oiseux et passif à la bouche insondable tout autant que l'estomac, tu attends qu'une nourriture dépourvue de viande te tombe dans la mangeoire par la main d'un humain bienveillant. Sot animal vivant comme du bétail, courbé et soumis à ton ventre comme la nature t'a conçu.
Wa releva son encolure en renâclant de fureur.
— Tu es aussi vicieuse qu'une vipère douée de parole, tas de plumes plongées dans du lait caillé ! [...] J'ai une forme d'intelligence exceptionnelle pour un "animal courbé et soumis à son ventre" comme tu me décris ! D'ailleurs, j'ai bien dit à Haraar: le poulain de Gumik héritera de la perspicacité de sa mère, nom d'un étalon !
— Ah oui, surtout si ce n'est pas toi la génitrice, argua Nocturne en jouant sur les mots de Wa.
— Stupide piaf ! hennit la jument, au paroxysme de sa colère. »
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