AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur 1994 (9)

Le jeune homme agenouillé termina sa phrase dans un râle de douleur : le colonel lui avait envoyé un coup de pied dans les reins qui le projeta sur le côté, bousculant ses deux acolytes.

Il s'agenouilla et murmura à l'oreille du jeune homme :

— Tu as de la chance, petit pédé, je ne peux pas m'occuper de toi, je t'aurais fait ta fête sinon et tu aurais regretté le jour où tu es né. Et c'est pas ton père qui t'aurait sauvé. Tu sais qui nous sommes, espèce de pute ? !

Sanglotant, le garçon enfouit son visage dans le tapis du salon.

— On attend ?

Zoubir regarda son adjoint.

— J'attends personne. Toi, le flic, embarque ces trois merdes au poste et établis le PV. La pute aussi."
Commenter  J’apprécie          20
Que reste-t-il quand Dieu le Père meurt ? Presque rien. Presque rien et presque tout. Le big bang et l'apocalypse en un seul mouvement, celui de l'enfouissement du cadavre.
Commenter  J’apprécie          10
« On l’a fait juste parce que vous autres, nos pères, nos légions de pères, nous faites payer le prix ingrat de votre lâche échec, de votre si belle vie à l’ombre des nuages noirs que vous avez refusé de voir, décennie après décennie. C’est vous, les assassins, vous, les coupables ! »
Commenter  J’apprécie          00
Elles étaient la, dans la maison funéraire de Saïd HAMDINE, ces guerres, mille-feuilles de mille récits, cadavres, commémorations ou silences, martyrs sacrifies ou oubliés, lambeaux de chair carbonises, charcutés ou lacérés, sacs d’ossements découverts sur le tard et éparpillés aux quatre coins du pays et de la mémoire. Éparpillés ici même .Dans la maison.
Commenter  J’apprécie          00
Amin, à côté de son ami, entendit les cris provenant du combiné et il se dit que désormais c’était à eux de rassurer leurs parents, leur fournir des explications, les apaiser : « Ça va, ça va, calme-toi, je suis vivant et à l’abri… » C’était à eux de devenir adultes face aux adultes déboussolés. Perdus dans ce monde qui s’écroulait de partout. Leur monde. Mais un autre monde émergeait, nouveau et cruel. Un monde à eux, dont étaient exclus les adultes, qui n’étaient là que pour le compte à rebours de leur naufrage. Les adultes savaient que le temps qui leur restait ici-bas ne serait plus fait que d’angoisses et de sanglots. Leurs enfants savaient qu’ils étaient déjà dans l’au-delà. Ils n’étaient là que pour crever ou éviter de crever. Et alors quoi, ils devaient par-dessus le marché faire preuve de pédagogie ? Trop tard.
Commenter  J’apprécie          00
Le silence s’emmurait entre ces façades jaunes comme par pudeur devant la vague de sang qui jaillirait bientôt, juste là.
Commenter  J’apprécie          00
Dans mon sommeil ou dans ma syncope causée par les cachets… trop de cachets, docteur… je voyais Alger dans mon dos, je me voyais foncer vers Lavigerie plein sud-est à travers la Moutonnière longeant la mer. J’ai compris que je voyais Alger dans mon rétroviseur et que je conduisais. La mer à ma gauche, de loin se dessine l’imposante barre de l’immeuble des Dunes coupant la perspective. En y retournant, j’ai pris un ticket pour la mémoire. Dans ce rêve, je n’entends pas le vrombissement du véhicule. Je revois défiler les rues vides et les cités jaunes de mon adolescence. Là, un accrochage face au lycée, là, un énième contrôle musclé des flics en 505 break blindée, là, la sortie vers El-Papass, le bois des Pères blancs où notre serment a été scellé.
Commenter  J’apprécie          00
Il suffisait d’effectuer un carottage et d’exposer les couches sédimentées depuis ces temps engloutis dans la nuit du passé qui ne croit en aucun matin, aucun réveil, sauf celui de la remémoration douloureuse. Ce passé tout autour d’Amin, qui n’arrêtait pas de le couver, de le cerner comme une épaisse brume. Et le présent qui peinait à percer les vapeurs denses d’un passé entêté. Le présent d’un cadavre qui survivait parmi les autres et en lui-même. Un cadavre qu’il rencontrait souvent quand il dormait pour retrouver les horreurs et les fantômes, surgissant dans ses cauchemars. Il dormait paradoxalement mieux avec eux, avec ses fantômes. Enfin, avec lui-même. Il était son propre fantôme.
Commenter  J’apprécie          00
Fini le ton apaisant, l’ordre claqua dans les oreilles d’Amin comme un coup de fouet. Les dents du lion, menaçantes. Pas le temps de s’agiter. Déjà l’homme chauve avait plongé l’aiguille dans son avant-bras qu’il tenait fermement. Douleur. Le sang pollué par le calmant injecté en intraveineuse, le sang qui, se faisant complice de l’agression chimique, charriait dans tout son corps le sédatif, propageant l’atrophie des membres et de la conscience. La vague qui déferlait s’écrasa violemment contre un mur et les souvenirs, les arbres, les mots, les rires, les tombes, les flingues et Kahina, sa nuque, sa bouche, ses seins, tout vola en éclats comme un shrapnel mortel. Ça faisait mal. Amin sombra, criblé par ses propres débris tranchants.
Commenter  J’apprécie          00



    Autres livres de Adlène Meddi (1) Voir plus

    Lecteurs (133) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Petit quiz sur la littérature arabe

    Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

    Gibran Khalil Gibran
    Al-Mutannabbi
    Naghib Mahfouz
    Adonis

    7 questions
    64 lecteurs ont répondu
    Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}