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"C'est un roman sur le non-dit, le silence dans les familles, l'omerta sur ce qui s'est passé avant, la difficulté de devenir un adulte quand on ne sait rien de ce que font les pères, de ce qu'ils ont fait. Des pères hiératiques et surpuissants, qui livrent un combat à mort contre la pieuvre islamiste, qui se cachent des choses, toujours dans la course à celui qui aura les meilleurs résultats. (...)
Un roman étonnant, intéressant, avec une belle écriture sur un sujet difficile, avec un point de vue assez rare, et donc à lire pour toutes ces raisons."
François Muratet (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/1994..
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Meddi Adlène – "1994" – Payot & Rivages, 2020 (ISBN absent) – édition originale aux éditions Barzakh d'Alger, cop. 2017

Ce roman traite des années noires de l'Algérie, lorsque "les barbus" (comme ils sont désignés dans ce roman) du FIS puis du GIA et du MIA devenu AIS, tentèrent de s'emparer du pouvoir en organisant des guérillas et des attentats terroristes. Ils oubliaient qu'ils se heurtaient à une armée et une organisation politique issues du FLN, dont les cadres étaient encore massivement en activité (les principaux personnages du roman appartiennent à cette strate) et avaient eux-mêmes pratiqué aussi bien la guérilla que le terrorisme avant de s'emparer des richesses du pays et de devenir une nomenklatura corrompue formée dans les pays communistes, bien décidée à conserver à tout prix ses rentes de situation.

Coincée entre les islamistes d'un côté et ces privilégiés corrompus de l'autre, la génération qui arrive alors à l'âge adulte (les trois "héros" de ce roman) subit les exactions des uns et des autres. Et lorsqu'elle se met en tête d'intervenir, cela tourne à la catastrophe, d'autant plus que les motivations d'ordre privé interfèrent avec les "nobles" objectifs.

Il s'agit là d'une thématique complexe, que l'auteur maîtrise plutôt bien, même si le début du roman peut sembler obscur et confus. le récit s'articule en chapitres mêlant trois strates temporelles : l'année 2004 (les protagonistes se souviennent), 1994 (les trois lycéens sont en classe de terminale), 1962 (la génération des pères, combattants dans les rangs du FLN), retour à 1994, puis à 2004 (pour visiter les morts).

L'écriture est remarquable : né en 1975, à Alger, l'auteur s'exprime dans une langue française que bien des auteurs d'origine "gauloise" peuvent lui envier...

Quelle tristesse de voir ainsi l'Algérie et son peuple s'enfoncer dans la misère (pour le plus grand nombre) et la corruption (pour la caste dirigeante), ce pays qui pourrait, qui aurait du devenir l'une des perles de l'Afrique, partenaire majeure de la France et de l'Europe... Espérons que la population algérienne connaîtra un avenir meilleur, même si cela n'en prend guère le chemin actuellement...

Un roman à lire, mais il convient de réfléchir avant de l'offrir, car certaines scènes sont tout de même fort rudes, même si l'auteur est loin de se vautrer dans la violence gratuite qui caractérise une certaine littérature aujourd'hui. Son texte montre d'ailleurs fort bien que toute violence est finalement vaine et ne peut en aucun cas mener vers une société meilleure.

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Une plume incontestablement talentueuse même si il m'a bien fallu une cinquantaine de pages pour m'y faire.

L'auteur a un indéniable talent et s'en sert pour sortir de ses tripes la douleur inflige par les années de guerre dans son pays.
Comme au jeu du chat et la souris, chaque souris semble devenir chat à son tour et perpétuer le crime, le sang et l'horreur.
Un engrenage.
Une folie.

Je me suis vraiment eloigne de mes lectures habituels avec une période et un lieu que je ne connaissais pas.
Je n'ai pas pour autant envie de m'y aventurer à nouveau, j'avais tout de même hâte que cette lecture baigné dans le sang se termine.

Même si elle parle de vérités.
Mais c'est la aussi où l'auteur veut en venir .
La gravité de la sittuation, trop longtemps ignoré.
La violence engendre la violence.
Ce n ets pas nouveau mais l'être humain à du mal à comprendre.
Et perpétue de verser le sang.

Je n' ai pas réussi à le lire comme un polar, comme il est dit.
Je l'ai lu comme un témoignage de souffrance. le polar un outil.

L attachement aux personnages étaient impossible pour moi.
Ça rend toujours une lecture difficile même si c est parfois utile pour l oeuvre.

J aurais tout de même aimé rencontrer ce pays d une autre façon, voir d autres facettes, des choses positives aussi.
Même si ce n était pas le propos.
Un pays qui a tant souffert aurait peut être mérité un rayon de soleil dans la noirceur du monde, non ?

N'étant pas une spécialiste du sujet, j'invite ceux qui le sont à donner leurs avis, ainsi que ceux qu'ils l'ont lu.
C'est tout de même un bouquin que j'ai été ravie de finir, presser de quitter ce monde de violence, qui certes, pullulent dans ce monde.
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1994… Qui s'en souvient ? Qui s'en soucie ? Adlène Meddi nous entraîne en Algérie pour nous parler de son pays et des algériens.

Il nous raconte une tranche d'histoire de son pays au travers de quatre jeunes : Amin, Sidali, Farouk et Newfel.

1994 a changé toute leurs vies.

Dans un texte construit comme une pyramide, l'auteur nous parle tout d'abord d'un passé proche 2004. Amin est en Algérie et assiste aux obsèques de son père, ancien militaire très redouté Zoubir Sellami. Sidali est depuis dix ans en cavale en France mais décide de revenir en Algérie pour revoir son ami Amin et le sortir de l'asile psychiatrique où il est détenu.

Ensuite nous remontons le temps en 1994. Les quatre copains sont lycéens. La guerre interne en Algérie bat son plein entre armée et « terroristes ». Alger est à feu et à sang, y règnent assassinats, tortures et arrestations arbitraires. Ces quatre gamins vont devoir entrer dans ce conflit dont ils ont hérité.

Elle naquit ainsi, l'armée impérieuse et anonyme, dans la chaleur humide d'un printemps plein de sang. Dans l'extraordinaire débauche de meurtres éclatant dans chaque recoin du pays chéri. du pays payé cher, des rues de l'enfance plus petites, maintenant que, jeunes hommes, ils toisaient le monde du haut de leurs certitudes et de leurs faits d'armes passifs. Spectateurs aguerris des attentats quotidiens, meurtris, morts, mortifiés et mille fois mourants sous le soleil matraquant des kalachnikovs officielles ou non. Armement acharné, sans nom, sans raison mais, finalement, déterminé à les détruire dans ce qu'ils étaient, dans ce qu'ils seraient. Demain ou tout à l'heure.

Pour comprendre cet héritage, l'auteur nous emmène en 1962. On est à la fin de la guerre d'Algérie qui oppose les français aux algériens. Zoubir, le père d'Amin, est alors un jeune soldat de l'Armée algérienne. Farès, le père de Sidali, se bat à ses côtés. de l'histoire de ces deux hommes va découler l'avenir de leurs fils.

Dans ce texte on ressent énormément d'émotion, de rage aussi, de la part de l'auteur.

Au-delà d'un texte magnifiquement écrit, tous ces sentiments nous atteignent d'une manière rare en littérature. On ressent l'amour de l'auteur pour son pays et pour ses habitants, pour ces lieux, ces ruelles, cette Méditerranée. Mais on ne peut éluder la tristesse, les regrets, la colère qui en ressort.

L'histoire de ces quatre jeunes est poignante, tragique. Elle est servie par une plume sublime. Alors bien sûr c'est politiquement orienté, ça tente d'expliquer et de trouver des justifications mais il faut toujours avoir conscience que la vérité n'est pas forcément que d'un seul côté, qu'il faut comprendre avant de juger. Je garderai une tendresse particulière pour ce roman qui m'a beaucoup touchée et que je vous recommande sans l'ombre d'une hésitation.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Lors du décès de Zoubir, un dirigeant de la police secrète algérienne, son fils Amin, lui-même officier dans l'armée, pète un plomb et se retrouve interné en psychiatrie. Son meilleur et plus vieil ami, Sidali, décide de quitter son exil forcé en France pour aider celui qu'il considère comme son frère.
En fait tout les ramène 10 ans auparavant, alors que le pays était en pleine guerre civile, avec le FIS (Front islamique du salut) d'un côté, et l'armée de l'autre. Et la population civile entre les deux. Cette année-là, quatre lycéens à l'image de leurs aînés lors de la guerre de libération (ce qu'on appelle en France « Les événements ») décident d'agir et de lutter avec leurs moyens contre les deux belligérants. Dans un premier temps en observant ce qui se passe, avant de faire parler les armes. Bien sûr, rien ne se passera vraiment comme prévu.
Thème original pour ce polar, la guerre civile algérienne, Adlène Meddi nous offre un éclairage unique et nouveau sur le sujet. Ces adolescents plongés dans une société violente et corrompue, avec l'impossibilité de choisir entre les idées moyenâgeuses des islamistes et le cynisme d'un pouvoir corrompu déjà depuis 30 ans. N'oublions pas que cette guerre civile fait suite aux premières élections libres en Algérie depuis l'indépendance. Mais le vainqueur (le FIS) déplaisant à beaucoup de monde, l'armée, la caste politique mais aussi la communauté internationale, les militaires algériens décideront de reprendre en main le pays (une main de fer dans un gant de… fer en l'occurrence).
Petit bémol, le roman peine à démarrer, la première partie (un tiers du livre) aurait pu (dû) être beaucoup plus courte.
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Inspiré par une période politique agitée en Algérie, l'auteur nous raconte une histoire, à la fois passionnante et effrayante, de 4 jeunes algériens et nous entraîne dans un thriller bien inquiétant.
Ces 4 lycéens qui ont une partie de leur vie détruite par tous ces attentats vont prendre une décision tragique et ce roman nous questionne notamment sur cette époque politique très tendue.
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1994 ou une année d'une décennie bien sombre pour l'Algérie. Adlène Meddi entraîne le lecteur au milieu du sang, du chaos de la guerre mais surtout de la complexité de cette guerre d'Algérie qui a fait bien plus de ravages que remplir les cimetières.

Au milieu d'une génération broyée entre la guerre et des parents qui eux-mêmes sont plongés dans cette terreur, le lecteur découvre grâce à une plume remarquable cette page de l'Histoire algérienne souvent méconnue.
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Comme le titre de son livre l'indique, Adlène Meddi ne situe pas son intrigue centrale pendant la révolution Algérienne de 1954 à 1962 mais au mitan des années 90, lors de l'explosion du terrorisme islamique du GIA. Pour autant, de la guerre d'Algérie il sera bien question car le lien entre les événements décrits et ce passé récent est clairement mis en avant. le coeur de l'histoire, c'est un groupe de jeunes algérois qui, en 1994, décide d'agir contre le terrorisme du FIS et du GIA. Si parler de la guerre d'Algérie devient plus facile du fait du temps qui passe, des hommes et des femmes impliqués qui y passent à leur tour, parler des événements des années 90 est plus compliqué tant leurs implications sont actuelles. Il reste de la lecture une certaine gène due à l'impression que l'auteur justifie beaucoup au nom de la lutte contre une barbarie bien réelle. Adlène Meddi affirme d'ailleurs clairement qu'il faisait alors partie de ceux qui pensaient que la seule solution face au GIA et au FIS était l'éradication militaire et para-militaire. On appréciera cependant un livre qui contrairement à beaucoup place les algériens au centre de l'histoire et non comme impactant la vie des français. Un livre écrit par un algérien qui vivait (et vit toujours) à Alger à l'époque.
Cette chronique est extraite d'un article plus large sur les polars et l'Algérie
Lien : https://romancerougenouvelle..
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Adlène Meddi a beaucoup fait parler de lui dans le milieu littéraire avec son dernier roman 1994 qui a bien marché depuis sa mise en vente en octobre dernier aux éditions Payot Rivages.

Ce journaliste d'investigation s'est recyclé avec énormément de talent et d'habileté dans le travail de romancier policier et qui utilise avec beaucoup de maitrise toute la matière documentaire qu'il a intégré de son expérience de journaliste de terrain dans un Pays où ce métier nécessitait pas mal de courage.

On avait beaucoup aimé la prière du Maure un de ses précédents roman, mais avec 1994 il met encore la barre au dessus en terme d'ambition et d'ampleur.

Le récit, admirablement construit, raconte une guerre sans nom dont les Algériens portent encore les stigmates aujourd'hui, et qui terriblement fait écho à la guerre d'Algérie , car ces jeunes héros du roman se retrouvent plongés malgré eux dans le tourbillon de cette guerre.

Grâce à la plume à la fois précise et flamboyante de l'auteur, on est largement emportés par le dédale de mémoires où le présent et le passé se mélangent constamment et sidérés par le sentiment d'effroi devant les événements décrits et ses tristes acteurs.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un polar parfait : âpre dans sa vision sociale d'une Algérie prisonnière de la « féroce force des choses », transparent et retenu dans sa violence héréditaire, sec et tendu dans ses retours temporels. 1994 emporte son lecteur tant Adlène Meddi fait d'Alger et de son peuple le véritable protagoniste de son très bon et noir roman.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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