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EAN : 9782757837658
408 pages
Points (09/05/2014)
3.55/5   31 notes
Résumé :
"Tu as un problème avec le concept de propriété, Manu. Tes filles sont à tout le monde. C'est ça, c'est le marché, tu paies, tu baises. La chatte, ça se vend au kilo. Et Roberto, c'est un gars de valeur. Il baise pas une pute gratos. Il baise sa femme gratos, ouais, pas les putes, fais gaffe à ce que tu dis, c'est la famille, c'est Roberto, fais gaffe. Par contre, t'as raison sur un point, elles appartiennent bien à quelqu'un les filles, toutes, pour la bonne raison... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
A écouter l'actualité des turpitudes du monde politique actuel , on se dit que rien n'a vraiment changé depuis l'époque de « papa ». Coup bas, magouilles, trafic d'argent et d'influence, luttes de pouvoir , seuls les cadavres sont absents du décors même s'il suffirait d'entrouvrir certains placards pour en apercevoir peut être quelques uns.

C'est dans cet univers un peu glauque, fait de compromission, de collusions entre le monde des malfrats et de la politique, où la notion de démocratie est à géométrie variable, et où l'ombre des barbouzes s'imprime en filigrane de la vie politique, que nous plonge François Médeline à travers son premier roman .

« La politique du tumulte » est un vrai roman noir , au sens noble du terme, comme on aimerait en lire plus souvent. Un livre qui plonge les racines de son scénario au coeur des années 70, une époque bénie pour le pouvoir où la presse était encore muselée et peu regardante sur les travers des politiciens. Mais le curseur de l'histoire va rapidement remonter à une période plus contemporaine, celle des années 90, époque qui n'était pas dépourvues non plus de coups tordus et de bassesses en tout genre.

A travers l'histoire de Léa Bruni, une jeune journaliste au chômage, le lecteur va être amené à plonger dans l'eau saumâtre de la vie politique française des dernières décennies.

C'est en venant par hasard à s'intéresser à la mort tragique de sa mère dans un accident de circulation, intervenu trente ans plus tôt, que la jeune femme va faire remonter à la surface et bien malgré elle des souvenirs et des histoires d'aucun, à commencer dans les hautes sphères du pouvoir, voudraient ne voir jamais ressurgir.

Le télescopage entre histoire personnelle et celle des chapitres obscurs de l'histoire récente du pays va se concrétiser par la rencontre improbable de cette jeune femme au caractère affirmé et de Manu, un petit caïd lyonnais, violent et sans état d'âme. Un homme qui verse dans le proxénétisme et la drogue, dont il gave ses filles parfois jusqu'à un point de non retour, un mac au service de Vincente di Canio le parrain local de la pègre locale.

Leurs routes se croisent au moment où un scandale politico-sexuel concernant le fils du président du Sénat est sur le point d'éclater, à quelques semaines à peine d'élections nationales cruciales pour le pouvoir en place. Un scandale qui trouve sa source auprès des filles de di Canio, qui participaient aux parties fines qu'il organisait pour le fils du numéro deux de la République.

Tandis que Secundi, barbouze du pouvoir gaulliste à la solde des Renseignements Généraux et de la DST ayant fait ses classes dans la torture en Algérie s'applique à manipuler le juge d'instruction chargé du dossier, les filles elles, sont victimes les unes après les autres d'une overdose.

Un couvercle de plomb s'apprête donc à étouffer cette affaire explosive, mais le petit grain de sable que représente Léa, dont l'histoire familiale la ramène inexorablement vers une des pages les plus sombres et secrètes de la vie politique française, viendra gripper cette belle mécanique.

Ce premier roman de François Médeline prend par moment des allures de road movies. Mais que le lecteur ne s'y trompe pas, c'est un roman aux ramifications complexes que nous offre l'auteur. Il devrait d'ailleurs prendre garde à s'avancer dans celui ci avec la plus extrême des concentrations s'il ne veut pas se perdre dans le dédale scénaristique que l'auteur a construit pour lui.

Car si l'histoire s'articule autour de Léa, l'auteur n'hésite pas à multiplier les angles d'approche, à jouer avec la chronologie des évènements, à déplacer le centre de gravité de son roman et à faire porter par Secundi ( qui s'avèrera finalement être le véritable personnage central du roman) , la charge de cette histoire.

Trempant sa plume dans l'encre de fait réels, des turpitudes du pouvoir gaulliste, aux magouilles de la garde rapprochée balladurienne, en passant par les faits divers criminels ayant marqué l'actualité ( Rannuci…), François Médeline déploie patiemment son scénario.

Il dispose progressivement au fil des pages, autant d'éléments qui tiennent dans un équilibre fragiles et qui n'attendent plus que la pichenette du destin pour tomber les uns après les autres et engendrer un maelström politico-policier conduisant à un final des plus réussis.

Porté par des personnages brûlants, soutenu par des seconds rôles consistants, le lecteur visite l'envers d'un décors toujours supposé ou fantasmé, mais qu'il approche au plus près sous la plume de Médeline. Reste cette infime pellicule de fiction qui le sépare encore de cette réalité qui lui restera à jamais impalpable.

Violent, puissant et percutant » la politique du Tumulte » ravira les inconditionnels de Manchette. C'est en tout cas une vraie réussite, incontestablement pour moi un des meilleurs romans noirs de l'année.
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La politique du tumulte, c'est l'histoire, en 1993, du début de la fin d'une amitié de trente ans, dont on se souvient tous, qui va servir de toile de fond à la naissance d'une histoire d'amour. Une histoire condamnée, avant d'avoir même commencé, par un barbouze chargé d'étouffer un scandale sexuel susceptible de faire ressurgir toute une série de manipulations plus anciennes qui pourraient gêner les desseins d'hommes lancés à la poursuite d'un pouvoir en vacance.

De cette intrigue complexe mêlant à l'arrière-fond des luttes intestines de la droite française de l'époque, les barbouzeries facilitées par le ministre de l'intérieur corse de l'époque, des faits-divers librement inspirés de l'affaire Ranucci et de l'affaire Alègre, émerge une impressionnante galerie de personnages. Si chacun d'entre eux détient une partie de la vérité, le travail de Secondi, barbouze omniscient, froid et calculateur, sera de faire en sorte que le puzzle ne soit pas assemblé tant qu'il ne servira pas les intérêts de ceux pour qui il travaille ou les siens propres.
De là, Médéline développe son histoire tentaculaire au centre de laquelle on trouvera Léa Bruni, jeune journaliste déterminée à faire la lumière sur la mort de sa mère. Opiniâtre mais incarnant une certaine innocence dans un milieu (familial d'abord, hors-la-loi ensuite) Léa devient involontairement l'axe autour duquel va tourner l'ensemble du roman. Attachée par les circonstances à Manu, jeune maquereau lyonnais au service d'un parrain local qui est son exact opposé et apparaît dans un certain sens comme sa face sombre, elle va vivre quelques jours intenses révélant une histoire familiale mouvementée que de nombreux fils relient à une plus grande et ténébreuses histoire sous-terraine de la vie politique française.
La complexité de l'intrigue de Médéline, sa construction – et par certains aspects comme la multiplication des points de vues et les allers-retours spatiaux et temporels, sa déconstruction ou à tout le moins son émiettement – amène l'auteur à mettre en scène par ailleurs de nombreux personnages secondaires qui se montrent tout aussi bien construits que les personnages principaux et qui tiennent vraiment toute leur part dans le roman.
En contrepartie, le lecteur devra se montrer particulièrement attentif et faire un véritable effort de concentration pour se retrouver dans ce monde de faux-semblants, de manipulations, de mensonges et de vérités dissimulées. Cet effort à faire est d'autant plus agréable que – outre le fait qu'il montre que l'auteur ne prend pas son lecteur pour un imbécile – Médéline révèle un style d'écriture qui, s'il ne s'affranchit pas totalement de ses influences (on pense notamment à Ellroy ou Peace), est maîtrisé et se met véritablement au service de son histoire.

C'est dire si cette lecture s'est finalement révélée être une excellente surprise. Et c'est avec curiosité – et un certain enthousiasme – que l'on attend maintenant le prochain opus de François Médéline.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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e livre dont le Monde affirme que c'est LE roman noir de l'année débute en pleine confusion. La première scène nous montre un journaliste qui se fait menacer s'il n'écrit ni ne publie un certain article le mardi suivant. Les menaces sont vagues, mais le journaliste semblent terrorisé et prêt à obéir à son vis à vis qui lui a remis une grosse enveloppe. Puis nous faisons la connaissance de Manu, un proxénète lyonnais, propriétaire d'un grand cheptel de chattes selon ses propres termes, il est aussi trafiquant de drogue. Il oblige Cathy, l'une de ses filles à une relation sexuelle avec lui avant de lui offrir une dose de drogue comme salaire. Toutefois il s'agit d'une héroïne de trop bonne qualité et Cathy meurt d'une overdose. le lendemain, c'est au tour de Tatiana de subir le même sort. Manu est l'un des hommes de Vincente di Canio, un parrain de la pègre lyonnaise.

C'est au tour de Léa d'entrer en scène et c'est le seul personnage dont les agissements sont clairs au début du roman. Elle retrouve une photo d'elle et de sa mère Silvia cachée dans la couverture du journal intime de sa mère. Au dos de la photo, Silvia a écrit qu'on allait les tuer, elle et Léa si les choses empiraient. Silvia est morte en 1973, vingt ans auparavant dans un accident de la route. Léa n'avait que six ans et elle a été adoptée par Guy et Marie Marchois, les patrons de Silvia qui était employée de maison chez eux. Léa a reçu une éducation bourgeoise, elle a toujours eu un excellent contact avec son père, notaire dans un village de la campagne lyonnaise. Avec Marie, sa mère adoptive, les choses sont plus difficiles, Marie a de la peine à exprimer ses sentiments et son amour pour Léa. Marie aimerait contrôler et protéger Léa, mais celle-ci est très indépendante. Elle a reçu le journal de sa mère le jour de ses seize ans, mais son père lui a fait jurer le secret, Marie veut absolument tenir Léa éloignée des souvenirs de sa mère biologique, et on comprend à la fin qu'elle a vraiment agi par amour et qu'elle n'est pas seulement la femme coincée qu'elle paraît être.

Léa était journaliste au Progrès jusqu'à son récent renvoi pour avoir refusé une promotion canapé. Elle se rend compte qu'elle ne sait rien de sa mère Silvia et se rend à la campagne chez ses parents pour exiger des explications. Marie ne sait pas que Léa est en possession du journal, Guy essaie en vain de calmer les deux femmes. Léa exige de savoir qui était vraiment Silvia sous peine de rompre définitivement avec sa famille. La menace fait son effet et Marie lui révèle que Silvia était une prostituée avant de devenir leur employée de maison. Léa est évidemment sous le choc.

L'autre personnage principal est Patrick Secondi, qui émerge peu à peu du brouillard. Il semble diriger une bande de malfaiteurs ou d'espions, il semble aussi obsédé par ses souvenirs de barbouze durant la guerre d'Algérie. Il a été un tortionnaire, un soldat d'élite, sans doute un tueur et il semble mêlé à de bien sombres histoires. Après plus de cent pages, on comprend qu'il est membre des services secrets et il faudra encore des dizaines et des dizaines d'autres pages pour savoir qu'il est colonel et directeur de l'antenne lyonnaise de la DST. le roman se passe en 1993 à la fin du deuxième septennat de François Miterrand et Secondi est chargé d'organiser une manipulation diabolique pour le compte du clan Chirac.

Les destins de ces trois personnages principaux vont se croiser au cours du roman.

Comme je l'ai dit plus haut, le début est vraiment très très confus, on assiste à différentes actions qui semblent complètement disparates, il y a des dizaines de personnages et Léa est la seule à émerger clairement de ce magma de politiciens tordus, de malfaiteurs, d'espions et de flics corrompus. On ne sait qui manipule qui, l'action part dans tous les sens et j'avoue n'avoir pas compris grand chose, pour ne pas dire rien du tout avant la page 113, c'est à dire plus du quart du livre. Les personnages sont très nombreux et on s'y perd très longtemps. Même s'il y a un lien entre l'histoire de Léa et celle de Secondi, j'ai eu plutôt l'impression de deux histoires juxtaposées. le retournement de situation de la fin est aussi plus qu'étrange et franchement peu convaincant.

Le contexte politique est très clair, il s'agit de la fin de règne de Mitterrand, avec la lutte acharnée et en sous main que se livrent les deux célèbres amis de trente ans. Les coups tordus pleuvent. Et si les évènements plus anciens sont décrits de façon justes et explicites, avec les noms réels des protagonistes (affaires de ballets roses de 1959), les personnages historiques de 1993 ne sont jamais mentionnés par leur nom, mais par leurs surnom donnés le plus souvent par le Canard : Tonton ou Dieu, le Grand ou Bulldozer et enfin Louis XV ou sa Courtoise Suffisance. Je ne sais pas si François Médéline craint les poursuites judiciaires et se refuse d'appeler ces personnages par leur nom, mais les très longs passages détaillant leurs mauvais coup réciproques sont vite lassants.

Il y a enfin au coeur de l'intrigue le député Xavier Maisonneuve, gaulliste et amateur de partouzes et de sexe violent. Certes ce personnage ainsi que de nombreux autres protagonistes est fictif, mais on ne peut s'empêcher de penser à des affaires bien plus récentes qui ont défrayé la chronique. Une des histoire du livre semble être la reprise à quelques détails près de le Pullover rouge de Gilles Perrault et de l'affaire Ranucci (avec un autre nom bien sûr).

Ce livre est un mélange de polar et de politique fiction sur un fond historique connu et on aimerait bien avoir des éclaircissements pour démêler le vrai du faux, comme le fait Steve Berry à la fin de ses thrillers. Si le meurtre politique semble être une pratique courante et avérée des grands chefs politiques, on peut espérer qu'elle reste symbolique et virtuelle ; et qu'aucun d'entre eux n'a des dizaines de cadavres réels dans ses placards comme dans le roman. Ce livre m'a laissé un avis très mitigé, les ficelles sont un peu trop grosses.


Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Pour tout dire, j'ai fini par commencer (!) à m'ennuyer dans ce roman. C'est touffu, inutilement, de mon point de vue, même si l'auteur m'a prévenu, lors de sa dédicace, que c'était volontairement qu'il avait multiplié les personnages, surtout au début. Dont acte. Mais bon...

L'intrigue est plutôt bien foutue, si j'ose dire, avec cette jeune fille, Léa, qui part sur les traces de sa mère, a priori décédée accidentellement vingt ans plus tôt.

A partir de cette idée, dans un mélange de fiction et de réalité, nous voilà partis pour 400 pages dans la belle ville de Lyon, enfin, dans la ville de Lyon, car elle n'est pas vraiment dépeinte sous ses meilleures couleurs. Une petite escapade, courte, mais meurtrière, en Corse, à peine le temps d'y trucider, sans goûter les charmes de l'ile de beauté.

Ce qui est plutôt réussi, ce sont les incursions dans la "réalité", c'est à dire la vie politique française de la deuxième cohabitation, avec la rivalité qui commence à poindre entre les futurs ex-ami de trente ans. On aperçoit sarko, au détour d'allusions, avant d'avoir son nom, comme d'autres, dans les toutes dernières pages.

Beaucoup de drogues, de prostituées, d'alcool, de truand, de policiers et de juges plus ou moins pourris. C'est noir, c'est sur, j'ai lu les critiques, entre Manchette et Ellroy, mais bon, je n'éprouve pas le même enthousiasme. J'ai cherché en vain la date de l'écriture du roman, j'ai l'impression qu'il date un peu, mais je n'ai peut-être pas assez poussé ma recherche, et je fais sans doute fausse route.

Tout ce que j'espère maintenant, c'est qu'après ces moments douloureux, Léa retrouve une vie heureuse et plus calme que ce qu'elle a vécu.
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Médéline François - "La politique du tumulte" - éd La manufacture de livres, 2012 (ISBN 978-2757837658)

En s'inspirant de diverses affaires criminelles des années 1970-1990, l'auteur tente d'écrire un récit comme il s'en fait tant aujourd'hui, mélangeant la pègre et la "haute politique" à l'époque (1993-1995) où Edouard Balladur était Premier Ministre sous la Présidence de François Mitterrand, dans la bonne ville de Lyon (affaire Michel Noir contre Pierre Botton (1993-1996).

Malheureusement, l'auteur ne dispose pas encore du talent particulier indispensable pour mélanger ainsi diverses intrigues se déroulant dans divers milieux sociaux, surtout en prétendant recourir à un langage elliptique qu'il est probablement le seul à comprendre, si bien que le récit est vite soit confus soit lassant.

Comme disaient les instituteurs : "peut mieux faire" surtout en restant plus modeste.
Bof.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le vieux avait un ami, un seul : le Grand, le fondateur du parti, celui qui partait de très loin et que Louis XV méprisait, comme Giscard l’avait méprisé avant de se faire tringler. Le vieux et le Grand avaient travaillé trop longtemps main dans la main. Ni l’un ni l’autre ne voulaient se faire baiser dans le sprint final par une tête de con. Le vieux voulait sa mort. Le Grand voulait lui faire le cul, avec du gravier. Faute d’être invité sur les plateaux télé, il sillonnait la France, des foires à la saucisse aux gueuletons d’anciens combattants, sans oublier les fêtes des labours. Il entretenait ses réseaux, des associations de chefs d’entreprises aux syndicats policiers et la ville de Paris subventionnait bien au-delà de la Corrèze. Malgré tous ses efforts, il était donné à trente contre un en cas de présence du chouchou des médias au premier tour. Les RG, que le Grand sondait indirectement, n’étaient pas toujours de cet avis. Des comptes rendus mensuels entretenaient son espoir d’accéder à la magistrature suprême. La stratégie du contournement par la France d’en bas pouvait payer. Les taux de pénétration de la presse quotidienne régionale étaient bons. Bulldozer devait jouer le peuple contre les élites. C’était la seule voie possible. Les services secrets étaient divisés. La Direction générale de la sécurité extérieure était pro Momie. En secret, le président aurait aimé que le maire de Paris lui succède mais il ne pouvait le clamer haut et fort. Il s’en ouvrait parfois en privé, devant ses grognards, ceux qui n’avaient d’autre clan que celui de sa vénération. Secondi frotta ses mains gantées l’une contre l’autre, regarda sa montre et se dit que, crise monétaire ou pas, le Premier ministre aurait plutôt une destinée à la Louis XVI.
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Voltaire avait plutôt porté chance. A cette députée des Deux-Sèvres, ministre de l'Environnement du dernier gouvernement de gauche, qui avait limite accouché en direct dans Paris Match. Au conjoint de la ministre qui s'était présenté en 1981 dans la même circonscription que le Grand et qui était d'après ce dernier moins connu que le labrador de Dieu. Au maire de Tulle qui venait de piquer sa circonscription au conjoint de la ministre.
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À 10 h 22, Secondi passa le coup de fil qu’il avait prévu pour la fin de journée. Il négocia cinq minutes et laissa son numéro à un homme qui avait ramené son accent de sa Sicile natale. L’homme dit que son patron rappellerait.
Secondi fila en direction du quartier Gerland. Il passa le reste de sa matinée à chercher une prostituée qui se prénommait Fatou Diene. D’après le dossier qu’un lieutenant des RG lui avait refilé contre un bâton, elle était sénégalaise, camée, séropositive et avait déjà fait deux tentatives de suicide. Dans le dossier de demande d’asile déposé à la préfecture du Rhône en décembre 1983 par l’avocat d’une association, elle prétendait alors avoir vingt et un ans. Elle certifiait qu’il lui était impossible de rentrer à Dakar. Son père était un voyageur de commerce blanc qui vendait des manuels scolaires pour un grand groupe français dans toute l’Afrique occidentale. Il avait cogné sa mère et l’avait laissée pour morte dans leur piaule de Grand Yoff.
Elle affirmait que sa mère était une prostituée, que son père passait trois fois par an, pour la baiser et la frapper. Elle affirmait que son père l’avait violée à neuf reprises, la première fois lorsqu’elle avait treize ans. Elle affirmait qu’elle était Sérère. Elle affirmait qu’elle avait placé sa mère en sécurité chez les carmélites de Sébikotane et que si elle retournait à Dakar, le Blanc la tuerait. Elle affirmait que son père était alcoolique, violent et qu’il connaissait Abdou Diouf. Elle affirmait qu’il avait ses entrées à l’ambassade de France et que les autorités françaises le considéraient comme un promoteur de la francophonie.
La préfecture avait refusé sa demande d’asile. Elle se prostituait depuis son arrivée en France pour subvenir aux besoins de son petit frère qu’elle avait embarqué dans ses bagages. Elle n’avait aucun document pour prouver qu’elle était en danger dans son pays et que son pays ne pouvait assurer sa protection. Elle n’avait toujours pas de papiers. Son frère suivait des cours de licence en fac de droit sans être inscrit. Son visa étudiant était arrivé à expiration en juin et la préfecture le menaçait d’expulsion. À l’université Lumière Lyon 2, un maître de conférence en droit administratif l’avait pris sous son aile.
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Léa avait passé une matinée merdique. Comme le reste de sa semaine d’ailleurs. Léa passait ce genre de journées depuis une bonne quinzaine et elle avait cette drôle d’impression de s’éloigner de l’objectif qu’elle s’était fixé. Encore quelque temps et elle n’aurait plus d’objectif du tout. Tout ça à cause d’un rédacteur en chef qui dirigeait les conférences matinales du Progrès autant au nom du
célèbre et un brin crétin principe de l’objectivité que des possibilités d’ouverture de sa braguette.
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Pat buvait un Casa, perché en haut d’un tabouret en bois, dans le bar de son cousin Francky Savelli, les Savelli de Corbara. À l’autre bout du comptoir, Serge Luciole Fazzini et Antoine la Braise Leschi relataient à Francky leur virée de la veille Chez Fanfan, à Bastia.
Pat ne leva pas le nez de Corse-Matin. Il retrancha le pourcentage adéquat d’affabulations présumées et conclut que ses amis d’enfance s’étaient au mieux levés une grosse à deux, ce qui n’avait rien de surprenant pour deux larbins à Pandolfi, l’homme qui contrôlait
une bonne partie de l’île depuis qu’il avait fait descendre ses plus sérieux rivaux et jusqu’à ce qu’un autre petit caporal ait la même idée
que lui.
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