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Critique de Pat0212


e livre dont le Monde affirme que c'est LE roman noir de l'année débute en pleine confusion. La première scène nous montre un journaliste qui se fait menacer s'il n'écrit ni ne publie un certain article le mardi suivant. Les menaces sont vagues, mais le journaliste semblent terrorisé et prêt à obéir à son vis à vis qui lui a remis une grosse enveloppe. Puis nous faisons la connaissance de Manu, un proxénète lyonnais, propriétaire d'un grand cheptel de chattes selon ses propres termes, il est aussi trafiquant de drogue. Il oblige Cathy, l'une de ses filles à une relation sexuelle avec lui avant de lui offrir une dose de drogue comme salaire. Toutefois il s'agit d'une héroïne de trop bonne qualité et Cathy meurt d'une overdose. le lendemain, c'est au tour de Tatiana de subir le même sort. Manu est l'un des hommes de Vincente di Canio, un parrain de la pègre lyonnaise.

C'est au tour de Léa d'entrer en scène et c'est le seul personnage dont les agissements sont clairs au début du roman. Elle retrouve une photo d'elle et de sa mère Silvia cachée dans la couverture du journal intime de sa mère. Au dos de la photo, Silvia a écrit qu'on allait les tuer, elle et Léa si les choses empiraient. Silvia est morte en 1973, vingt ans auparavant dans un accident de la route. Léa n'avait que six ans et elle a été adoptée par Guy et Marie Marchois, les patrons de Silvia qui était employée de maison chez eux. Léa a reçu une éducation bourgeoise, elle a toujours eu un excellent contact avec son père, notaire dans un village de la campagne lyonnaise. Avec Marie, sa mère adoptive, les choses sont plus difficiles, Marie a de la peine à exprimer ses sentiments et son amour pour Léa. Marie aimerait contrôler et protéger Léa, mais celle-ci est très indépendante. Elle a reçu le journal de sa mère le jour de ses seize ans, mais son père lui a fait jurer le secret, Marie veut absolument tenir Léa éloignée des souvenirs de sa mère biologique, et on comprend à la fin qu'elle a vraiment agi par amour et qu'elle n'est pas seulement la femme coincée qu'elle paraît être.

Léa était journaliste au Progrès jusqu'à son récent renvoi pour avoir refusé une promotion canapé. Elle se rend compte qu'elle ne sait rien de sa mère Silvia et se rend à la campagne chez ses parents pour exiger des explications. Marie ne sait pas que Léa est en possession du journal, Guy essaie en vain de calmer les deux femmes. Léa exige de savoir qui était vraiment Silvia sous peine de rompre définitivement avec sa famille. La menace fait son effet et Marie lui révèle que Silvia était une prostituée avant de devenir leur employée de maison. Léa est évidemment sous le choc.

L'autre personnage principal est Patrick Secondi, qui émerge peu à peu du brouillard. Il semble diriger une bande de malfaiteurs ou d'espions, il semble aussi obsédé par ses souvenirs de barbouze durant la guerre d'Algérie. Il a été un tortionnaire, un soldat d'élite, sans doute un tueur et il semble mêlé à de bien sombres histoires. Après plus de cent pages, on comprend qu'il est membre des services secrets et il faudra encore des dizaines et des dizaines d'autres pages pour savoir qu'il est colonel et directeur de l'antenne lyonnaise de la DST. le roman se passe en 1993 à la fin du deuxième septennat de François Miterrand et Secondi est chargé d'organiser une manipulation diabolique pour le compte du clan Chirac.

Les destins de ces trois personnages principaux vont se croiser au cours du roman.

Comme je l'ai dit plus haut, le début est vraiment très très confus, on assiste à différentes actions qui semblent complètement disparates, il y a des dizaines de personnages et Léa est la seule à émerger clairement de ce magma de politiciens tordus, de malfaiteurs, d'espions et de flics corrompus. On ne sait qui manipule qui, l'action part dans tous les sens et j'avoue n'avoir pas compris grand chose, pour ne pas dire rien du tout avant la page 113, c'est à dire plus du quart du livre. Les personnages sont très nombreux et on s'y perd très longtemps. Même s'il y a un lien entre l'histoire de Léa et celle de Secondi, j'ai eu plutôt l'impression de deux histoires juxtaposées. le retournement de situation de la fin est aussi plus qu'étrange et franchement peu convaincant.

Le contexte politique est très clair, il s'agit de la fin de règne de Mitterrand, avec la lutte acharnée et en sous main que se livrent les deux célèbres amis de trente ans. Les coups tordus pleuvent. Et si les évènements plus anciens sont décrits de façon justes et explicites, avec les noms réels des protagonistes (affaires de ballets roses de 1959), les personnages historiques de 1993 ne sont jamais mentionnés par leur nom, mais par leurs surnom donnés le plus souvent par le Canard : Tonton ou Dieu, le Grand ou Bulldozer et enfin Louis XV ou sa Courtoise Suffisance. Je ne sais pas si François Médéline craint les poursuites judiciaires et se refuse d'appeler ces personnages par leur nom, mais les très longs passages détaillant leurs mauvais coup réciproques sont vite lassants.

Il y a enfin au coeur de l'intrigue le député Xavier Maisonneuve, gaulliste et amateur de partouzes et de sexe violent. Certes ce personnage ainsi que de nombreux autres protagonistes est fictif, mais on ne peut s'empêcher de penser à des affaires bien plus récentes qui ont défrayé la chronique. Une des histoire du livre semble être la reprise à quelques détails près de le Pullover rouge de Gilles Perrault et de l'affaire Ranucci (avec un autre nom bien sûr).

Ce livre est un mélange de polar et de politique fiction sur un fond historique connu et on aimerait bien avoir des éclaircissements pour démêler le vrai du faux, comme le fait Steve Berry à la fin de ses thrillers. Si le meurtre politique semble être une pratique courante et avérée des grands chefs politiques, on peut espérer qu'elle reste symbolique et virtuelle ; et qu'aucun d'entre eux n'a des dizaines de cadavres réels dans ses placards comme dans le roman. Ce livre m'a laissé un avis très mitigé, les ficelles sont un peu trop grosses.


Lien : https://patpolar48361071.wor..
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