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sur 237 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le Vercors, superbe massif des Préalpes, se profile souvent à l'horizon. Je l'aperçois, le détaille, l'admire par temps clair, dès que je m'élève un peu au-dessus de chez moi. Je l'ai parcouru, escaladé ses cols, pas faciles, à vélo, y ai randonné à pied et j'ai skié souvent sur le plateau des Coulmes, à Presles, au-dessus de Pont-en-Royans, justement là où François Médéline a écrit ce terrible et passionnant roman noir historique : La sacrifiée du Vercors.
L'auteur mène intrigue et suspense de remarquable façon, respectant une unité de lieu, d'action et de temps, comme Boileau le préconisait. D'ailleurs, il cite celui qui définit tout cela dans L'Art poétique en fin d'ouvrage, après avoir poussé le luxe de gratifier ses lecteurs de titres de chapitres empruntés à divers poètes comme René Char, René-Guy Cadou, Benjamin Phélisse, Robert Desnos, Édith Thomas, Paul Éluard… ou encore Louis Aragon.
Tous les événements qui m'ont fait trembler, espérer, qui m'ont permis de revoir ces villages martyrs, se déroulent le lundi 10 septembre 1944 mais, comme le précise justement l'auteur en préambule, la date et les faits sont fictifs.
François Médéline a pris aussi beaucoup de libertés avec ses personnages. Par contre, j'ai beaucoup apprécié la « péroraison » finale qui remet chacun à sa place et tire des conclusions éloquentes que l'auteur fait bien de rappeler.
C'est donc au matin de ce 10 septembre 1944 qu'arrive, au volant de sa Peugeot 402, un certain Georges Duroy, commissaire de police près le délégué général à l'épuration. Il vient de Lyon par la route de Villard-de-Lans et il est bloqué par un barrage de maquisards FFI, tous très jeunes. Leur chef a tout juste dix-sept ans. le laissez-passer du commissaire indique qu'il vient pour le transfert d'une prisonnière, Sarah Ehrlich, dite la baronne.
Juste après, je fais connaissance avec l'autre personnage central de ce roman, la journaliste Judith Ashton, une étasunienne travaillant pour Life. Elle n'a qu'un vélo pour se déplacer mais, depuis qu'elle séjourne à Saint-Julien-en-Vercors, elle connaît pas mal de monde. Pourtant, l'armée nazie repoussée vers l'est, elle s'apprête à partir avec tout son matériel photo car elle développe elle-même ses clichés et effectue les tirages sur papier.
C'est au QG du Saint-Martin-en-Vercors où la République libre du Vercors a été proclamée le 3 juillet 1944, que Duroy rencontre celui qui se fait appeler Choranche, nom d'une fameuse grotte située pas très loin de Pont-en-Royans. Choranche, commandant du Vercors, lieutenant-colonel FFI, se nomme Ulysse Anselme Wesser d'Alphonse, monte à cheval et porte un sabre au côté.
Quand tout aurait pu se passer normalement, voilà qu'on apprend que la fille Valette, Marie de son prénom, a été trouvée assassinée, tondue et violée, dans les bois. François Valette, son père, a déjà perdu son fils, André, tué à dix-sept ans par la Milice, alors qu'il avait aidé le premier camp de maquisards, constitué de réfugiés polonais et de réfractaires au STO à s'installer à la ferme d'Ambel, sous le col de la Bataille.
Voilà, le décor montagnard est planté avec, dans toutes les mémoires des survivants l'énorme traumatisme de l'attaque allemande et des miliciens français, en juillet, avec massacres et destructions. La baronne Ehrlich que je pensais être l'essentiel du roman, ne sera plus qu'évoquée épisodiquement car tout va s'enchaîner avec règlements de compte, chasse à l'homme, haine des Italiens venus se réfugier dans le Vercors pour fuir la dictature et la misère, avec un rôle essentiel pour Duroy et Judith Ashton.
Rythme haletant, style précis et vivant, François Médéline m'a happé complètement, me tenant en haleine jusqu'au bout. Si La sacrifiée du Vercors n'était que cela, ce serait déjà un livre passionnant mais, au fil des pages, l'auteur ne manque pas une occasion de préciser, d'informer son lecteur pour sortir de l'oubli qui s'installe peu à peu, les événements dramatiques qui ont endeuillé ces montagnes, ce plateau. Vassieux est un village-martyr mais tout le Vercors et ses habitants ont payé très cher leur combat contre l'occupant nazi.
Avec La sacrifiée du Vercors, François Médéline qui révèle une information très personnelle en fin d'ouvrage, a réussi une oeuvre romanesque, un thriller historique qui m'a beaucoup impressionné, ému, tout en remettant en mémoire ces heures graves et terribles de l'année 1944. J'en remercie bien sincèrement Babelio pour la très intéressante rencontre virtuelle avec l'auteur ainsi que les éditions 10/18.

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Un roman noir sur l'épuration, où Histoire et fiction sont intimement mêlées, tel peut être défini La sacrifiée du Vercors de François Médéline.
L'idée est originale de situer ce polar dans le Vercors, haut-lieu de la résistance française, juste à la fin de la guerre, après cet été 44 qui a ensanglanté le massif et ce, pendant la période de l'épuration.
L'histoire se déroule sur la seule journée du 10 septembre 1944 et commence par une découverte macabre dans une clairière, celle d'une jeune femme sauvagement tondue et violée. Il s'agit de Marie Valette, 24 ans, institutrice à Grenoble, fille et soeur de résistants, son frère André ayant été tué d'une balle dans la nuque par la milice.
Le commissaire Duroy, délégué général à l'épuration vient d'arriver à St Martin-en-Vercors. Il est là pour rencontrer Choranche, lieutenant-colonel FFI pour une signature car il doit récupérer une prisonnière, Sarah Ehrlich et la transférer à Lyon. Il remet sa mission en question à l'annonce de cette nouvelle et se rend sur les lieux de l'assassinat aussitôt. Sur les lieux du crime se trouve Judith Ashton, jeune photographe et correspondante de guerre américaine pour Life qui elle, a suivi les gendarmes.
La question va être de savoir qui a pu s'en prendre d'une façon aussi violente à la fille d'une famille de résistants ?
Sur le plateau, à cette date, les maquisards ne sont plus là, ne restent que des villageois endeuillés et quelques FFI très jeunes qui, rapidement vont trouver un coupable idéal en la personne d'un Italien Simeone Fucilla.
Sous une chaleur accablante Georges Duroy et Judith Ashton vont tenter d'y voir clair, mais il est difficile, au sortir de cinq années de guerre, et après cet été au cours duquel plus de 600 combattants pour la libération du Vercors et plus de 200 civils sont morts de soupçonner des résistants, véritables héros.
Il faut à la fois enquêter sur la vie de cette jeune femme, sur celle de cet Italien soupçonné, mais aussi sur ces jeunes qui semblent intouchables et qu'il est très difficile de mettre en cause.
On sent que Duroy n'apprécie guère ce droit que se donnent ces justiciers en tondant les femmes et cela renforce son désir de trouver qui a commis ce crime.
Ce roman pose aussi la question de savoir comment, dans cette période spéciale, la justice, peut faire son travail correctement ?
François Médéline réussit à dresser un portrait réaliste de ces hommes et de ces femmes avec leurs contradictions, leurs traumatismes, leur complexité, leurs motivations pas toujours nobles, de ces êtres pris dans la tourmente à une période où les cicatrices sont loin d'être refermées et où c'est l'heure des règlements de compte, de la chasse aux collabos et le temps de la rancoeur.
J'ai particulièrement été marquée par cette haine vis-à-vis de l'Autre, en l'occurrence, ce réfugié Italien et tétanisée par cette chasse à l'homme puis ce lynchage initiés par les jeunes FFI soutenus par les villageois. La haine vis-à-vis des communistes est également présente même si elle l'est à moindre mesure.
La vision de mêmes événements racontée par des témoins différents est, je trouve, une initiative intéressante.
C'est un récit qui soulève beaucoup d'émotions et qui ne peut laisser impassible. J'ai aimé la rencontre entre ces deux êtres qui ont peu de temps pour se connaître et l'évolution de leur relation.
Impossible de reposer le bouquin avant de l'avoir fini tant j'ai été tenue en haleine par ce polar historique, un récit fictif certes, mais dont l'intrigue se situe dans un cadre historique bien réel et qui en restitue particulièrement bien l'atmosphère.
À noter que les titres de chapitre sont empruntés à des poèmes célèbres de résistants, pour exemple, le premier « Alors commença l'épreuve », à Fragments 128 de René Char.

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François Médéline prévient La Sacrifiée du Vercors  est une oeuvre de fiction  , mais l'intrigue s'inscrit, tout à la fois, dans un cadre historique réel  
- l'épuration à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les règlements de compte qui s'en suivirent , les éliminations , souvent de façon sommaires et vengeresses des collaborateurs,
mais aussi dans un cadre géographique
- le Vercors, importante base de la Résistance.
Aussi cette histoire terrible ressemble, à s'y méprendre, à quelques pages de notre Histoire nationale , peu glorieuse, relatant des faits avérés, d'ailleurs, beaucoup de jugements expéditifs ont dû être source d'inspiration pour ce roman.
C'est terriblement réaliste , dur, prenant et poignant. Merci à vous toutes, et tous amies, amis de Babelio qui par vos commentaires enthousiastes, pour certains dithyrambiques , m'ont donné l'envie irrésistible d'aller à la rencontre de cette histoire.
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L'action de la Sacrifiée du Vercors, se déroule au cours d'une des périodes les plus sombres de l'histoire de notre pays. La sortie de la 2ème guerre mondiale et le retour à la « normale » après le temps de l'occupation et de la collaboration.
En exergue du récit deux citations, Charles de Gaulle et Léo Ferré illustrent selon moi la confusion qui règne alors dans le pays.
L'autorité du général est reconnue difficilement par les alliés malgré ses efforts et ses gesticulations pour s'affirmer comme chef d'état. La résistance intérieure se caractérise par la concurrence entre les FFI et les FTP.
Les poches de résistance de l'armée allemande, encore après le débarquement de 1944, conduit les alliés à se battre sur deux fronts.
Alors que les véritables résistants sont enrôlés dans les armées alliées en route vers l'Allemagne, on assiste dans les zones libérées à l'émergence de "résistants de la 23ème heure", qui pour masquer leur passé trouble n'hésitent pas à se lancer dans des opérations d'épuration comme celles consistant à tondre des femmes pour leur réelle ou supposée collaboration horizontale avec l'ennemi.
Le récit nous fait vivre un moment de cette période, dans un haut lieu de la résistance, le Vercors.

Le style d'Antoine Médeline est remarquable. Il propose un roman court de 174 pages, se démarquant de la tendance à écrire des romans de 250 à 300 pages voire plus, contenant souvent des longueurs…
Son vocabulaire est minutieusement choisi. Son écriture condensée et rythmée, est comparable à une avalanche. Elle ne laisse aucun répit au lecteur et le pousse à vivre la même urgence et le même sentiment de confusion que celui des personnages.

Georges Duroy a trente-trois ans. Ses beaux parents sont originaires du Vercors, ils sont communistes, lui même« est encarté FTP mais il n'est pas communiste. »
« Il est l'un de ces maudits du réalisme.» 
Le commissaire à la République installé officiellement depuis sept jours à Lyon, l'a chargé d'une mission  : « Transfert du Vercors : prisonnière Sarah Ehrlich, dite la baronne ». Une collaboratrice avérée.
Mais les choses ne se passent pas comme il le voudrait.

Il fait face à Choranche, chef de la résistance locale, «  (…) de l'armée d'armistice. Il a servi au 11ème  régiment de cuirassiers jusqu'en novembre 1942. C'est alors que la zone sud est tombée, que les Allemands ont tout envahi et que l'officier de cavalerie a pris un coup de sang. Décidé sur-le-champ à ne plus servir l'armée spectrale du Maréchal ». Un homme auréolé de gloire qui refuse l'autorité de Duroy et défend « ses » résistants contre l'autorité lointaine de Lyon et sa volonté de faire rentrer la résistance dans les rangs..

Les scènes se déroulent sous le regard de Judith Ashton, une journaliste américaine de Life pour lequel elle a couvert la guerre d'Espagne.
Ses origines juives la poussent vers l'Est où elle entend dénoncer la barbarie nazie.
« Mais elle va quand même les trouver, ces Juifs. Parce que, non mais sans blague, où sont-ils passés ? le major Freddy Michalsky lui a confié sur l'oreiller que les nazis les ont parqués dans des camps, en Pologne, et qu'ils les exterminent par milliers. Ils les gazent et ils les brûlent. Voilà où ils sont passés. »

Et puis il y a la population locale avec ses haines et ses rancoeurs cristallisée par la guerre et de retour après la libération :
« Les gens d'ici n'ont jamais aimé les Italiens qui sont venus tailler la route des Grands Goulets et ses tunnels dans la falaise sans jamais repartir. Ils y ont laissé un millier des leurs. »

Je ne dévoilerai pas l'intrigue policière qui détourne Duroy de sa mission et le pousse dans ses retranchements, l'opposant aux autorités locales et jetant une lumière crue sur son passé et ses liens avec ses beaux-parents.

Le récit restitue avec justesse l'atmosphère de cette France que l'on a occulté pour celle plus respectable que l'on nous apprend à l'école : « En France, toutes les familles ont évidemment un résistant dans leur ascendance. Dans les écoles, on apprend même aux enfants que leurs aïeux, avec l'aide des Anglais et des Américains, ont gagné la Seconde Guerre mondiale. L'action du général De Gaulle est reconnue et célébrée. »

Morceaux choisis :
« Ils débitent rarement agréable. Il n'en tirera rien. »

« C'est l'orchestre des ombres, les imbéciles qui font justice de leurs rêves. »

« C'est à l'État de ne rien oublier le jour de la vengeance. »

« Évidemment, que la mémoire est une aubaine pour l'histoire mais, pour les hommes, c'est juste une saloperie. »

« Un maillet pour assommer les boeufs est pendu le long du mur de pierre. Il n'y a pas les vaches, rien que leur odeur de fromage trop fait et de foin mouillé. Duroy se concentre. Ça sent aussi les poils grillés, la viande morte. Il inspecte dans la pénombre. »

« Nous sommes le 10 septembre 1944. Il est 8 h 22 à Saint-Julien-en-Vercors. La température est de 91 °F. Un véhicule remonte la rue principale. Judith devine le conducteur derrière des écoliers qui chahutent, une silhouette plate qui file dans les cendres du plateau. »

« Pour l'instant, elle veut se tirer de cette terre maudite, authentique trou de balle de la croûte terrestre. Elle lâche un juron à la voiture grise et à son conducteur qui accélère. le véhicule disparaît. »

Signalons également que chaque titre de chapitre est un extrait de poèmes écrits par des auteurs qui ont vécus cette période comme le fragment 128 de René Char ou Tous mes amis sont morts de Anne (Édith Thomas).

Un roman à lire et à faire lire. Un auteur dont je vais m'empresser de lire les autres romans.
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« Qu'en un lieu, qu'en un jour,
Un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli »

François Médéline cite Nicolas Boileau en prélude de sa Péroraison pour recontextualiser une oeuvre ultra-compacte, lumineusement sombre, dont on ne sort pas indemne.
Oui toute l'action ( la tragédie ?) tient dans la journée du 10 septembre 1944.....
Après les billets somptueux de Fandol et Kirzy, il est bien compliqué de dire encore quelque chose. Alors je vais faire compact, aussi.
L'écriture étrange, mélange de René Char et du Monde Diplomatique, réussit l'improbable : nous bouleverser. Au sens strict. Nous bouleverser psychiquement, historiquement, moralement pourrait-on dire.
Pourrais-je dire. Un bouleversement éthique ??

Je connais tellement bien la région, je croyais bien connaître son histoire
Rien n'est simple.
Qu'est-ce qu'un résistant ??
C'est l'immense mérite de ce livre : ouvrir à nouveau la question, ré-interroger très intelligemment la mémoire collective.
Oui rien n'est simple et les légendes sont là pour pacifier. Tout comme les manuels d'école.

François Médéline nous raconte une journée presque ordinaire, le 10 septembre 1944, autour de la Chapelle-en-Vercors.
Il raconte l'Histoire et son histoire. Celle de son grand-père.
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: le Hibook a lu « La sacrifiée du Vercors» de François Médélin. « C'était un temps déraisonnable.. » sur ce Vercors de septembre 1944 ravagé par l'attaque allemande et où flambe encore l'épuration sauvage .Marie Valette , fille , soeur ,fiancée de résistants est tondue , violée , assassinée . Mais on tient un coupable évident …un peu trop évident pour le commissaire Duroy qui prend en charge l'enquête avec l'aide d'une journaliste américaine . Une histoire brutale dans une période chaotique où se mêlent et se confondent héros et salauds . François Médeline , mène le jeu avec une grande maîtrise , un rythme implacable et une remarquable finesse dans l'analyse des caractères . Son style , débarrassé de son tropisme « Ellroyen » est d'une grande efficacité et porte la marque d'un écrivain parvenu à maturité. Son meilleur livre à mon avis.
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Le Vercors et ses habitants ont payé un lourd tribut lors des combats de juillet 1944. L'anéantissement du maquis du Vercors par l'armée allemande et les supplétifs français a été proche, exécutions sommaires, villages bombardés et pillés. Les familles du plateau ont été décimées. le 3 septembre 1944, un commissariat à la République s'installe à Lyon libéré.

Le 10 septembre 1944, l'officier traitant Georges Duroy du commissariat à la République, délégation à l'épuration arrive à Saint-Julien- en-Vercors. Sa mission est précise, transférer une prisonnière, la baronne Ehrlich, accusée de collaboration avec la Milice lyonnaise.

Le 10 septembre 1944 , Judith Ashton est à Saint-Julien-en-Vercors. Elle est américaine, correspondante de guerre pour le magazine Life. Elle se déplace en permanence avec son matériel photographique. Son travail va consister à suivre les troupes alliées, aussi loin que possible, jusqu'aux camps d'extermination.

François Médéline propose tout d'abord deux récits, ceux de Duroy et de Judith. Les mêmes faits mais deux regards. Deux regards sur les combats des dernières semaines. Deux observateurs du présent qui n'est que ruines. Sur le plateau du Vercors les FFI sont partout, contrôlent tout. L'administration n'a pas encore été redonnée aux civils. L'Histoire occupe une place de choix dans ce roman, renforcée par des notes de fin de chapitre et une chronologie précise en postface.

Le lieutenant-colonel Choranche commande le Vercors sud. C'est un militaire de carrière, Choranche est son nom de résistant. Il doit remettre la prisonnière Ehrlich à Duroy. Mais rien ne se passe comme prévu. le cadavre de la jeune Marie Valette vient d'être découvert. Les Valette, une famille de résistants. Marie a été violée, étranglée et tondue. On ne tond que pour signifier la collaboration et cela ne peut pas être le cas chez les Valette, une famille de résistants. C'est un meurtre !

Duroy enquête, avant la guerre il était flic. Judith est son guide dans ses déplacements. Deux personnes peu loquaces pour un curieux face-à-face, le lecteur est dans la confidence de leurs pensées respectives. Duroy doit faire vite pour découvrir la vérité. Un réfugié italien fait un coupable idéal, il est déjà entre les mains des FFI, prêt à être livré à la vindicte populaire. le coupable ne peut pas être parmi les habitants du Vercors, ils ont tous combattu ou soutenu la Résistance.

François Médéline nous offre un roman court, au style sobre. Il n'y a pas de place pour de longs dialogues, une atmosphère de recueillement plane sur le Vercors martyre. Mais l'heure n'est pas encore à l'apaisement. L'auteur réussit habilement à mettre en avant des sentiments contradictoires que ce soit en lien avec l'Histoire ou dans les relations entre Judith et Duroy. J'ai adoré la manière dont l'auteur a clôturé son récit en imaginant l'après-guerre de ses personnages inséré de manière très crédible dans l'Histoire.

François MÉDÉLINELa sacrifiée du Vercors. Parution en mars 2021, Éditions 10 / 18, collection Grands détectives. ISBN 978 2264077981.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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La fin de la guerre est une période assez particulière, assez trouble aussi avec des règlements de comptes, des hommes qui se croient des héros, des résistants de la dernière heure, des gens bien pensants qui règlent leur vieille histoire. C'est un roman assez noir où j'ai eu du mal à me plonger. Mais une fois dedans on veut savoir. Pourquoi ? Qui ? Comment ? Comment une jeune femme qui a tout, dont le frère était résistant sur le plateau du Vercors a été violé, tondu et frappé, est morte ? Une enquête d'un agent de police chargée de ramener une prisonnière et d'une journaliste désirant faire la photographie du camp de Buckenwald, en attente d'y partir. Ils découvriront une sordide affaire, empêcheront un innocent de passer aux règlements de comte de la foule. Et ils devront faire des choix. Que faire de ces hommes meurtriers qui sont des héros ? Un roman assez noir qui dépeint bien l'ambiance de ces années juste après guerre, après le départ de l'occupant. A lire et à emprunter à la médiathèque de Pernes.
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Avec ce roman François Médéline nous emmène dans le Vercors libéré (façon de parler).
Si j'ai été un peu "perturbée" par le style au début, j'ai vite trouvé que celui-ci contribuait à la construction des personnages et à rendre réelle leurs personnalités.
L'auteur explore à travers l'enquête sur la mort de Marie Valette la complexité de l'âme humaine. Dans la vie, ce n'est pas noir ou blanc mais une multitude de gris. Il montre que la guerre à laisser des blessures, des meurtrissures profondes chez des gamins devenus adultes trop vite.
La suspicion voire la haine envers les "étrangers" (j'entends par étrangers toute personne extérieure à la localisation) est une réalité. Italiens, communistes et autres sont de parfaits boucs émissaires.
Des héros basculent du jour au lendemain en commettant de horreurs pour des raisons politiques, mais aussi d'orgueil, d'honneur...
Sont également mises en avant les inimitiés entre l'armée et la police (notamment à travers les nombreuses confrontations de Duroy avec Choranche et les FFI).
Certains passages sont d'une tension extrême où l'on retient son souffle.
Pour ma part, un roman bien construit, une lecture intéressante.
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Il y a quelque chose d'assez incroyable avec les romans de François Médéline : la manière dont son style s'adapte à chaque livre, épousant son propos et son rythme – ce qui laisse supposer une écriture pensée et réfléchie – et, dans un même mouvement, donne l'impression de fonctionner strictement à l'instinct, le texte filant à cent à l'heure sans jamais regarder dans le rétroviseur, traitant ses descriptions comme des scènes d'action. Dans La Sacrifiée du Vercors, tout passe par les gestes et par les actes : pas de psychologie, pas de justification, pas d'explication. le roman se déroule lors de l'épuration et la seule chose à faire est de jeter le réel à la gueule du lecteur. Cela fonctionne parfaitement, et ce d'autant plus lorsque l'on comprend que ce refus d'exposer les pensées des personnages découle de l'aspect documentaire du livre, l'histoire s'avérant être celle de l'aïeul de l'auteur. le roman historique se fait ainsi avaler par le polar, qui se fait lui-même dévorer par le récit biographique. Tout ça dans un tourbillon de pulsions maîtrisées.
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