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EAN : 9782264080134
198 pages
10-18 (07/04/2022)
3.71/5   57 notes
Résumé :
1951. Il est un peu plus de quinze heures quand l'inspecteur Michel pose son vélo et entre dans une silencieuse ferme de la Drôme : un couple de retraités y a été assassiné quelques semaines plus tôt. La scène de crime est implacable : les époux Delhomme ont été tués au fusil de chasse. Et Juliette, leur fille de onze ans, s'est volatilisée.
L'inspecteur enquête et questionne : pourquoi assassiner ces paysans sans histoire ? La fillette a-t-elle été enlevée ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 57 notes
A la seule vision de son titre, on comprend que derrière un prétendu livre policier se cache une autre histoire qui ne sera développée que dans la dernière partie de celui-ci.

Le propos de l'auteur est donc original en débutant par une classique enquête autour du meurtre d'un couple dans une ferme de la Drôme avec en filigrane la disparition de leur fillette. Mais, dommage, il s'enlise assez vite dans les arcanes et les invraisemblances d'un scénario chaotique qui effleure l'histoire, la déportation des juifs, les quelques justes qui les ont cachés, sauvés, au péril de leur vie bien souvent.

On suit donc les recherches du héros principal du livre, que l'auteur désigne comme l'inspecteur, mais dont le comportement laisse vite pressentir une autre personnalité. Son enquête se déroule en 1951, donc peu de temps après la fin de la guerre, au moment où toutes les plaies sont encore ouvertes et la méfiance entre les survivants toujours réelle.

Cet homme a un objectif qui se dessine peu à peu, à mesure que les pages se tournent, dévoilant des découvertes bien éloignées d'une simple enquête de police. Il ne devient jamais un personnage attachant pour le lecteur qui peut mettre du temps à découvrir sa vraie nature. de ce point de vue, François Médéline a réalisé une construction correcte d'anti-héros, mais son roman pèche sur plusieurs aspects.

Il est écrit sans style, dans un récit presque parlé et les dialogues eux-mêmes ne rachètent pas cette perception de carence dans l'art littéraire. S'il cite de nombreux lieux de la Drôme et du Vercors, il s'abstient de toute description de l'environnement, des villages, et de tout ce qui fait l'âme d'une région.

Quant à la partie sur l'univers concentrationnaire nazi, même si elle comporte quelques faits exacts, elle sombre dans un mélo que je trouve manquer de dignité à l'égard des déportés juifs. Je n'imagine pas de
nazi, officiant au coeur de l'univers d'extermination d'Auschwitz, avoir un sentiment pour un juif au point de lui retirer son étoile.

Bon, c'est du roman, mais lorsqu'on insère un sujet ayant trait à la Shoah dans une histoire, il me semble qu'il convient d'être aussi proche que possible du plausible et de l'Histoire elle-même.

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Bon polar historique ancré dans l'après-guerre avec en toile de fond le thème des enfants cachés non rendus en Isère et la Déportation. En 1951, I'énigmatique inspecteur Michel se rend sur les lieux du crime, une ferme isolée dans laquelle un couple de retraités a été assassiné. le plus étrange c'est que leur fille Juliette, âgée d'une dizaine d'années, a disparu.
Très rapidement le romancier sème le doute. L'inspecteur possède « une identité crédible pour traquer les assassins », et « son temps est compté depuis le 17 Janvier 1945 ». Au lecteur de cogiter, d'analyser les comportements du protagoniste, et de le suivre, de Grenoble à Paris, sur les traces de l'enfant disparue.
Après La Sacrifiée du Vercors, qui se déroulait lors de la Libération, François Médéline renoue avec la seconde guerre mondiale. de l'action, peu de psychologie, peu d'allusions aux pensées des personnages, mais une intrigue solide, une écriture sèche, incisive, parfois brutale, efficace, qui fait naitre une atmosphère à la Simenon. Les Larmes du Reich est un roman glacial sur une époque troublée, les personnages ne sont pas dignes d'admiration pour faire pleurer Margot, ils vivent, subissent, trahissent ou résistent comme ils le peuvent, parce que c'est la guerre, avec pour certains d'entre eux, la clandestinité, la Déportation, les Sonderbauten, à l'Est.
Médéline ne délaye pas dans l'eau tiède. Il est efficace en peu de mots. Les lecteurs d'Hannelore Cayre qui apprécient la concision et les chapitres courts, et les férus de behaviorisme ne bouderont pas leur plaisir avec Les Larmes du Reich. Pour ma part, je l'ai lu d'une traite.
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Quelle histoire ! F. Medeline continue de nous raconter les petites histoires, à la marge, qui ont fait la grande Histoire. Et, ce polar est si bien. fait que je suis incapable de vous parler des personnages tant on en apprend sur eux tout du long : chacun jouant un rôle. Qui est qui ? On découvrira ici un sujet tabou de la Seconde Guerre Mondiale : les "puff", autrement dit les "sonderbrau", autrement dit les bordels du Reich, autrement dit ces prostitués qui, parfois, survécurent pour avoir donner autre chose que leur vie. Un réveil nocturne pour en lire plus de la moitié d'une traite est plutôt signe d'un livre... prenant.
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Dans ma chronique de la Sacrifiée du Vercors, j'écrivais :
Le style d'Antoine Médeline est remarquable. Il propose un roman court de 174 pages, se démarquant de la tendance à écrire des romans de 250 à 300 pages voire plus, contenant souvent des longueurs…
Encore une fois, à partir de faits historiques avérés, (les bordels dans les camps de concentration et le retour de parents juifs rescapés cherchant à récupérer leurs enfants confiés à des familles ou des institutions catholiques), l'auteur construit une histoire plus que crédible et fait revivre l'atmosphère de la période de l'après guerre en France. Une période peu glorieuse où s'affrontent encore (pas toujours à fleurets mouchetés) les tenants de la collaboration, reconvertis en notables, et les supposés vainqueurs de la guerre, privés de leur victoire.
Un jeu de dupes dans lequel ne se reconnaissent pas les victimes.
François Médéline comme dans son précédent roman dresse un portrait très juste de femmes brisées par la guerre.
Rachel Schwarz, une prostituée juive de Pigalle dont la fille Elsa a été confiée à un couvent de religieuses dans la région de Grenoble. Monique Rozier, une résistante de la première heure, retirée d'un monde qu'elle ne comprend plus. Natacha une femme russe mariée à un salarié agricole de la région du Vercors qu'elle a connu lors de leur captivité en Allemagne. Louise Delhomme qui ne se remet pas de la mort de son fils tué au combat.
L'histoire commence lorsque l'inspecteur Michel de la brigade de Lyon se présente à la gendarmerie de Crest pour enquêter sur le meurtre des époux Delhomme et la disparition de leur fille Juliette, 11 ans.
L'inspecteur surprend. Il se déplace à vélo. Il prie. Se prend de sympathie pour les témoins qu'il interroge. Semble suivre une logique qu'il est le seul à comprendre.
C'est au travers de son enquête que l'auteur tisse petit à petit les liens entre les différents personnages, pendant la guerre et l'après guerre.
Le talent de François Médéline est de créer une grande confusion, égale à celle que semble connaître l'inspecteur Michel, sans pour autant dévoiler au lecteur les secrets qui se cachent derrière chacun des personnages.
Il délivrera le lecteur seulement dans les dernières pages.
L'écriture est courte, hachée, brutale, ne s'embarasse pas de détails, mais donne la part belle au ressenti et au comportement des personnages :
"L'inspecteur la renifle. Il invente une odeur de patchouli et de vanille alors qu'elle pue la sueur et la lessive."
"Marc Escoffier l'enlace et lui pose un baiser dans le cou."
"Je t'ai dit d'être gentil. Ca va bien se passer. Eteins cette cigarette et tiens toi tranquille."
"Ca sent l'humus, le bois, et c'est dans ce genre d'endroit que les hommes ont inventés les vampires et les cannibales."
"Monique Rozier pleure, elle essuie sa morve sur la manche de son chandail."
"J'étais pas Joséphine Baker, non. Mais j'en avais dans le ventre."
Encore une fois BRAVO pour ce roman construit avec intelligence, donnant des clefs de lecture sur une période et des faits qui sont restés largement tabou jusque dans les années 1990 comme il est précisé dans la notice historique en fin d'ouvrage.
Notice historique qui donne une bibliographie et des données précieuses sur l'éducation d'enfants juifs soustraits à la déportation par des institutions catholiques ou protestantes. L'affaire Finaly est citée. de même sont citées des personnalités comme Boris Cyrulnik, Saül Friedlander ou André Glucksman qui ont fait partie de ces enfants rescapés.
L'autre fait historique sur lesquel repose la fiction de Médéline est la création de Bordels dans les camps à l'instigation de Himmler, dès 1942. Deux ouvrages sur le sujet sont référencés.
Pour résumer, un roman réussi qui s'empare de sujets sensibles restés longtemps tabou et propose une fiction permettant au lecteur de découvrir une période de l'histoire française.
Merci M. Médéline !
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Un double meurtre et une disparition.
Un couple de retraités apparemment sans histoires a été sauvagement assassiné tandis que leur fille s'est volatilisée sans laisser de traces.
L'inspecteur Michel va enquêter.
Voilà le point de départ de ce polar bien construit et intrigant.

D'emblée, le lecteur sent de façon diffuse que les personnages ne sont pas tout à fait ce qu'ils ont l'air d'être, que les apparences sont trompeuses, qu'il y a une vérité cachée derrière tout cela.
Oui, mais quoi ?

François Médéline a écrit un texte sacrément addictif qui, sans être exempt de défauts, tient le lecteur en haleine et le pousse à tourner les pages.
C'est ce qu'on demande à un roman policier, non ?

Sur fond d'après seconde guerre mondiale, le récit est court et efficace.
La fin ne m'a pas totalement convaincue mais j'ai bien apprécié le chapitre supplémentaire baptisé "Rétrospection" qui éclaire complètement le contexte historique.
Un livre dont j'ai trouvé l'écriture inégale, mais dont l'intrigue a été agréable à suivre.

Merci à Babelio pour son opération Masse critique et aux éditions 10/18 pour leur envoi.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L’homme pédale sur le vélo de Fausto Coppi. C’est une façon comme une autre de se punir. Il a acheté sa bicyclette, avec dérailleur à levier unique, aux Cycles Longoni. Grâce à elle, Coppi a remporté le Paris-Roubaix l’année dernière. Le Campionissimo a bouclé 247 kilomètres à une vitesse moyenne de 39,12 kilomètres/heure. Au regard des conditions météorologiques et de l’enfer des secteurs pavés, c’est proprement prodigieux. L’homme roule depuis un peu plus de neuf heures, dont trois sous le crachin. Il est parti à 7 heures pile. Il a séché dans la descente après Hauterives, à la fin des Terres froides. Bien qu’il ne maîtrise pas encore les subtilités du rétropédalage et qu’il soit trop grand pour faire un bon cycliste, il s’entête.
Il vient de Charly, dans le Rhône. Son identité est crédible pour traquer les assassins : « inspecteur Michel ». Tous les policiers de haut rang ont une légende. La sienne est solide. Il vit avec sa mère dans la banlieue lyonnaise, n’est pas marié et n’a pas d’enfants. Il travaille à la brigade criminelle de Lyon. Il devrait être commissaire, mais il a la phobie de la paperasse et de la réussite. Accessoirement, il aime bien son patronyme. Le double prénom tient de la malédiction. Sans doute parce qu’il est d’usage de l’affecter aux enfants de l’Assistance et que ceux-là garnissent les rangs du crime dans une proportion conséquente.
Présentement, l’inspecteur a pincé son pantalon derrière ses mollets, sa casquette en laine est tournée vers l’arrière et ses lunettes lui donnent un air à la Walter Oesau un vrai as des airs. Avant de quitter la grand-route de Montélimar pour un chemin cabossé, il relève la manche de sa redingote et déchiffre le cadran. Il dit toujours que sa mère lui a acheté la montre-bracelet aux Galeries Lafayette pour son quarantième anniversaire et qu’elle ne le dirait pas ainsi. Elle dirait : « Les Grands Magasins des Cordeliers ». Sa mère n’a d’ailleurs jamais de prénom.
À présent, il est 15 h 22. L’inspecteur se courbe sur son guidon de compétition, contracte ses biceps. Il est en apnée, la côte monte sec. Puis il se met en danseuse. Son temps est compté depuis le 17 janvier 1945. Jusqu’à présent, il a échoué. L’investigation de sa vie est un fiasco.
Il récapitule : il s’est arrangé pour faire appeler la gendarmerie de Crest il y a soixante-douze heures. Il est envoyé par la brigade à cause d’une affaire qui fait du bruit jusqu’à Lyon. Il l’a apprise par Le Progrès : « Les époux Delhomme ont été assassinés. »
Des Delhomme, il y en a beaucoup. Vingt, trente, mille, qui sait ? Il s’est mis dans l’idée de faire l’estimation et il a arrêté.
Il a aussi lu : « Une fillette a disparu. » Elle a onze ans et l’inspecteur vient pour elle. Il s’est spécialisé dans les disparitions, faute de mieux. Celle-ci est la cinquième. Les quatre première n’ont rien donné, si ce n’est le tournis.
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Le rituel est millimétré. Toujours. L’inspecteur positionne la boîte métallique sur le lit, ôte le couvercle et secoue son briquet en aluminium pour faire monter l’essence puis flambe la mèche de la bougie. Ensuite, la chaîne dorée : il la pince entre son pouce et son index. Le médaillon ovale pendule, les arabesques forment un dédale invincible et mouvant. Il éteint la lumière et s’agenouille sur le plancher. Quand le pendentif est immobile, il fixe le portrait : la femme a les yeux coupables, des paupières mi-closes qui la rendent triste. Son nez n’est pas anguleux, ses narines s’ouvrent sur une petite bouche qui voudrait dire non mais qui dit oui. Les cheveux sont noirs, frisés, peignés sur le côté. Pour elle, il a prié deux mille deux cent cinquante-deux fois. C’est une certitude. Tout le temps, il compte. Il le lui doit. Après, il fait couler trois gouttes de cire sur le sol et fixe la bougie. Il passe la chaîne autour du cierge, la flamme brille sur les pommettes et le front. Et il ferme les yeux. C’est l’incendie, le feu. Ses nerfs chauffent, ses secrets fondent jusqu’à la déflagration.
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Les gens de la terre font juste mine de ne pas avoir d'amour ni de peine.
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La façade drague le midi pour cueillir le soleil de l'hiver.
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L’inspecteur le suit. Il traite les informations. Marc appelle les Delhomme par leurs prénoms. Ça veut dire ce que ça veut dire. Surtout, il connaît désormais celui de la fillette : Juliette. La gosse s’appelle Juliette. Ils dévalent l’escalier, sortent.
L’inspecteur avance sous le tilleul, vers le cheval et l’embarcation. Puis il questionne et Marc Escoffier raconte à contrecœur, en plus, il a déjà tout balancé aux gendarmes. Il est méfiant, en dit le moins possible. Il explique le fonctionnement de la ferme : le gros de la production, c’est de la céréale, parfois à perte. Cette année, ça le sera. Ça sent la flotte pour tout l’été. Il y a aussi un carré de tabac pour les cigarettes d’Henri, qui gère les vers à soie. Tout seul. Le jeune homme fait diversion. Cependant, l’inspecteur a compris comment l’amadouer. Il en a retourné des plus féroces que lui dans conditions principalement déplorables. Il administre une caresse à l’encolure du cheval et ils échangent sur la robustesse de la race.
Marc Escoffier approche et tape le flanc de la bête à tout faire. L’inspecteur dit :
– C’étaient des gens bien, les Delhomme, n’est-ce-pas ?
Voilà, c’est fait. L’inspecteur l’a déverrouillé. Et ça a été moins compliqué que prévu. Les gens de la terre font juste mine de ne pas avoir d’amour ni de peine. En vrai, ce sont des gens. Le garçon de ferme rapporte tout au présent, comme s’il n’y avait pas eu de morts dans cette ferme.
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À l'occasion de Quais du Polar 2022 François Médéline vous présente son ouvrage "Les larmes du Reich" aux éditions 10/18.
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