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EAN : 9782843047718
123 pages
Zulma (03/10/2016)
3.76/5   42 notes
Résumé :
« Jusqu’à présent, personne n’avait jamais eu l’idée de parler sérieusement du crâne qui pleure à quelqu’un d’extérieur au village. D’abord parce que le sentiment d’avoir une dette envers ceux qui étaient morts à la guerre interdisait aux survivants de parler à tort et à travers des disparus, mais surtout parce que quiconque entendait la triste lamentation du vent ne pouvait qu’être saisi de stupeur. »

Tout commence par un jeu d’enfants au pied de l’a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Aujourd'hui, l'endroit a presque disparu sous la végétation, l'escalier solide qui y menait a été détruit par les bombardements et a vu ses pierres emportées par les Américains pour construire leurs campements. Pourtant, il reste encore au sommet de la falaise, dans l'ancien ossuaire en plein air, derrière le foisonnement des banians, un objet qui effraie les enfants qui s'y aventurent : un crâne d'où s'échappe un murmure quand souffle le vent.

Pour commémorer les défunts de la guerre, deux journalistes, dont un ancien combattant, ont l'idée d'un reportage sur les habitants d'Okinawa, seuls Japonais à avoir subi des combats au sol lors de la terrible bataille contre les Américains. Pour ce faire ils imaginent une enquête pour identifier le kamikaze qui repose dans l'ossuaire, pour ensuite lui rendre hommage.

Un homme va s'opposer au projet. Cet homme c'est un paysan qui, alors que les Américains pilonnaient l'île et qu'il n'était encore qu'un enfant à la recherche de nourriture avec son père, avait découvert avec lui le cadavre du kamikaze et l'avait aidé à le hisser jusqu'à l'ossuaire.

Les pleurs du vent rappellent aux vivants l'horreur de la guerre. À travers l'angoisse d'un vieil homme qui refuse que l'on piétine un sanctuaire dédié à ceux qui ont donné leur vie pour leur pays, ces vivants devraient comprendre qu'il faut les laisser reposer en paix, que l'écoute du vent et la contemplation du ciel suffisent à ne jamais les oublier...

Un roman magique, poétique et envoûtant de Medoruma Shun, né en 1960 à Okinawa, île qui a connu, du 1er avril au 22 juin 1945, l'une des plus sanglantes batailles du Pacifique. Deux mois après la fin de ses combats, ce sont finalement les bombes atomiques lâchées sur Hiroshima et Nagasaki qui amèneront le Japon à se rendre.
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Nous sommes sur l'archipel d'Okinawa, au milieu des années 1980. En haut d'une petite falaise, à l'orée d'une grotte, se trouve un ancien ossuaire des morts de l'invasion américaine de 1945. Sur son muret y est perché un crâne humain, faisant face à l'estuaire, et à la mer. Il intrigue, il inquiète, il est comme sacré…d'autant qu'il semble s'animer les jours de vent lorsqu'il émet un curieux sifflement…ce vent qui s'engouffre par les orbites et en ressort sonorisé, comme s'il s'était chargé au passage des plaintes des pauvres âmes des jeunes soldats sacrifiés. Les pleurs du vent…

Alors qu'Akira et ses copains se lancent un petit défi pour approcher le crâne en haut de la falaise et percer son mystère, son père Seikichi ne voit pas d'un bon oeil l'autorisation donnée par le chef du village, son ami d'enfance Tokuichi, à deux journalistes de métropole, Fujii et Izumi, de faire un reportage sur la légende de ce fameux crâne pour une chaîne de télé. Pour Seikichi, ce crâne vaut bien mieux qu'une opération de communication, il concentre ses souvenirs des derniers jours de guerre. La mémoire ressurgit lorsque, gamin, il devait se cacher dans une des grottes de ce terrain envahi par l'ennemi, avec sa mère, et son père, qui a été blessé sous ses yeux. Et il n'est pas le seul à savoir que le crâne et le squelette associé encore visible appartiennent à un kamikaze. Le journaliste Fujii qui est un peu plus âgé que lui, était lui aussi soldat au coeur de cet enfer, où il connut Kâno, un autre soldat déterminé et charismatique. Victime d'une grave chute, Fujii avait dû être évacué et ne revit jamais Kâno, dont le beau stylo l'avait fait rêver à l'époque…Le même qu'en allant y voir de plus près, il va retrouver à proximité du crâne…

Une histoire assez courte et simple, qui ne déborde pas d'action mais convoque la mémoire de ces âmes perdues, de ces jeunes fauchés pour la défense désespérée de la patrie. Certains passages nous replongent dans ces terribles jours de 1945 sur l'archipel. Si sa thématique rappelle celle d'Akira Yoshimura et son jeune héros Shinichi de Mourir pour la patrie, l'atmosphère y est plus apaisée. Là où Yoshimura nous plonge en totale immersion et sans temps mort dans l'enfer et l'horreur de la guerre, Medoruma écrit un roman sur la mémoire, dans un paysage insulaire où la luxuriance de la nature, très présente, apporte une touche de poésie un peu fantastique, mais aussi de sérénité à ce sujet difficile.
Au terme de cette histoire, tout le monde sur l'île a finalement un souvenir de cette terrible bataille, et les mémoires convergent vers ce crâne emblématique qui relie les hommes dans son souffle mystérieux. L'auteur fait à mon avis le bon choix en restant à la lisière du fantastique, le phénomène du crâne qui pleure étant facilement expliqué, ce qui évite toute perte de crédibilité au roman.

Un bon moment de lecture d'un des très bons écrivains japonais contemporains.
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Très court roman vite lu. J'avais été attiré par le thème. Les « lamentations du vent », assimilées à des pleurs émanant d'un crâne de squelette datant de la deuxième guerre mondiale. Mais en dehors de passages très poétiques, cette histoire de squelette d'un kamikaze de la dernière guerre se traîne beaucoup. On comprend l'enjeu. Un reporter de TV veut en faire un reportage comme témoin de la bataille d'Okinawa, auquel s'oppose un homme du village, qui se souvient, avec son père, avoir porté un cadavre qui pourrait être ce squelette en ce lieu devenant alors un endroit « tabou ». Mais tout cela est très lourd et l'intrigue se perd en répétitions et longueurs.
Je reste donc assez déçu après l'enthousiasme de « L'âme de Kotaro ».
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Dans ce village d'Okinawa, le passé se présente sous la forme d'un crâne qui pleure lorsque le vent du large le traverse. Lorsque deux hommes travaillant pour une chaîne de télévision arrivent au village avec le projet d'en faire l'objet d'un documentaire et d'en identifier, peut-être, son propriétaire, des réactions vont s'opposer: faut-il laisser les âmes et les souvenirs en paix, comme semble le préconiser Seikichi, ou commémorer une Histoire qui se perd, comme le souhaiterait Fujii ? Si j'ai trouvé intéressantes les questions soulevées par ce court roman et l'humour dramatique de cet auteur que je découvre avec Les Pleurs du vent, je suis restée un peu froide à son écriture descriptive qui, bien qu'elle se fasse luxuriante lorsque vient le temps d'évoquer la nature et le climat de l'île, laisse une place bien subtile au ressenti des personnages.
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Nous sommes dans un village japonais à une date indéterminée. Sans doute vers la fin du XXe siècle. Dans un ossuaire, devenu inaccessible, le crâne d'un kamikaze mort pendant les combats de la deuxième guerre mondiale provoque un bruit saisissant les jours de vent. Les enfants jouent au pied de la falaise où se trouve le crâne, et ne peuvent s'empêcher de se lancer le défi de monter jusque là. En même temps, une équipe de télévision vient tourner un documentaire sur la deuxième guerre mondiale, et Fujii, le reporter, voudrait intégrer le crâne dans son film, d'autant plus qu'il a un lien avec les soldats qui ont combattu là. Il rend visite à Seikichi, l'homme qui au village connaît le mieux l'histoire lié au mort. Ce dernier refuse violemment l'idée que des étrangers pourraient voir, et encore plus filmer le crâne. Il a des souvenirs et un secret qu'il souhaite garder pour lui-même.

Je suis beaucoup moins convaincue par ce livre de Medoruma Shun que par le recueil de nouvelles lu précédemment. La construction du récit m'a en particulier parue un peu boiteuse, pas très convaincante. Les personnages, la situation sont là, mais l'auteur a du mal à en faire quelque chose qui tienne le lecteur. C'est dommage parce qu'il y avait de la matière, et que l'écriture reste belle.
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critiques presse (1)
Telerama
12 octobre 2016
Il est temps de découvrir l'écriture écorchée, sépulcrale et méditative de cet auteur à part.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il pensa d'abord qu'il y voyait mal. Il ne distinguait pas le corps du jeune homme sur le sable, à la place, il y avait comme une grosse masse noire. Puis il s'aperçut que cette forme en longueur, sombre et bombée, frémissait de manière imperceptible en produisant un bruit sec de frottements. Il observa avec attention cette présence au milieu de la pénombre. Soudain, il sentit sa gorge se serrer, comme prise dans les griffes acérées d'un oiseau. Les yeux écarquillés, il venait de saisir l'image d'une multitude de bestioles grouillantes, gonflant comme un amas d'écume. La masse noire n'était autre que le cadavre sur lequel s'étaient agglutinés des crabes. Au milieu des frottements de leurs carapaces humides, de leurs pattes rigides et poilues, Seikichi eut l'impression de les entendre mâcher la chair du jeune homme.
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- Tu as de la chance, lui lança le médecin militaire sur un ton ironique. Tu as eu du pot de tomber pile sur une branche de pin. Sinon, tu serais sans doute mort sur le coup.
Fujii passa plusieurs semaines dans un état de semi-conscience. Outre plusieurs fractures aux bras et aux jambes, sa moelle épinière était touchée, il devait garder une immobilité absolue. Les agents de la police militaire venus enquêter lui apprirent que, selon les déclarations de Kanô, il était tombé par accident. Fujii, sans infirmer ni confirmer, s'enfermait dans un mutisme complet.
De toute évidence, on le soupçonnait de s'être jeté de la falaise pour fuir les attaques kamikazes. Une fois son traitement terminé, il ne pourrait pas échapper à des interrogatoires sévères avant de passer devant un tribunal militaire, mais cela laissait Fujii totalement indifférent. Il dormait plus de la moitié de la journée et, le visage toujours impassible, même face au traitement brutal des médecins, il gardait les yeux fixés sur le plafond souillé. Vers la mi-juillet, il fut transféré dans un hôpital de la ville.
- Vous risquez de rester en partie paralysé.
C'est ce que lui dit, en guise d'adieu, comme si c'était un souhait, le médecin qui s'était occupé de lui, avec un regard froid et un air supérieur.
Les agents de la police militaire étaient venus régulièrement l'interroger mais, les yeux dans le vide, Fujii avait continué à garder serrées ses lèvres desséchées.
Peu après, le Japon perdit la guerre.
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Akira et sa bande avaient les yeux rivés sur la forme blanche qu'on apercevait dans l'espace obscur. Comme si quelqu'un l'avait délibérément posé là, un crâne se trouvait à l'entrée de l'ossuaire, bien en équilibre. Ses orbites noires fixaient la mer vers le lointain.
A la surface de l'eau, calme jusque-là, se dessina une infime ondulation. En passant au-dessus d'un banc de petits poissons remontant l'estuaire, la houle scintilla légèrement. Des oiseaux diaphanes s'envolèrent, les fines feuilles des filaos se balancèrent lentement et, au milieu du chant des cigales qui résonnait au loin, on entendit comme le son triste d'une flûte.
Akira et ses copains retinrent leur souffle, les yeux fixés sur la forme blanche. Le son provenait du crâne. Un murmure, "Uutôto, Uutôto...", qui ne sortait d'aucune bouche. Le bruit du vent, aigu puis grave, suivit comme une luciole l'étroit chemin obscur au pied de la falaise, traversa le tympan des enfants qui tendaient l'oreille puis descendit jusqu'au fond de leur poitrine avant d'aller se dissoudre dans l'eau froide accumulée au creux d'un vieil arbre.
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C'étaient les vestiges de l'ancien ossuaire en plein air dont même les vieillards du village ignoraient de quelle période il pouvait bien dater. Quand on y déposait le corps d'un mort, les oiseaux, crabes, ligies des rivages, et puis la brise marine se chargeaient de le transformer en un beau squelette blanc, disaient avec nostalgie les anciens en plissant les yeux comme pour apercevoir au loin ce passé. Akira imagina des squelettes étincelants, à moitié enfouis dans le sable blanc. Ne serait-ce qu'une seule fois, il brûlait d'envie de voir l'endroit de ses propres yeux.
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Portés par le souffle venant du large, les pleurs du vent se répandaient dans le trou ouvert au fond de la poitrine de Seikichi. Le vacarme des vagues grandissait. Mais les pleurs du vent ne disparaissaient pas.
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