AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707182050
160 pages
La Découverte (05/06/2014)
3.25/5   6 notes
Résumé :
" Développement durable ", " agriculture raisonnée ", " flexisécurité ", " moralisation du capitalisme ", la production massive d'oxymores désoriente et rend les populations inaptes à penser. Comment résister à cet argumentaire pervers érigé en en véritable mode de gouvernement ? Les démocraties modernes possèdent-elles les ressorts nécessaires pour prévenir et affronter la catastrophe écologique due au réchauffement climatique ? Comme l'explique Bertrand Méheust, c... >Voir plus
Que lire après La politique de l'oxymoreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Terminé le court (dieu merci) livre de Bertrand Méheust. Honnêtement, ses positionnements relatifs au magnétisme en psychologie ne m'ont pas rendu très positif dès le départ.

Je dois dire par ailleurs que je partage un certain nombre de points de vue dans l'analyse de la situation actuelle de la société mondiale que présente son livre. D'où, sans doute, que ce dernier soit tombé entre mes mains – il n'y a pas de hasard – avant qu'il ne me tombe des mains...

Nous nous accordons sur des choses banales, il faut dire : le rôle de la société de consommation dans la catastrophe écologique qui se prépare ; la « saturation » engendrée par la mondialisation dans divers domaines (dommage qu'il n'évoque pas le problème démographique) ; Méheust parle de l'inéluctabilité d'une crise gravissime – tout dépend de ce qu'on appelle gravissime, mais soit ; de l'inertie de la société, ce qui rend tout espoir de correction peu vraisemblable ; et surtout, de l'insidieuse aliénation des esprits dont la source est le marketing, et pour reprendre son expression fort juste la propagande qu'est en fait la publicité.

Malheureusement, à part quelques citations littéraires ou philosophiques, on ne trouve rien pour étayer ses thèses. Ce sont des assertions qui selon lui se suffisent à elles-mêmes et n'ont pas besoin de s'appuyer sur des données. Parfois, ces assertions sont étonnamment gratuites au point d'arrêter sinon de choquer : de la pure idéologie. D'ailleurs, on s'étonne de le voir aboyer (à juste titre) contre le néo-libéralisme, sans noter à quel point la France et bien d'autres pays d'Europe ne vont pas dans cette direction.

Je m'arrête là, alors qu'il y aurait bien d'autres critiques à faire de ce livre dont la caractéristique principale est d'être faible. A sa décharge, il a été écrit il y a plus de dix ans. Il paraissait sans doute plus incisif et novateur à l'époque – à défaut d'être plus étayé.

Accordons lui ce bénéfice. Outre celui du titre, qui est joli – c'est toujours chic de parler d'oxymore. Dommage que la démonstration de cette soi-disant politique soit tout sauf convaincante.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C'est ici le lieu de rappeler l'étymologie grecque d'oxymore, qui signifie "folie aiguë". Utilisé à dose massive, l'oxymore rend fou, comme l'ont montré Gregory Bateson et Paul Watzalwic. Transformé en "injonction contradictoire" par des idéologues, il devient un poison social. Le langage exprime déjà ces tensions et cette fuite devant le réel. Une novlangue libérale dont la fonction principale est de gommer les réalités qui fâchent, les aspects de la condition humaine qu'il convient de masquer, est en train de prendre la suite de l'ancienne novlangue nazie ou communiste. Ainsi, on ne doit plus utiliser l'adjectif "noir" pour désigner une personne, mais employer le détour de l'anglais. De même, à "apparence", mot fâcheux qui vend la mèche, on préfère l'anglais "look", qui prend une consistance positive. On ne coule plus un navire, on l'"océanise". On ne parle plus de vieux, d'aveugles, de sourds, de cancéreux, de surveillants, de débiles, d'obèses, de bombardements de zones urbaines, sans recourir à des euphémismes. On ne parle plus de pauvres, mais d'"assistés".
Commenter  J’apprécie          43
"Développement durable", "croissance négative", "marché civilisationnel", "financiarisation durable", "flexisécurité", "moralisation du capitalisme", "offre d'emploi raisonnable", "vidéo-projection", "décélération de la croissance", mal propre", etc. La montée des oxymores constitue un des faits marquants et révélateurs de la société contemporaine, particulièrement française. Le propre de l'oxymore est de rapprocher, d'associer, d'hybrider et/ou de faire fusionner deux réalités contradictoires, d'où la diversité des formes qu'il peut revêtir et des fonctions qu'il peut assumer.
Le "poisson soluble" de Breton visait à nous déconditionner en court-circuitant nos associations mentales habituelles. Mais le clip publicitaire qui nous montre la chevauchée d'un 4x4 dans un espace vierge cherche au contraire à nous conditionner à l'idéologie consumériste : en associant deux réalités contradictoires, l'espace naturel et la machine qui le dévore, il nous suggère perfidement la possibilité de leur conciliation. Et le "4x4 urbain" est la concrétisation de ce fantasme : une coûteuse et absurde machine de plusieurs tonnes, dévoreuse d'espace, de matières premières et d'énergie. Un oxymore de métal et de plastique.
Commenter  J’apprécie          30
Ce mode de raisonnement linéaire, qui généralise une expérience vieille d'à peine un demi-siècle, fait l'impasse sur les longues incubations invisibles, sur les effets différés, sur les effets de seuil, sur les synergies des nuisances.
Ainsi, les stations 'épuration ont d'aabord paru la réponse adéquate à la pollution des rivières. Mais il nous faut aujourd'hui déchanter. De plus en plus saturées, elles laissent passer les substances les plus toxiques qui s'accumulent dans les sédiments au fond des cours d'eau, dont la mort à moyen terme est ainsi programmée. Si l'on poursuit la tendance (c'est-à-dire si, au lieu d'éliminer radicalement les causes de la pollution, on augmente la puissance et le nombre des stations), on arrivera à une situation où le réseau tout entier des cours d'eau sera mis sous dialyse, comme l'est déjà, en vertu de la même logique, le réseau d'Internet, où des épurateurs tentent vainement de filtrer la montée des immondices culturelles.
Commenter  J’apprécie          40

Lire un extrait
Video de Bertrand Méheust (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bertrand Méheust
Festival Paris en toutes lettres
Le 18 novembre 1922, Marcel Proust rendait son dernier souffle. Cent ans plus tard, l'importance de son oeuvre ne se dément pas comme en témoigne la vivacité de la création qu'elle suscite.
En cette soirée spéciale, Véronique Aubouy, bien connue à la Maison de la Poésie pour sa fameuse « Tentative de résumer La Recherche en une heure », s'associe à l'historien Bertrand Méheust et son éditeur pour invoquer l'esprit de Marcel Proust, l'appeler sur scène ! Une expérience médiumnique pour voyager dans l'oeuvre et dans ses fantômes.
À lire – Bertrand Méheust, Proust voyant, Vues de l'Esprit, 2022.
Lumière par Marta Bellini, son par Adrien Vicherat
+ Lire la suite
autres livres classés : natureVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (20) Voir plus



Quiz Voir plus

Souvenirs ....

Qui a écrit le roman "Les souvenirs", dans lequel le narrateur, apprenti romancier, prend conscience à l’occasion du décès de son grand-père de tout ce qu’il n’a pas su vivre avec lui et il comprend que le seul moyen de garder l’amour vivant est de cultiver la mémoire des instants heureux ?

Olivier Adam
Agnès Ledig
David Foenkinos

10 questions
33 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , écrivain , souvenirsCréer un quiz sur ce livre

{* *}