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Oristelle Bonis (Traducteur)
EAN : 9782283021668
780 pages
Buchet-Chastel (12/10/2006)
4.19/5   35 notes
Résumé :
De retour à Bombay en 1998, après une absence de vingt et un ans, Sukety Mehta est frappé par les métamorphoses de la ville tant aimée de son enfance : il décide d'en aborder tous les extrêmes et pour commencer, celui des émeutes de 1992-1993 entre hindous et musulmans. Ce conflit le propulse au cœur des violences de la guerre des gangs pour le contrôle de la vie politique et économique de la cité, une guerre souvent orchestrée par des parrains mafieux installés à D... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quel livre ! Suketu Mehta a réussi l'exploit de condenser en moins de 800 pages sa vision de Mumbai (ex-Bombay) et nous fait voyager dans cette ville surpeuplée, polluée, survoltée où le pouvoir et les plaisirs se côtoient tels de vieux frères ennemis. Et nous nous surprenons à suivre pas à pas et sans aucune difficulté ce journaliste de talent que rien ne semble pouvoir décourager et qui nous entraîne tour à tour parmi les gangs armés jusqu'aux dents à la solde de terroristes musulmans, au sein du Shiv Sena, ce parti politique extrémiste hindou, aux côtés de policiers plus ou moins intègres, dans les bars les plus huppés de la ville au plus mal famés, sur les plateaux des films de Bollywood et surtout, surtout, dans les rues de cette ville tentaculaire : des bidonvilles au quartier chic de Malabar Hill, Suketu Mehta se place en chroniqueur insatiable et infatigable de Bombay et cela donne un récit époustouflant !

LE POUVOIR
Dans cette première partie, l'auteur revient sur un événement sanglant de l'histoire de Mumbai, événement qui a profondément marqué la ville et ses habitants : les émeutes hindous-musulmans de 1992-1993 ayant fait plus de 300 victimes et consécutives à la destruction de la mosquée Babri Masjid d'Ayodhya. C'est l'occasion pour lui de rencontrer les membres des différents gangs musulmans de la ville et les hommes de main du Shiv Sena (l'Armée de Shiva) fondé par Bal Thackerey, extrémistes hindous et xénophobes. D'un côté comme de l'autre, comment ces hommes ont-ils pu commettre de telles atrocités et n'en éprouver aucun remord, les cris de leurs victimes brûlées vives ne les empêchent-ils pas de dormir ? Apparemment non, le pouvoir semble être leur seul but et la religion un prétexte bien pratique !
Et dans cette surenchère de la violence, la police n'est pas en reste, elle qui organise ces fameuses "rencontres", ces exécutions sommaires de gangsters parce qu'attendre un procès est parfois trop long ou qu'un membre d'un autre gang a donné une belle enveloppe... Comment dans ce contexte s'étonner de la corruption galopante à tous les étages des administrations ou encore du nombre croissant de jeunes des bidonvilles qui rejoignent les gangs pour avoir l'impression d'exister ? Les flics incorruptibles semblent bien démunis et s'ils s'avisent de parler trop fort, ils sont envoyés dans une ville de province où ils ne pourront plus faire de vague...

LES PLAISIRS
Dans cette deuxième partie, Suketu Mehta nous embarque dans le monde de la nuit, celui des bars à filles, des danseuses, des hommes et des femmes qui vendent leur corps pour survivre tout en rêvant de devenir top model ou acteur/actrice de cinéma. La pègre règne également en maître sur ce monde et rares sont les films de Bollywood qui ne bénéficient pas du financement d'un don (parrain) de la mafia, la production d'un film étant un bon moyen de blanchir l'argent !
L'auteur s'étale également largement sur le monde du cinéma bollywoodien et nous donne une bien piètre opinion de ces films dénués de scénario, dont les acteurs et actrices n'auraient pour seul talent que leur plastique de rêve et qui subissent une censure telle que les opinions politiques ou sociales y seraient totalement gommées... C'est d'ailleurs assez étonnant cette opinion assez négative qui transparaît dans ce livre car Suketu Mehta a participé à l'écriture du scénario du film bollywoodien de son ami Vidhu Vinod Chopra, Mission Kashmir, on aurait pu croire qu'il croyait en son script...

PASSAGES
Cette troisième partie relate les changements, parfois radicaux, qui interviennent dans la vie des bombayites. Ainsi, on suit ce jeune homme débarqué à Bombay dans l'espoir de devenir acteur et qui finit par devenir écrivain des rues (rédacteur de lettres pour celles et ceux qui ne savent pas écrire), cette famille de riches diamantaires jaïns qui décide de renoncer à tout pour vivre en sâdhus (sages ascètes errants à travers toute l'Inde et vivants de la charité des adeptes), ces enfants des rues, ou encore cette autre famille qui après des années passées dans une seule pièce d'un bidonville a enfin l'opportunité de vivre dans un deux pièces d'un quartier moins sordide et tant d'autres encore...

Il est difficile de résumer Bombay Maximum City en quelques lignes tant c'est dense, riche de rencontres, de descriptions, d'anecdotes : le travail de l'auteur a été véritablement titanesque ! Alors, forcément, il y a des répétitions, quelques longueurs, des passages auxquels on adhère moins que d'autres mais qu'importe, c'est grandiose.

Si vous ne deviez lire qu'un seul livre sur Bombay/Mumbai, misez sur celui-là ! ;-)
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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L'auteur est présenté comme un journaliste réputé ayant écrit pour le New York Time et terminé finaliste pour le Prix Pulitzer 2005. Il est également écrivain et scénariste. J'imagine donc que ces récits documentaires illustrent bien la vie à Bombay et je salue le travail qu'ils supposent. Quelle hallucinante aventure que cette plongée dans une ville tentaculaire, proie de tous les excès : millions de personnes vivant en bidonville, pénurie de toilettes et d'eau, police et justice rendues par des gangs, pratique généralisée du bakchich, politiciens véreux, haines religieuses, monde de la nuit, industrie du cinéma Bollywood.... Et puis, à côté de tous ces excès, une façon de vivre et de penser pleine d'une dignité qu'on a du mal à comprendre, tellement elle est différente de la nôtre, à l'image du dernier récit consacré au jaïnisme. Beaucoup d'espoirs aussi. Voilà une lecture instructive et passionnante, sous réserve toutefois de ne pas se lasser avant la fin d'un manque de concision et de nombreuses longueurs ( presque 800 pages quand même). La forme, d'une lecture agréable, est celle d'un mélange entre documentaire et récit autobiographique.
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Suketu Mehta a grandi à Bombay jusqu'à l'âge de quatorze ans. Sa famille a alors émigré aux Etats-Unis où il s'est installé. En 1998, vingt-et-un ans après avoir quitté la ville de son enfance, il y revient pour y vivre pendant deux ans et enquêter afin d'écrire Bombay maximum city. Issu d'une famille aisée de diamantaires Suketu Mehta a, pendant ces deux ans, rencontré les exclus et les marginaux de Bombay. Il découvre et nous fait découvrir un monde fascinant où la violence extrême côtoie la solidarité entre miséreux.

Dans la première partie, le pouvoir, Suketu Mehta rencontre divers protagonistes des émeutes de 1992-1993. La destruction de la mosquée d'Ayodhya par des fanatiques hindous en décembre 1992 a entraîné des violences inter-religieuses en Inde. A Bombay elles culminent en janvier 1993 avec le massacre de nombreux musulmans. Enfin, le 12 mars 1993, dix bombes déposées par des terroristes musulmans explosent en divers endroits de la ville. Elles font plus de trois cent victimes. Suketu Mehta interroge des hommes de main du Shiv sena (l'armée de Shiva), le parti politique xénophobe qui a déclenché ces émeutes. Il s'agit de tueurs qui racontent sans états d'âme comment ils ont brûlé vifs des musulmans mais qui parfois ont aussi sauvé du massacre des voisins et qui -quand leurs enfants sont malades- vont prier dans des lieux saints musulmans.

Les conditions de vie très rudes et l'absence d'espoir en leur avenir conduisent également de nombreux jeunes à se tourner vers le banditisme. La guerre des gangs fait rage dans les bas-fonds de Bombay. Il existe des gangs hindous et des gangs musulmans mais ici aussi la religion n'est qu'un prétexte. de l'autre côté de la barrière l'auteur nous présente Ajay, flic incorruptible qui pourchasse inlassablement les méchants mais n'hésite pas à provoquer des "rencontres" (=exécutions), seul moyen de régler leur compte aux plus dangereux car la justice est dépassée et corrompue.

La deuxième partie, Les plaisirs, tourne d'abord autour de Mona Lisa, une danseuse de bar et de sa collègue Honey qui est en fait un homme. Ce monde nocturne est étroitement lié avec la pègre et on y retrouve les protagonistes de la première partie. Ils sont également présents à Bollywood qui est pour les gangs une vache à lait (pratique courante de l'extorsion de fonds) et un moyen de blanchir l'argent sale par le financement des films.

Enfin la dernière partie, Passages, nous présente des personnes au moment où elles changent de vie. Une famille de sept personnes qui a toujours vécu dans une pièce dans un bidonville a enfin les moyens de s'acheter un appartement de deux pièces. de riches diamantaires renoncent à leurs richesses pour vivre en ascètes.

Suketu Mehta nous présente un visage passionnant de Bombay, à la fois repoussant et attirant. Venu y vivre pendant deux ans avec sa femme et ses deux jeunes enfants il est lui-même un de ses sujets d'étude. Il est arrivé ignorant de toutes les stratégies nécessaires à la survie dans la Maximum city, il a noué de nouvelles relations et il repart, comme ses personnages de Passages.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Extrêmement bien documenté, pimenté à souhait, avec de l'humour en prime (d'où le titre : "Ah ces Indiens !" : que ce soit Yann Martel, Rohinton Mistry ou Inderjit Badhwar, ces "nouveaux" écrivains indiens ont une façon décalée d'écrire leurs histoires qui les rend très agréables à lire), ce livre nous parle de ce pays en pleine mutation/confusion, de cette ville où se croisent les groupes sociaux, les idéologies, les religions, les moeurs, les truands, les demi-putes, les acteurs de Bollywood, les politiciens...
Vraiment formidable à lire quand on s'intéresse à la mondialisation, aux BRIC (Brésil Russie, Inde, Chine), mais aussi à la littérature.
Petit bémol quand même : il y a incontestablement des longueurs.
Mais quand on aime, on ne compte pas, n'est-ce pas ?
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Superbe mumbay ! Je relis cet ouvrage grandiose ! Un immense plaisir !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"La bataille des trottoirs est un combat pour les droits de diverses catégories d'usagers : les piétons qui y marchent; les sans-abris qui y dorment; les colporteurs et les petits marchands qui gagnent leur vie dessus; les automobilistes qui s'y garent. Savoir qui en a le plus besoin est ici l'objet de débats interminables et déchirants." ( Buchet Chastel - p.679)
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"De même que nos vies à tous s'organisent autour d'un événement central, l'histoire de chaque ville est marquée par un événement catalyseur. Pour le New York contemporain, c'est le 11 septembre 2001 et les attentats contre le World Trade Center. Pour le Bombay de mon époque, ce sont les émeutes et les attentats à la bombe de 1993." (Buchet Chastel - p.172)
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"A Bombay, il n'y a qu'un pas de la réalité la plus sordide au rêve le plus fou." (Buchet Chastel - p.594)
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Tout immigré espère un jour occuper une place qui lui donnera le droit d’interdire l’accès aux nouveaux immigrés, de dire à celui monté après lui de descendre du train, de retourner d’où il vient. Ce jour-là, il sait qu’il fait vraiment partie « des gens du cru ».
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On devrait tous avoir deux cerveaux. Comme ça, on pourrait en mettre un au congèlo pour le rafraichir quand il commence à fumer, et le temps qu’il refroidisse, on se servirait de l’autre.
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