Le refus de légiférer sur la mort et la fin de vie est alors une constante chez les politiques. A deux reprises, en 1978 puis 1980, le Sénat rejette des propositions de loi du sénateur Caillavet relatives au "droit de vivre sa mort". Les sénateurs justifient leur décision :
"Le refus de légiférer n'est pas celui de réfléchir et, en ce sens, les propositions de M. Caillavet ont eu le mérite de poser en termes nouveaux un problème douloureux. Mais il peut être sage, suivant en cela le rapport de la commission des Lois, de ne pas retenir des textes qui angoissent plus qu'ils n'apaisent. C'est la conclusion qu'a retenue votre commission des Affaires Sociales après un large débat."
Le rapport de l'Etat à la fin de vie et à la mort est marqué depuis par un engagement constant en faveur des soins palliatifs et un refus symétrique de l'euthanasie.
Cet ouvrage s'adresse donc à tous : étudiants, chercheurs, professionnels de soins et usagers pourront y puiser des éléments théoriques et pratiques pour alimenter leur réflexion. Soucieux de penser la question de la mort de sont temps, le regard que ce livre propose examine avec acuité la mort d'hier pour mieux questionner les divers mouvements sociaux susceptibles de contribuer à façonner le visage de la mort à venir. Ce faisant, il apporte la preuve que, au-delà de la mise en question des politiques et des pratiques du mourir, les sciences humaines et sociales ont un rôle crucial à jouer pour que le façonnement du nouveau visage de la mort ne se réduise pas à un gouvernement de corps encore en vie, et pour que la mort livre sa quête de sens dans un engagement profond dans la vie.
Pitter, un patient suédois de 88 ans, décrit d'une autre manière son rapport à la mort et la dégénérescence cognitive : "je souhaite que mon corps s'en aille avant mon esprit, avec toutes les maladies que je me traîne... Perdre la tête alors que vous avez un corps en état de marche... je pense que c'est probablement la pire chose qui puisse vous arriver."