(En anglais mais essentiellement livre de photographies)
PIG 05049 représente une performance visuelle, esthétique, politique, éthique et sémantique. Ainsi qu'un formidable outil universel (au graphisme douloureusement réaliste) pour militer sans paroles, et fissurer les certitudes des plus endurcis ou des plus indifférents à la cause animale, et/ou à la globalisation.
PIG 05049 était un cochon d'usine. Après sa mort, les morceaux de son corps, comme ceux de milliards d'autres animaux le sont quotidiennement, ont été dispersés dans un certain nombre de produits alimentaires et non alimentaires.
D'une façon toute rigoureuse et d'une sobriété qui le dispute au vertige de la vérité crue, très crue, ce livre photographie les 185 produits, choses, objets, aliments contenant chacun un morceau du cochon numéroté 05049. Cent quatre vingt cinq. Un par page.
Du pâté et des chaussures bien sûr, mais aussi du vin, du film photographique, des pneus, des pinceaux, de l'héparine, des bijoux, des valves cardiaques, de la porcelaine de Chine, de la cire, du pain, de l'antigel, du dentifrice, des saucisses, des bougies, du lubrifiant, de l'insuline, du yaourt, des figurines, des moules en aluminium, du papier peint, des puzzles, du plâtre, des balles, des médicaments, du tiramisu et plus de 160 autres objets.
La couverture est ce qui peut également mettre extrêmement mal à l'aise, douce et rose chair, tatouée, un piercing en plastique jaune numéroté sur la tranche. Engendrer un sentiment à l'image du livre entier et du projet, perfomance militante autant qu'artistique : un malaise profond et durable.
S'il en est pour ne pas se poser *au moins une* question après avoir feuilleté cet ouvrage édifiant et sans égal sur le thème, il en sera, je l'espère, infiniment plus pour ressentir ce basculement, ce décalage du regard, ce truc qui taraude, enfin. Enfin.