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EAN : 9782710108665
198 pages
ESF Editeur (05/01/1980)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Chacun sait bien, même si on ne l'avoue guère, que la réussite de l'acte pédagogique ne tient pas seulement aux qualités strictement scientifiques et didactiques de l'enseignant. Et c'est d'abord cela que Philippe Meirieu prend le risque d'expliquer dans cet ouvrage, devenu un grand classique des ouvrages de pédagogie. Il montre l'importance décisive des choix éthiques de l'éducateur, quand il se donne pour fin l'émergence de sujets libres, quand il oeuvre simultané... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
De quel ordre est la relation pédagogique? Que signifie éduquer quelqu'un? Quel est mon métier? Philippe Meirieu montre bien le caractère paradoxale de l'entreprise éducative, l'écart entre son idéal, la formation de sujets libres, et sa réalité, l'acquisition par les individus de normes qui leur permettront de faire leur nid dans la société.

Ce qui est intéressant chez Meirieu, c'est qu'il ne prend pas position pour l'un de ces deux pôles, qu'il montre qu'ils sont les deux absolument nécessaires. Qu'est-ce que ça signifie en pratique? Que les résultats d'un enseignement sont de plusieurs ordres, qu'il y a d'un côté l'acquisition de savoirs utiles et d'un autre éducation à la liberté, c'est-à-dire possibilité de contestation des savoirs appris. le prof, qui est toujours un démiurge en puissance, doit accepter, au nom même de son entreprise de formation de l'autre, que cet autre lui échappe, qu'il ne corresponde pas à ce qu'il attend de lui et qu'il ne soit pas nécessairement reconnaissant envers lui. le prof donne et n'attend rien en retour. Tâche ingrate? Certes, mais seul moyen de ne pas vivre dans l'illusion, de ne pas trop être déçu, de ne pas claquer la porte de l'enseignement après trois ans. Affirmer que le prof n'attend rien de l'élève ne signifie qu'il ne croit pas à l'éducabilité de l'élève, bien au contraire. C'est même le postulat de base de Meirieu. On ne peut être pédagogue que si l'on croit que tout individu peut être éduqué à la liberté, que tout individu peut devenir un sujet et que je (le prof) peux l'y amener. Il ne faut jamais renoncer à l'idéal tout en étant conscient qu'on ne l'atteint jamais tout à fait, que souvent, on s'enlise.

Bref, éduquer est une entreprise d'abord éthique, la mise en place de tout ce qui peut faire advenir des valeurs auxquelles on croit, à commencer par la liberté: "il faut, en réalité, vouloir faire advenir ce qui apparaît à la fois éminemment nécessaire et résolument inaccessible [...] il faut affirmer que l'on va y parvenir en se sachant condamné à l'échec". Impossible? Alors, il faut faire "comme si". Candeur? calculée. Un bon prof, alors, c'est quoi? Un idéaliste pragmatique.
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Un essai exigeant et dense malgré sa relative brièveté.

A mon sens, chaque éducateur (au sens le plus large) devrait, au moins en substance, se poser les questions que développe Philippe Meirieu dans cet ouvrage. Si l'on fait le "choix d'éduquer" on ne peut pas faire l'économie d'un véritable questionnement éthique ou bien ce projet reste dramatiquement superficiel et inefficace.
Dans ce texte philosophique, l'auteur fait le pari de l'éducabilité de tous.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On peut ainsi, sans guère de difficulté et avec un zeste d'habitude, parler de tout en n'ayant rien à dire : il suffit de parler des autres, non pour tenter d'expliquer ou de comprendre ce qu'ils pensent mais pour décoder ce qu'ils disent et font comme les symptômes d'une vérité qui leur est cachée et à laquelle l'interprétateur accède, lui, tout naturellement et de plain-pied.

C'est ainsi qu'une psychologie bavarde s'étale dans la presse et dans bien des publications qui traitent, de plus ou moins loin, des faits de société. On n'a pas besoin, pour la pratiquer, de connaître ce dont on parle ; il suffit de disposer de quelques «clés de lecture», c'est-à-dire, en réalité, de quelques formules toutes faites où apparaissent les mots «pouvoir», «fantasme», «désir», «régression», «fixation» ; il suffit d'apprendre à dévoyer quelques expressions courantes, à utiliser un petit nombre de métaphores et à ajouter l'adjectif «symbolique» le plus souvent possible dans son discours. On est alors capable de voir dans telle ou telle prise de position l'expression d'un «fantasme de toute-puissance où le déni symbolique du père marque le refus d'assumer la rupture œdipienne» ... moyennant quoi on peut faire l'économie de l'analyse de ce qui est dit, se débarrasser d'une interrogation inopportune et récupérer, sinon le pouvoir, du moins le prestige de «celui qui, quand même, ne s'en laisse pas conter».
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De tous côtés, pourtant, l’hégémonie de la parole magistrale est contestée. Les théoriciens des « méthodes actives », relayés par les psychologues cognitivistes, ont montré depuis longtemps et avec insistance le caractère particulièrement difficile et sélectif de l'écoute d'un cours. L'attention n'y est pas spontanée, elle est subordonnée à l'existence d'un questionnement préalable ou, au moins, d'une ouverture à la parole d'autrui que l'on ne suppose « naturels » que pour mieux sélectionner ceux qui y ont déjà été formés. L'appropriation elle-même requiert un retraitement de l'information qui passe par la construction d'images mentales dans laquelle la verbalisation joue, au moins pour une partir des sujets, une rôle moteur.
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Il nous faut donc gérer à la fois l'exigence du meilleur et l’acceptation du pire ; il faut surtout que l'acceptation du pire ne nous fasse pas renoncer à l'exigence du meilleur. Proposer, avec tout la force de notre âme, ce que nous croyons être le mieux et consentir à ce que cela soit bafoué parce que l'autre se dérobe, nous agresse ou, plus simplement, plus tristement, nous ignore. Consentir que l'espace d'une liberté se dessine sous nos yeux, prenne des formes que nous n'avions ni souhaitées, ni prévues, en souffrir même pour ce que nous croyons plus encore que pour la blessure narcissique que cela nous inflige.
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Dans cette perspective, la culture scolaire peut bien, me semble-t-il, être considérée comme l'ensemble des outils intellectuels susceptibles de donner au sujet l'intelligence de lui-même, la capacité de vivre un peu plus pleinement toutes les dimensions de son existence, ses tensions affectives et sa vie professionnelle, ses relations avec autrui et son rapport au monde.
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Il sait, en effet, que l'affirmation de l'éducabilité de tous les hommes n'est en rien une banale constatation, mais bien une pure et simple provocation, une provocation à penser, à imaginer, à agir, à exercer sa liberté. Il sait que ce n'est pas une thèse vraie mais bien une thèse à vérifier, qu'il ne s'agit pas d'un état des lieux mais plutôt d'un horizon sur lequel fixer les yeux, un horizon qui, comme toujours l'horizon, recule au fur et à mesure que l'on avance.
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