AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791022610360
320 pages
Editions Métailié (09/04/2020)
4.3/5   5 notes
Résumé :
L'auteur raconte trois accès de dépression qui l'ont conduit à chaque fois en hôpital psychiatrique. Le récit n'est pas une chronique de la maladie, mais plutôt le désir de trouver dans l'écriture et la littérature une " poétique de l'authentique ", c'est-à-dire une perception de la double identité du sujet bipolaire vécue chacune comme la seule identité réelle.

Le livre est bouleversant, Thomas Melle ne s'épargne pas. Son récit – espèce d'anti-roman ... >Voir plus
Que lire après Le monde dans le dosVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Le monde dans le dos" est un récit autobiographique, dans lequel l'auteur raconte sa bipolarité. Né en 1975, il a, jusqu'à présent, subi trois accès maniaques, suivis d'autant d'accès de dépression, qui l'ont mené à de nombreux séjours en hôpital psychiatrique. Il explique comment, pendant les phases maniaques, il pète littéralement les plombs, le cerveau hyper-stimulé par tout et n'importe quoi, un déchaînement neuronal qui le fait naviguer en plein délire comme une coquille de noix dans une tempête en mer. A la fois mégalo et parano, son cerveau lui fait croire que tout et tout le monde parle de lui en langage codé, et qu'il est victime de complots sans fin fomentés dans les médias, les livres, les films, les chansons,... Pendant ces épisodes, Thomas Melle est agressif, excessif, ingérable, imprévisible, "le fauteur de trouble le plus efficace", celui qui commet "tous ces actes, catastrophes, bagatelles, tous les excès et les erreurs de jugement, les obsessions et les propos inutiles, les interdictions d'accès et les tentatives de suicide, les scènes honteuses, les crises de rage [...]. le maniaque [...] étouffe dans le combat contre le système délirant qu'il est lui-même, un système qui a commencé avec une fausse impression, une référence erronée entraînant deux déductions inexactes et trois suppositions folles, une dynamique qui peut renverser le monde entier en à peine cinq minutes. Alors il part en vrille, dans mon cas pour des mois et des mois, il se résorbe dans un imbroglio de temps et de folie. Et à la fin, sa réputation et sa vie sont ruinées".
Puis vient l'effondrement, la dépression majeure, les médicaments, l'hospitalisation. A la folie succède l'apathie, l'envie de mourir. Puis, malgré tout, très lentement, la vie reprend doucement.
Après sa crise de 1999, Thomas Melle croyait en avoir fini avec cette maladie. Il n'avait pas compris, ou pas voulu comprendre, qu'elle était chronique. Et en 2006, elle lui retombe dessus, un épisode encore plus long et plus violent que le premier. Et il y en aura encore un en 2010, et puis...
Et puis, au moment où il écrit ce livre en 2016, Thomas Melle est à peu près "stabilisé", et terriblement lucide sur sa situation. Toujours en train de réparer les dégâts causés par ses accès de folie (isolement social, surendettement, casier judiciaire chargé d'un tas de délits mineurs,...), il tente de se construire grâce à l'écriture.
Thomas Melle rend compte de sa maladie, effrayante, qui génère une souffrance immense, en particulier dans les phases "lucides" : "Une vie plus empreinte de honte que celle d'un maniaco-dépressif est difficilement imaginable. Cela tient au fait qu'une telle personne mène trois vies qui s'excluent, s'affrontent et se font honte les unes les autres : la vie du dépressif, la vie du maniaque et la vie de celui qui est temporairement guéri. Ce dernier n'a pas accès à ce qu'ont pensé et fait ses prédécesseurs ou à ce qu'ils n'ont pas fait. Temporairement guéri (temporairement, car ce dérangement est une maladie à vie et la personne concernée ne peut qu'espérer qu'elle se déclenche le moins souvent possible), il est comme un errant ravagé et ne peut que s'étonner du champ de bataille laissé derrière lui. Il ne peut rien y changer, même si le maniaque qui a fait rage et le dépressif qui a souffert sont deux versions de son Moi, deux étrangers qu'il ne peut lier à son Moi actuel (mais qui est-il au fond?) qu'au travers du souvenir, mais pas au travers de l'intériorité. Pourtant c'est indéniable : c'était bien lui [...]. Il a été la racaille, puis le cadavre. Et maintenant, le bipolaire est tout bonnement un aliéné". Et ce qui m'a paru le plus terrible, la menace et la perte de confiance en soi, constantes : "Mon âme était aussi vide que mon appartement, une ombre planait au-dessus d'elle, elle restait sceptique face à elle-même, se méfiait aussi bien des pensées trop instables et trop fortes que de la sédation et de la mollesse. Quand je me réjouissais, je me retenais, au moment même où la joie se manifestait, je la repliais comme un petit bout de papier. Quand je rêvassais, inflexiblement je me réveillais moi-même. Quand la mélancolie s'emparait de moi, je fermais les yeux et j'attendais qu'elle passe. Surtout ne pas être trop heureux ! Surtout ne pas verser dans la tristesse. C'était une vie avec le frein à main enclenché".
Malgré de nombreuses références au milieu culturel allemand qui m'ont échappé, "Le monde dans le dos" est un livre éprouvant, poignant parfois, humble et courageux, sans concession ni auto-apitoiement. Et utile pour tout qui voudrait essayer de comprendre la bipolarité et le sentiment d'exclusion qu'elle peut générer : "Cette maladie n'est pas de celles qui suscitent l'empathie, et je n'en réclame pas. Je ne demande pas l'entière absolution, et je ne rejette pas non plus la faute sur la maladie. Mais une certaine flexibilité dans la façon de regarder le malade, une certaine ouverture d'esprit, une certaine finesse... J'essaie de ne pas me soucier de tout ça et d'envisager ma future vie comme une expérience envers et contre tout".

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          342

Le monde dans le dos de l'auteur allemand Thomas Melle est un roman singulier qui traite de la maladie de l'auteur, la bipolarité. Souffrant moi-même de ce trouble étrange, je l'ai lu avec beaucoup d'intérêt.
Ce récit autobiographique alternant avec quelques notes personnelles de Thomas et des articles de son blog pourra en déconcerter plus d'un, surtout ceux qui n'ont aucune notion de cette pathologie. Ce livre est à l'image du cerveau de son auteur, foisonnant, exalté, déstructuré. Thomas retranscrit ses émotions exacerbées telles qu'il les a vécues. Ça peut paraître fou, c'est pourtant formidablement bien écrit, sans pathos ni explications médicales inutiles et fastidieuses. Ça m'a fait l'effet d'un road-movie déjanté. L'auteur raconte ses phases maniaques qui le projettent dans une dimension parallèle, un monde où les stars de la pop vivantes ou décédées lui font vivre des situations effarantes. Thomas est complètement paranoïaque. Il nage en plein délire et seuls ses amis, de plus en plus rares au fil des années qui passent et l'abîment, s'en rendent compte. Thomas allume la télévision et c'est à lui et à lui seul que le présentateur s'adresse. Il écoute une chanson de son groupe préféré et là encore, on parle de lui. S'il lit un bouquin, il y détecte des messages codés le visant. Dans les rues des villes qu'il arpente en tout sens, dans lesquelles il se perd, c'est encore pire... le monde entier est un complot qui le vise. Il fera de nombreux séjours en hôpital psychiatrique, prendra des médicaments puis cessera son traitement brusquement. Il tombera aussi dans la dépression et tentera de se suicider.
L'auteur ne s'épargne pas. Il se livre à nous en toute sincérité et humilité. Son témoignage est poignant. Ce qui m'a le plus bouleversée, c'est sa dégringolade, son isolement social, son mal-être et les déboires administratifs et financiers qui en découlèrent.
J'espère que vous lirez ce roman et qu'il vous fera prendre conscience à quel point notre société est inadaptée et inhumaine pour les êtres différents, pour tous les Thomas en puissance. J'en fais malheureusement partie et je salue ici le courage de l'auteur. Merci Monsieur Melle d'écrire en notre nom, nous les malades psychiques.


Commenter  J’apprécie          40
Thomas Melle est bipolaire. Ce n'est pas un secret. Mais sûrement pas une fierté non plus : il rendrait volontiers son génie, s'il en a, pour ne plus être malade. Il le dit tout en récusant l'idée selon laquelle la bipolarité permettrait de développer sa créativité. Son livre, entre l'essai et le récit autobiographique, est construit chronologiquement à partir des phases maniaques qui en 1999, 2006 et 2010 le conduisent en hôpital psychiatrique. Il veut en finir et fait une tentative de suicide qui le met en grand danger. En nous retraçant son parcours, Thomas Melle nous plonge aussi dans la culture underground allemande et anglo-saxonne qui a trop souvent accompagné ses délires, entre paranoïa et sentiment d'être l'élu. Dans certains épisodes psychotiques, il en était persuadé : certains artistes lui adressaient directement la parole dans leur chansons ou leurs livres. Il fait des parallèles aussi avec des artistes qui ont eu sans doute maille à partir avec des troubles psychiatriques : Stephen Fry, Sarah Kane, Ingeborg Bachmann, Werner Schwab ou Sylvia Plath.

Le Monde dans le dos est un grand livre sur la bipolarité. On pense à Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan, ou à L'autre qu'on adorait de Catherine Cusset. Mais avec Thomas Melle, il ne s'agit pas du témoignage d'un proche : l'auteur est à la fois celui qui doit lutter avec le trouble psychiatrique et qui compose une oeuvre sur sa maladie, comme pour l'exorciser. Et contrairement à Emmanuel Carrère, il ne vient pas de la découvrir : il la pratique depuis longtemps déjà, bien qu'il lui ait fallu un certain temps pour en prendre pleinement conscience. Mais le Monde dans le dos est avant tout un livre sur l'écriture : le récit se construit au fil de la plume et révèle comment une oeuvre s'élabore avec et en dépit de la maladie.
Commenter  J’apprécie          52
Voilà un récit autobiographique dans lequel l'auteur, Thomas Melle se met à nu. Il décrit sa bipolarité, son séjour dans un hopital psychiatrique, ses internements successifs, les effets secondaires de ses médicaments.
La'auteur très célèbres en Allemagne nous plonge dans ses crises maniaques et dépressives en imprimant à son texte la folie qui est inhérente à sa maladie
Chagrins, angoisses, obsessions, poèmes se succèdent en rythmes syncopés ou angoisse et grande lucidité se mélangent... Un livre fort mais éprouvant !

Commenter  J’apprécie          80
Thomas Melle nous transporte dans un monde sans concession, la maladie avec laquelle il a vécu des années durant, qu'il dévoile avec beaucoup de sincérité, de lucidité et de distance pour pouvoir l'analyser ou, tout au moins la décrire. Ce combat difficile et permanent avec lui-même, avec les autres et avec l'environnement dans lequel il évolue montre à quel point la prise en charge d'une personne atteinte de bipolarité reste complexe dans notre société : elle prend des chemins si déstabilisants et si différents pour les malades comme pour les soignants qu'on se demande si tout peut être maîtrisé... entre la médecine générale et l'hôpital psychiatrique, la police et la justice, le parcours du malade s'avère être un parcours du combattant, qui est facilité par des sources extérieures que sont les amis et l'écriture dans le cas de cet écrivain hors du commun ; il réussit par la prouesse de tout dire, tout dévoiler sur ses sensations, ses émotions parfois démesurées, ses comportements excessifs, ses paroles parfois très agressives, ses humeurs versatiles dans un livre... à nous faire vivre son quotidien qui peut se révéler un enfer comme une source d'apaisement. Quel courage exemplaire et quelle belle leçon d'humilité pour qui lira ce récit. Bravo à l'auteur ! Continuez à écrire pour votre bien et celui des lecteurs !
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'ombre ne se dissipe pas si facilement. Là où on diagnostiquerait une légère dépression à quelqu'un d'autre, pour moi, avec les circonstances et les déformations qui sont les miennes, on peut parler d'un état d'esprit stable. D'autres iraient à l'hôpital, moi je vais au cinéma.Je me contente de peu, je veux seulement pouvoir continuer.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Thomas Melle (1) Voir plus

Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Avez-vous vraiment lu Harry Potter ? (niveau assez facile)

Où Hermione, Ron et Harry se rencontrent-ils pour la première fois?

à un cours de magie
dans un train
à un tournoi de Quidditch
dans la bibliothèque de Poudlard

10 questions
2299 lecteurs ont répondu
Thème : J.K. RowlingCréer un quiz sur ce livre

{* *}