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Joaquim Vital (Traducteur)
EAN : 9782729112653
61 pages
Editions de La Différence (12/10/1999)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Recueil de très courts poèmes.

- Lisbonne (un seul poème)

- Les îles

- Dérives.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais eu le plaisir de découvrir Sophia de Mello Breyner-Andresen dans la très belle Anthologie de la poésie portugaise contemporaine éditée chez Poésie Gallimard. Je retrouve la grande poétesse portugaise au travers d'un très court recueil publié aux Éditions de la Différence, Navigations.

D'origine aristocratique, Sophia de Mello Breyner-Andresen est un personnage infiniment respecté au Portugal (les Portugais l'appellent par son seul prénom), tant pour son oeuvre littéraire que pour son engagement politique. Auteure de poèmes, de nouvelles, de contes pour enfants, distinguée en 1999 du célèbre Prix Camões, elle s'est engagée très tôt contre la dictature de Salazar fondé. En 1975, un an après la révolution des Oeillets, elle a été élue députée socialiste. Elle s'éteindra en 2004 à Lisbonne à l'âge de 84 ans.

Dans des textes en vers, écrits de 1977 à 1982, Sophia de Mello Breyner-Andresen développe le thème des voyages des explorateurs portugais du XVème siècle partis en mission vers les terres lointaines et inexplorées. Voyages au long cours, au travers des océans et des latitudes, expéditions téméraires sur des voies maritimes et vers des terres toutes insoupçonnées. Dans de nombreuses variations, le regard de la poétesse se porte au loin pour éprouver au plus près la sensation de l'instant.

« Là nous contemplâmes la véhémence du visible
L'apparition totale exposée en entier
Et ce dont nous n'avions même pas osé rêver
Était le vrai »

La poésie de Sophia de Mello Breyner-Andresen a quelque chose de très touchant, elle est comme un charme qui sans cesse opère. Elle est pleine d'épure et de sensualité, elle est comme placée au centre d'un lent mouvement perpétuel. C'est par certains aspects, une poésie métaphysique mais qui ramène toujours à ce qui fait les jours ordinaires. Sous sa plume, les mots recouvrent une liberté et viennent donner aux lieux une dimension insoupçonnée. Ainsi, ce très beau poème intitulé « Lisboa » dédié à la ville de Lisbonne :

« Je dis :
« Lisbonne »
Quand je traverse - venant du Sud – le fleuve
Et la ville où j'arrive s'ouvre comme si elle naissait de son propre nom
Elle s'ouvre et se dresse dans son étendue nocturne
Long scintillement de bleu et de fleuve
Corps amoncelé de collines -
Je la vois mieux parce que je la dis
Tout se montre mieux parce que je dis
Tout montre mieux son être et sa carence
Parce que je dis
Lisbonne avec son nom d'être et de non-être
Ses méandres d'insomnie de surprise et de ferraille
Son éclat secret de chose de théâtre
Son sourire complice de masque et d'intrigue
Pendant qu'à l'Occident la vaste mer se dilate
Lisbonne oscillante comme une grande barque
Lisbonne cruellement construite le long de sa propre absence
Je dis le nom de la ville
- Je dis pour voir »


Navigations laisse entrevoir la belle et subtile écriture de Sophia de Mello Breyner-Andresen. C'est déjà beaucoup mais trop peu. Je reviendrai vers cette grande dame de la poésie portugaise, qui en nous emmenant sur les voies de l'océan, nous parle aussi de tout ce qui est resté à terre, la vie des hommes.

« À travers ton coeur passa un bateau
Qui ne cesse sans toi de suivre son chemin »

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
DÉRIVE


II

C'était la route de l'or
Pourtant sur les vastes mers
Ou sur les plages balancées par des cocotiers
L'étonnement nous guidait —
De l'eau coulait de toutes les images
                               1982

p.29
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Digo:
«Lisboa»
Quando atravesso — vinda do sul — o rio
E a cidade a que chego abre-se como se do seu nome nascesse
Abre-se e ergue-se em sua extensão nocturna
Em seu longo luzir de azul e rio
Em seu corpo amontoado de colinas —
Vejo-a melhor porque a digo
Tudo se mostra melhor porque digo
Tudo mostra melhor o seu estar e a sua carência
Porque digo
Lisboa com seu nome de ser e de não-ser
Com seus meandros de espanto insónia e lata
E seu secreto rebrilhar de coisa de teatro
Seu conivente sorrir de intriga e máscara
Enquanto o largo mar a Ocidente se dilata
Lisboa oscilando como uma grande barca
Lisboa cruelmente construída ao longo da sua própria ausência
Digo o nome da cidade
— Digo para ver




Je dis:
« Lisbonne »
Quand je traverse – venant du Sud – le fleuve
Et la ville où j’arrive s’ouvre comme si elle naissait de son propre nom
Long scintillement de bleu et de fleuve
Corps amoncelé de collines –
Je la vois mieux parce que je la dis
Tout se montre mieux parce que je dis
Tout montre mieux son être et sa carence
Parce que je dis
Lisbonne avec son nom d’être et de non-être
Ses méandres d’insomnie de surprise et de ferraille
Son éclat secret de chose de théâtre
Son sourire complice de masque et d’intrigue
Pendant qu’à l’Occident la vaste mer se dilate
Lisbonne oscillante comme une grande barque
Lisbonne cruellement construite le long de sa propre absence
Je dis le nom de la ville
– je dis pour voir




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LES ILES


I

Nous naviguâmes vers l'Orient —
La longue côte
Était d'un vert épais et somnolent

Un vert immobile sous l'immobilité du vent
Jusqu'à la blanche page couleur de roses
Touchée par les eaux transparentes

Alors surgirent les îles lumineuses
D'un bleu si pur si violent
Qu'il dépassait l'éclat du firmament
Navigué par des grues miraculeuses

Et en nous s'effacèrent la mémoire et le temps
                                                [1977]

p.11
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LES ILES


III

À la lumière du premier regard
Le matin illuminait le creux
D'absentes voiles quêtant ces parages

Ici descendirent les ancres obscures
De ceux qui vinrent à la recherche
Du visage réel de toutes les figures
Et osèrent — aventure incroyable —
Vivre l'entièreté du possible
                                   [1977]

p.15
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LES ILES


II

Navigation abstraite
Tel un poisson tout droit le vol suit la route
Vue d'en haut la terre devint carte

Mais soudain
Nous traversons de l'Orient la grande porte
De saphirs bleus dans la mer brillante
                                           [1977]

p.13
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Video de Sophia de Mello Breyner Andresen (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophia de Mello Breyner Andresen
Sofia de MELLO BREYNER – Entretien avec Bernard Pivot (Antenne 2, 1988) L'émission "Apos'", présentée par Bernard Pivot, diffusée le 13 novembre 1988 sur Antenne 2.
Dans la catégorie : Littérature portugaiseVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Littérature portugaise (227)
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