AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Le_chien_critique


Une dystopie sur la vérité. Une réécriture de la célèbre allégorie de la caverne de Platon.
Plus de deux milles ans après, un questionnement toujours d'actualité.

Prêt à retirer ses oeillères ?

On entre de plein coeur dans le quotidien de Grab, jeune aveugle ayant des hallucinations remettant en question toute sa vision du monde inculquée depuis sa tendre enfance. Dès lors, son destin semble lui échapper, il n'aura de cesse de tenter de trouver sa propre voie. La première fois qu'il voie réellement la mer est sublime, décrivant avec ses mots obsolètes un univers dont le vocabulaire ne lui permet pas de comprendre ce qu'il a devant lui : la mer et ses vagues, l'horizon, les nuages et les mouettes. Bref, ce fameux espace lointain.

L'auteur, pour créer son univers, aurait pu opérer un simple changement d'état des personnages, passant de voyant à non-voyant, mais il a préféré à mon plus grand bonheur modifier en profondeur notre société pour la faire correspondre à l'état de cécité de ses personnages. de l'architecture à la vie politique en passant par la technologie, l'éducation et le vocabulaire ou la psychiatrie, tout est au service d'un monde aveugle. Pour nous immerger, le récit de Gabr Silk est entrecoupé d'extraits de journaux, manuels, de journaux intimes, de poésie, d'émissions de radio ou de télévision et de rapports d'Etat. Loin de provoquer une rupture dans l'histoire, ces intermèdes se produisent au moment opportun, nous permettant de mieux comprendre cette société totalitaire.

L'auteur se refuse à nous donner des repères géographiques ou historiques pour cadrer sa dystopie, cela ne m'a pas dérangé, le texte étant surtout une fable philosophique.
Petit bémol cependant sur la psychologie du personnage principal à quelques moments, ce dernier changent d'opinion un peu trop rapidement du fait d'ellipse sans que le lecteur comprenne réellement les raisons de ces revirements.

Refusant tout manichéisme, Jaroslav Melnik renvoie dos à dos pouvoir politique totalitaire et opposants, à chacun de trouver son chemin. La fin ouverte ne pouvant être qu'une conséquence de cette liberté. Devant certains choix moraux à effectuer devant la vérité, le libre arbitre n'est pas la panacée.

Une forme et un fond au service du thriller et des idées, une belle découverte pouvant plaire aux fans de dystopies et à ceux qui désireraient une réflexion profonde sur la vérité, le contrôle social, le pouvoir et le libre arbitre.

Lu dans le cadre d'une opération Masse critique Babelio
Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}