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Michèle Kahn (Traducteur)
EAN : 9782330134938
272 pages
Actes Sud (01/07/2020)
3.48/5   32 notes
Résumé :
Le Quatrième Reich étend son pouvoir sur tous les continents. La société est divisée en deux catégories : les humains et les stors, êtres d'apparence humaine mais qui au fil des siècles se sont transformés en bêtes de somme, privés de langage, corvéables à merci, et transformés en viande de boucherie quand ils ne satisfont plus aux besoins de leurs maîtres ou sont trop vieux.
Dima est journaliste à "La Voix du Reich". Parfaitement intégré dans cette société,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes dans une société dystopique qui pue un peu, comme souvent dans la dystopie. Dès le début, j'ai une forte impression de « déjà vu », car ce roman est assez similaire à Cadavre Exquis de Bazterrica… A la grande différence, c'est que sous ce IV Reich, les habitants n'ont pas l'impression de manger leurs semblables, mais bel et bien des animaux qui leur ressemblent juste un petit peu… du déni ? Ou du conditionnement rappelant que le IIIème Reich a massacré des gens en affirmant qu'ils étaient de monstrueuses bêtes ????

***
Les Stors sont du bétail, élevés pour être bouffés…

Un jour, Dima, journaliste, est troublé par sa rencontre avec Macha, une jeune store. Il suspecte les stors d'être plus proches de l'humanité que ce que le système laisse à penser… On y voit très clairement, dans un premier temps, une métaphore des oppressés dans des systèmes totalitaires. Comment un gouvernement parvient-il à vous convaincre, que l'autre est tellement différent qu'il ne peut être pas considéré autrement que comme de la viande, transgressant ainsi toutes les normes morales? Si nous y voyons la Shoah, j'y vois également l'esclavagisme, le massacre des Natifs, etc…

On peut également voir un message peut-être plus caché sur la valeur de l'être vivant. Et si le cheval, la vache, le cochon, le lapin, l'oie, le canard, n'étaient pas si différents de nous? Espèces de la Terre, ne méritent-ils pas meilleur traitement que celui juste de nous nourrir ou nous divertir ? Ont-ils moins de valeur parce que des années de conditionnement nous ont dicté comment traiter les animaux ?

Roman avec beaucoup de réflexions mais s'alliant avec nécessité dans l'action : comment sauver Macha ? Voir comment sauver tout le monde ?

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Je suis tombée sur cet ouvrage en faisant une sélection pour la bibliothèque dans laquelle je travaille.
Une histoire qui faisait écho à un livre que j'ai lu en mars : Cadavre exquis. Même sujet (dystopie dans laquelle la consommation d'êtres humains a remplacé celle des animaux, volonté évidente de faire entendre les idées d'un respect du vivant quel qu'il soit). Dans les deux livres les "humains" qu'on trouve dans les abattoirs sont réduits à autre chose que des humains. Pour éviter la confusion, pour ne pas faire face à la barbarie que ça représente. Ils ont un nom différent, aucune éducation. Est-ce acceptable donc s'ils ne sont pas civilisés ?
Même idée donc, traitement différent. Dans le premier ouvrage le traitement reste cynique, la remise en question vient uniquement du personnage principal et n'aboutit à rien. Ici, l'histoire se déroule entre le point de vue de Dima, un éleveur de "stors" et les journaux du IVème reich. Nous sommes au IVème millénaire, les stors sont exploités depuis près de deux mille ans et l'humain est retourné à une forme de vie "supérieure" plus d'aliénation du travail (les stors font tout) plus d'esclavage donc (les stors font tout) le monde s'est restreint à son domaine familiale et ses loisirs. Pas de lutte, de de réflexion, ça n'a plus lieu, l'humain respecte l'humain, plus de guerre, plus de meurtre (toute la violence est orientée sur les stors qui ne sont pas des humains) les journaux font l'apologie de ce système merveilleux tandis que Dima se trouble face aux sentiments qu'il développe pour une de ses stors à qui il trouve des ressemblances très humaines (au delà de l'anthropomorphisme)
Ce qui est assez "drôle" c'est que 2000 ans plus tard, il y a une chose qui ne semble pas avoir évolué c'est le rapport homme/femme, je ne sais pas si c'est volontaire de la part de l'auteur ou si c'est malgré lui. le couple est toujours à l'image qu'on s'en fait aujourd'hui, marié, monogame et visiblement malheureux. "Quand j'avais fait sa connaissance au camps de vacances, elle faisait sa coquette : elle me jetait un regard inattendu en souriant, jouait la comédie quand je lui demandais quelque chose. Et surtout, elle riait souvent avec exaltation et un peu de sauvagerie, répandant autour d'elle une sorte de champ de gaieté dans lequel on avait envie de se plonger au plus vite. Est-il possible qu'une personne change autant ? Est-ce que tout cela n'était vraiment qu'une simple collection de procédés conscients ou instinctifs pour attirer un homme ? Et dès que la tâche était remplie, la "féminité" disparaissait immédiatement ?"
(Rôle de la "féminité" qu'est sensé jouer la femme, mais qu'est-ce que la féminité si c'est quelque chose qu'on joue et qu'on perd ? Construction sociétale qui provoque du malheur des deux côtés car on prétend être quelqu'un que nous ne sommes pas pour correspondre aux codes ? Encore une fois, hommes et femmes sont perdants dans ce jeu)
Dima, bien que s'éveillant à ses émotions est un portrait de l'homme viril et détestable dans toute sa splendeur, il ressent de l'attirance pour Macha, ça le dégoûte, son premier réflexe est de la frapper elle comme si elle en était responsable. Puis il s'excuse en pleurant. Comportement typique (j'ose croire que c'est un portrait volontaire de l'auteur sinon je pleure aussi) il regrette également que les femmes ne soient pas toutes comme les stors soit "docile" et c'est un regret qu'on retrouve souvent chez nos contemporains n'est-ce pas ? Que les féministes se taisent, on a rien contre elles mais c'est pénible quand elles l'ouvrent. C'est pénible quand les femmes ne sont plus ce qu'on attendait qu'elles soient : des partenaires attentionnées et obéissantes.
On peut également relever la seconde citation que j'ai partagé, lorsque Dima se sent valorisé par le fait que sa femme, Elza, accepte son comportement chaotique sans protester. C'est là qu'il se sent homme. C'est ainsi qu'on élève les garçons : ils sont puissants et virils si les femmes ne contestent pas. On ne s'étonne plus ensuite de voir que l'égo masculin est mis à mal par la prise de parole des femmes.
Parallèlement l'auteur développe le sentiment de mal être de Dima qui va au delà de son relationnel avec les stors mais aussi avec sa famille : son incapacité à ouvrir le dialogue avec eux, à comprendre sa femme. Peut-on comprendre que ces deux volontés sont incompatibles ? La domination ne peut pas découler sur de l'harmonie, imposer un point de vue ne peut pas rendre heureux pas même celui qui l'impose, c'est là tout le complexe de l'homme : son éternel besoin de réfléchir, de s'opposer, de tendre vers un mieux, de s'activer.
Un ouvrage qui diffère donc de cadavre exquis dans le sens où il ouvre à de nombreuses pistes de réflexions autre que la condition "animal" ou plutôt le respect de la vie sous toutes ces formes.
La construction du livre (à moitié articles de presses) permet également de montrer comment les mots, les théories politiques et philosophiques et de bonnes tournures de phrases peuvent justifier beaucoup d'horreurs.
Au plus on avance au plus on réalise que c'est une image de la prise de conscience anti-spéciste, j'entends par là que tous ceux qui sont devenus végétariens ou vegans par prise de conscience de l'intelligence et du bien-être animal ont ressenti ce processus décrit dans le livre : cette force de vérité qui, une fois qu'elle vous happe, ne peut plus être ignorée. Une fois qu'elle vous a ouvert les yeux vous ne pouvez plus faire semblant. Il reprend aussi ce sentiment de malaise à rejeter toute la culture dans laquelle nous avons grandit, ce malaise diffus de s'opposer à nos parents, nos grands-parents, des gens que nous aimons et à qui on ne veut rien reprocher : n'est-ce pas un peu prétentieux de dire qu'ils se sont trompés tout ce temps et se sont comportés comme des bouchers ? Non, on n'aime pas le dire, pourtant en rejetant la viande, en refusant d'être complice des massacres, le reproche existe, l'accusation est sous-jacente mais elle existe. C'est une prise de position qu'il faut assumer mais face à laquelle on ne peut pas se défiler une fois qu'on a compris, une fois que la vérité nous est apparue.
Dima subit ce processus, il ne voulait pas se poser la question du bien être des stors, de leur légitimité à les considérer comme des animaux et non comme des hommes, de l'effrayant gouffre que représente l'idée que, depuis plus d'un millénaire, on se trompe et l'on mange nos semblables. Il ressent un malaise à voir son fils prendre sa relève et y prendre plaisir.
En parallèle de cette "révélation" les articles de presse à l'origine interrogatives, se durcissent, le courant de pensée "humaniste" prend de la place, mets à mal les fondements de la société de ce IVème reich qui s'enorgueillit de respecter les hommes sans violence. La liberté de l'homme d'abord. Sauf que, maintenant que le système est remis en cause : on bascule dans un autre discours qui est que, pour que tout le monde soit libre et heureux il faut que le système perdure et pour qu'il perdure il faut se résoudre à faire taire les dissidents, par la violence. C'est de leur faute, pas celui de l'Etat. C'est triste, mais il le faut. L'auteur met en relief ici les pires idéologies de l'homme et les moyens utilisés pour les mettre en oeuvre. Parler de liberté quand il n'y en a aucune puisque tout est contrôlé. (oh mais attendez...)
La fin du livre est un peu surprenante, je me passerai de parler de la révélation finale mais on arrive à quelque chose de plus actif, un peu d'action. Dima s'enfuie avec Macha quand le Reich commence les arrestations des penseurs humanistes. On suit leur périple pour rejoindre un camp de "réfugiés" J'avoue que la fin n'était pas forcément la partie la plus intéressante du livre puisqu'elle ne fait que clôturer l'action mais, dans l'ensemble c'était un livre intéressant, original dans sa structure et dénonçant les dérives totalitaires de quelque ordre que ce soit. Toujours se méfier du concept de liberté quand elle est énoncé par un régime politique tout puissant.
Ce qui m'ennuie encore une fois c'est la place donnée à la femme, évidemment rétrograde dans ce contexte mais ce n'est jamais remis en cause à aucun moment dans le roman. On parle beaucoup du physique féminin, de sa beauté ou de sa laideur, très peu de celui de l'homme, le prisme est toujours le même. Je trouve ça gênant à force, maintenant que j'y fais très attention.
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Peu vu sur la blogosphère, alors que l'auteur, à travers cette fable orwellienne, explore, aussi bien les facettes de l'animalité au sens large, que les rapports entre les Hommes, que ceux qu'ils entretiennent avec les animaux. Avec en toile de fond le totalitarisme.
C'est un des meilleurs livres d'anticipation que j'ai pu lire.
Dès la première scène, c'est un sacré uppercut que l'auteur nous envoie et dès les premières lignes, il nous pousse dans nos retranchements, et à la réflexion, que ce soit sur la condition animale, ou la condition humaine dans tout ce qu'elle peut représenter de néfastes, tout en démontrant que c'est par elle que l'Homme va vers la remise en cause…
C'est un livre aux multiples facettes et aux ramifications diverses, qui oscille entre l'anticipation, la dystopie, où la philosophie fait une incursion avec la nature des êtres vivants.
C'est LE livre qu'il faut lire, pour tout ce que j'ai évoqué ci-dessus, mais surtout pour tout ce qu'il va bousculer en vous. C'est une lecture dérangeante, profonde, noire. Et cerise sur le gâteau un final époustouflant que l'on ne voit pas venir, qui permet de rebondir sur d'autres sujets, tout aussi forts, démontrant ainsi l'être humain peut perdre toute notion de l'autre, à partir du moment où il perd sa capacité à réfléchir et à tout remettre en cause.
C'est un de ces livres que je relirais avec plaisir, l'auteur a glissé tellement de choses, entre les lignes, qu'il me faudrait les explorer encore pour toutes les appréhender.
Un livre d'une grande intelligence, porté par une plume très visuelle à la construction atypique avec ces articles de presse, qui donnent une tonalité réelle et une certaine urgence dans les propos imagés, Jaroslav Melnik dénonce la cruauté de nos sociétés, qu'il il ose comparer aux camps de concentration nazis, il suffit Pour cela de lire le titre « Macha ou le IVe Reich » qui a lui seul révèle tout le génie dont il fait preuve.

Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Qu'il fait bon vivre en 3896, sur une planète où les conflits ont disparu, de même que toute technologie polluante et même le travail, puisque les humains ont à leur disposition des animaux, les "stors", qui les déchargent de toutes tâches. Ces bêtes sont par ailleurs la base de l'alimentation des humains qui vivent benoîtement dans une société post-nazie (l'histoire passée est riche de bouleversements mais désormais le monde est pacifié). Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, décrit par Jaroslav Melnik dans Macha ou le IVe siècle, si quelques récalcitrants ne commençaient à ruer dans les brancards en fustigeant cette civilisation qui traite les stors comme des bêtes de somme, certes anthropomorphes, mais dénués de la parole, de conscience et de sentiments "humains." de là à évoquer le cannibalisme intrinsèque et décomplexé du IVe Reich, il n'y a qu'un pas pour ses opposants qui commencent à se faire entendre. Si le roman de Jaroslav Melnik rappelle quelque peu Cadavres exquis, de l'argentine Augustina Bazterica, paru en France l'an dernier, il s'en éloigne quelque peu par son climat moins nauséeux (quoique, parfois ...) et surtout par une vision plus large, plus subtile et plus posée de nos valeurs en tant qu'êtres humains, notamment vis-à-vis de la condition animale, en particulier, et du respect de la vie, en général. le livre alterne l'histoire d'un journaliste qui prend peu à peu conscience de la monstruosité de la société dans laquelle il vit, alors qu'il tombe amoureux d'une stor à son service, et des extraits de journaux du Reich qui argumentent à l'envi sur le bien-fondé du Régime et de l'inconséquence de ceux qui voient une parcelle d'humanité dans les animaux. Ce conte philosophique est plutôt bien troussé et ménage un bon équilibre entre thriller pur d'anticipation (avec un énorme twist au final) et réflexion de fond, celle-ci fondamentalement antispéciste, sans pour autant marteler ses convictions. Il est utile de préciser, malgré tout, que le livre est parfois assez sordide, voire gore, et ne conviendra pas à des estomacs délicats. Il en faut un bien solide pour supporter l'ironie du stor.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Âme sensible, s'abstenir. le roman de Jaroslav Melnik s'adresse à un public averti.
Non pas à cause de références sexuelles, mais bien par son sujet même, à savoir la création à un moment de l'Histoire, par eugénisme et bidouillages biologiques, d'une catégorie d'humains destinés à perdre leur humanité. Pourquoi ? Parce que ces nouveaux animaux anthropomorphes, dociles et stupides, remplissent deux fonctions : remplacer la main-d'oeuvre - libérant ainsi le reste des « Hommes » pour des fonctions plus hautes, intellectuelles ou créatives - et servir également et surtout de bétail pour l'alimentation. Oui… vous avez bien lu.
Les décennies passent et les Hommes ne se posent plus de questions : ils exploitent dans de grandes fermes des troupeaux de stors, les amènent à la reproduction, puis les abattent et les dépècent. Et à table !
Jusqu'à ce qu'en cette année 3899, quelques voix s'élèvent et clament que les stors possèdent toujours une part d'humanité, que les enfants stors élevés avec des enfants humains apprennent à parler et finissent par ne plus montrer de différences.
Est-ce à dire que durant toutes ces années les Humains n'étaient rien d'autre que des cannibales ? Que faire devant cette vérité ? La renier, la cacher, l'opprimer, l'accepter ? Et quelles suites donner ? Intégrer les stors à la « communauté « humaine » ? Mais qui va faire le travail ? Et quoi manger ?
Dima, exploitant d'une petite ferme de stors, journaliste et boucher, commence à douter lorsqu'une femelle de son cheptel, Macha, semble montrer un comportement « humain ». Biais cognitif ? Idée fixe ? Ou réalité ? Dima se pose beaucoup de questions, jusqu'à ce que te temps de l'action le rattrape.
En parallèle à ces monologues intérieurs et ses questionnements, le lecteur peut prendre connaissance d'écrits philosophiques et éthiques parus dans le journal officiel du Reich et l'organe d'opposition.
Car oui, évidemment, nous sommes dans un Reich mondial, le quatrième. Si toutes les idées nazies n'ont pas été suivies, la recherche, voire l'atteinte d'un « surhomme » est toujours d'actualité.
L'auteur, affranchi de tout interdit éthique par le label « roman de SF » n'épargne à aucun moment ses lecteurs ni ses personnages. Toutes les voies, des plus abominables au plus irréalistes, sont évoquées ; l'absurdité et le jusqu'au-boutiste détaillés sous toutes leurs formes. Car la société est dans une impasse.
Forcément, le lectorat de 2024 ne peut pas ne pas faire de lien avec la vague végétarienne, avec les appels à un meilleur traitement des animaux, des images insoutenables tournées en caméra cachée dans les abattoirs. Il ne peut non plus faire l'impasse sur les conditions de vie de certains travailleurs, sur leur exploitation et donc sur la notion même de « qualité de vie » et d' « être humain ». Je ne parle même pas de la condition de la femme ni de celle de la femelle, ventre pour procréer ou esclave dans la cuisine : il est question de surhomme, pas de surfemme !
Ce roman, écrit en 2013 en VO russe par un auteur ukrainien, ne peut enfin que faire un d'oeil cynique à notre actualité.
Hautement recommandable, « Macha ou le IVe Reich » est un livre à lire, si possible en étant en forme !
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critiques presse (2)
Bibliobs
12 août 2020
Si le roman de Jaroslav Melnik dénonce en réalité la barbarie de nos sociétés, dont les abattoirs rappellent à ses yeux les camps de concentration nazis, « Macha ou le IVe Reich » est surtout un roman bizarre et terrifiant, dont le style dénué de toute fioriture ajoute finalement au charme, à la virulence et à l’étrangeté.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Liberation
13 juillet 2020
Une puissante fable dystopique, par l’Ukrainien Jaroslav Melnik, qui entrechoque la question animale avec les pires constructions totalitaires que l’humanité a su dresser contre elle-même.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Je m’étais déjà rendu à plusieurs reprises à l’abattoir et j’étais agréablement surpris chaque fois de l’atmosphère professionnelle et du silence qui y régnaient. Pas de sentiments, pas de pensées, une concentration totale sur les opérations. Chacun connaissait son travail et ne pensait qu’à le faire au mieux. C’étaient des hommes simples et ils restaient simples : aurait-il fallu que ce soient des philosophes ? Ils exécutaient le travail pour lequel ils étaient payés et ne pensaient à rien d’autre.

Disons qu’ils ne pensaient pas au fait que les animaux qu’ils abattaient et découpaient ne se distinguaient en rien d’eux extérieurement. Parce qu’il suffisait de qualifier ces animaux d’“êtres humains” (à cause de leur aspect extérieur) pour que le monde entier s’écroule.

Dans ce cas, la civilisation apparaîtrait comme quelque chose de monstrueux, d’inhumain, de bestial. Et tous nos congénères pourraient être qualifiés de… “cannibales”. Voilà à quoi menaient les tours de passe-passe du langage !

Un animal d’apparence humaine, ce n’est pas encore un homme. La définition d’un homme se construit moins que tout sur une base corporelle. Un homme est avant tout un citoyen du Reich, un être raisonnable et éduqué, possédant un bien, exerçant une profession, ayant une famille. Un homme, c’est celui qui possède un statut d’homme. Dans les temps préhistoriques prévalaient d’autres concepts selon lesquels “l’homme” se définissait non pas par ses qualités internes mais uniquement par ses caractéristiques corporelles.
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Nous emmenons froidement l'animal dans un coin et lui tranchons la gorge alors qu'il crie dans les souffrances (il crie toujours, mais nous sommes devenus sourds!) En quoi nous distinguons-nous alors des nazis qui ne prêtaient pas attention aux souffrances 'humaines". Peu importe qui souffre, qui ressent la souffrance et l'horreur? L'essentiel est celui qui ressent tout ça.
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Bon dieu, j'étais intimidé. Devant un animal. je me sentais petit, presque en son pouvoir. Je vis du désir dans ses yeux et j'en fus sérieusement effrayé. J'avais eu connaissance de cas isolé de zoophilie, mais il fallait abandonner toute dignité humaine pour se permettre une liaison intime avec un animal. J'avais déjà éprouvé des sentiments chaleureux envers Macha, mais l'idée d'une fusion corporelle ne m'était jamais venue à l'esprit.
Je fus soudain envahi d'une telle vague de dégoût que je bondis sur mes pieds, ce qui lui fit très peur.
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Disons qu'ils ne pensaient pas au fait que les animaux qu'ils abattaient et decoupaient ne se distinguaient en rien d'eux extérieurement.
Parce qu'il suffisait de qualifier ces animaux d''êtres humains" (à cause de leur aspect extérieur) pour que le monde entier s'écroule. Dans ce cas, la civilisation apparaîtrait comme quelque chose de monstrueux,d'inhumain,de bestial. Et tous nos congénères pourraient être qualifiés de... "cannibales". Voilà à quoi menaient les tours de passe passe du langage !
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Cependant, à la fin du IIe millénaire apparaissent des mouvements complètement profanes se posant pour but la défense du monde animal et même du monde végétal. Certains d'entre eux, comme la société de protection des chats ou la société de protection des chiens errants, ne semblaient pas tout à fait sérieux;d'autres, comme le mouvement des "Verts" luttant pour ka préservation du vivant et surtout du mobde vegetal de la planète, devenaient même des partis politiques considérés.
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