AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070243648
Gallimard (01/01/1957)
4.56/5   8 notes
Résumé :
«Où n'ai-je pas eu l'occasion d'aller? Dans les forêts, dons les montagnes, dans les marais, dans les mines, dans la soupente du paysan, dans les cellules étroites, dans les ermitages, dans les palais, on ne saurait en faire l'énumération. Et où que j'aie été, quoi que j'aie lu et entendu, je me souviens de tout avec netteté. Il m'est venu l'idée d'écrire... et j'ai commencé à écrire "de mémoire, comme à livre ouvert"... Voilà tout.»

Melnikov nous app... >Voir plus
Que lire après Dans les forêtsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le roman : dans les forêts de Pavel Melnikov suscite un grand souffle de lecture, plus de mille pages pour nous conter cette fresque très vivante du monde des vieux-croyants, leur vie, leurs coutumes et leur déclin.
Néanmoins, malgré quelques longueurs, ce roman n'est pas un manuel d'ethnographie mais
un véritable roman qui s'inscrit dans la vie d'un riche moujik des forêts avec sa femme et ses deux filles. L'une d'elles, la plus belle connaît un sort tragique digne d' Ophélie.
Notre moujik a une soeur: Manefa qui est abbesse, ceci nous permet de connaître et découvrir la vie des ermitages et des couvents au fond des forêts. On a parfois, un drôle de sentiment de la perception de la religion qu'il s'agisse de la vieille foi, celles des vieux-croyants ou de l'autre.
En effet, les abbesses et les nones ne vivent que de la générosité de leurs " bienfaiteurs", en échange de leurs argent et diverses nourritures , elles prient pour eux.
D'ailleurs, on vit très bien dans ces couvents, les fêtes et les invités dans les couvents font ripaille à souhait.
Et, même Manefa, l'abbesse mentionne plusieurs fois que la foi décline et que seul le ventre du moujik l'agite.
On se laisse porter au fil des pages par les histoires d'amour des novices qui échapperont au couvent par le mariage" par rapt".
L'écriture de Pavel Melnikov est belle, riche, pleine de poésie pour nous faire ressentir les émotions qui transportent les hommes, notamment à l'arrivée du printemps.
La nature est omniprésente dans ce roman, elle nous entoure, nous cerne, nous réconforte d'une certaine manière.
L'auteur a écrit une suite à ce roman qui s'intitule : Dans les montagnes.
Commenter  J’apprécie          618
« Si le mérite d'un écrivain est de nous transporter d'emblée dans son univers, si l'un des grands plaisirs de la lecture est le dépaysement, au milieu de personnages insolites, à coup sûr Melnikov a ce mérite, nous procure ce plaisir. »
Ainsi commence la postface de Sylvie Luneau, l'immense et incroyable (par son talent) traductrice de ce gigantesque poème épique d'un écrivain russe du XIXème siècle méconnu en France.

Pavel Melnikov-Petcherski (de son nom Pavel Melnikov qui écrivit sous le pseudonyme d'Andreï Petcherski) était assurément un passéiste dans sa vision sociale du peuple russe, amoureux d'une certaine image de son pays comme de ses terres profondes et de ses forêts luxuriantes, qui posséda la méticulosité exaspérante du fonctionnaire obéissant et précis. Cela se ressent parfois dans quelques digressions longues mais non point inintéressantes de son oeuvre.
Ses connaissances sont immenses tant dans le domaine religieux que culturel, et cette fiction, mi biographique mi réelle fait plus référence à des valeurs ethnographiques que romanesque.

L'intrigue est douce, j'oserais écrire « slave », prenante et merveilleusement poétique, dans le sens le plus inspiré, celui où nous sommes doucement et irrésistiblement transporté vers d'autres cieux, vers un autre monde sublimement décrit, vers un languissant voyage qui nous autorise cependant à ajuster cette « transmutation » à l'hétérie de nos sentiments en matière de perception des innombrables détails qui surgissent.

Époustouflante lecture, donc, qui ne laissera personne indifférent, à l'évidence, et qui m'aura personnellement touché par les messages sous-jacents qui émergent d'un premier cadre assez conventionnel, à l'image des illustres compatriotes écrivains de l'auteur de ce siècle. L'ambiance souligne à merveille la douloureuse transition religieuse qu'a subi la Russie depuis le schisme de 1054, jusqu'à sa finalité – et l'action se positionne dans cette période. Mais il faut faire « fi » de cette unique vision et comprendre les bouleversements sociétaux de cette fracture, au travers notamment de la place de la femme, du respect des jeunes envers leurs anciens et l'évolution d'une économie adaptée aux nouveaux défis de ce monde en pleine mutation.

Melnikov nous oriente doucement vers un amour intangible envers une nature souveraine et omniprésente, source de vie et d'espoir, vers des valeurs humaines absolues ou l'amour, encore, triomphe et pardonne tout, et ou la mesquinerie et la désinvolture, oeuvre du diable, déforme la réalité et la perception de sentiments trop légers, peu compatibles avec la justesse divine, celle qui ne se soumet pas à l'évolution d'une société qui ne reconnait que le pouvoir de l'argent…

Qu'il me soit permis de vous suggérer l'écoute de l'ouverture de « La foire de Sorotchintsy » de Moussorgski, tirée d'une nouvelle de Gogol en 1831, sublime par sa capacité à nous transporter, également, dans le monde et l'esprit de « Dans les forêts ».

https://www.youtube.com/watch?v=8yBISUfksFk
Commenter  J’apprécie          180
Autant l'annoncer en préambule, ce roman rejoint la liste de mes classiques russes favoris. 

Dans les forêts est un roman de Pavel Melnikov-Petcherski qui se situe dans un cadre particulier, celui des vieux-croyants d'outre Volga au milieu du 19eme. 

Les vieux-croyants ? Les tenants des anciennes pratiques orthodoxes, qui s'opposèrent aux réformes religieuses opérées par le patriarche Nikon au 17ème siècle. 

Les groupes des vieux-croyants évoluèrent avec leurs règles propres, leurs ermitages et leurs traditions. 

L'action du roman se situe à la veille d'un chamboulement de première importance pour eux : la fin des ermitages, mais aussi le déclin de ces raskolnik.

L'auteur nous emmène dans un monde très complet, plein de références à la pratique des vieux-croyants, sans que cela soit ennuyeux. Il dissèque, également, les anciennes pratiques religieuses dans la Russie païenne. le tout avec une grande maîtrise et une fluidité des explications données.

En voilà pour le contexte, mais qu'en est-il des personnages ?

L'on suit, au fil des pages, un riche marchand, une abbesse, des novices, des escrocs, des veuves malheureuses, des pauvres rêvant de devenir riches. 

Tous les personnages principaux se caractérisent par un soin apporté à leurs caractères, aucun n'est parfait. L'un est bon mais désireux de devenir riche avant tout ; l'autre est empêtré dans ses difficultés à résister à le gent féminine ou une autre veut vivre loin du couvent mais ne veut pas attrister sa mère. 

Mariage par "rapt", fêtes religieuses, corruption, métiers, robes, tout un folklore s'étend devant les yeux du lecteur ébahi par la maîtrise de l'étude menée par l'auteur. Sans oublier une dose d'ironie et d'humour. 

Pour parler de ce roman, la traductrice, dont il faut saluer le travail exceptionnel, dans la postface parle de ce livre comme d'un roman mais aussi une oeuvre d'ethnologie. Je suis complètement d'accord avec ses propos.

Ce roman est un coup de coeur, une fresque que je n'ai pas réussie à lâcher.

Lien : https://allylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          172
Rendez-vous en terre inconnue (ou presque).
(Je précise que j'ai l'édition des Syrtes)

Ne connaissant la Russie que par Dostoïevski et Tolstoï, j'ai vraiment eu le sentiment d'une immersion dans ce monde si peu connu pour moi. C'est peut-être pour cela que j'ai tant apprécié ce livre.
Cet auteur a la particularité d'ouvrir beaucoup de fenêtres différentes (ce qui peut être un défaut pour certains) : les traditions et les coutumes, les pratiques religieuses des vieux croyants, la nature des forêts, les repas, les boissons (pas souvent avec modération ^^), les habits, le parler, les émotions, les chansons, les contes, la poésie, le commerce, la corruption, … tout cela au travers des aventures dramatiques, romantiques, et même comiques de ces habitants de la région de Nijni-Novgorod, au delà de la Volga.
Pour cela, je pourrais classer ce livre dans la même catégorie que des livres volumineux, tels que “Les Misérables“ ou “Autant en emporte le vent“, pour le fait que les petites histoires de nos héros se tissent au fil de la Grande Histoire des peuples.
J'ai vraiment savourer cette alternance de descriptions ethnographiques, drames romantiques, roublardises, découverte des pratiques religieuses et réflexions spirituelles, regards ironiques, situations comiques, nature au fils des saisons, sentences et proverbes, dialogues pointus, personnages hauts en couleur.
Et cela très bien imbriqué, se succédant sans à coup. (Même si je peux comprendre que d'autres lecteurs puissent en être lassés ou agacés).
Il y a aussi un domaine qui m'a bien plu, c'est l'humanité des personnages, leur coté vrai, on a vraiment l'impression de vivre avec eux. Et ce mélange entre leur volonté plus ou moins engagée de vivre leur foi, et en même temps, de recourir à des pratiques “pas très orthodoxes“, sans trop de scrupules, mais de manière pragmatique.

Je ne lis jamais avant les préfaces et postfaces, mais celle de la traductrice à la fin est très éclairante, et je tire mon chapeau pour le travail immense de cette femme Sylvie Luneau.
J'aurais aimé une carte des lieux empruntés et un calendrier des fêtes religieuses, pour avoir une vision plus claire de la chronologie.
Je reste toujours en difficulté par rapport aux noms des personnages. 3 ou 4, voir 5, selon les cas. le prénom, le prénom paternel, le nom, les diminutifs ou surnoms. Les Dounia, Grounia et d'autres m'ont des fois un peu perdu …

Pour résumé, je ne regrette pas de l'avoir lu, je me suis instruit, émerveillé, assouvi ma curiosité et aussi je me suis beaucoup amusé ! (Les Patap, Flenouchka, Manefa, Vassili sont des fois bien tordants !)
Je ne sais à qui le conseiller, car c'est quand même un morceau, et de plus dépaysant, mais ce serait dommage de passer à coté, surtout si vous êtes très intéressés par les auteurs russes du XIXème.

(J'en suis venu à lire ce livre suite à la lecture de "Ermites dans la Taïga" de Vassili Peskov, qui est le récit d'un journaliste sur la découverte d'une famille de vieux croyants restés hors du monde pendant 40 ans)
Commenter  J’apprécie          32

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans les vieilles villes de Russie, on a conservé jusqu'à nos jours de " montrer les fiancées".. Pour cela on revêt les filles en âge de leurs plus beaux atours, et on les conduit un jour à un endroit convenu. Les jeunes gens viennent à cette exposition des filles et y observent à la dérobée celle qui leur est destinée. Dans le nouveau Pétersbourg, ces entrevues ont lieu à la promenade dans le jardin d'été, dans les vieilles villes, aux processions. Ainsi faisait-on à Kazan.
Commenter  J’apprécie          320
Tu as beau être pur comme le cristal et lumineux comme le soleil, si tu mets le pied au tribunal, mets aussi la main à ta bourse, les poches de la justice sont comme le jabot du canard qui accepte tous les aliments et ne connaît point de satiété... Encore faut-il s'estimer heureux si on s'en prend à ton argent, le vrai malheur, c'est quand le juge te voit d'un mauvais œil... Car il est semblable au charpentier : il abat tout ce qu'il a envie d'abattre et la loi dans ses mains est un timon qu'il oriente selon son gré !
Commenter  J’apprécie          290
Mais dans le peuple russe, et particulièrement dans les régions reculées, à côté des dogmes chrétiens et des austères solennité de l'Église, on conserve avec amour et fidélité les rites des temps révolus, les débris des joyeuses divinités de la vieille Russie.
Le peuple croit que le Grand Tonnerre Tonitruant se lève chaque printemps de son long sommeil, monte sur ses cavales les nuées grises et fouette de ses guides d'or, la foudre ardente, Notre Mère la Terre Humide...
Commenter  J’apprécie          250
Le jour de la Pentecôte, chez les jeunes gens, on fait des rondes, on tresse des couronnes, on les jette à l'eau pour interroger le destin... Les femmes posées et les vieilles ont aussi leur tâche en ce jour, elles vont au cimetière et " nettoient les yeux de leurs parents" avec les bouquets de fleurs qu'elles ont tenu à la main pendant les vêpres.
Commenter  J’apprécie          250
Cette coutume des mariages "par rapt" existe outre-Volga de temps immémorial et si elle se maintient c'est surtout parce que, dans les moeurs paysannes de là-bas, le sort de la jeune fille qui vit chez ses parents n'est guère enviable. La fille dans sa famille est appréciée comme ouvrière bénévole et on ne la donne pas de bon gré en mariage "honorable". Une fille, dit-on, doit travailler pour dédommager ses parents de ce qu'ils ont dépensé pour la nourrir ; et quand elle les aura remboursés, elle ira où elle voudra. Mais le terme est long à échoir : Jusqu'à trente ans et plus, elle est tenue de vivre comme ouvrière chez ses parents
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : vieux-croyantsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Pavel Melnikov-Petcherski (1) Voir plus

Lecteurs (44) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..