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Citations sur Bartleby (91)

" Pour un être sensible, la pitié, souvent, est souffrance. "

(page 18 )
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Pour un être sensible, la pitié, souvent, est souffrance. Lorsqu'on voit finalement que d'une telle pitié ne saurait sortir un secours efficace, le sens commun ordonne à l'âme de s'en débarrasser.
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« I would prefer not to »
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I would prefer not to.

La traduction a fait couler beaucoup d'encre et transpirer de nombreux traducteurs.

Je préférerais pas
Je ne préférerais pas
Je préférerais ne pas
Je préférerais ne pas le faire
J’aimerais mieux pas
J’aimerais autant pas
Je préférerais n’en rien faire
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Pour la première fois de ma vie une insurmontable et poignante mélancolie s’empara de moi. Je n'avais jamais jusqu’alors connu qu'une tristesse non dépourvue de charme. Mais le lien de notre humanité commune m'entraînait irrésistiblement vers le désespoir. Une mélancolie fraternelle ! Car Bartleby et moi étions tous deux fils d'Adam. Je me rappelai les soies chatoyantes et les visages rayonnants que j'avais vus aujourd’hui en tenue de gala, comme des cygnes glissant sur le Mississipi de Broadway ; je les comparai à la pâleur du copiste et pensai à part moi, ah, le bonheur courtise la lumière et nous pensons que le monde est gai ; mais la misère se tient à l'écart et nous en concluons qu'elle n'existe pas.

(Traduction : Jean-Yves Lacroix)
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Dindon était un Anglais trapu et bedonnant, à peu près de mon âge, c'est-à-dire frisant la soixantaine. Dans la matinée, on aurait pu dire de son visage qu'il avait une belle couleur vermeille, mais après les douze coups de midi - heure de son déjeuner - il s'illuminait des couleurs des braises d'un âtre à Noël ; et continuait de briller, d'un éclat décroissant, il est vrai, jusqu'aux environs de six heures le soir. Après quoi, il ne m'était plus donné de voir le propriétaire de ce visage qui, atteignant en même temps que le soleil son méridien, semblait avec lui se coucher, se lever le lendemain, atteindre son zénith et décliner avec une régularité et une splendeur égales. Tout au long de mon existence, j'ai connu bien des coïncidences singulières, dont la moindre n'est pas ce fait qu'au moment exact où la rouge et radieuse physionomie de Dindon émettait ses plus vifs rayonnements, à cet instant critique, précisément, commençait cette phase quotidienne où je considérais que ses capacités de travail se trouvaient sérieusement amoindries pour le reste de la journée. Non qu'il fût absolument oisif ou même réfractaire au travail ; loin de là. La difficulté consistait en ce fait qu'il pouvait déployer une énergie résolument excessive. Il régnait autour de lui une activité étrange, enflammée, tourbillonnante et d'une imprudence écervelée. Il ne prenait aucune précaution pour tremper sa plume dans l'encrier. Tous les pâtés qui maculaient mes documents, il les y laissait l'après-midi.

(Traduction : Jean-Yves Lacroix)
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Oui, Bartleby, pensai-je, reste là derrière ton paravent, je ne te persécuterai plus; tu es aussi inoffensif, aussi peu bruyant que n'importe laquelle de ces vieilles chaises; bref, je ne me sens jamais autant en paix que lorsque je te sais là. Je le vois, je l'éprouve enfin; je pénètre la raison d'être prédestinée de ma vie. Je suis satisfait. D'autres peuvent avoir des rôles plus élevés à jouer; quant à moi, ma mission en ce monde, Bartleby, est de mettre mon étude à ta disposition aussi longtemps que tu trouveras bon d'y rester.
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Son visage offrait une maigreur tranquille ; son œil gris, une vague placidité. Si j’avais décelé dans ses manières la moindre trace d’embarras, de colère, d’impatience ou d’impertinence ; en d’autres termes, si j’avais reconnu en lui quelque chose d’ordinairement humain, je l’eusse sans aucun doute chassé violemment de mon étude. Mais en l’occurrence j’aurais plutôt songé à mettre à la porte mon pâle buste de Cicéron en plâtre de Paris. Je restai quelque temps à le considérer, tandis qu’il poursuivait ses propres écritures, et puis je retournai m’asseoir à mon bureau. Voilà qui est étrange, pensai-je. Quel parti prendre ? Mais les affaires pressaient. Je décidai d’oublier provisoirement l’incident, le réservant pour d’ultérieurs loisirs.
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Parmi les bévues que la nature ardente de Dindon commettait dans sa fougue désordonnée de l'après-midi, il lui advint un jour de mouiller un biscuit au gingembre entre ses lèvres et de l'appliquer sur une hypothèque en guise de cachet. Je fus à deux doigts de le congédier cette fois-là. Mais il m'apaisa en disant avec un salut oriental : Sauf votre respect, Monsieur, c'était faire acte de générosité que de vous fournir en papeterie à mes frais."
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Depuis quelques temps, j'avais pris l’habitude involontaire d'utiliser le mot "préférer" en toutes sortes d’occasions où ce terme n'était pas parfaitement indiqué. Et je tremblais à l'idée que la fréquentation du scribe avait déjà sérieusement affecté mon mental. À quelle nouvelle et plus profonde aberration ne risquais-je pas de me voir conduit ? Cette appréhension n'avait pas été sans influence sur ma détermination à recourir à des mesures sommaires. Alors que Pince-nez se retirait la mine aigre et boudeuse, Dindon approcha avec un air de plate déférence.
"Sauf votre respect, Monsieur, dit-il, j'étais hier en train de penser à Bartleby, ici présent, et je me disais que s'il pouvait préférer boire chaque jour un quart de bonne bière, cela l'aiderait beaucoup à s'amender, et le rendrait capable d’assister à la collation des minutes.
- Ainsi donc, vous aussi avez attrapé le mot, dis-je, avec un brin d'excitation.
- Sauf votre respect, Monsieur, quel mot ?" demanda Dindon, en venant respectueusement encombrer l'espace exigu ménagé derrière le paravent, me poussant ainsi à bousculer le copiste.
"Quel mot, Monsieur ?"
- Je préférerais qu'on me laisse seul ici", dit Bartleby, comme offensé de se voir ainsi envahi dans son intimité.
"C'est ça, le mot, Dindon, dis-je, c'est lui.
- Oh, préférer ? Oh oui - étrange vocable. Moi-même, je ne l'utilise jamais. Mais Monsieur, comme je vous le disais, si seulement il pouvait préférer...
- Dindon, l'interrompis-je, si vous voulez bien vous retirer.
- Oh, mais certainement, Monsieur, si vous préférez que je m'en aille."

(Traduction Jean-Yves Lacroix)
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