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EAN : 9782200279851
256 pages
Armand Colin (05/06/2013)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Qu’ont en commun les lasagnes « pur bœuf » à la viande de cheval, les suicides en entreprises et la crise des subprimes ? Ces trois scandales témoignent d’un monde qui, à force de chercher le profit immédiat, entraîne consommateurs, salariés ou épargnants dans une course folle à travers des circuits industriels mondialisés d’une complexité kafkaïenne. L’être humain se retrouve aujourd’hui autant déconnecté des rythmes naturels que de son environnement immédiat.
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Cette aliénation matérielle se décline aussi en aliénation temporelle. Le temps nous manque pour réaliser nos projets et nous réaliser dans la vie.
Deux raisons principales expliquent ce changement de rapport au temps, l'une technique, l'autre culturelle.

Depuis plus de deux siècles, nous avons produit des innovations technologiques nous permettant de gagner du temps. Les moyens de transports et les moyens de communication : la voiture plutôt que le cheval. L'internet plutôt que le courrier. Le mobile plutôt que le télégraphe. C'est vrai dans la vie professionnelle comme dans la vie domestique.

Dans la vie domestique la capacité à garder plus rapidement un environnement propre, à cuisiner plus vite aurait dû nous laisser plus de temps libre, en particulier aux femmes qui furent trop longtemps les seules à assumer ces tâches dans le couple. Mais cela leur a laissé juste assez de temps pour devenir des superwomen, ayant à la fois une vie domestique et une vie professionnelle.

Cet exemple est paradigmatique : ces progrès techniques auraient dû nous laisser du temps, nous donner du temps, nous faire gagner du temps.
Mais nous avons fait le choix, en tout cas certains l'ont fait pour d'autres et pour tous, d'utiliser ces gains de temps pour en faire des gains de productivité.
Non pas "aller plus vite pour faire autant en moins de temps" mais plutôt "aller plus vite pour faire plus en autant de temps".

Pour le dire autrement, ce temps gagné, nous ne l'avons pas dépensé. Nous l'avons investi pour obtenir plus de capacité de production.

Mais il y a un deuxième élément tout aussi important mais moins visible, un changement culturel : l'injonction morale, récente dans l'histoire de l'humanité, de devoir remplir sa vie. Le développement de l'individualisme rend le sujet comptable de la réussite ou de l'échec de sa vie selon des critères de réussite eux normatifs. (...) Bref, il faut remplir, bourrer chaque moment de sa vie à ras bord sous peine d'avoir raté sa vie. Au-delà des innovations technologiques, c'est l'autre grande cause de l'accélération. Et pour atteindre ces nouveaux impératifs catégoriques de boulimie cognitive, il n'y a donc qu'une solution : accélérer sa vie.
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Depuis ses débuts, Slow Food défend l'idée que manger est un acte politique. Ceci dit, le positionnement du mouvement a connu certains évolutions depuis son émergence en Italie dans les années 1980. Clairement issu des rangs de la gauche militante à ses débuts, et doté d'une pointe d'anarchisme facétieux, le mouvement s'est de plus en plus affirmé comme une ONG d'obédience altermondialiste et écologiste ces dernières années (...)

Une association de gastronomes de gauche, voilà déjà qui peut surprendre. En effet, historiquement, la gastronomie penche à droite. Rien de plus logique dira-t-on : les riches et les puissants ont davantage le loisir de déguster des plats fins que les pauvres, pour qui manger sert d'abord à assouvir la faim. (...) Les cénacles gastronomiques font ainsi figure de lieux conservateurs où l'on se passe le sel entre soi. A gauche, la bonne chère prend dès lors une valeur de plaisir coupable. La perfide expression "gauche caviar" rend bien compte de cette prohibition de la jouissance des papilles. (...)

Dans ses jeunes années, de l'avis de son président, l'association iconoclaste fait ainsi face à un double "ostracisme". "L'intelligentsia de gauche considère Arcigola comme une confrérie de bons vivants et de goinfres. En face, le monde oenogastronomique, de la presse spécialisée à l'Accademia italiana della Cucina, se défie de ces gastronomes gauchistes, incompétents, intrus, et corrompus par des idéologues."

Slow Food va faire bouger considérablement les lignes, à la fois en révolutionnant l'approche de la gastronomie et en déculpabilisant le peuple de gauche. L'association trace une nouvelle voie dans la manière d'envisager la nourriture en valorisant une forme de plaisir gustatif responsable.
Elle rejette l'ascétisme, la toute-puissance de la diététique et le végétarisme qui étaient les seuls points d'entrée vers la nourriture de la gauche jusqu'alors.
(...) Au lieu de compter les calories et de réduire les aliments à leur teneur en glucides et en lipides, Slow Food va remettre sur la table les questions de provenance, de goût, de mode de production et d'écologie.
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Le changement de paradigme d'une société basée sur la consommation vers une société basée sur l'expérience n'a pas davantage soulagé la planète.
Le bien-être ne se mesure certes plus à la taille du panier qu'on remplit.
Dans une société nomade qui valorise la vitesse et la flexibilité, la propriété de marchandises apparaît même comme un poids, une forme d'obstacle à la liberté. Mais même si cette vision brise le lien causal entre bien-être et consommation de ressources, en pratique, elle se révèle encore plus nocive pour l'environnement que la vision antérieure basée sur le produit tout-puissant.

"Les nouveaux besoins intangibles ont tendance à s'ajouter aux anciens besoins matériels au lieu de s'y substituer. La vitesse et la flexibilité des nouveaux modes de vie impliquent la même vitesse et flexibilité dans l'accès aux services, qui pour cette raison prolifèrent. Si en soi, les services et les expériences peuvent être immatériels, leur livraison s'avère par contre de la plus haute matérialité", relève Ezio Manzini.

Pour cet auteur, nous enfonçons dans ce cercle vicieux pour deux raisons principales. D'une part, nous avons tendance à dénigrer les biens collectifs comme l'eau, l'air ou le paysage. On n'envisage plus le bien-être à l'aune de ces produits communs mais de produits à acquérir individuellement. Cette sous-estimation du rôle des biens collectifs a conduit à leur dégénérescence et leur remplacement par des produits de consommation. On achète de l'eau en bouteille au supermarché, parce que l'eau du fleuve est polluée ou imaginée inconsommable (...)

D'autre part, l'homme moderne a perdu le sens du contemplatif. Alors qu'il pourrait regarder le coucher du soleil, marcher, parler ou créer, il remplit sa vie de marchandises et d'expériences. Longtemps privilège unique du riche qui pouvait se permettre de ne rien faire : la contemplation a été remplacée par la saturation.

Dans cette configuration, les marchandises se présentent à la fois comme un des agents corrupteurs et des remèdes. Tout en coupant l'homme des biens collectifs et du temps contemplatif, "elles essaient de rendre acceptable un contexte de vie qui s'est lourdement détérioré". (...)
De la télévision qui devient une lucarne sur le monde pour les personnes sans lien social, à la Junk food régressive qui permet de compenser un manque affectif, en passant par les voyages à l'autre bout du monde, à la recherche d'un paradis qui n'existe plus à proximité, et qui n'a d'ailleurs jamais existé (...) la culture du divertissement et de la consommation remédie à la perte de valeurs tout en jouant un rôle aggravant. (...) plus de consommation induisant davantage de dégradation du contexte de vie et donc plus de consommation de marchandises anxiolytiques ou compensatrices.
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Les Cittàslow ont pour objectif de renforcer la démocratie locale, d'améliorer la qualité de vie de leurs habitants et de promouvoir leurs caractéristiques propres. Ces engagements passent par la promotion de la mobilité douce, la création de zones piétonnes, la défense des commerces de proximité et des produits du terroir. (...) Cittàslow cherche aussi à attirer des touristes dans ces villes par la promotion des spécialités et du caractère unique de chacune d'entre elles, avec l'idée de tirer le meilleur parti des ressources humaines et matérielles locales.

Organisées en réseau, les Cittàslow se sont multipliées en Italie, où elles sont une quarantaine, mais aussi dans le reste du monde. En 2012, on en compte près de 150 (...) Les villes françaises qui ont adhéré au réseau sont à ce jour : Créon et Blanquefort en Gironde, Segonzac en Charente, Labastide d'Armagnac dans les Landes, et Mirande dans le Gers. Chaque année, de nouvelles villes adhèrent au réseau. (...)

Aujourd'hui, un homme sur deux est un citadin. Dans les années 1960, ils n'étaient qu'un sur trois à vivre en ville. Les Nations unies prévoient qu'en 2030, nous serons 61% à habiter dans un environnement urbain.
Considérées il y a un siècle comme des exceptions, les villes de plus d'un million d'habitants sont devenues des réalités banales.
L'ONU appelle mégalopoles les villes de plus de dix millions d'habitants (auparavant huit millions). On en compte 25 dans le monde aujourd'hui (...)
Les romans de science-fiction (...) ont été rattrapés par la réalité puisque Tokyo-Yokohama, la plus grande agglomération du monde, recense 43 millions d'individus. Deux facteurs expliquent cette rapide concentration urbaine : d'une part la croissance démographique et d'autre part l'exode rural.
(...) Pour de nombreuses personnes, la ville représente (...) une chance d'améliorer leurs conditions de vie, tandis que la campagne, trop immuable, apparaît comme incapable d'apporter une quelconque évolution positive.
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La Slow Esthétique regroupe les techniques médicales progressives de rajeunissement pour obtenir des résultats naturels. Sons concept consiste à prendre le temps de faire les "bonnes choses" tout en limitant les risques.
Rajeunir sans se transformer semble être le mot d'ordre de ce récent courant médical utilisant des techniques douces, sans bistouri. (...)

Slow Cosmétique
Elle invite à une révolution en douceur pour adopter "une beauté plus vraie, plus simple et plus écologique" (...) tout en limitant les emballages, elle bannit les ingrédients comme les huiles minérales qui ont un fort impact environnemental. Elle invite aux plaisirs simples en rappelant l'authenticité des éléments bénéfiques pour la peau et en favorisant le contact avec la nature.
C'est aussi le renouveau des cosmétiques anciens comme le khôl indien, le beurre de chèvre, l'huile d'argan, etc. (...)

Slow Massage
Le Slow Massage propose toute une gamme de soins bien-être de qualité alliant plaisir et lenteur. Pour lutter efficacement contre la fatigue et le stress engendrés par des journées harassantes, il propose à ses adeptes des massages corporels aux herbes et huiles naturelles.
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