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8 juillet 1982. Séville. 21 h approchent à grands pas. le public s'échauffe, ça chante et ça crie à tout va. Dans les vestiaires du stade Ramón Sánchez Pizjuán, sous l'oeil bienveillant de Michel Hidalgo, les joueurs finissent leurs étirements. L'équipe s'apprête à rentrer sur le terrain... Face à elle, la RFA. Une demi-finale qui s'annonce déjà difficile, l'Allemagne de l'Ouest étant favorite. À leur entrée, le public hurle, ravi de voir cette équipe française à ce niveau-là. Bientôt 21h, le thermomètre culmine à 33°. Chaque équipe prend place sur le terrain et se fait face. Corver, l'arbitre, regarde sa montre. Et donne le coup de sifflet... Les fauves sont lâchés !


La force de frappe de Mickaël Mention est de s'emparer d'un sujet aussi original qui, de prime abord, pourrait en rebuter certain(e)s. C'était évidemment sans compter sur cette narration à la première personne. le match, comme si on y était grâce à ce douzième joueur fictif sur le terrain qui narre, minute après minute, cette demi-finale ô combien capitale pour l'équipe de France. Une demi-finale sous tension comme il n'y en aura jamais d'autres. D'ailleurs, bien plus qu'un match, c'était presque une guerre, un combat à mort que se livraient ici ces 22 (ou 23) joueurs. Au-delà du sport, un enjeu évidemment politique.
Une retranscription, certes romancée, mais d'une grande justesse et d'une force incroyable. Pour cela, l'auteur s'est fortement documenté, que ce soit à partir de romans, d'interviews d'anciens joueurs de chaque équipe ou des commentateurs de l'époque, Thierry Roland et Jean-Michel Larqué. Il nous fait revivre, entre espoir, violence, injustice, une rencontre aujourd'hui devenue mythique. Il s'attarde, certes, sur le match, nous détaillant les blessures d'un Battiston ou d'un Rocheteau, les échanges ou encore ce coup violent de Shumacher, mais il nous fait également part du contexte politique, à savoir une France mitterrandienne et une RFA un brin complexée.
Que l'on aime ou pas le football, ce roman est passionnant, fort, parfois éprouvant et parfaitement séquencé, une écriture nerveuse et minutieuse, inspirée par la musique (de Deep Purple à Barbara en passant par Brian Eno ou Ferrat), donnant du rythme à cet événement d'anthologie.
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Le foot et moi, ça fait 2. Hormis quelques matchs lors des coupes du Monde ou d'Europe, je ne le regarde pas.

D'ailleurs, il a fallu que ma petite soeur suive le Coupe du Monde en 1998 pour que nous regardions pour la première fois du foot ensemble, ma soeur, ma mère et moi. Mais pas notre père…

Malgré tout, je ne sais toujours pas reconnaître un hors-jeu quand il y en a un et je ne suis jamais devenue une fana de ce sport où l'argent fait sa loi.

Alors vous pensez bien qu'un roman relatant le match France/RFA lors de la demi-finale de la Coupe du Monde à Séville en 1982, ça ne m'intéressait pas du tout.

Sauf que l'auteur ne m'est pas inconnu, qu'il m'a enchanté avec un autre roman et que des copains/ines sur la Toile m'ont donné l'envie de le lire.

Heureusement d'ailleurs, parce que j'aurais fait l'erreur stupide de passer à côté d'un excellent roman.

Certes, il relate de manière précise ce match de foot que je n'ai jamais vu et qui fut hard, mais il ne fait pas que ça !

Derrière la narration d'un joueur fictif, une sorte de douzième homme sur le terrain, il y a toute une réflexion profonde sur la France, l'Europe, l'Allemagne de l'après-guerre, la montée du racisme et les valeurs qui à une époque, avait fait la grandeur de la France.

Sans parler d'un gros tacle dans les tibias d'une certaine presse… celle qui joue aux vautours.

Et puis, ce match de foot, ce n'est pas un match, c'est une bataille, une guerre larvée qui va atteindre son paroxysme après l'agression… La tension est palpable à tel point qu'on pourrait la couper au couteau.

On a beau connaître l'issue du match, savoir pour qui sera Waterloo, malgré tout, on espère voir gagner l'équipe de France. On tremble même à chaque tir cadré vers les buts.

Jamais je n'aurais cru possible que le récit d'un match de foot puisse me prendre aux tripes ainsi. Ni que le récit puisse atteindre autant de profondeur.

L'auteur arrive à nous décrire la haine et la rage qui monte dans l'esprit des joueurs et dans les gradins, à nous raconter du foot qui avait tout du pugilat.

Rien à dire, on sent le travail de documentation derrière tout cela ainsi que le talent de l'auteur pour mettre tout cela en phrases cohérentes et donner du suspense à un match que l'on sait plié d'avance.

Une Mention "très bien" aussi à l'auteur pour ses petites intro musicales en début de chaque chapitre… Phrases d'intro qui se retrouvaient ensuite dans les premières phrases du chapitre. Là, je tire mon chapeau.

Bref, vous l'aurez compris, pas besoin d'aimer le ballon rond pour le lire, même pas besoin d'avoir vécu le match en direct (bien que cela doit donner une autre saveur au roman) ou de le visionner sur You Tube.

Moi, je me suis juste contentée de voir la fameuse charge de Schumacher "Bison" sur Battiston. Là, on comprend que cela ait failli mettre le feu au stade, et pas dans le bon sens. On se demande même pourquoi l'arbitre regardait ailleurs.

Cette vidéo m'a aussi appris qu'en 82, les maillots n'étaient pas floqués du noms des joueurs et que leurs shorts étaient à la limite de faire dépasser leurs service trois-pièces.

Des shorts aussi riquiqui que les esprits de certains bas-de-plafonds qui pensaient (et pensent toujours) qu'une équipe de foot nationale doit être composée à sang pour sang de joueurs du pays… Vous savez, des vrais, pas des produits d'importation…

Moi, tout ça me débecte car qui peut dire qu'il est plus Français/Belge/Italien…. que son voisin ?

Une belle découverte que ce roman et je m'en serais voulue d'être passée à côté.

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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8 juillet 1982, demi-finale de la coupe du monde de football, France-RFA.

Une date et un événement qui ont marqué des millions de français, et sont entrés dans l'inconscient collectif de tout un pays. Un match qui a dépassé son simple statut de manifestation sportive pour s'inscrire dans l'Histoire.

Oui bien davantage qu'un match de foot, c'est ce que Michaël Mention veut faire passer à travers ce (très) étonnant roman, totalement inclassable.

A la croisée des chemins, l'auteur en invente carrément sa propre route avec ce récit. Il nous fait vivre minute par minute ce match de légende à travers les yeux et les pensées d'un joueur fictif, sorte de douzième homme sur le terrain.

Il a beau être fictif, ce joueur est totalement intégré dans l'action, et nous, totalement plongés dans sa tête. Ce qui pourrait n'être qu'un simple documentaire, en devient un récit brûlant. Un brûlot même parfois.

Mention utilise cette rencontre sportive de manière si étonnante et si créative ! Il la modèle, la tord dans tous les sens. Au fur et à mesure, ce qui n'était qu'une description en temps réel se transforme tour à tour en pamphlet, en tribune, voire en tribunal.

A travers le match, c'est aussi du contexte politique ou économique de l'époque dont il est question, mais également du passé si compliqué entre les deux nations. Au fur et à mesure de l'avancée de la partie et de la fatigue du joueur fictif, les relents d'un passé difficile remontent à la surface, tout comme de sombres et nauséabondes idées nationalistes et racistes. Et ces idées résonnent bien au delà du passé…

Et c'est là où explose tout l'incroyable talent de Michaël Mention. Ce Jeudi noir se fait subitement polémique et l'auteur va loin, très loin (trop pour certains ?). C'est une belle idée que d'utiliser le ton de la controverse pour au contraire condamner les débordements et laisser chacun se faire sa propre opinion.

Oui, l'auteur frappe fort, tacle parfois au niveau du genou pour mieux dénoncer et pour rétablir certains faits (concernant le match, mais pas seulement).

Ce livre est un OVNI qui dépasse largement le cadre footballistique tout en restant le récit d'un passionné du jeu. A l'image de son style d'écriture nerveux et si expressif, au point qu'il nous recolle mal au bide plus de trente ans après. Sacrée performance !

Et puis ce roman est une nouvelle fois toujours rythmé par le rock, comme Mention aime si bien le faire, et toujours avec un bel à-propos.

En 1982, j'avais 14 ans, j'ai vécu ce match avec mes yeux d'enfant, en toute naïveté, sans en comprendre tout le contexte, et je me souviens encore parfaitement de cette expérience. Michaël Mention vient de me la faire vivre d'une toute autre manière, brutale mais salutaire.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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Quelle idée a bien pu germer dans la tête de Michael Mention pour se pencher sur ce match de football épique et mythique qui opposa la France et la République Fédérale d'Allemagne au cours du Mondial 1982 à Séville ?
En moins de 200 pages l'auteur va nous faire vivre le match, décortiquant minutes par minutes les principaux faits et gestes des joueurs, intégrant dans l'équipe un footballeur fictif, qui nous livrera ses pensées LIVE.
Grâce à l'auteur et à cette écriture au cordeau qui mélange avec brio des faits et des paroles qui se sont réellement passés avec des éléments de fiction bien dosés, on se replonge comme s'y on y était dans ce match aux rebondissements incroyables. On est littéralement avec les joueurs, avec les spectateurs , avec tous ces français qui trépignent, sautent, crient devant leur télé.
Quel scénario rêvé quand on repense au contexte dramatique, à cette pression fantastique qui reposait sur les épaules de nos bleus, si proches d'une première finale.
Avec ce match d'anthologie que tous les plus de cinquante ans ont encore en mémoire, l'auteur nous plonge également dans une époque. Celle de Mitterrand et son idéal socialiste, cette nation black, blanc, beur où le souvenir de la deuxième guerre mondiale et cette haine tenace envers les boches ne demande qu'à se se raviver quand des allemands sur le terrain adverse font tout pour nous empêcher de gagner ce match , quitte à user d'extrémités comme la violence du gardien Harald Schumacher envers Battiston. Schumacher, surnommé à l'époque le boucher de Séville par de nombreux supporters comme reporters français et étrangers.
Qu'on soit amoureux ou non de ce sport, il est impossible de ne pas se passionner par ce récit plein de jus et de vie, où un combat plus qu'un jeu de ballon se livre , la fairplay ayant été depuis longtemps relégué aux vestiaires.
En bonus, une belle playlist éclectique signée Michael Mention qui accompagnera avec bonheur la lecture de ce roman.

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Le France-RFA du 8 Juillet 1982 à Séville, est le premier match de foot que je me souviens d'avoir regardé à la télé. C'est le soir où je suis tombée amoureuse d'Alain Giresse.
J'avais 11 ans et Michael Mention n'en avait que 2, et je me demande comment il a aussi bien pu retranscrire la fièvre qui avait saisi le pays au cours de cette soirée. En se glissant dans la peau d'un douzième homme, sur le terrain, il raconte le match presque minute par minute, et ce n'est jamais ennuyeux. Mieux : pendant cette rencontre, il raconte une tranche de France mitterrandienne, celle qui, gonflée d'espoir, commence à perdre ses illusions.
J'ai retrouvé un morceau d'enfance dans ce court récit audacieux. le soleil qui déclinait, la chaleur, la joie, la tension, l'espoir, la colère, la haine, l'exultation (le but de Gigi !), la déception, la cruelle défaite, les frissons de tristesse, les étoiles dans le ciel noir.
C'est une lecture sympathique, même pour ceux (dont je suis) qui n'aiment pas le foot, un récit nostalgique sur une époque où le fric n'avait pas tout pourri. Souvenirs souvenirs... (Frères d'armes !).
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Dans « Jeudi noir », Mickaël MENTION raconte, dissèque et replace dans son contexte politique et historique d'après-guerre la terrible demi-finale de coupe du monde de football du 8 juillet 1982 qui a dégénéré en règlement de compte entre la France et l'Allemagne. Il montre ainsi comment le sport est le miroir de la société, un moyen d'expression, un catalyseur voire un amplificateur d'émotions, de messages, de faits. Il prouve surtout que si les blessures profondément ancrées dans nos peuples semblent parfois être comblées, elles sont susceptibles de se rouvrir à la moindre occasion ou provocation.


Pour cela, Mickaël MENTION a eu l'idée originale et intéressante de nous faire vivre cette rencontre France-RFA de l'intérieur, par le biais d'un joueur fictif de l'équipe de France pour narrateur. Ce narrateur nous racontera le match qu'il est en train de jouer : les faits, les sensations, puis les sentiments et les réflexions sociétales qui enflent en lui et tout autour, au fur et à mesure que la douleur de cette rencontre interminable met les organismes et les nerfs des joueurs, comme du public, à rude épreuve et les pousse à agir sans se contrôler, dévoilant des sentiments que le vernis social et la raison poussent à dissimuler en temps normal.


Bien plus que les performances sportives qu'ont dû déployer les joueurs ce soir-là, Mickaël MENTION met ici en lumière le parallèle entre équipes nationales et nation toute entière. Bien entendu, ce qui s'est passé ce soir-là n'a pas une seule cause et est dû à un enchaînement de détails qui se sont déroulés pendant cette soirée ; Mais dans le feu de l'action, quand l'enjeu est la victoire à tout prix, l'autre redevient l'ennemi à abattre pour chaque partie qui veut gagner. C'est pourquoi, si a priori ce récit pourrait sembler réservé aux amateurs de football, il est en réalité très intéressant et abordable même par les néophytes : Car son intérêt réside dans le rapprochement que fait l'auteur entre l'affrontement des joueurs des équipes de France et d'Allemagne sur le terrain en cette époque de guerre froide, et les relations politiques des deux pays que l'Histoire leur connaît, avec leur lot de guerres, de désaccords, de batailles, etc…


Le lecteur va donc voir évoluer tout un panel de sentiments chez le narrateur français : envers le sport, ses coéquipiers, ses adversaires avec qui, en d'autres circonstances, il pouvait avoir des rapports amicaux. Au départ, il est fier que le sport permette de faire jouer ensemble des nations qui se sont déchirées et ont du mal à tirer un trait sur leur histoire commune. Il pense et espère que cette rencontre fera comprendre à tous que la nouvelle génération d'Allemands n'est pas responsable des horreurs nazies passées… Il est fier de faire partie d'une équipe de France métissée, qui prouvera qu'on peut jouer loyalement contre les Allemands de la RFA qui, depuis la seconde guerre mondiale, sont ostracisés du fait des horreurs commises par leur pays.


Malheureusement, une telle pression pèse sur les épaules de tous les joueurs que la rencontre sportive va tourner en affrontement entre nations, et rouvre des blessures sociales encore mal cicatrisées : La fatigue aliénant la lucidité de chacun, les Allemands deviennent des « nazis » qui cassent du Français, et cet arbitre qui ne les calme pas et laisse le match dériver est donc forcément un « collabo ». L'Allemagne ne peut pas gagner en écrasant encore une fois la France. D'ailleurs, si elle est en bonne voie de le faire, ne serait-ce pas parce qu'il y a un « traitre » au sein même de l'équipe de France… ? Tout se mélange, le jeu et la politique, le passé et le présent.


Si Mickaël MENTION a pour l'essentiel mis en scène des faits, personnages et propos réels dans son roman afin que le lecteur se fasse sa propre opinion, il se sert à merveille de ce narrateur inventé pour mettre en perspective sport et Histoire, jeu et politique. le récit est extrêmement fort, la tension palpable entre les joueurs. On ressent parfaitement l'évolution dans les pensées du narrateur, et l'on comprend par là-même le glissement qui s'opère dans la tête des nations entières qui assistent à ce match, provoquant accidents et réactions échauffées des supporters et médias qu'il faudra contenir et apaiser.


Même s'il est avéré que certaines substances chimiques, consommées par les joueurs allemands avant ce match sous pression, sont à l'origine de certaines réactions des joueurs, celles-ci demeurent la preuve que la société internationale souffre de séquelles plus profondes, et qu'il faudra plus qu'un jeu pour faire oublier. Les peuples sauront-ils se reprendre et se pardonner à la fin de la partie ? Ou ces blessures sont-elles destinées à se rouvrir à chaque nouvelle occasion… ? Au lecteur de se faire sa propre opinion, au vu de ce qu'il vient de lire, et de ce qu'il a pu vivre par la suite. Une réflexion à découvrir, une tension à vivre ou à revivre même pour les novices en foot, un puissant moment de littérature, de sport, de société et d'humanité. Une belle création de Mickaël MENTION !

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Jeudi Noir de Michaël Mention est un livre court: 180 pages découpées en 5 parties et 18 chapitres.
Mais...première interrogation pour moi: comment le définir? Sur la couverture, on lit « France-RFA 82 : un match, une victime, une vengeance » mais ce n'est pas un polar! Ce n'est pas un récit non plus, cela ressemble à un fait réel romancé- en l'occurrence la fameuse demi-finale France-Allemagne de la coupe du monde 82 de football - mais c'est loin de n'être que cela. Un roman noir sans réellement l'être ?
Bref, j'en arrive à une première conclusion simple: ce livre est inclassable.

Fan de football, je n'ai pas vu en direct le match (j'étais trop jeune) mais je connais quasi par coeur cet événement que j'ai eu l'occasion de voir et revoir. Donc j'ai apprécié dans l'ensemble le livre. le travail de documentation fait par l'auteur est immense et son récit est cohérent. Il précise souvent ce qui est réel de ce qui est issu de son imagination. Il se lit facilement, est rythmé voire très rythmé par la fin (phrases courtes et percutantes). Les thèmes du polar sont usités par l'auteur avec réussite.
Malheureusement, à la fin, c'est toujours la RFA qui gagne... ce qui rend le roman plausible et réel! Bon point pour l'auteur.

Le style est souvent percutant comme je le disais précédemment et c'est une belle réussite de l'auteur. Narrer une histoire que beaucoup de français connaissent sans ennuyer le lecteur ni faire une simple paraphrase si je puis dire de l'événement. Cela me rappelle un peu Constellation par moment: une histoire vraie et joliment romancée. Bon point pour l'auteur.

Le choix - la narration d'un joueur fictif tout au long du match - est également une intelligente et formidable trouvaille. A travers ses sentiments, son ressenti, on est dans le match, on vit au milieu des années 1980 avec ses événements politiques, sociétaux ou musicaux. Il est d'ailleurs à noter que chaque début de chapitre possède une citation d'une chanson de l'époque. Bien trouvé encore une fois. Quelques dérapages écrits (haine, racisme, violence…) sont aussi là selon l'auteur pour les dénoncer. Cela sonne réel et donne donc au narrateur une personnalité bien tranchée.

De même, au travers du football, l'auteur évoque la politique et les soucis du moment. Il est relativement neutre dans ses commentaires et ces derniers sont dans l'ensemble appréciables. L'auteur passe pas mal de petits messages au travers des chapitres. Est-ce là l'objectif de ce livre? Peut-être...
Un message de conclusion très dans l'air du temps remplit le début de la dernière page: "L'important n'est pas d'être français, mais de s'accepter comme tel. S'accepter pour mieux accepter l'autre, qu'il soit allemand, malien ou je ne sais quoi. En finir avec ces barrières inutiles que sont le racisme, les religions, l'exclusion. Noirs, Blancs, catholiques, musulmans, juifs, hétéros, homos… on est pareils. Tous mortels. Alors, qu'on arrête nos conneries et qu'on profite de la vie, ensemble. " Je ne peux qu'adhérer à ces sages paroles.

En conclusion, je dirai que je suis mitigé. J'ai apprécié le roman mais je n'ai pas été pour autant emballé. Certainement que cette incapacité à classer le livre (mi fiction, mi essai, mi roman avec les codes du polar) m'a perturbé.
Il en reste pas moins que Jeudi noir est un roman que je ne regrette pas d'avoir lu et avec lequel j'ai passé un moment agréable.

3/5
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Que les choses soient claires : je n'aime pas le foot ! Oui, je sais que j'ai déjà eu maintes occasions de le dire ; faut croire que je ne me lasse pas de le revendiquer. Alors pourquoi irai-je perdre mon temps à lire un bouquin qui parle presque exclusivement de foot ?

Même sans être un adepte du ballon rond j'aime me tenir au courant des principaux résultats, notamment quand il s'agit de la Coupe du Monde. Sans pousser le vice jusqu'à suivre tous les matchs je fais en sorte de récupérer les scores (éventuellement les résumés si un score m'interpelle) sur Internet.

Seconde raison, et non des moindres, ce jeudi 8 juillet 1982 j'étais devant la TV pour suivre cette rencontre historique (c'était quand même la première fois que la France arrivait en demi-finale). Pour être tout à fait franc c'est le genre de rencontre où mon coeur balance entre chauvinisme pour mon pays et attrait pour l'équipe adverse. Et oui j'ai toujours, et aujourd'hui encore, apprécié le jeu et la technique de la Mannschaft.

L'auteur nous propose quasiment une reconstitution minute par minute de cette rencontre historique. Pour nous plonger au coeur de l'action il nous place dans la peau d'un joueur fictif de l'Equipe de France ; pas un joueur qui prend la place d'un de ceux qui étaient sur le terrain ce jour-là mais une sorte de douzième homme. Un joueur qui n'influencera en rien le déroulé du match mais qui analyse son déroulement et livre ses pensées.

On a tendance à ne retenir de cette rencontre que le KO de Patrick Battiston, percuté volontairement et de front par Harald Schumacher, le goal allemand ; et surtout l'absence totale de sanction contre la RFA. Mais dès les premières minutes la tension entre les deux équipes était palpable, les allemands ayant de suite opté pour un contact physique musclé.

Il n'en reste pas moins que c'est ce dérapage de Schumacher qui fera dégénérer les choses, ravivant les blessures du passé et les haines de la seconde guerre mondiale… L'auteur expose très habilement cette montée en puissance de la tension aussi bien sur le terrain que dans les gradins (les supporters espagnols soutenaient jusqu'alors la RFA, ils ont pris fait et cause pour la France après la sortie de Battiston).

Pour la petite histoire ce fut la première fois qu'un match de Coupe du Monde ira jusqu'aux tirs au but ; avec le résultat que l'on connait et la qualification de la RFA. Est-ce que les choses auraient été différentes sans l'agression de Schumacher ? Honnêtement je n'en suis pas convaincu, mais je laisse à chacun le soin de forger sa propre opinion.

J'ai dit que l'auteur parlait presque exclusivement de foot, mais par le biais de son joueur imaginaire, il porte aussi un regard critique à la fois sociétal, sociologique et politique sur la société française. On peut adhérer ou non, perso je ne suis pas un nostalgique de l'expérience Mitterandiste (qu'il ne cautionne pas systématiquement je précise).

J'ai lu par curiosité, je n'ai pas forcément été emballé mais pas déçu non plus. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais en ouvrant ce livre, le compromis entre fiction et essai m'est apparu comme un bon choix de la part de l'auteur. Une chose est sure, il est indéniable qu'il a dû sacrément se documenter sur le sujet pour nous offrir un récit aussi complet.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Lorsque j'ai acheté ce roman, l'auteur m'a dit qu'il avait écrit ce livre pour les personnes qui n'aiment pas le foot et qu'ils espéraient qu'ils avaient réussi son challenge. Pour tout vous avouer, je n'aime pas le foot . Pour moi c'est un sport de mecs surpayés pour courir après un ballon, des supporters qui une fois éméchés se tapent dessus, s'insultent (d'ailleurs pour certains ils n'ont pas besoins d'alcool), c'est un sport de magouille avec le fric (affaire Tapie, l'histoire de la Fifa dernièrement). C'est des stades qui tuent des gens (Furiani ...) Bref, mes références ne sont pas vraiment flatteuses pour ce sport. Même 98, alors que pour suivre mes amis je me suis engouffrées dans un métro qui tout en avançant faisaient des bonds !! du jamais vu ! Une ambiance de folie qui se termine avec un drame ..(bon ok celui-ci n'a rien avoir avec le sport, je vous l'accorde)

Alors voila vous avez un peu mon point de vu sur le fond du roman. Je suis donc le cobaye idéale ! Et le fameux match dont il parle m'est totalement inconnu.

Je commence donc ma lecture (avec quelques appréhensions tout de même, il faut bien l'avouer). Michaël Mention a réussi a écrire bien plus qu'un livre sur une rencontre de 82 mais il a donné l' ambiance d'un roman noir avec cet étau qui se ressert sur son personnage principal. On ressent ses doutes, une sorte de machination qui va le faire douter des siens et le pousser à les "éliminer" un par un. A bout de force on termine cette lecture à bout de souffle nous aussi !

Je me suis emmêlée les pinceaux au départ avec tous les noms qui ne me sont pas familiers du tout et puis l'arbitre Corver et le corner j'avoue j'ai eu du mal (mais là c'est pas de chance pour moi ! L'auteur ne peut pas changer le nom des acteurs d'un match mais avouer qu'il y a de quoi confondre)

J'ai aimé être transporté au delà du stade ! Qu'on me ramène dans les débuts des années 80, dans un climat entre l'Allemagne et la France qui ne m'avait pas interpellé à l'époque (trop petite mais plus grande que l'auteur tout de même !). Découvrir deux ou trois petites choses : comme l'absence de nom sur les maillots, savoir que le premier joueur noir de l'équipe de France a été sélectionné en 1931 (bien avant l'Angleterre 78 et USA 48) ..Bref pouvoir maintenant se faire passer pour une fille qui s'y connait alors que je ne sais pas la différence entre ailier et attaquant.

Michaël Mention a un monde bien à lui et il est très agréable de le rejoindre le temps d'un livre ! J'ai découvert un fait qui a bouleversé bon nombre de footeux (qui ne se retrouveront peut-être pas dans ce roman finalement !) avec plaisir. Mais je dois avouer que j'ai une préférence pour la Carnaval des hyènes surement parce que le thème me touche plus que le foot. Donc a t'il réussi son pari ? Je dirai que oui vu que je n'aime toujours pas le foot mais j'ai lu tout un match avec entrain !

Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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Le plus important au football est de gagner, peu importe la manière...

"Jeudi noir" de Michaël Mention retrace la demi-finale de coupe du monde 1982, entre la France et la RFA. de ce match mythique, l'auteur en sort un roman noir dans lequel nombreux sentiments surgissent.

08 juillet 1982, stade Ramon Sanchez Pizjuan, Séville.

Il est 21 heures, le coup d'envoi ne va pas tarder, les hymnes nationaux retentissent. Sur le terrain, vingt-deux hommes vont se livrer une bataille, une lutte sans merci pour décrocher une place en finale de la coupe du monde. D'un côté, la RFA, championne d'Europe en titre et déjà deux fois championne du monde, en 1954 et en 1974. de l'autre côté la France, sans palmarès. Son plus gros fait d'arme est une demi-finale de coupe du monde en 1958, presqu'un accident. Il va sans dire que les Allemands sont les grands favoris de ce match...

Le onze allemand est une sorte de rouleau compresseur à l'état brut, sa force est son physique. Dans ses rangs, on retrouve plusieurs talents dont la renommée n'est plus à faire : Fischer, Littbarski, Förster, Breitner... Devant leur route se dresse un onze français, une génération dorée, capable du pire comme du meilleur. Son jeu est la finesse et la technique. Son point fort, un milieu de terrain emmené par Platini, Giresse, Tigana et Genghini.

Et c'est dans une chaleur étouffante que Mr Corver, l'arbitre hollandais siffle le coup d'envoi. L'engagement est donné, l'histoire est en route...

Ecrire sur une compétition de football sort de l'ordinaire. Au premier abord, ce livre peut être repoussant pour les non-initiés de ce sport, et ils auraient tort de s'en passer surtout si ils aiment le roman noir. Michaël Mention, comme à son habitude, va au-delà des frontières du match et du football. En partant d'un fait réel il brosse autour de celui-ci un climat social, politique et historique.

A travers cette rencontre ce sont l'espoir, la violence, l'injustice, la haine, la vengeance, le racisme et la désillusion qui occupent les premiers rôles. Ces émotions nous sont contées par un douzième homme de l'équipe de France, en direct du terrain. Des hymnes nationaux à la séance des tirs aux buts fatidiques, c'est une tension évolutive qui gagne le lecteur, car dans ce match s'est produit tout ce que le football, et par métaphore la vie, peut nous réserver de meilleur comme de pire. Et même si nous connaissons la fin, le suspens est bel et bien présent.

Juxtaposer un événement sportif avec le contexte politique et/ou social du moment est très juste. Nombre de manifestations sportives possèdent ce lien, mais le football par sa popularité est peut être l'exemple le plus criant. Cette demi-finale de coupe du monde est à découvrir ou redécouvrir, à la fin, vous n'aurez qu'une seule envie, celle de revoir les images pour les coller au texte !
YB.
Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
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