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EAN : 9782812908965
640 pages
Editions De Borée (23/08/2013)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Née en 1822, Marie-Anne Savy, partie de rien, devient l'une des femmes les plus riches et les plus connues de la France du Second Empire. Elle connaît l'orphelinat, puis l'usine. En 1837, elle quitte l'Aveyron pour le Midi. D'abord engagée à son service, elle épouse Paulin Talabot, ingénieur visionnaire à l'origine de l'arrivée du chemin de fer en France. À Paris, elle fait de leur salon de la rue de Rivoli un lieu de rencontres où se croiseront Eiffel, Stephenson, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
On comprend pourquoi la critique déjà présente est aussi flatteuse, quand on voit, à la fin, qu'elle émane d'un vendeur du livre. J'estime nécessaire d'en faire une critique plus réaliste, mais j'avais lu la 1ère édition, aux Editions du Rouergue, il y a quelques années. le contenu de cette nouvelle édition a-t-il été modifié ? Je ne sais pas. le livre étant plus petit, il reste à espérer que certaines parties ont été supprimées. C'est du moins ce que j'espère, tellement la première édition était révoltante, en détournant tout ou presque, en faveur de Marie Talabot et de son mari. Je précise donc bien que ma critique concerne au moins la 1ère édition, je l'espère moins vraie pour celle-ci, mais certaines réalités sont quand même à rétablir, ça ne fait aucun doute !
Qui était, en réalité Marie Talabot ? Ni plus ni moins qu'une intrigante comme il y en avait tant au 19ème siècle, utilisant sa beauté et ses talents en amour pour séduire un homme riche, plus âgé qu'elle bien sûr, et hériter de sa fortune. Et là, Marie Talabot a parfaitement réussi, au point de dilapider toute la fortune après la mort de son mari, pour qu'il n'en reste rien à la famille, qui, bien sûr, n'avait jamais accepté Marie Talabot, comme on peut s'en douter ! Dès le début du récit de la vie de cette dame, l'auteur nous montre comme il excelle dans l'art de transformer le mal en bien, le négatif en positif. Marie Talabot avait quitté son village de Saint Geniez d'Olt, en Aveyron, pour être engagée comme bonne chez des notables à Marseille. Mais elle avait été renvoyée parce que... elle avait couché avec le fils des patrons ! Pour l'auteur, elle était forcément victime d'une injustice ! Avec l'intelligence qui était la sienne, elle avait tout compris, tout appris, sauf qu'une bonne, ça ne couche pas avec le fils des patrons, non, ça elle n'avait pas pu l'apprendre, voyons ! Et c'est alors que ce Talabot l'aurait prise "à son service". Drôle de service ! Il ne faut pas oublier qu'au 19ème siècle, une jolie femme à son bras, ça faisait partie du décor, c'était un signe de richesse ! Mais qui était ce Paulin Talabot ? L'auteur nous le présente comme le créateur d'un grand nombre de voies ferrées en France, expliquant même à la fin, que c'est grâce à la qualité de son travail, que les voies ferrées sont toujours telles quelles, aujourd'hui. Il n'oublie qu'une toute petite chose, c'est que, si Talabot avait eu le rôle qu'il lui attribue, les trains auraient roulé à droite et non à gauche. Il est bien connu que ce sont des ingénieurs anglais qui ont conçu le réseau en France. Certes, Talabot était favorisé dans ce domaine, par sa formation d'ingénieur, mais il était, ni plus ni moins, qu'un financier comme tant d'autres, qui, lui, a fait fortune dans les chemins de fer, où il a joué un rôle important pendant toute sa vie, c'est certain. Mais l'auteur "oublie" de nous parler des diverses banques qu'il a créées, dirigées, ou auxquelles il a contribué, c'est moins flatteur que les voies ferrées et autres grands travaux ! Tout est bon pour nous le présenter sous le meilleur jour possible, jusqu'à nous répéter de nombreuses fois, que c'était forcément quelqu'un de bien, puisqu'il était Saint-Simonien. Comme si l'auteur ne savait pas ce qu'est devenu le saint-simonisme après la mort de Saint-Simon. Un repaire d'industriels qui ont vu, dans ses théories, le moyen de convaincre les ouvriers qu'ils pouvaient se "tuer" au propre comme au figuré, à la tâche, puisqu'ils travaillaient pour l'humanité ( mais surtout pas pour augmenter le fortune d'un patron, n'est-ce pas ! )
Et dans le domaine de ce qui est choquant en matière sociale, on est servi ! Citons ce qui est présenté comme une manifestation de femmes de l'industrie textile venues à Paris crier "rendez-nous les crinolines" parce que ce serait la disparition des crinolines qui leur feraient perdre leur travail. L'auteur ne peut que faire allusion, là, à la dernière révolte des canuts lyonnais, dernière révolte lancée à l'initiative des femmes, les hommes ayant renoncé. Ramener une révolte aussi justifiée que remarquable de la part de ces femmes, à cette simple revendication "rendez-nous les crinolines" c'est digne d'un manque de respect incroyable pour les luttes sociales. C'est peut-être à ce simple slogan que Napoléon III l'avait réduite, ça n'est pas pour autant qu'il faut reprendre ça comme la réalité. Dans le même ordre d'idées, quand, à la fin du livre, il s'agit du monument que Marie Talabot a fait construire à Saint Geniez d'Olt pour montrer comme elle dominait avec sa fortune, les habitants du lieu étaient choqués comme il se doit, par le fait que les entreprises parisiennes engagées pour cette construction, fassent travailler les ouvriers le dimanche. Mais pour l'auteur, c'est parce que l'Aveyron était rétrograde, voyons ! Il fallait vivre avec son temps, à Paris, on faisait travailler les ouvriers le dimanche, c'était tellement normal !
Et ce monument, justement, on peut en dire quelques mots. Même s'il mérite d'être vu, comme une oeuvre d'art parce qu'il est sculpté par les artistes du moment, il domine le village, pour qu'on ne voit que lui. D'après l'auteur, Marie Talabot l'aurait prévu dans un endroit discret, ce qui la disculperait de monopoliser ainsi le paysage, et ce ne serait qu'après sa mort, qu'on aurait décidé de changer d'emplacement pour le mettre là où il est. Bien sûr, il n'y aurait que les documents écrits qui pourraient dévoiler la vérité, mais, d'une part, l'auteur nous cite une partie du testament où elle définit des détails montrant que l'ouvrage serait déjà avancé, ce qui n'est pas compatible avec ce déplacement, d'autre part, il est difficilement concevable qu'on ait modifié ses dispositions testamentaires. Et enfin, il est encore plus difficilement concevable que quelqu'un comme Marie Talabot ait choisi un endroit discret !
Déjà de son vivant, les habitants du lieu avaient compris qui était le personnage, et, lors de l'une de ses visites, elle avait été gravement prise à parti. Mais, pour l'auteur, ça n'étaient que des enfants à qui on avait donné des bonbons, des Lozériens, je ne me rappelle plus pourquoi, mais les gens du lieu ne pouvaient pas s'attaquer à quelqu'un d'aussi généreux, voyons ! Effectivement, une minuscule partie de sa fortune a été donnée pour des oeuvres locales, et il était de bon ton, pour les riches, de montrer qu'ils donnaient pour les bonnes oeuvres ! Mais, si elle était aussi généreuse, combien d'écoles, d'hospices, d'orphelinats, auraient-on construit avec le prix de revient de son monument et des gros travaux autour... le Château Talabot à Marseille et les travaux colossaux qu'a nécessité sa construction, c'est aussi, entre autres, l'oeuvre de ce couple qu'on nous dit aussi généreux... Bien sûr, c'était leur fortune, d'abord à lui, et, forcément, à elle, ils étaient libres de l'utiliser comme ils voulaient, mais, de grâce, qu'on ne nous parle pas de générosité !
Bref, voila un livre qui se définit en quelques mots : une "ode" en faveur du capitalisme et des capitalistes. Bien sûr, chacun est libre de choisir son camp, mais on attendrait plutôt de ce livre, la réalité de la vie de son personnage !
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Anne Marie Savy est une orpheline née en 1822 dans l'une des régions les plus pauvres de France : l'Aveyron. Dotée d'un caractère fort et d'une envie tenace de sortir de sa condition, elle va échapper à un destin funeste en se mettant au service de Paulin Talabot, ingénieur visionnaire et progressiste à l'origine du chemin de fer de France. Elle deviendra sa compagne et, à force de travail , réussira à devenir l'une des femmes les plus en vue de Paris côtoyant Eugène Delacroix, Pereire, et même le baron Hausmann.
Si l'on ne focalise pas trop sur le style un peu ampoulé de l'auteur et sur la biographie très romancée d' Anne Marie Savy, ce livre nous donne un panorama des plus flamboyant du XIX siècle : un siècle dense en évènement et en bouleversement. On sera aux premières loges pour assister : à la création des premiers chemins de fer français et des chantiers pharaoniques tels que le canal de Suez, au début de l'ère industrielle, aux fêtes fastueuses de Napoléon III à la gloire des colonies, à l'émergence du féminisme de la classe ouvrière et des technocrates, à la prise de Paris par les Prussiens, aux crises politiques, aux crises sanitaires. On découvrira également le quotidien et les attentes des hommes et des femmes de cette époque depuis les ambitions d'une grande bourgeoisie saint simonienne qui poussent aux développements économiques et aux avancées sociales en passant par des notables ultra conservateurs jusqu'aux laissés pour compte des régions pauvres et leurs exodes vers la ville, l'usine, la mine et les grands chantiers où certains mourront . Une biographie extrêmement documentée qui plaira aux amateurs de récit historique.
Lien : http://au-chat-pitre.izibook..
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Ouvrage très intéressant et particulièrement instructif sur le XIXème siècle, notamment au travers des nombreuses notes. Les recherches ont été menées avec beaucoup de précisions ce qui donne un intérêt majeur à cette biographie. La vie de la femme, dans ce siècle particulièrement misogyne, est abordée sous un angle agréable. Un livre passionnant à recommander.
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Genre : Roman historique
Avis : ATTACHANT
Format : Poche
Quand un roman nous fait suivre une femme, et son honneur, au XIXème siècle…
Marie-Anne Savy, née en 1822, est devenue l'une des femmes les plus riches et les plus connues de la France du Second Empire. Avoir épousé Paulin Talabot, ingénieur à l'origine de l'arrivée du chemin de fer en France a été l'accélérateur d'une vie qu'elle s'est offerte à force de travail et de volonté. Qui aurait pu croire que la gamine orpheline aveyronnaise gouvernerait l'un des salons les plus importants de la capitale et deviendrait l'une des reines de Paris.
Ce roman m'a charmée des les premières pages avec le prologue où il était question de « l'écir, vent chargé d'aiguilles blanches ». J'aime quand la rigueur historique se marie avec une prose poétique et vivante. Ensuite, j'ai plongé dans un siècle où tout m'était conté : les personnages illustres, les événements politiques, les secrets des alcôves, les catastrophes climatiques, mais surtout la naissance du chemin de fer et l'ascension d'une femme au destin privilégié et fulgurant.
C'est autour de Saint-Geniez-d'Olt que se construisent les vies mais nous voyageons du Nord au Sud au rythme des séjours qu'ils choisissent dans les domaines qu'ils font bâtir, à grand bruit et à grands frais. La vie de Paulin Talabot est passée au crible et nous entraîne dans les soubresauts de la révolution de 1848, l'épidémie de choléra et tous les événements importants de cette période. le récit fait la part belle à un siècle en pleine mutation et donne à voir le quotidien d'une époque, de la bourgeoisie aux laissés-pour-compte.
Au milieu, les douceurs gastronomiques et l'alcool dont le vin de noix du Rouergue ou la cartagène, boisson du Languedoc, apportent leurs notes de gourmandise et de terroir.
Il y a aussi l'amour éternel d'une femme, le vrai, celui qui accompagne l'autre à tout jamais et jusqu'au bout. Et sa vanité orgueilleuse et accomplie, celle qui se voit de loin, devenue monument imposant et impossible à ignorer.
Ce roman est compact mais l'écriture est fluide, curieuse, explicative avec des annexes importantes, et addictive. Tout y est pour être en immersion durant des heures, au gré des tempêtes sociales et des relations amoureuses.
Je remercie Virginie pour les Editions de Borée, et Terre de Poche pour le service presse non rémunéré de « Marie Talabot ».

Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Cet ouvrage nous fait découvrir la société bourgeoise du XIXème siècle sous un angle différent. Il met en avant l'itinéraire d'une jeune roturière aveyronnaise au sein d'un monde pleine transformation.
Au delà d'une simple présentation économique de la période, l'auteur met en avant les relations étroites, affectives, qu'a su garder cette dame du grand monde avec son Aveyron natal.
J'ai vraiment apprécié le travail de Louis Mercadié. Merci
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Femme hors du commun,elle fut pionnière dans la recherche de la liberté des femmes au côté d'un homme d'obédience saint-simonienne dont la doctrine promulguait leur émancipation.
Elle ne voulut pas subir sa vie mais écrire son destin.
De nos jours ,Marie séduit toujours.
Peut-être parce qu'elle se pénétra de cet amour de liberté,qui paraît être le signe distinctif d'une population violemment opposée à toutes les oppressions...
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La vie n’est jamais ce que l’on imagine. Elle vous transforme et lorsqu’elle n’est plus telle que vous l’aviez souhaité, il faut vous adapter pour continuer. Et surtout ne pas se replier sur soi-même.
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Mais tous possédaient le même dieu, l’argent. L’argent qui leur apportait le pouvoir, l’impunité et la liberté.
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Quand la terreur et l’absurdité font alliance, l’effet est effroyable.
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Videos de Louis Mercadié (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louis Mercadié
Rencontre avec Louis Mercadié à l'occasion de la parution de son livre "L''enfant trouvée" (Éditions de Borée, janvier 2018).
Abandonnée sur le parvis d'une église par une nuit glaciale, Noëlle a été recueillie par les soeurs et va grandir à l'orphelinat. Comme tous les enfants sans famille, la petite fille doit participer aux tâches de nettoyage et d'entretien de l'établissement, jusqu'au jour où on estimera qu'elle est en âge de travailler. Exploitée comme tant d'autres dans une filature puis à la mine, l'existence qui l'attend n'a rien de réjouissant. Pourtant, Noëlle ne baisse jamais les bras. Des écuries d'un château aux barricades de la Commune, du froid des nuits sans toit à la chaleur d'un atelier d'artiste, elle est poussée par l'espoir de retrouver un jour celle qui l'a mise au monde.
Fils d'un tonnelier dont il a conservé le savoir-faire, Louis Mercadié est un amoureux du temps passé. Membre de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron et historien, il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont "Marie Talabot, une Aveyronnaise dans le tourbillon du XIXe siècle", pour lequel il a reçu deux prix littéraires.
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