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Christophe Cave (Éditeur scientifique)Christine Marcandier-Colard (Éditeur scientifique)
EAN : 9782707131171
375 pages
La Découverte (08/10/1999)
3.65/5   20 notes
Résumé :
C'est en 1771 que l'auteur du Tableau de Paris écrit la version originale de L'An 2440, rêve s'il en fut jamais, considérée comme un des premiers textes d'anticipation. En prédisant "tous les changements possibles depuis la destruction des Parlements jusqu'à l'adoption des chapeaux ronds", Mercier est moins " le véritable prophète de la Révolution ", que le formidable chroniqueur de " ce monde qui finit, et de ce monde qui commence" qu'est le XVIIIe siècle.
Que lire après L'An 2440, rêve s'il en fut jamaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ayant découvert l'existence de ce livre grâce au " Loup des cordeliers " j'y ai trouvé cet esprit des lumières, résumé dans une utopie aussi surprenante que bien écrite, alimentée par la pensée de Rousseau, Voltaire, Montesquieu...
Bien sûr, c'est dans les idées que l'auteur reste ancré, et il ne cherche pas à imaginer des sauts technologiques ou des changements plus spectaculaires, mais ce livre, par ce qu'il analyse et critique de l'ancien système qui disparaîtra bientôt, est un puissant outil pédagogique sur l'histoire de cette fin de 18ème siècle. J'en ai personnellement appris sur l'histoire de cette période, notamment grâce aux notes, qu'il est indispensable de lire.
Il y manque une approche plus visuelle (rares sont les descriptions de Paris au 25eme siècle) mais surtout plus humaine, au delà de la vision politique, sociale...et quelques longueurs, quelques répétitions également dans la partie centrale du livre, le rendent un peu ardu à lire. Enfin, l'auteur n'est ni un visionnaire ni un grand créatif, et c'est bien de l'histoire du 18ème siècle qu'il s'agit, repeinte aux couleurs des lumières !
On peut se dire qu'aujourd'hui on est malheureusement très loin de cette utopie, et qu'on est même retombé plus près de l'ancien régime, avec ses privilèges, ses inégalités, sa corruption.
Enfin, au fil des chapitres on sent Mercier se raidir et les parti-pris d'épuration de l'histoire, de choix moraux et d'imposition de son utopie arrivent à ressembler à une dictature, avec ses interdits, sa glorification de l'idéal, moral et culturel.
 
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Je ne sais par quel heureux hasard je me suis retrouvé à découvrir 2440, Rêve s'il en fût jamais, mais je suis très satisfait de ma lecture.

En effet, même si on est là très loin de la science-fiction moderne, il est plaisant de découvrir ce qu'un homme du XVIIIe siècle espérait comme évolution à la société de son époque. C'est du coup, plus un pamphlet politique qu'un roman. Surtout au vu de l'importance des notes de bas de page dont le volume atteint près des 1/5 du roman proprement-dit.

Qu'on ne s'y trompe pas, ici aucun voyage fabuleux, ni dans l'espace, ni dans le temps. Aucune découverte d'une civilisation avancée. Non. Juste un rêve. le narrateur s'endort un soir et se réveille (se rêve) 700 ans plus tard. Il découvre alors la société française de l'an 2440 avec toutes ses qualités. Car pour Mercier, il semble ne pas y avoir grand chose à garder de cette deuxième moitié du siècle des lumières. Même pas les livres, puisqu'il les image victimes d'un monumental autodafé (Hé non : Ray Bradbury na pas la primeur du concept). Quasiment aucun écrivain n'est sauvé et pour les autres, c'est une oeuvre édulcorée qui perdure.

La justice sociale règne. La France est toujours une monarchie, mais dont le suzerain est éclairé et bienveillant. Il ne demande rien qu'il ne ferait lui-même. La guerre est bannie, le vol et le meurtre aussi. Un rêve quoi ! Un rêve qui est l'occasion de quelques beaux passages et de commentaires acerbes de l'auteur sur la société de son époque.

En bref : À lire pour deux raisons : Pour découvrir un roman qui est un ancêtre de la science-fiction et s'informer sur la société française pré-révolutionnaire. quelques passages nous éclairent d'ailleurs assez bien sur les déclencheurs de celle-ci.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Livre de 1771.
J'ai lu ce livre dans l'édition originale de la BNF Gallica malgré qu'il soit écrit en ancien français du 18eme il se lit assez facilement.
Livre d'anticipation que j'ai pris par curiosité comme un des premiers romans de science fiction et je nen ai pas regretté la lecture.
Jean Sébastien Mercier nous livre ses idées et impressions qui sont celles d'un homme rempli de jugements, de critiques. Il donne son avis sur à peu près tout les sujets qu'il divise en chapitres par exemples:les voitures, , le nouveau Paris, théologie, le gouvernement, les impôts. ......il souhaite un monde meilleur respectueux de l'humanité venant du coeur, mais aussi vers l'esprit public il fait référence à la Chine et à Confucius. On sent dans son récit se profiler les prémices de la révolution et s'interroge sur les différentes modifications à apporter à la société. C'est un visionnaire subtil, moralisateur au détriment d'autres avis possibles.

J

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Je n'ai pas terminé ma lecture mais ce voyage dans les pensées d'un homme du 18e siècle n'était pas inintéressant. La version que j'ai lue était dans son jus : en vieux français. Beaucoup d'idées intéressantes et d'autres qui semblent complètement farfelues à l'heure actuelle.

D'après l'auteur, la femme n'aura toujours pas plus d'utilité que d'enfanter et consoler, et tous les postes importants sont brigués par des hommes. Sur ce point, point de modernité.

C'est utopique à l'extrême, c'en est même naïf en fait. Ce qui ressort est cette envie d'égalité dans l'accès a tout ce qui est nécessaire à une vie agréable et saine : nourriture, éducation, justice, logement, soins. Les domaines publics et religieux ne seraient plus des nids à cafards, où le personnel ne serait intéressé que par la gloire, le statut, l'argent et le pouvoir.

La société serait juste, efficace, saine et tout le monde serait épanoui et heureux.

Entre le Paris "barbare" décrit dans le récit et nos villes actuelles, dans notre système actuel, y'a-t-il eu tant de changements ? Certes il y a eu des avancées, mais pas suffisamment pour éradiquer la pauvreté, les inégalités, la corruption et les injustices.

On a encore du boulot pour arriver à un semblant d'harmonie et d'équité pour tous. Pas sûr qu'on y arrive avant d'avoir condamné notre espèce...
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Pour le reste, même si sa lucidité est souvent entravée par son trop grand optimisme, L'An 2440 est incontestablement l'oeuvre d'un utopiste et le précieux témoignage d'un lettré de son temps. Louis-Sébastien Mercier, convaincu que mener une profonde réflexion peut permettre de dépasser la menace obscurantiste, dénonce les abus, les dysfonctionnements, et prône des modifications de fond, dans un souci de bienveillance et de prospérité.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Comme nos jours sont bornés, & qu'ils ne doivent pas être consumés dans une philosophie puérile, nous avons porté un coup décisif aux misérables controverses de l'école. — Qu'avez-vous fait ; achevez, s'il vous plaît ? — D'un consentement unanime nous avons rassemblé dans une vaste plaine tous les livres que nous avons jugé ou frivoles ou inutiles ou dangereux; nous en avons formé une pyramide qui ressemblait en hauteur & en grosseur à une tour énorme : c'était assurément une nouvelle tour de Babel. Les journaux couronnaient ce bizarre édifice, & il était flanqué de toutes parts de mandements d'évêques, de remontrances de parlements, de réquisitoires & d'oraisons funèbres. Il était composé de cinq ou six cents mille commentateurs, de huit cents mille volumes de jurisprudence, de cinquante mille dictionnaires, de cent mille poèmes, de seize cents mille voyages & d'un milliard de romans. Nous avons mis le feu à cette masse épouvantable, comme un sacrifice expiatoire offert à la vérité, au bon sens, au vrai goût. Les flammes ont dévoré par torrent les sottises des hommes tant anciens que modernes. L'embrasement fut long. Quelques auteurs se sont vus brûler tout vivants, mais leurs cris ne nous ont point arrêtés; cependant nous avons trouvé au milieu des cendres quelques feuilles des œuvres de P***, de De la H***, de l'abbé A***, qui, vu leur extrême froideur, n'avaient jamais pu être consumées.
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LES coups redoublés d'un bourdon effrayant frappèrent tout-à-coup mon oreille: ces sons tristes & lugubres semblaient murmurer dans les airs les noms de désastre & de mort. Le tambour des gardes de la ville faisait lentement sa ronde, en battant l'alarme ; & cette marche sinistre, qui le répétait dans les âmes, y portait une profonde terreur. Je vis chaque citoyen sortir tristement de sa maison, parler à son voisin, lever les mains au ciel, pleurer & donner toutes les marques de la plus vive douleur. Je demandai à l'un d'eux pourquoi on sonnait ces cloches funèbres & quel accident était arrivé?
— Un des plus terribles, me répondit-il en gémissant. Notre Justice est forcée de condamner aujourd'hui un de nos concitoyens à perdre la vie, dont il s'est rendu indigne en trempant une main homicide dans le sang de son frère. il y a plus de trente ans que le soleil n'a éclairé un semblable forfait: il faut qu'il s'expie avant la fin du jour. Oh ! que j'ai versé de larmes sur les fureurs où se porte une aveugle vengeance ! Avez-vous appris le crime qui s'est commis avant-hier au soir?... O douleur! ce n'est donc pas assez d'avoir perdu un vrai citoyen il faut que l'autre subisse encore la mort...
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Je suis dégoûté de Paris comme de Londres. Toutes les grandes villes se ressemblent; Rousseau l'a fort bien dit. Il semble que plus les hommes font de lois pour être heureux en se réunissant en corps, plus ils se dépravent, & plus ils augmentent la somme de leurs maux. On pouvait cependant raisonnablement penser qu'il devait en arriver le contraire mais trop de gens sont intéressés à s'opposer au bien général. Je vais chercher quelque village où, dans un air pur & des plaisirs tranquilles, je puisse déplorer le sort des tristes habitants de ces fastueuses prisons que l'on nomme villes.
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Malgré tant de remparts, de barrières, de précautions, afin que le monarque n'oublie point, en cas de calamités publiques, ce qu'il doit aux pauvres, il observe chaque année un jeûne solennel, qui dure trois jours.
Pendant ce temps notre roi souffre la faim, endure la soif, est couché sur un grabat : & ce jeûne terrible & salutaire lui imprime dans le cœur une commisération plus tendre envers les nécessiteux. Notre souverain n'a pas besoin, il est vrai, d'être averti par cette sensation physique ; mais c'est une loi de l'État, une loi sacrée, jusqu'ici suivie & respectée. À l'exemple du monarque, tout ministre, tout homme qui touche aux rênes du gouvernement se fait un devoir de sentir par lui-même ce que c'est que le besoin & la douleur qui en résulte; il en est plus disposé dans la suite à soulager ceux qui se trouveraient soumis à l'impérieuse & dure loi de l'extrême nécessité.
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La chasse doit être regardée comme un divertissement ignoble & bas. On ne doit tuer les animaux que par nécessité, & de tous les emplois c'est assurément le plus trisse. Je relis toujours avec un nouveau degré d'attention ce que Montaigne, Rousseau & autres philosophes ont écrit contre la chasse. J'aime ces bons Indiens qui respectent jusqu'au sang des animaux. Le naturel des hommes se peint dans le genre de plaisirs qu'ils choisissent. Et quel plaisir affreux, de faire tomber du haut des airs une perdrix ensanglantée, de massacrer des lièvres sous ses pieds, de suivre vingt chiens qui hurlent, de voir déchirer un pauvre animal! Il est faible, il est innocent, il est la timidité même; libre habitant des forêts, il succombe sous les morsures cruelles de les ennemis : l'homme survient & lui perce le cœur d'un dard ; le barbare sourit en voyant ses belles côtes rouges de sang, & les larmes inutiles qui ruissellent dans ses yeux. Un tel passe-temps prend sa source dans une âme naturellement dure, & le caractère des chasseurs n'est autre chose qu'une indifférence prête à sa changer en cruauté.
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Video de Louis Sébastien Mercier (1) Voir plusAjouter une vidéo

Louis Sébastien Mercier : mon bonnet de nuit
Olivier BARROT a choisi le théâtre du casino de Deauville pour présenter Louis Sébastien Mercier, écrivain français du XVIIIème siècle (1740-1814) et théoricien du théâtre. Il écrit des essais sur la poésie mais c'est le théâtre qui lui donne sa notoriété. En 1781 paraît son ouvrage le plus connu "Le tableau de Paris" et trois ans après, il écrit "Mon bonnet de nuit". Cet...
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