«
The Hunter» (Le chasseur) est le dernier livre de
Christelle Mercier, correspondante de presse d'un journal local, qui depuis l'adolescence écrit, et étudie la psychologie des tueurs en série. Elle signe là, une oeuvre surprenante.
En effet, dès les premières pages, on peut imaginer que l'on va se trouver face à un scénario classique: le tueur, les familles éplorées, les policiers et les difficultés habituelles pour démêler les fils de l'enquête …
Ce n'est pas seulement cela.
Déjà, la mise en place de l'intrigue est très bien amenée. On suit tour à tour plusieurs personnages et on ne voit pas forcément tout de suite ce qui va les relier.
Comme une chirurgienne, l'auteur découpe au scalpel chaque personnalité, pas forcément avec de grandes phrases psychologiques mais avec l'étude de chacun et une précision remarquable. Elle distille savamment des gestes anodins, des phrases échappées dans une conversation qui semblerait banale, des indices minimes qui font poser question sur le coup, et qu'on peut oublier à la page suivante tant l'histoire nous emmène ailleurs… avec tout cela, une ambiance s'installe, la peur monte en nous, insidieuse, l'angoisse nous prend à la gorge, c'est comme une course contre la montre dont on sait que la victoire sera très difficile …
Toute la première partie du livre: «La mort….» est consacrée à cet état des lieux, aux faits insoutenables, au désespoir sous-jacent en permanence, à la découverte des différents individus et de leur caractère (sans oublier leur part d'ombre….)
Il n'y a rien de pire que la mort, injuste, d'un enfant, alors quand un policier enquête pour que cela cesse et qu'il est lui-même touché au plus profond de son être, vous imaginez…. La culpabilité est là, celle qui ronge, celle qui hante l'homme, celle qui parfois vous aveugle tant elle vous obnubile ….
Puis arrive la seconde partie: «La vérité….». On assiste au procès, impuissant, avec la volonté de «rentrer» dans le livre et de dire ce qu'on sait alors qu'on ne peut pas …. C'est terrible car c'est frustrant, on a l'impression d'être complice, de laisser faire les choses, de se taire alors qu'on souhaiterait hurler ....
On écoute les descriptions lues devant les jurés, on pense aux victimes, aux familles….
«Rien n'efface les blessures, rien n'efface les images ancrées dans la mémoire. Elles sont vicieuses, répétitives, vous avez beau les chasser, elles se cramponnent à votre cerveau comme une sangsue, jusqu'à vous rendre fou.»
Mais aussi à celui qui est là dans l'ombre…..et on a froid, terriblement froid….
L'écriture de
Christelle Mercier est précise, vivante, sans fioritures inutiles, les actes sordides sont là, les personnalités dangereuses envahissent notre quotidien tant le livre est présence ….
Les chapitres sont courts, rien n‘est «délayé», les pages s'enchaînent car on veut savoir, on veut que l'horreur cesse, que justice soit faite ….
Et cette fin, cette fin….Mon Dieu ! Comme un voile noir qui recouvre tout …. vous noyant dans le doute. La peur, occupant votre esprit et vous posant question …. car jamais, jamais, vous ne saurez ….. ce qu'il adviendra de ces individus croisés le temps d'un roman mais que vous n'oublierez pas de sitôt….
NB: Après lecture, une seule solution : la méthode Coué, «Ceci est un roman, ceci est un roman…»
PS: Une mention particulière pour la couverture, sobre à souhaits mais si parlante ....
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