Je suis fan de
Jean-Michel Basquiat, ce peintre contemporain dont tout le monde s'arrache les peintures aujourd'hui. A telle enseigne qu'un milliardaire japonais vient de vendre aux enchères à New York une de ses toiles grand format au prix de 85 millions de dollars, réalisant ainsi une plus-value de 25 millions de dollars et en installant très haut la cote de cet artiste génial. Un coup de maître ! Mais comme ma rubrique ici n'est pas pour les boursicoteurs, j'ai autre chose à dire, à part le fait que je m'en réjouis.
Je n'aimais pas avant lui les masques africains, quand je les mettais c'était pour faire peur à mon chien. Mais les masques de
Basquiat emportent mon adhésion totale, je ne cesse de les admirer.
Le seul regret que je puis formuler est que
Jean-Michel n'est pas là pour assister à ce phénomène puisqu'il est mort à l'âge de 27 ans. Mon Dieu que la vie est parfois injuste !
Cette facture incomparable dont les couleurs jaillissent sur la toile probablement liées à l'enfance, à une enfance perturbée par la séparation de ses enfants quand il a huit ans sans parler de sociologie puisque la maman d'origine portoricaine ne va pas bien du tout psychiquement . le papa est d'origine haïtienne, plutôt âme bien née au sein d'une famille bourgeoise qui fuit Duvalier ; cela va néanmoins servir à l'enfant
Basquiat qui va pouvoir fréquenter de bonnes écoles.. C'est donc un peu brouillé dans sa tête, avec ces déménagements, ces errances, l'éducation des enfants confiée au père. On parle aussi de primitivisme, mais attention au langage des mots car ce garçon surdoué a une âme d'artiste. On pourrait presque faire intervenir
Malraux ici quand il parle si bien de l'art haïtien si insigne. J'atteste ici que j'ai côtoyé des artistes haïtiens : ils sont prodigieusement doués au dessin, à la peinture, la chromatique flamboyante.. j'ai vraiment été bluffé par leur création, leur vision, leur facture.. J'avoue que pour poursuivre mon intervention, il me faudrait regarder plus en profondeur les influences qu'a subies notre ami
Jean-Michel qui va finalement se coller au mouvement underground américain, pour véritablement parler du concept de l'artiste, de le définir plus avant, car il constitue un cas presque unique à mes yeux à cause de ses influences chamarées. Ce qui est profondément réconfortant en tout cas, c'est que son initiative culturelle est marquée par la nécessité de fonder une école : quel défi les amis de dépasser son itinéraire secret en se fondant à d'autres qui se retrouvent en lui et vice versa pour une aventure humaine qui va se propulser à la face du monde entier. C'est tout simplement merveilleux, d'une puissance volcanique !
Il me semble en effet qu'on peut voir chez
Jean-Michel Basquiat du néo-expressionisme comme un aboutissement de l'école allemande qui n'avait pas dit son dernier mot, disloquée peut-être à cause des troubles de la 2ême guerre mondiale et de ses prémices. Cette école n'avait pas fini de nous surprendre Oui je pense qu'il y a là un aboutissement par cette voie, et qui probablement doit se croiser avec d'autres voies, d'autres espaces ..
Nicolas de Staël avait déjà tenté une évolution ..
Jean-Michel Basquiat est vite repéré pour ses talents d'artiste peintre, on parle de génie précoce, il se retrouve propulsé sur le devant de la scène quand d'autres sont encore au biberon. le milieu élitiste qu'il fréquente à New York lui ouvre certes les portes de la consécration, son rêve, être reconnu pour sa prestation, mais dans ce milieu là, il y a le revers de la médaille où les artistes friqués sont autant courtisés pour leur porte-monnaie bien garni que pour la qualité de leur production. Au lendemain de la mort de Warhol, son ami, il souffre, il se sent terriblement seul, veut sortir du domaine de la drogue et c'est la drogue lors d'une rechute qui le perdra.