Cette courte pièce en deux actes est le récit d'une vendetta mais surtout elle représente une date marquante du cinéma français. En 1929, le réalisateur
André Hugon, en fit une adaptation cinématographique qui est, aujourd'hui, considérée comme le premier film parlant français.
L'action se passe dans un village de Corse, un jour de carnaval de l'année 1820, le mardi-gras.
Lorsque le rideau s'ouvre, Paolo voit pour la dernière fois Viola, la jeune fille qu'il aime. Car Prati son père l'a fait engager dans les voltigeurs du roi et il doit quitter le village, à l'aube, pour partir vers le continent.
Il y a un mois, les frères de Viola ont chargé le maire Orsuto d'exiger que Paolo épouse Viola, puisque, à la suite d'une nuit dans le maquis, elle va être mère.
Mais les Vescotelli sont sans le sou !
Viola est une fille perdue. Elle s'est donnée avant d'aller à l'église.
La vengeance des frères, semblant s'annoncer, plane au dessus de la scène.
Paolo, sous couvert de rendre une dernière visite à la vieille tante Cortona, sort dans la nuit venue où le vent souffle en tempête.
Quelques temps plus tard, quatre personnages masqués font irruption dans la salle en chantant.
Un Arlequin, d'abord, diabolique et grimaçant, derrière lui un Gros-Guillaume bedonnant et un moine vêtu de bure dont le masque figure une tête de mort, soutiennent par les bras un Pierrot qui semblent tituber.
Ils sont ivres. Ils portent des masques en carton, grossièrement peinturlurés et tiennent des lanternes à la main....
Représenté pour la première fois, en 1908, au théâtre Mévisto, "Les trois masques" n'est reprise au théâtre du Grand-Guignol qu'en 1931.
C'est un succès. Ce n'est pas la première pièce que
Charles Méré écrit pour le théâtre du rire et de l'horreur. On peut citer "une nuit au bouge", "le marquis de
Sade", "l'homme nu", "les pantins du vice" et "Hantise".
La pièce, devenue en 1931, le premier film parlant, a aussi été transformée en drame lyrique et représentée sous cette forme, en 1913, au théâtre Sarah-Bernardt.
C'est une excellente pièce, finement écrite. le récit est fort et coule vers un épilogue tragique sans que rien ne vienne gâcher le plaisir du lecteur.
Les personnages, pris dans la toile de leur destin, semblent livrés à la tragédie pourtant une note d'espoir semble finalement sauver l'Amour...