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Pierre Josserand (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070369829
370 pages
Gallimard (16/11/1977)
3.62/5   86 notes
Résumé :
Catherine de Médicis et le débile Charles IX avaient imaginé pour les protestants une solution finale qui fut la Saint-Barthélemy. Le roman de Mérimée n'est pas seulement un chef-d'oeuvre de bonne humeur macabre et d'ironie à l'égard du destin qui sépare deux frères, l'un huguenot, l'autre converti, mais tous deux plus préoccupés de galanterie et d'aventures que de querelles religieuses. Mettant en scène les acteurs anonymes, les silencieux de l'histoire, il est aus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Si Prosper Mérimée est célèbre pour ses nouvelles, il n'a écrit qu'un seul roman, mais quel roman ! Assez méconnu, « Chronique du règne de Charles IX » fait partie des grands romans historiques du XIXème siècle.
A cette époque, (fin des années 1820) le roman historique est à la mode : Walter Scott a déferlé sur la France : traduction des « Puritains d'Ecosse » (1817), de « Rob Roy » (1818), « Ivanhoé » (1820), « Quentin Durward » (1823) ou « le Talisman » (1825). le roman historique moderne est né en France avec Alfred de VignyCinq-Mars » – 1826). Quand Mérimée décide de se lancer sur ce créneau, il a donc deux auteurs en ligne de mire : Scott et Vigny (et je ne parle pas De Balzac, qui, à la même époque, met en branle « Les Chouans »). Deux conceptions différentes de l'Histoire : tous deux romantiques, ils n'ont pas la même vision de la réalité historique : Walter Scott raconte des destinées individuelles, les grandes figures historiques ne prennent pas beaucoup de place. Chez Vigny, ce sont des personnages réels (Cinq-Mars, de Thou, Richelieu, Louis XIII), qui tiennent la vedette. Pour l'un comme l'autre, la reconstitution historique est importante, puisqu'elle donne le ton et la couleur de l'ouvrage, mais pas essentielle. Mérimée, dans une autre optique, va s'inspirer de ces deux modèles, mais y ajouter une rigueur scientifique, une précision réelle, qui va donner au roman une véritable apparence d'authenticité. Son talent d'écrivain fait le reste.
La « Chronique du règne de Charles IX », comme l'indique le titre, se passe pendant les guerres de religion. Les deux frères de Mergy combattent dans deux camps opposés : Bernard est protestant (huguenot) et Georges catholique (papiste). Comme il est plus facile de compliquer les choses que de les simplifier, Bernard s'amourache d'une catholique. Tout ça sur fond de Saint-Barthélémy. On croise des personnages connus, comme Ambroise Paré, on vibre avec nos héros, on tremble dans les nombreuses scènes d'action : c'est un excellent roman, qui par bien des côtés préfigure Dumas (mieux que le Cinq-Mars de Vigny).
L'originalité de Mérimée, c'est ce regard ironique qu'il porte sur l'Histoire : avec une espèce de dérision, ce voltairien convaincu renvoie dos à dos les deux religions, prône la tolérance et la paix confessionnelle. C'était assez osé, dans cette société de la Restauration réactionnaire et bigote. Il faut sans doute y voir, là-aussi, une manifestation du romantisme, à la fois rebelle et humaniste.
L'analyse de l'auteur qui se lit en parallèle de l'intrigue, est donc une condamnation du fanatisme. Et cette seule réflexion donne au roman historique une autre dimension : le roman peut être autre chose qu'une distraction, un divertissement. C'était en filigrane chez Vigny, c'est un peu plus évident ici. Dumas, lui, reviendra à une notion plus « tous publics », mais les auteurs de romans historiques du XXème siècle (je pense entre autres à Robert Merle) donneront à leurs oeuvres ce même cachet de réflexion, qui invitera le lecteur ou la lectrice à dépasser le seul stade de la lecture, et à se poser des questions, non seulement sur l'Histoire racontée dans le roman, mais sur ses résonnances actuelles.
Le roman historique, de ce point de vue, est idéal : il nous fait voyager dans le temps et dans l'espace, et nous amène, consciemment ou pas, à en tirer des conclusions personnelles tout à fait contemporaines.
Si vous lisez Mérimée, ne vous en tenez pas aux nouvelles (bien que ce soit déjà beaucoup), ce roman-ci vaut largement le détour !
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Deux frangins - un cadet encore candide, protestant convaincu, un aîné plus aguerri, catholique par la force des choses mais plus agnostique que croyant - qui s'aiment malgré tout et se retrouvent embarqués dans le chaos fratricide des guerres de religion : le prétexte était des plus séduisants, surtout pour moi que cette époque fascine et qui ai un faible marqué pour les histoires de frangins.
Tout commence, de fait, à merveille : des personnages accrocheurs (le cadet un peu falot mais attachant, l'aîné vraiment intéressant), un récit énergique, qui sait aller à l'essentiel pour faire vivre son sujet, avec juste ce qu'il faut de détails pittoresques et des dialogues bien tournés. Plus encore : une certaine distance de l'auteur vis à vis de son sujet, qu'il met en perspective avec autant d'esprit que d'originalité, comme dans ce chapitre intitulé "Dialogue entre le lecteur et l'auteur", pied de nez superbe du second aux attentes stéréotypées du premier.

Malheureusement, le récit a les défauts de ses qualités et finit par y perdre un peu en puissance et en équilibre formel.
Tout d'abord, Mérimée fait clairement du roman historique à la manière romantique, avec son lot d'aventures et d'anecdotes, l'inévitable histoire d'amour, les billets mystérieux, les rendez-vous secrets, l'amant jaloux, le duel incontournable. C'est un brin cliché (même si ces clichés-là, à l'époque, n'étaient peut-être pas encore aussi fermement établis qu'ils le sont devenus par la suite) et cela l'emporte un peu trop sur le plus intéressant : la relation des deux frères, les tensions religieuses qui couvent et vont bientôt éclater. C'est un peu cliché, mais de manière sans doute très assumée : Mérimée, il le fait bien sentir, ne prend pas lui-même très au sérieux cette partie-là de son récit, même s'il la conte assez bien pour la rendre accrocheuse. Il joue avec son lecteur, fait mine de lui offrir ce qu'il désire, écarte le masque sur un sourire, le remet pour quelques chapitres encore... et avec la Saint-Barthélémy, le jette pour de bon. L'histoire d'amour est expédiée, c'est la guerre qui l'emporte.
Malheureusement, à ce moment où les choses deviennent les plus intéressantes, la narration se fait beaucoup plus rapide, Trop rapide. Les trois quarts du roman sont déjà derrière nous, et le dernier quart se dénoue en une série de chapitres très courts, tous efficaces et bien tournés, mais trop distants dans la chronologie des faits et trop expéditifs. C'est efficace, c'est implacable, mais on n'est plus emportés comme au début et au final, pas grand chose n'est analysé, ni des rapports humains, ni des ressorts politiques de cette guerre civile qui broie sans pitié les individus qu'elle a pris dans ses rets.
L'histoire des deux frères de Mergy illustre habilement son temps, ses cruautés, ses ambiguïtés, mais si l'illustration n'est pas sans puissance et sans finesse, l'impression finale reste celle d'un récit un peu anecdotique, qui manque soit de souffle pour conquérir totalement son lecteur, soit de profondeur pour totalement l'interpeller.
Un récit qui joue un peu trop avec les conventions de son temps, quand au yeux du lecteur moderne, il ferait mieux de plus franchement s'en affranchir.

Ces défauts n'enlèvent rien au charme de l'écriture de Mérimée, vive, efficace, spirituelle, remarquablement moderne, et à une fin très réussie où s'affirme, sur cette trame tragique et sanglante des fanatismes exacerbés, la paisible grandeur de l'agnostique.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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La première fois qu'on évoqua l'existence de ce roman, qui m'était tout à fait inconnu je dois bien l'admettre, c'est un ami, qui militait alors dans une organisation que je n'ai jamais vraiment apprécié, qui le fit, dans son salon, alors qu'on se faisait une de ses soirées café/cigarette que nous affectionnons régulièrement pour y discuter de tout et de rien. Mais nous aimons y discuter des seules choses qui comptent, alors il y est souvent question de Littérature et d'Histoire. le reste a-t-il réellement de l'importance?

Nous étions en train de discuter, débattre, vivement, mais pour tout dire sincèrement, tomber d'accord, pleinement, sur le rôle joué par les "huit conflits" qui ravagèrent la France et permirent l'accélération de la construction d'un État centralisé et impitoyable, bien avant la Révolution française. Il m'a alors suggéré la lecture de ce roman, avec enthousiasme et sérieux, et l'enthousiasme était -et l'est toujours- bien rare chez lui, ce monarchiste, cet élitiste littéraire. Ce roman devait accréditer la thèse que mon ami défendait, et défend toujours, celle du massacre improvisé, dans la panique. D'une monarchie et d'un Roi dépassé par une situation extraordinaire, au sens premier du terme.

Dans un premier temps je ne fis pas vraiment attention à cette énième référence, à cet énième conseil de lecture. Nous en avons tant échangé qu'il faudrait que je cessa dans l'instant la moindre activité autre que la lecture si je voulais arriver à aller au bout de tous les conseils prodigués, et que je puisse vivre un siècle entier en plus de cela. La seule chose qui me marqua, et même me troubla, était que ce roman soit l'oeuvre de Mérimée. Car en réalité ce fut la surprise qui fut ma première réaction en apprenant que cet auteur avait rédigé autre chose que poésie, nouvelles, pièces et récits de voyage.

Puis, durant plusieurs années, sans raison particulière, j'oublia jusqu'à l'acquisition même de ce roman, comme si de rien était, sans en être aucunement perturbé d'une quelconque façon. J'eu l'occasion, par un total hasard, de le retrouver, que très récemment, peu de temps avant le dernier Noël, dans la course boulimique sans fin entamé au printemps dernier, à l'occasion du "grand confinement" de 2020. Je l'avais acheté il y a deux, peut-être trois ans, par excès de provision, comme souvent lorsqu'il s'agit de livres, mais surtout par peur de manquer, et ce n'est pas vraiment la même chose loin de là. Au milieu d'une de ses razzia qui me saisit régulièrement, et à laquelle je sais comment y échapper. Sans que je n'essaie vraiment pour être sincère.

En m'activant sur ma bibliothèque, pleine raz la gueule d'ouvrages en tout genre, pour enfin obtenir un rangement plus efficace, gagner de la place et accueillir mes quelques dernières folies, je tombais sur cet achat ancien de plusieurs années. Il se trouvait entre un vieil Hemingway annoté et un des chef-d'oeuvres du médecin de Bezons.

Ainsi donc je redécouvris ce roman, cet étrange livre que je n'avais pas encore lu. Intrigué par cette oeuvre unique, et me souvenant assez clairement de la discussion qui m'avait convaincu de l'acquérir, je me décida, en une fraction de secondes, sans grande hésitation, à en entamer la lecture à la première occasion, sans perturber mon petit programme, ma petite liste de livres en attente de lecture.

Tout cela prit quelques mois tout même car j'ai toujours en tête une longue liste de choses à entamer, continuer, finir mais enfin, début mai, j'y étais, j'avais le temps, l'énergie de me lancer dans ce roman si mystérieux.

Pour être sincère, et même s'il me faudra quelques mois, peut-être même quelques années, je ne me suis jamais vraiment remis pour être tout à fait sûr de l'effet de ce roman sur mon esprit, mon coeur, ma sensibilité, je crois pouvoir dire que c'est sans doute l'un des plus grands romans que j'ai pu lire de ma vie. Je ne sais pas encore comment en parler, comme si toutes ses émotions étaient encore bien trop embrouillées, constituant presque une mélasse inintelligible à ma propre intelligence , pour que je sache en parler de manière compréhensible aux oreilles des autres. Ainsi je ne suis toujours pas apte à parler avec recul et lucidité de "Cent ans de solitude". J'espère pouvoir, rapidement parler, transmettre mon ressenti à propos de "Chronique du règne de Charles IX".

Je ne puis toutefois finir cette critique personnelle sans une citation, belle, profonde, cruelle, cynique, écrite avec le talent que seul les écrivains d'autrefois avaient, lorsque ce pays regorgeait de talents jusqu'à la nausée, quand la France était le coeur littéraire indiscutable d'un monde fin et distingué, et le français la langue de la beauté la plus pure qu'il soit donné d'exister.

"- Ton livre, ma Diane, n'est qu'un tissu de mensonges et d'impertinences. C'est le plus sot qui soit jusqu'à ce jour sorti de dessous une presse papiste. Gageons que tu ne l'as pas lu, toi qui m'en parles avec tant d'assurance !
- Non, je ne l'ai pas encore lu, répondit-elle en rougissant un peu ; mais je suis sûre qu'il est plein de raison et de vérité. Je n'en veux pas d'autre preuve que l'acharnement des huguenots à le dépriser.
- Veux-tu, par passe-temps, que, l'Écriture à la main, je te montre… ?
- Oh ! garde-t-en bien, Bernard ! Merci de moi ! je ne lis pas les Écritures, comme font les hérétiques. Je ne veux pas que tu affaiblisses ma croyance. D'ailleurs tu perdrais ton temps. Vous autres huguenots, vous êtes toujours armés d'une science qui désespère. Vous nous la jetez au nez dans la dispute, et les pauvres catholiques, qui n'ont pas lu comme vous Aristote et la Bible, ne savent comment vous répondre.
- Ah ! c'est que vous autres catholiques vous voulez croire à tout prix, sans vous mettre en peine d'examiner si cela est raisonnable ou non. Nous, du moins, nous étudions notre religion avant de la défendre, et surtout avant de vouloir la propager."
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Il y a longtemps que cette oeuvre était sur ma liste de lecture, ce qui n'est pas très logique de ma part, vu que la Saint Barthélemy, je trouve qu'on nous la sert un peu à toutes les sauces dans les romans historiques et que des épisodes moins rabâchés de l'histoire de France, tout aussi éclairant sans doute, auraient bien droit à leur tour.
Mais les envies de lecture... Bref, sujet ultra classique mis à part, que vaut la Chronique du règne de Charles IX? Cela dépend ce qu'on y cherche en fait. La description de la cour, de l'époque, est brillante. On sent cette tension qui monte graduellement, mais aussi l'état d'esprit d'une frange de la population qui s'entretuait en duels joyeusement sous le premier prétexte: la vie , malgré les protestations de foi de tous les protagonistes, ne valait pas tripette, ni la vôtre ni celle de votre prochain!!
Non, ce que je n'ai pas apprécié dans ce roman, c'est l'un des deux protagonistes principaux. Bernard et George de Mergy sont frères, l'un huguenot, l'autre catholique et se trouvent chacun dans un camp, et autant j'ai apprécié George, porté par son humanité , son amour fraternel, plus agnostique que catholique à vrai dire, et surtout d'opinion que chacun devrait faire selon son choix, autant j'ai trouvé Bernard franchement pâlot. Il passe tout le début du roman à expliquer qu'il est mieux que son frère, que lui jamais ne trahira sa religion, ni les principes de celle-ci, et notre dévoué huguenot porte des reliques, comme les catholiques, sous prétexte que ça vient d'une dame, tue en duel sans avoir de remords plus d'un chapitre, prend maîtresse...
Les ressorts de la Saint Barthélemy sont aussi évoqués un peu rapidement: le lecteur a l'impression que l'auteur l'estime cultivé, et déjà en main de toutes les clefs sur les protagonistes de l'époque.
Cela reste un roman historique des plus agréables à lire, il lui manque juste un petit je ne sais quoi d'épique pour le rendre vraiment prenant, mais les amateurs auraient tord de bouder leur plaisir!
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Au collège, j'avais beaucoup aimé découvrir et étudier Carmen et La Vénus d'Ile. Je me souviens aussi avoir lu dans la même période et sans déplaisir Mattéo Falcone et Colomba. J'étais donc plutôt contente de trouver Mérimée dans la sélection du Challenge solidaire 2020 et d'avoir ainsi l'occasion de relire cet auteur. Chronique du règne de Charles IX présentait en plus, pour moi, l'intérêt d'évoquer un événement historique qui m'intéresse particulièrement : le massacre de la Saint-Barthélémy.

Le plaisir de lecture que je me promettais n'a pas été à la hauteur de cette espérance. Non seulement j'ai trouvé cette lecture assez peu palpitante mais, au final, elle me laisse aussi un sentiment de déception. La bonne surprise de cette lecture, quand même, c'était que ce soit un roman et non un récit historique comme le titre pouvait le laisser à penser. Ce roman nous narre les aventures de Bernard de Mergy, gentilhomme huguenot qui se rend à Paris au moment où Henri de Navarre s'apprête à épouser Marguerite de Valois, soeur du roi, assurant ainsi la paix entre protestants et catholiques. À Paris, Bernard retrouve son frère Georges qui, après sa conversion au catholicisme, est devenu capitaine des chevaux-légers du roi. Bernard ne tarde pas à tomber amoureux de la belle comtesse Diane de Turgis et à s'attirer un duel avec l'amant de celle-ci, le redoutable Comminges.

Je n'en raconterai pas davantage pour ne pas vous priver d'un suspense déjà bien faiblard. Car, oui, à mon goût, c'est le gros point faible de ce roman : son scénario prévisible et sans originalité. Pour une lectrice de Dumas et de Zévaco, les péripéties de Chronique du règne de Charles IX ont un goût de "déjà-lu en mieux". Par ailleurs, ses héros n'ont pas la présence de ceux des auteurs sus-nommés : ils sont très oubliables. Je veux bien accorder à Mérimée d'avoir voulu écrire un roman plus réaliste qu'épique mais le lecteur y perd en plaisir de lecture, d'autant que, par ailleurs, le réalisme prétendu est battu en brèche par des péripéties et des coïncidences un peu "too much", dans la grande tradition des romans historiques. La fin, elle-même, est aussi du "déjà-lu ailleurs en mieux".

Une chose qui m'a surprise, dans ce roman, c'est la place que Mérimée accordait aux débats théologico-religieux entre ses personnages. Si son roman est une charge contre les luttes fratricides sous prétexte religieux, il est aussi un plaidoyer pour la liberté de conscience et une critique courageuse de l'extrémisme et du manque de cohérence entre les professions de foi et la vie morale de certains "croyants".

En résumé : Pas le meilleur texte de Mérimée. Personnages et péripéties sans surprise et sans originalité. le propos sur la religion est intéressant mais c'est trop peu pour recommander cette lecture.

Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2020
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
— Vous êtes bien délicat, mon père. Quant à moi, je ne sens
rien du tout.
— Est-ce que l’on flambe des cochons près de cette auberge ?
— Des cochons ? Ah ! voilà qui est plaisant ! Des cochons ?
Oui, à peu près ; ce sont bien des cochons, car, comme dit
l’autre, de leur vivant ils étaient habillés de soie ; mais ces cochons-là ça n’est pas pour manger. Ce sont des huguenots, révé-
rence parler, mon père, que l’on brûle au bord de l’eau, à cent
pas d’ici, et c’est leur fumet que vous sentez,
— Des huguenots !
— Oui, des huguenots. Est-ce que ça vous fait quelque
chose ? Il ne faut pas que cela vous ôte l’appétit. Quant à changer de salle pour dîner, je n’en ai qu’une ; ainsi vous serez bien
obligé de vous en contenter. Bah ! le huguenot, cela ne sent pas
déjà si mauvais. Au reste, si on ne les brûlait pas, peut-être
qu’ils pueraient bien davantage. Il y en avait un tas ce matin sur
le sable, un tas aussi haut… quoi ! aussi haut que voilà cette
cheminée.
— Et vous allez voir ces cadavres ?
— Ah ! vous me dites cela parce qu’ils étaient nus. Mais des
morts, mon révérend, ça ne compte pas ; ça ne me faisait pas
plus d’effet que si j’avais vu un tas de grenouilles mortes. Il
paraît tout de même qu’ils ont joliment travaillé hier à Orléans,
car la Loire nous en a furieusement apporté de ce poisson héré-
tique-là, et, comme les eaux sont basses, on en trouve tous les
jours sur le sable qui restent à sec. Même hier, comme le garçon
meunier regardait s’il y avait des tanches dans son filet, voilà-til pas qu’il trouve dedans une femme morte qui avait un fier
coup de hallebarde dans l’estomac. Tenez, ça lui entrait par là et
ça sortait entre les épaules. Il aurait mieux aimé trouver une
belle carpe, tout de même… Mais qu’avez-vous donc, mon révé-
rend ?… Est-ce que vous voulez tomber en pâmoison ? Voulezvous que je vous donne, en attendant votre dîner, un coup de
vin de Beaugency ? ça vous remettra le cœur au ventre.
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— Ton livre, ma Diane, n’est qu’un tissu de mensonges et
d’impertinences. C’est le plus sot qui soit jusqu’à ce jour sorti de
dessous une presse papiste. Gageons que tu ne l’as pas lu, toi
qui m’en parles avec tant d’assurance !
— Non, je ne l’ai pas encore lu, répondit-elle en rougissant
un peu ; mais je suis sûre qu’il est plein de raison et de vérité. Je
n’en veux pas d’autre preuve que l’acharnement des huguenots
à le dépriser.
— Veux-tu, par passe-temps, que, l’Écriture à la main, je te
montre… ?
— Oh ! garde-t-en bien, Bernard ! Merci de moi ! je ne lis
pas les Écritures, comme font les hérétiques. Je ne veux pas que
tu affaiblisses ma croyance. D’ailleurs tu perdrais ton temps.
Vous autres huguenots, vous êtes toujours armés d’une science
qui désespère. Vous nous la jetez au nez dans la dispute, et les
pauvres catholiques, qui n’ont pas lu comme vous Aristote et la
Bible, ne savent comment vous répondre.
— Ah ! c’est que vous autres catholiques vous voulez croire à
tout prix, sans vous mettre en peine d’examiner si cela est raisonnable ou non. Nous, du moins, nous étudions notre religion
avant de la défendre, et surtout avant de vouloir la propager.
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Ces hommes armés de hallebardes étaient des soldats du guet, dont une troupe se tenait toujours dans le voisinage du Pré-aux-Clercs pour être à portée de s’entremettre dans les querelles qui se vidaient d’ordinaire sur ce terrain classique des duels. Suivant leur usage, ils s’étaient avancés fort lentement, et de manière à n’arriver que lorsque tout était fini. En effet, leurs tentatives pour rétablir la paix étaient souvent fort mal reçues ; et plus d’une fois on avait vu des ennemis acharnés suspendre un combat à mort pour charger de concert les soldats qui essayaient de les séparer. Aussi les fonctions de cette garde se bornaient-elles généralement à secourir les blessés ou bien à emporter les morts.
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Il y a une certaine grâce à faire un défi, qui s’acquiert, comme bien d’autres, par l’habitude. Notre héros en était à sa première affaire, par conséquent il éprouvait un peu d’embarras ; mais, dans ce moment, il craignait moins de recevoir un coup d’épée que de dire quelque chose qui ne fût pas d’un gentilhomme.
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Satan, en se retirant, lui décharge un grand fendant de Colère ; puis, faisant une feinte d'Hypocrisie, lui pousse en quarte une botte d'Orgueil. le chrétien se couvre d'abord avec la Patience, puis il riposte à l'Orgueil avec une botte d'Humilité. Satan, irrité, lui donne d'abord un coup d'estoc de Luxure ; mais, le voyant rendu sans effet par une parade de Mortifications, il se jette à corps perdu sur son adversaire, lui donnant à la fois un croc-en-jambe de Paresse et un coup de dague d'Envie, tandis qu'il essaye de lui faire entrer l'Avarie dans le coeur. C'est alors qu'il faut avoir bon pied, bon oeil. Par le Travail on se délivre du croc-en-jambe de Paresse, de la dague d'Envie par l'Amour du prochain (parade bien difficile, mes frères) ; et, quant à la botte d'Avarice, il n'y a que la Charité qui puisse la détourner.
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