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Christian Chelebourg (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253138105
Le Livre de Poche (06/09/1995)
3.62/5   41 notes
Résumé :
"La scène se passe en Lithuanie. On y parle sanskrit presque pur. Une grande dame du pays étant à la chasse a eu le malheur d'être prise et emportée par un ours dépourvu de sensibilité, de quoi elle est restée folle; ce qui ne l'a pas empêchée de donner le jour à un garçon bien constitué qui grandit et devient charmant; seulement il a des humeurs noires et des bizarreries inexplicables."
Telle est, au dire même de l'auteur, la trame du récit limpide et troubl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Avertissement : Ce récit a été lu dans une vieille édition, sans aucun commentaire par un brillant professeur. Veuillez donc accepter mes excuses si je commets des contresens !

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on part dans le XIXe siècle et la mystérieuse Lithuanie avec Lokis, de Prosper Mérimée.

Or donc le professeur Wittembach raconte une étrange aventure de sa jeunesse. Lors de recherches linguistiques poussées, il rencontra le comte Szémioth, un homme jeune, solitaire et versé dans les lettres et les sciences. Ledit comte hébergea le narrateur, se montra fort affable et les jours se passèrent, entre promenades, recherches et visites chez Ioulka, une belle jeune fille demeurant non loin. Wittembach remarqua cependant certains phénomènes singuliers affectant l'humeur et la santé du comte…

-C'est moi qui commence !

-D'accord, tu commences.

-Bon alors ! Prosper n'a pas jugé utile de nous offrir un joli contexte avant de commencer son histoire. « Théodore, apporte mes notes, je te prie », et on s'arrête là. Qui est Théodore, où sont les gens, à quel point le professeur est vieux, d'où sort Adélaïde ? On n'en saura rien. Moi qui adore les ambiances douillettes De Maupassant, dont les personnages ont le bon goût de raconter leurs histoires pendant ou après un bon dîner ou en fin de plaisante soirée, me voilà bien déçue ! On ne le dira jamais assez : les préliminaires ça compte, la lecture ne se limite pas à la pénétration brute dans l'histoire !

-Bah au moins, tu ne peux pas te plaindre d'une trop longue attente avant d'entrer dans le vif du sujet !

-Mais entre une trop longue attente et zéro mise en place, il y a un juste milieu, quoi !

-Soit. Pour ma part, j'ai trouvé cette histoire fort intéressante. Et pourquoi ? Parce qu'elle joue sur ce que l'on regarde et entend, mais qu'on ne voit ni ne comprend.

-Rien compris. Tu expliques ?

-Bien sûr. Tout le long du texte, Wittembach passe du temps avec le jeune comte, il apprend à le connaître, il se promène avec lui… et il collecte ainsi maints petits faits, anodins d'apparence, et qui deviennent autant d'indices sur la véritable nature de son hôte.

A vrai dire, l'on ne pourrait reprocher à Wittembach de ne se rendre compte de rien, parce que toutes les étrangetés possèdent une explication rationnelle. le texte se révèle assez ironique là-dessus : le linguiste érudit reste aveuglé par les lumières de la science et de la raison, lumières dont les limites sont cependant exposées par le personnage du médecin, brute qui ne comprend pas ce qu'il est censé soigner.

Bref, j'ai adoré cette histoire pour sa façon d'osciller entre le « lalala, tout est normal », les « euh, mais c'est chelou, ça, non ? » et les « mmh, à mon avis, ce détail n'est pas posé là par hasard ». Et plus le texte avance, plus ces menus faits prennent de l'importance, de la gravité et provoquent l'inquiétude. Quand enfin tu comprends la nature de l'enlèvement subi par la mère du comte, là…

-Moi je regrette que le perso féminin, Ioulka, n'incarne rien d'autre qu'une bête coquetterie ! Elle passe son temps à se féliciter de son apparence et à minauder, c'est insupportable ! J'avais envie de m'attacher à elle, et finalement, elle ne joue rien d'autre qu'une poupée farceuse et fière d'elle-même, toujours en représentation de sa beauté !

-Pas faux… mais reconnais qu'elle sait mettre l'ambiance, on ne s'ennuie guère avec elle.

Quoi qu'il en soit, Lokis présente une nouvelle intéressante pour sa construction, sa progression, la façon dont elle met en place les pièces du puzzle…

-… mais il lui manque quelque chose à mon goût pour être complètement réussie. Un peu moins de froideur, peut-être, un peu moins de caricature avec Ioulka, un peu plus de contexte en début et en fin d'histoire. »
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Kurt Wittembach est un honorable savant, un fin linguiste, capable de vous étourdir d'étymologies savantes et de vous porter à l'extase à coups de champs sémantiques ...bref c'est un cuistre, assez calé, très rasoir, et complètement monomaniaque. Hors de la linguistique, point de salut, rien d'autre ne l'intéresse!

Et c'est lui que Mérimée, malicieusement, a choisi comme narrateur de son conte : on ne fait pas plus aveugle , plus sourd, plus obtus à tous les mystères de l'âme balte et de la Russie romantique que cet homme-là! le lecteur va devoir développer toutes ses qualités de Sherlock Holmes slave pour lire le sous-texte de cette histoire fantastique!

Nous sommes en Lithuanie, notre savant professeur est l'hôte du comte Michel -Mischka- Szémiot (!!!) ou plutôt de la bibliothèque de celui-ci! le comte est fort, vigoureux, la tête près de ..la chapka et prompt à la plus farouche jalousie. Il doit épouser une ravissante princesse polonaise, toute petite, toute fragile, toute blanche- terriblement coquette! Autour ce ne sont que forêts où l'on chasse-sauf le comte, qui ne semble guère goûter ce sport favori de l'homme...et où l'on croise d'inquiétantes gitanes qui vous font de sombres prédictions..La mère du Comte, cloîtrée dans le château, a été, dit-on, violée par un ours peu avant la naissance du comte : elle en est devenue folle. Il y a de quoi...

les indices un à un s'accumulent pour nous dessiner les contours d'une fable terrifiante où les hommes et les bêtes ont entre eux d'étranges rapports...

Le charme délicieux de la nouvelle vient de ce mélange de frissons et d'ironie: le narrateur, seul, semble ne rien comprendre à ce qu'il nous relate avec le plus grand sérieux!

C'est, à mon sens, une des meilleures nouvelles de Mérimée, avec Tamango. Bien supérieure à Colomba, qui m'a toujours un peu ennuyée, et même supérieure à Carmen, pour l'originalité de son sujet, de son cadre et de son point de vue narratif, qui contraint le lecteur à un décodage constant , l'amuse et le distrait ...avant de le jeter tout à coup dans la terreur, d'un grand coup de patte de"Lokis", le lécheur - l'ours, en lithuanien: c'est le professeur Kurt Wittembach qui vous le dit!!
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Vous prenez un professeur de linguistique très sérieux et extrêmement posé, exclusivement intéressé par ses recherches en langue jomaïtique, vulgairement appelée jmoude et vous le plongez dans une ambiance slave tout ce qu'il y a d'exotique avec légendes terrifiantes, une vieille aristocrate folle, un comte affable et séduisant, presque trop aimable, au regard étrange, une sorcière accompagnée de son inséparable serpent, une forêt lituanienne profonde et inquiétante, enfin une jeune fille mutine et évaporée "folâtre comme une chatte et blanche comme la crème".

Vous secouez le tout et vous obtenez un conte horrifique qui pourrait avoir inspiré Bram Stoker, quelques décennies plus tard, tant l'atmosphère pesante, inquiétante et mystérieuse créée par Prosper Mérimée fait songer au comte Dracula et à son château perdu dans les Carpathes ...

L'aventure vous tente ?
Je parle d'une aventure purement littéraire bien entendu, parce qu'en vrai ..... brrrr !
Vous y trouverez comme l'a promis Churchill jadis "du sang, de la sueur et des larmes" et vous y rencontrerez Lokis ....
Un seul regret. J'aurais, quant à moi, aimé que Mérimée prolongeât son incursion dans cette Lituanie si bien fantasmée.
En attendant, je vous offre une pinte de sang de cheval !
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Un vieux professeur raconte à un élève son séjour en Lituanie, étant fort intéressé par la langue du pays. La-bas, il a été reçu par un mystérieux comte (non non pas Dracula, ne pensez pas tout de suite et la nouvelle a été publié en 1869 soit avant et puis il y a pas de vampires) du nom de Szémioth à la taille haute, d'une humeur bizarre et d'une fascination aiguë pour la forêt. Il apprends que la mère de Szémioth, lors d'une partie de chasse, aurait été enlevée par un ours... Et depuis, elle est quasiment folle. le narrateur voit ensuite d'étranges signes autour du comte... Et puis un jour, ce dernier est fiancé à une polonaise... Mais qu'est vraiment Szémioth ?
Après la Venus d'Ille et les Âmes du Purgatoire, je m'attaque encore à une oeuvre fantastique de Mérimée. D'autant plus que cette nouvelle au titre singulier est considéré comme une des plus belles du XIXeme siècle, c'est dire. Est-ce vrai ?
Dans cette nouvelle, plane l'étrangeté absolu. Cette ambiance mystérieuse est renforcé par la culture balte et folklorique de la Lituanie. En effet, Mérimée digresse et nous montre les coutumes folkloriques et les légendes entourant cette contrée (qu'il a visité personnellement en plus), où la superstition et les présages y dominent, où son folklore est proche du folklore slave avec son rapport avec les animaux. Car vous l'aurez deviné, la figure de l'ours est dominante et y imprègne le récit : Lokis en lituanien est "l'ours", Michel, le prénom du comte, est également le nom de l'ours dans le monde slave... L'ours brun qui, on l'a oublié, était le roi des animaux bien avant que le lion lui vole la place et qui dans beaucoup de pays, est considéré comme ancêtre des hommes...
L'étrangeté est discret mais se manifeste : il n'y à qu'avoir la supposition d'une communauté d'animaux autonomes dans la forêt et l'apparition de la vieille femme aux champignons vénéneux avec des prédictions fort étranges... Rien que ça, cela donne froid dans le dos...
Il est intéressant de noter encore un point essentiel dans le fantastique du XIXeme siècle : l'opposition entre le rationnel et l'étrangeté, illustré par le narrateur sceptique et pragmatique face aux curieux signes. Dans presque toutes les oeuvres fantastiques de cette époque (époque même qui a donné naissance au genre fantastique moderne), on a toujours des héros incarnant le rationalisme mais confronté à un surnaturel qui se cache... où qui se dévoile brutalement à la fin. Et dans la nouvelle, cette confrontation est bien rendue, le narrateur semble dépassé par ce qu'il voit, on peut dire que le seul défaut est que nous, on voit très bien ce qu'il se passe et on devine même à l'avance la suite de l'histoire alors que lui, non ! J'avais presque envie de lui dire " ouvre les yeux !"
Et je ne parle pas de la chute de l'histoire, terrifiante et glaçante, révélatrice du rapport homme-bête et reprenant un thème connu illustré dans un certain conte... et qui ici tourne mal.
Et que de dire de l'écriture épurée mais non rigide, d'une écriture délicate mais expressive, parfois en distance avec le récit mais non sans nous éloigner complètement... ?
Une nouvelle très fascinante, à l'histoire originale, et autour des légendes sur l'ours, avec une ambiance fantastique bien mené. A lire absolument.
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Une nouvelle très sympathique.

J'ai beaucoup aimé retrouver Mérimée (La Vénus d'Ille fut l'un de rare livre lu au collège qui m'ait plu). La nouvelle est donc une histoire qui met en scène de professeur de philologie qui narre l'étrange rencontre faite en Lituanie alors qu'il étudiait le vocabulaire d'une langue. J'avoue que le mode de narration m'a bien plu.

Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, bien qu'elle m'ait plu, je ne peux pas vraiment dire que j'ai été surpris pour plusieurs raisons. La première est que cette histoire, bien qu'elle se passe ne Lituanie, reprend des éléments de contes français que je connaissais. Donc, j'ai vu arriver les choses. Ensuite, hélas, j'ai eu récemment l'occasion de lire plusieurs livres qui évoquaient ce texte et qui révélaient (plus ou moins) la fin…

J'ai beaucoup aimé l'ambiance de ce récit. L'auteur maitrise très bien son terreau légendaire et sait très bien mettre en scène « la magie des croyances ».
La palette des personnages est très bien construite, surtout le comte qui n'est pas caricatural (pour le sujet abordé).

Une seule chose m'a laissée un peu… dubitative. Les livres qui évoquaient cette nouvelle (ainsi que des enregistrements de Michel Pastoureau) parlent de cette nouvelle comme l'une des plus belles de la littérature française. J'avoue que j'ai du mal à comprendre. Bien sûr, je dois bien avouer mon manque de connaissance des textes « classiques » de la littérature française. de plus, je ne suis pas très doué pour les études de textes.
Si quelqu'un en sait plus, je suis toute à faire ouverte à des explications.

Bref, un très bon moment de lecture, même si la chute de cette nouvelle ne m'a pas surprise.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Dès que nous entrâmes dans la salle à manger, un maître d’hôtel nous présenta, selon l’usage du nord, un plateau d’argent chargé de liqueurs et de quelques mets salés et fortement épicés propres à exciter l’appétit.
- Permettez-moi, monsieur le professeur, […] de vous recommander, en ma qualité de médecin, un verre de cette starka, vraie eau-de-vie de Cognac, depuis quarante ans dans le fût. C’est la mère des liqueurs. Prenez un anchois de Drontheim, rien n’est plus propre à ouvrir et préparer le tube digestif, organe des plus importants… Et maintenant à table.
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Tout à coup, une femme de haute taille, pâle, maigre, les vêtements en désordre, les cheveux épars, et tous les traits contractés par la terreur, parut au haut du perron, sans que personne pût savoir d'où elle venait.

- A l'ours ! criait-elle d'une voix aiguë ; à l'ours ! des fusils !... Il emporte une femme ! tuez-le ! Feu ! feu !

C'était la comtesse. L'arrivée de la mariée avait attiré tout le monde au perron, dans la cour, ou aux fenêtres du château. Les femmes mêmes qui surveillaient la pauvre folle avaient oublié leur consigne ; elle s'était échappée, et, sans être observée de personne, était arrivée jusqu'au milieu de nous. Ce fut une scène très pénible. Il fallut l'emporter malgré ses cris et sa résistance. Beaucoup d'invités ne connaissaient pas sa maladie. On dut leur donner des explications. On chuchota longtemps à voix basse. Tous les visages étaient attristés. " Mauvais présage " disaient les personnes superstitieuses ; et le nombre en est grand en Lithuanie.
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Vous tenez une arme à feu chargée. Votre meilleur ami est là. L’idée vous vient de lui mettre une balle dans la tête. Vous avez la plus grande horreur d’un assassinat, et pourtant vous en avez la pensée. Je crois, messieurs, que si toutes les pensées qui nous viennent en tête dans l’espace d’une heure… je crois que si toutes vos pensées, monsieur le professeur, que je tiens pour un sage, étaient écrites, elles formeraient un volume in-folio peut-être, d’après lequel il n’y a pas un avocat qui ne plaidât avec succès votre interdiction, pas un juge qui ne vous mît en prison ou bien dans une maison de fous.
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Je crois, monsieur le comte, que les animaux sont physionomistes, et qu’ils découvrent tout de suite si une personne qu’ils voient pour la première fois a ou non du goût pour eux. Je soupçonne que vous n’aimez les animaux que pour les services qu’ils vous rendent ; au contraire quelques personnes ont une partialité naturelle pour certaines bêtes, qui s’en aperçoivent à l’instant. Pour moi, par exemple, j’ai depuis mon enfance une prédilection instinctive pour les chats. Rarement ils s’enfuient quand je m’approche pour les caresser ; jamais un chat ne m’a griffé.
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Vous savez que dans le roman de Renart l’ours s’appelle damp Brun. Chez les Slaves, on le nomme Michel, Miszka en lithuanien, et ce surnom remplace presque toujours le nom générique, Lokis. C’est ainsi que les Français ont oublié leur mot néolatin de goupil ou gorpil pour y substituer celui de renard. Je vous en citerai bien d’autres exemples…
Mais Adèle remarqua qu’il était tard, et on se sépara. 
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