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Critique de Iboo


Ce qui, entre autres, fait la force de ce livre est la manière dont Robert Merle s'est effacé pour entrer dans la peau de Rudolf Lang (Hoess).
Ce n'est pas une grosse prise de risque que de se faire le porte-parole de victimes mais il faut du cran pour décider que l'on va décrire l'effroyable par la voix d'un bourreau. Et, qui plus est, d'un bourreau qui ne s'est jamais repenti.

En effet, inconsciemment, nous avons tendance à considérer les S.S. comme une sorte d'humanoïdes, programmés pour l'extermination et parachutés sur Terre à une période donnée allant de 1941 à 1945, prolongée pour certains jusqu'au Procès de Nuremberg en 1947.
Par cette audacieuse prise de position, Robert Merle leur redonne la dimension "humaine" d'individus lambda qui, en d'autres circonstances, auraient suivi, avec la même discipline, un parcours banal : enfant, adolescent, adulte, mari, père...
Je n'irais pas jusqu'à supputer que nous croisons certainement chaque jour des Rudolf Hoess en puissance mais, finalement, au lu de "La Mort est mon métier", je ne vois pas ce qui me permettrait de penser le contraire.

Aucun livre sur cette période tragique ne m'aura atteinte comme celui de Robert Merle.
Aucun voyeurisme, aucun pathos, aucun sentiment, dans sa narration. De la méthode, rien que de la méthode... à l'image de Rudolf Lang (Hoess).

Lang (Hoess) est dangereux car il n'a pas de faille, ne traduit aucune émotion, ne reconnaît pas celles des autres. Il ne boit que très modérément et à des occasions spéciales, dort très peu, ne mange que pour se nourrir, ne baise que sans plaisir et par nécessité. Il est incapable d'explosions de joie ou de passions dévorantes, est inapte à tout sentiment, même celui de haine.
Rudolf Lang est un exécutant au sens le plus complet du terme.

Je terminerais mon commentaire en reprenant les mots de la préface de Robert Merle :
"Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs "mérites" portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir ; et c'est en cela justement qu'il est monstrueux."
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