Citations sur Les Hommes protégés (21)
Ce qui ne vas pas chez l'homme, c'est qu'il gâche la moitié de sa vie à espérer ou à craindre ce qui va arriver le lendemain.
Je trouve qu’il ne faut pas se tromper d’ennemi. L’homme n’est pas un ennemi – même s’il joue souvent à l’égard de la femme un rôle négatif. Il ne faut pas confondre l’acteur qui joue le rôle avec celui qui écrit le scénario.
— Et qui a écrit le scénario ?
— La culture misogyne dont nous avons hérité.
— Bedford vous dirait que c’est l’homme qui a fondé cette culture.
— Oh, écoutez, docteur, il y a si longtemps ! On ne va quand même pas frapper l’homme d’un second péché originel. [...]
— Je vais vous étonner, dit-elle. Il y a même des jours où je me demande si c’est bien exact que la femme se libère par le travail.
— Oh, quand même, ça, c’est vrai !
— C’est surtout vrai pour les penseuses de LIB. Elles sont avocates, médecins, journalistes. Bref, une élite. Mais pour une ouvrière dans une usine, vous trouvez que c’est très « libérateur » de faire un travail à la chaîne, avec un contremaître sur le dos ?
Il y a des moments, dans la vie des peuples, où les phrases ont la vertu de changer les faits ; où l'on constate avec stupéfaction que le délire verbal remplace la vérité scientifique.
Ce qui ne va pas chez l'homme, c'est qu'il gâche la moitié de sa vie à espérer ou à craindre ce qui va arriver le lendemain. Bousculé sans aucun répit d'échéance en échéance, il passe d'une attente à une autre et perd son aptitude à jouir du présent.
Pièce sans fenêtre à air conditionné. Boiseries de chêne à mi-hauteur. Au dessus, les murs sont blancs avec une seule gravure représentant une scène de la vaccination antivariolique à Cuba en 1900. Moquette épaisse où, en entrant, j'ai enfoncé jusqu'aux chevilles. Gros siège confortable, où, sur un geste, je m'enfouis jusqu'aux hanches.
Là-dessus, un long silence. Je suis ici pour parler, mais on n'a pas l'air de m'y inviter volontiers. La parole n'est pas une chose dont les grands de ce monde aiment se dessaisir : ils préfèrent s'écouter qu'écouter.
Au surplus, je m'en rend bien compte, je ne suis pas "persona grata".
Ni moi, ni ce que j'ai à dire. On me laisse mijoter.
Que je me pénètre bien, au départ, de mon insignifiance...
(extrait du chapitre I)
Ce qui ne va pas chez l'homme, c'est qu'il gâche la moitié de sa vie à espérer ou à craindre ce qui va arriver le lendemain. Bousculé sans aucun répit d'échéance en échéance, il passe d'une attente à une autre et perd son aptitude à jouir du présent.
Il y a une expression que j'aime bien : "Rire à gorge dėployée", bien qu'elle soit absurde, car une gorge se gonfle, elle ne se déploie pas.
Non, ce qui me plonge dans un profond malaise, c'est le genre de griefs retenus contre moi : un sourire, un regard, le contact d'une main, autant de crimes. Je ne m'habituerai jamais à cette contre-sexualité fanatique.
dans les moments de crise, la France a toujours aimé placer des vieillards à sa tête. Quand Clemenceau prit le pouvoir en 1917, il avait soixante-seize ans. Pétain devint chef de l'État à quatre-vingts-quatre ans, et de Gaulle démissiona à soixante-dix-neuf ans.
Mais la logique et la vérité n'ont rien à voir avec la faveur populaire. Aux Etats-Unis, on l'avait souvent noté et non sans tristesse, plus un politicien était menteur, tortueux et retors, moins il avait tenu les promesses faites lors d'une précédente campagne électorale pour accéder au pouvoir, et plus il avait de chances d'être triomphalement réélu contre son concurrent le plus honnête.