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Un récit de Robert Merle publié en 1974 qui touche deux thèmes d'actualité: principalement la place des femmes dans la société, mais aussi les réactions politiques et populaires face à un virus dévastateur.

Le point de départ de ce roman de science-fiction est le virus de l'encéphalite 16, qui provoque la mort des hommes capables de procréer; les autres hommes, ainsi que les femmes, sont épargnés. Par les temps qui courent, j'ai trouvé les premiers chapitres savoureux. Ce n'était pas de la science-fiction mais de l'anticipation ! Je pense en particulier à ce président qui ne voulait pas trop parler de ce virus parce qu'il craignait qu'il occulte un autre thème qu'il voulait mettre en évidence pour servir sa réputation. On voit ensuite le mouvement des « Continents » prôner l'abstinence comme moyen de se prémunir contre le virus, avec le soutien de la religion. Mais avant la mise au point d'un virus, la seule protection réellement efficace était celle prônée par les « Abolitionnistes »: la castration. Savoureux aussi de voir les Continents croire en leurs prophètes comme si leurs croyances étaient science.

On peut imaginer les réticences face à cette solution radicale… le virus fait donc des ravages et l'on voit ainsi les femmes occuper peu à peu la place des hommes, y compris à des postes de dirigeants.

Le personnage principal du roman est le Docteur Martinelli. Il n'est pas un Ablationniste, mais un « Homme protégé ». Avec son équipe, il est détenu dans une camp retranché qui l'isole de tout contact avec des hommes porteurs du virus afin qu'il puisse mener ses recherches pour la mise au point d'un virus. D'autres scientifiques y mènent d'autres recherches.

Le camp est dirigé par une femme et ce sont des femmes qui en sont les gardiennes. Martinelli y reçoit parfois la visite de son épouse, quand sa carrière politique le lui permet.

J'ai trouvé que cette description d'une société où les femmes ont une position dominante était un plaidoyer féministe assez subtil. J'avoue en effet m'être surpris à trouver perturbant de voir certaines femmes dans des rôles inhabituels, pour ensuite me sentir mal l'aise d'avoir eu cette réaction. Je n'étais pas fier de m'être vu victime de clichés tenaces. C'est là la subtilité indirecte du message de Robert Merle.

Le récit est donc intéressant pour son message, tout en procurant une lecture plaisante par les intrigues et les luttes de pouvoir qu'il raconte. Pour tout cela, je vous le recommande, même si le dénouement a un côté libertaire que j'ai trouvé plus faible, de même que certains clichés sexistes qui parsèment le récit et qui m'ont paru artificiels; peut-être aurais-je réagi autrement si j'avais été un lecteur de 1974.
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Voila un livre des plus étonnants, détonnant et probablement sujet à controverse. C'est un roman que j'ai lu avec beaucoup d'étonnement, surtout pour la façon dont le sujet est traité et l'ensemble des sujets qu'il balaye avec son pitch de base. Parce qu'il faut bien le dire, un tel roman ça ne s'invente pas !

Parti de l'idée d'une maladie touchant les hommes seulement, nous voyons, au fur et à mesure du livre, développer un état qui confine et enferme (tiens, c'est d'actualité ça !) tout les hommes dans le but déclaré de les protéger. Cependant, nous découvrons bien vite que derrière cette façade respectable, un état dictatorial et totalitaire de femme se met en place. Une mise en situation qui n'a pas été sans me rappeler les excellents mots de Terry Pratchett à la fin du volume "Le régiment monstrueux" : "L'ennemi, ce n'étaient pas les hommes, ni les femmes, ni les vieux ni même les morts. Mais les foutus imbéciles de tous poils.".
Parce que le roman se concentrera, au travers d'une fiction sur le sexisme, sur la façon dont un état totalitaire renversant les valeurs sexistes de notre société ne sera au final qu'un état dictatorial et totalitaire. Et que cela ne concerne ni les femmes ni les hommes, mais les personnes qui font des choses atroces au nom de leur sexe. Une bien belle réflexion, et je trouve même assez osée, de la part de l'auteur.

Mais ce qui me bluffe réellement dans ce livre, c'est le renversement final qui donne toute la saveur au travail de politique et de rapport de sexe posé dans le livre. En effet, l'auteur ne finit non pas sur une morale facile et peu intéressante, celle qui aurait choisi la facilité d'une dictature pas sympa, de féministe extrémiste s'accaparant le pouvoir et qu'on renverse pour remettre une démocratie.

Non, de façon bien plus intelligente, Robert Merle développe un renversement d'un état totalitaire pour une démocratie sexiste ... envers les hommes. Et ce renversement final est magistralement orchestré par le personnage principal qui devient ce que sont les femmes dans notre monde. Entre les regards dans la rue, les considérations de bas-étage ou le renvoi continuel à une position sociétale précise (et pas forcément voulue), on est dans la dénonciation directe de notre sexisme sociétale. Sauf que l'auteur ne s'arrête toujours pas là, et présente ce monde comme plus juste et plus humain que le notre. Non pas dans une égalité de fait entre hommes et femmes, mais dans une relation de domination des femmes sans conteste. Et là, on touche au superbe, puisque l'auteur nous laisse sur un monde non-idyllique, porteur de questions et de réflexions qui nous sont toutes laissées. Robert Merle ne développe pas plus et c'est ce qu'il fallait, à mon sens : laisser au lecteur le choix de comprendre et retirer ce qu'il veut de cette lecture. le bien et le mal ne sont pas net, dans cette fin. Si le roman conspue le totalitarisme, il ne dit rien sur un éventuel sexisme de la société (présenté peut-être comme inévitable, même si ce n'est pas clairement exprimé). Bref, Robert Merle nous sort quelque chose de bien différent de ce à quoi nous avons l'habitude dans des romans dystopiques du genre.

Le roman est servi, dans son propos, par des personnages géniaux et que j'ai adoré suivre : des véritables tronches que l'on se plait à découvrir, chacun ayant sa particularité et son fond, que nous découvrons parfois petit à petit, et surtout des retournements qui font sentir tout ce qui échappe au lecteur mais aussi au personnage principal. Nous sommes dans un monde où tout n'est pas totalement expliqué, ou une partie des évènements nous échapperont. C'est d'autant plus prenant lors de la lecture, qui semble devenir un thriller, tout autant qu'un roman d'anticipation, de réflexion sur le sexisme ou encore un roman d'amour, dans lequel les personnages n'auront pas la fin que l'on suppose. Bref, une bien belle composition, intelligente et bien menée.

Ce roman, je le vois comme une des anticipations/réflexions sur le sexisme des plus réfléchie parmi celles que j'ai lu. En fait, je l'oppose presque à La servante écarlate, que j'avais trouvé fade et peu consistant dans sa réflexion, justement. Ici, le propos final est réellement philosophique, le questionnement restant latent et tout au lecteur. Je ne dirais pas que j'en ai eu une lecture totale et juste, mais que chacun aura sa propre lecture et sa propre réflexion autour de ce livre, ce qui est parfait pour un tel sujet. Peut-être encore plus d'actualité maintenant que lors de sa sortie, Robert Merle sait tomber juste dans sa vision du monde. Un auteur des plus intéressant que j'ai hâte de découvrir plus avant.
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Une chose que l'on peut dire à propos de Robert Merle c'est qu'il sait se renouveler. Bon, en même temps, c'est facile pour moi de dire ça, je n'ai lu que deux romans de cet auteur.
Après La mort est mon métier, qui m'avait laissée presque sans voix, roman qui parle, pour ceux qui ne le savent pas encore, de la vie du dirigeant fictif (enfin, fictif...) du camp d'Auschwitz, il s'attaque cette fois-ci à la dystopie.

Imaginez une épidémie mondiale (bon, d'accord, vous ne devriez pas avoir besoin de beaucoup d'imagination, malheureusement).
Imaginez surtout que cette épidémie ne touche que les hommes, plus particulièrement les hommes en capacité de procréer.
Imaginez donc ce que ce monde peut donner si le système phallocrate ne peut plus durer et que, par conséquent, les femmes arrivent au pouvoir.

C'est ce monde que nous raconte ici l'auteur par le biais de son narrateur, un éminent neurochirurgien devenu un « homme protégé », soit un homme en danger que l'on met à l'abri afin qu'il puisse trouver un remède au mal qui ronge le monde. A moins, au contraire, que les nouveaux dirigeants, ou plutôt dirigeantes, aient d'autres projets en tête.

Même si ce roman a un tout petit peu mal vieilli, de mon point de vue, en ce qui concerne la forme particulièrement, il ne faut pas oublier de le replacer dans le contexte de l'époque, soit les années 70, le début des mouvements féministes et d'avancées significatives pour les femmes. N'oublions pas que les femmes n'avaient pas le droit de travailler sans le consentement de leur mari ou de posséder leur propre compte bancaire avant 1965, et qu'elle ne possède l'autorité parentale sur leurs enfants que depuis 1970, cette dernière étant entièrement dévolue au père avant. Sans oublier le droit à la contraception, de l'enfant quand je veux et si je veux, etc... Et c'était assez couillu, excusez-moi l'expression, pour l'époque d'écrire un roman où le pire cauchemar des hommes prend sens et réalité.

Je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec un autre roman, beaucoup plus contemporain, lu il y a deux ou trois ans, le pouvoir de Naomi Alderman où l'autrice arme les femmes d'un artefact extraordinaire. On ne peut bien entendu pas comparer ces deux romans sur tous les plans, deux temps, deux époques, beaucoup de changements sociétaux depuis, mais si je dois dire quelque chose est, qu'au final, j'ai trouvé le roman de Robert Merle plus abouti.

J'ai passé un agréable moment de lecture même si l'auteur n'a pas réussi à totalement me convaincre sur certains aspects, et il n'est pas parvenu non plus à passer au travers de certains écueils, notamment la domination subliminale de l'homme sur la femme, donnant quand même le très beau rôle à son « héros » alors que les femmes peuvent passer tout de même pour des dames n'attendant finalement que le prince charmant. Libres, certes, mais pas complètes.

En soi, c'est un roman que je conseille de lire, particulièrement en ces temps #metoo et compagnie.

Lu (et manifesté) en octobre 2021
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A lire !

Ce livre m'a fait penser à une célèbre expérience de psychologie sociale réalisée sur les rats.
Pour faire court et simple : on a mis des rats dans une cage avec à un bout de la nourriture et des obstacles pour arriver à celle-ci. Très vite parmi les rats on retrouve un dominant, un dominé et un souffre-douleur.
Le plus étonnant dans cette expérience c'est qu'en ne mettant que des individus dominants, uniquement des dominés ou des souffre-douleurs, la même hiérarchie se remet en place après une nuit de combats.
Même en ne mettant que des rats dominés dans une cage on va retrouver ce schéma de dominant, dominé, souffre-douleur. Comme si, pour fonctionner, le groupe rats avait besoin de ce système de castes.
L'être humain étant lui aussi un être social, a t-il, comme le rat, nécessairement besoin d'un schéma identique ?

Peut-être que Robert Merle a pensé à cette expérience en écrivant ce livre.
Mais il a plus probablement été inspiré par les évènements qui l'entouraient.
Les hommes protégés date du milieu des années 70. A l'époque le Women's Lib (MLF en France) prend de l'ampleur. Les femmes se font entendre, les artistes s'insurgent. Quelques années avant les 343 salopes ont eu le courage de rappeler que nos corps nous appartiennent et que l'on en dispose comme bon nous semble.
C'est dans ce climat que Robert Merle écrit Les hommes protégés.
Je ne sais pas où il se place dans le débat - je n'ai pas fait de recherches - mais son livre fait clairement réfléchir et mériterait, encore aujourd'hui, d'être beaucoup plus lu, notamment dans les lycées où il pourrait donner naissances à de beaux débats.

Nous sommes aux États-Unis. Une maladie, l'encéphalite 16, se répand à une vitesse vertigineuse. Cette maladie ne touche que les hommes et les tue en masse en très peu de temps.
Les femmes se retrouvent, malgré elles, à devoir assumer toutes les plus hautes fonctions de la société. Et désormais, à la tête du pays, Bedford, une LIB dure.
Le Dr Ralph Martinelli, le premier a avoir découvert la maladie, est mis sous cloche avec d'autres hommes à Blueville, où il doit mettre au point un vaccin. Ils sont désormais les "hommes protégés".

Du monde extérieur nous n'aurons que quelques bribes, comme le Dr Martinelli. Comme lui, nous vivons dans le huis-clos de Blueville mais on devine toute l'horreur de ce qu'il se passe en dehors des murs de ce "château". Ce qu'il se passe à l'intérieur n'est pas plus réjouissant et nous ouvrons les yeux sur la réalité au même rythme que le protagoniste (quand il n'est pas en train de détailler ses congénères...).

Roman féministe ? Pour l'égalité des sexes ? Excuse à la misogynie ? Il y a de tout ça dans Les hommes protégés.
Si on sent bien parfois que Martinelli (et par là l'auteur) prend la mesure de toute l'injustice faite aux femmes, on sent aussi qu'il veut faire comprendre qu'il n'est qu'une victime d'une culture.
La guerre ou l'éducation ? Dans un cas comme dans l'autre, est-ce suffisant ? Ne sommes-nous pas comme les rats de l'expérience ?

L'auteur aborde beaucoup de thèmes (l'égalité des sexes bien sûr, mais aussi le racisme, les dérives de la science, le fascisme, les relations de couple, le rapport à la maternité...) et le fait avec brio.

La plume est fluide, agréable et belle.
Difficile de lâcher le livre quand on l'a commencé.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un coup de coeur mais il l'a frôlé.

Je pensais n'avoir jamais lu Robert Merle mais en me penchant sur sa bibliographie grâce au challenge solidaire je me suis rendue compte que j'avais découvert Un animal doué de raison il y a fort fort longtemps. C'est très confus, je me souviens bien du nom des deux dauphins et il me semble que j'avais beaucoup apprécié à l'époque.
Après lecture de Les hommes protégés, j'ai très envie de relire ce titre et surtout Malevil qui me paraît lui aussi très très prometteur.

J'ai vraiment beaucoup aimé Les hommes protégés qui, près de 50 ans plus tard, sonne très actuel (et je ne suis pas certaine que ce soit une bonne nouvelle pour la cause féminine...).
Définitivement un titre à lire !
Lien : https://demoisellesdechatill..
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Les écrivains de SF (même publié en blanche) ont de l'imagination à revendre : inventer un monde où les femmes seraient au pouvoir ! La suspension consentie de l'incrédulité n'a qu'à bien se tenir.

Une épidémie mortelle frappe la gente masculine. Afin de continuer à faire tourner la machine, les femmes s'installent au pouvoir, politique, économique et social. Renversement des rôles sociaux avec à la tête de la Maison blanche, une féministe pure et dure. le Dr. Martinelli travaille sur la recherche d'un vaccin, mais comme il est un mâle, il est protégé des autres hommes pour ne pas être contaminé. Toute la question est de savoir si il est protégé ou prisonnier ?

Le combat féministe ne date pas d'aujourd'hui. Déjà dans les années 60-70, certaines avaient voulu quitter les fourneaux. Robert Merle, qu'on ne présente plus (Malevil, La mort est mon métier) avait alors imaginé un monde matriarcal oppressant pour les quelques mâles restant.
Comment après des années de patriarcat, changer la société ? La ligne revancharde prônée par la présidente des Etats-Unis provoque un séisme, les hommes deviennent des parias. certains, pour montrer leur bonne foi, préfèrent devenir ablationnistes (je vous laisse le soin d'imaginer ce qu'il en retourne), d'autres choisissent la liberté et ses chemins de traverse et d'autres, de part leur connaissances, sont protégés pour servir les intérêts patriotiques.

Dans un monde en huis clos, l'auteur distille peu à peu les éléments de cette société, en tirant les conséquences psychologiques et sociétales d'un tel paradigme. D'un début outrancier, une dictature féministe, chaque personnage apporte par la suite une touche de nuance, en particulier le Dr. Martinelli qui s'interroge de plus en plus sur l'ancien monde patriarcale et misogyne.
Le thriller pêche par moment mais nous sommes légèrement dans la Commedia dell'arte même si le fond est sérieux. Certaines situations sont surjouées, le personnage principal est un peu macho, un charmeur italien qui a du mal à ne plus tenir le haut du pavé. Ce qui fait que l'on passe un bon moment de détente, tout en se posant quelques questions sur l'égalité entre les sexes et quelques milliers d'années d'oppression masculine.

Un roman qui n'a rien perdu sa force critique
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Une épidémie d'encéphalite frappe soudain les hommes, ils sont alors remplacés dans leurs rôles sociaux par les femmes.
Le Dr Martinelli qui recherche un vaccin est enfermé mais une fois le remède découvert, sera-t-il utilisé et Martinelli saura-t-il s'adapter à cette société où les hommes ne jouent plus qu'un rôle subalterne ?
Robert Merle nous offre ici un excellent roman d'anticipation qui nous propose par sa lecture une réflexion sur la dualité de l'être humain et ses répercussions dans la société.
Dans la lignée de "Malevil" et de "Madrapour".
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Première chose avant de parler du bouquin : on ne lit pas la quatrième de couverture. Interdit. Prohibido. Forbidden. Verboten. Parce qu'une quatrième de couverture qui vous cause de choses qui se passent à la page 400 sur 450 qu'en compte le bouquin, c'est nul. Oui, nul. Pourri. A chier. Compris Folio ? Maintenant, on refait le pitch mieux que ça. Et on cause du coeur de l'histoire.

Il y a un peu plus d'un an, j'ai lu un bouquin dont je vous ai depuis rabâché les oreilles lors des sélections, La servante écarlate de Margaret Atwood. Mais près de 10 ans avant sa publication, un auteur français avait déjà tenté d'imaginé une société uchronique relativement flippante, dans laquelle pour le coup, ce sont les femmes qui prennent les rennes et transforment les hommes en objets. Si le parallèle entre les deux livres est plus complexe, Les hommes protégés est un bouquin qui résonne entre de manière très forte à la lumière des derniers mouvements de libération de la parole des femmes.

Dans ce roman, les hommes mourants tous peu à peu, les femmes vont de fait prendre leur place. Mais il y a au sein du genre féminin deux types de personnes : les féministes extrémistes, qui profitent de l'occasion pour se venger de la domination masculine, phallocrate, misogyne et j'en passe qu'elles ont subi depuis des années, et des féministes modérées, qui ont bien saisi qu'un univers équilibré ne pouvait exister sans que les hommes y aient une place égale à la leur. Alors oui, évidemment, on pense tout de suite aux débats qui agitent notre société contemporaine sur l'égalité entre les sexes, sur la place et la reconnaissance que les femmes doivent obtenir dans la sphère professionnelle, politique, mais aussi aux chasses à l'homme qui se montent et peuvent parfois avoir tendance à généraliser et virer dans les extrêmes.

Si la première moitié du roman pose le cadre de manière un peu lente, prenant le temps de positionner les personnages, les différentes castes de cette nouvelle société, l'intrigue gagne peu à peu en densité pour arriver à la limite du thriller, quand Martinelli se rend compte de la situation complexe dans laquelle il se trouve, de la surveillance constante dont il fait l'objet et des manipulations politiques qu'il sert.

Première découverte de Robert Merle, Les hommes protégés m'a moins parlé que La servante écarlate mais il reste très puissant dans l'imagination d'une société pas si éloignée de la nôtre, vers laquelle on pourrait peut-être tout à fait basculer là encore... Un roman qui rappelle combien nous vivons sur des fils, en équilibre fragile...
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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À la suite d'une épidémie d'encéphalite qui ne frappe que les hommes, les femmes les remplacent dans leurs rôles sociaux, et c'est une Présidente, Sarah Bedford, féministe dure, qui s'installe à la Maison-Blanche. le Dr. Martinelli, qui recherche un vaccin contre l'encéphalite, est enfermé avec d'autres savants à Blueville, dans une «zone protégée» qui les tient à l'abri de l'épidémie mais dans un climat de brimades, d'humiliations et d'angoisse. Martinelli acquiert vite la conviction que son vaccin ne sera pas utilisé, du moins sous l'Administration Bedford. C'est paradoxalement chez les femmes qu'il trouvera ses alliées les plus sûres et par les femmes qu'il sera libéré. Mais, une fois Bedford remplacée à la Maison-Blanche par une féministe modérée, Martinelli saura-t-il s'adapter à une société où les hommes ne jouent plus qu'un rôle subalterne ?

MES IMPRESSIONS :

Elles sont très fortes.
C'est pour moi, un chef d'oeuvre !

Outre le fait que je retrouve ici l'âme d'Aldous Huxley ou George Orwell, ce livre me fait imaginer un monde où les rapports sociaux hommes / femmes de l'époque (1974) sont inversés.

USA, 1974. Les hommes "fertiles" tombent comme des mouches à cause de l'encéphalite 16 qui est conséquente à la spermatogénèse. Les femmes ont du mal à suppléer dans les domaines comme l'armée, la diplomatie ou l'industrie.
Les femmes décident d'isoler des hommes de valeur. Ce sont "les hommes protégés". Au chateau, prison dorée qu'il partage avec d'autres chercheurs, Ralph cherche le vaccin à l'encéphalite, il "se bat pour que le couple humain soit à nouveau possible."
Le monde appartient aux femmes. Les LIB (mouvement de libération de la femme) dirigent les USA. "Les hommes sont de sales phallocrates". le statut social est bouleversé, "n'ayant rien à voir avec le statut technique."
De nouvelles castes hiérarchiques sont créées :
les femmes,
les hommes "A" (ablationnistes),
les hommes protégés,
les stags, (hommes seuls vivant à l'écart de la civilisation)
les vieux.

Le style de Robert Merle est clair, fluide comme j'aime, et nous embarque dans l'aventure. Par sa grande connaissance de la nature humaine, l'auteur nous emmène dans le questionnement de Martinelli, l'outrance et le cynisme de Deborah, Helsingforth et de Bedford, l'assurance, l'observation et les volte face de Burage et Jackie, l'indifférence ou l'opportunisme d'Anita.
Enfin, il y a tous les comportements "machas" qui seraient délicieux s'ils n'étaient pas dramatiques.
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Roman d anticipation nous plongeant dans une société dominée par les femmes suite à une épidémie d encéphalite décimant les hommes en âge de procréer. Une intrigue autour d un contre pouvoir a une politique du gouvernement féminin americain qui veut stériliser les hommes et parvenir à une société où les hommes n auront plus aucune utilité....
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Si je vous parle d'une pandémie mondiale, mais qui ne touche ici que les hommes, et permet ainsi aux femmes d'accéder au pouvoir, ça vous parle ??? Et bien c'est le pitch du livre de Robert Merle "Les hommes protégés", écrit en 1974 et pourtant terriblement d'actualité.
Cette épidémie d'encéphalite imaginaire n'atteint donc que les hommes, qui n'ont alors devant eux qu'un choix bien réduit : accepter la situation et mourir, se faire châtrer, ou bien être parqués dans des camps et devenir ainsi des Protected Men. C'est cette dernière solution que choisit Ralph, brillant scientifique en quête d'un vaccin contre ce fléau. Mais pendant ce temps-là, les femmes prennent le pouvoir, et sont bien décidées à le garder...
On s'est souvent demandé ce que deviendrait notre société si les cartes étaient redistribuées, et Robert Merle apporte ici sa vision. Par contre pour le coup je l'ai trouvée très années 70, avec la libération sexuelle et la géopolitique de l'époque. C'est aussi un peu long et répétitif sur la fin du roman, mais waouh, quelle résonance avec le confinement d'aujourd'hui !
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