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J'ai lu « L'Île » avec délectation l'été dernier durant mes vacances à la mer ; mais emportée par l'indolence contagieuse de la plage, j'ai manqué à mon devoir de vous le présenter. Pourtant ce roman mérite d'être lu et partagé. Alors, même si je ne l'ai pas entre les mains du fait du confinement, je profite de notre huis clos forcé pour vous le suggérer. Inspiré par l'histoire vraie des mutinés du Bounty, l'auteur imagine une suite romanesque pour palier l'incertitude historique. Peut-être cette histoire contribuera-t-elle à votre évasion ; elle a été pour moi un vrai coup de coeur.


Robert Merle nous raconte, avec son talent particulier, une mutinerie en pleine mer, sur un bateau de sa majesté. Pour éviter la pendaison (du fait des meurtres), le reste de l'équipage se met d'accord pour ne pas retourner au pays. Il sera plutôt décidé de chercher une île inoccupée afin de s'y installer. Mais d'une part, il manque désormais du personnel pour bien manoeuvrer le bateau ; et d'autre part, l'équipage est fortement désorganisé, la hiérarchie est mise à mal, et les décisions sont difficiles à prendre. Nos nouveaux amis vont donc faire une brève escale à Tahiti : le lieutenant Purcell y connaît les habitants. Parmi eux, se trouvent des hommes qui voudront bien tenter l'aventure avec les anglais pour s'établir sur un nouveau territoire et y fonder leur famille ; et des femmes, qui acceptent de les suivre pour peupler l'île et aider oeuvrer pour survivre.


Tout ce petit monde embarque et trouve l'île idéale (quel beau moment du livre !). L'aventure peut alors commencer : Nous faisons connaissance avec ce peuple merveilleusement ouvert et tolérant que sont les tahitiens, et notamment les femmes : fortes, indépendantes, autonomes, et menant la danse de la séduction et de l'amour, tout le contraire de ce à quoi sont habitués nos marins. Nous visualisons déjà le rêve insulaire… Mais très vite, des nuages arrivent à l'horizon ; la communauté doit régler des problèmes pratiques pour vivre ensemble : la hiérarchie qui vaut sur le bateau ne valant plus une fois à terre, qui doit diriger ? Doit-on se fier à la loi du plus fort, comme le prônent certains, ou installer un système de décision démocratique comme le soutiennent les autres ? A cela s'ajoute évidemment la question de « la race » et des cultures différentes qui doivent cohabiter : Certains anglais voudraient traiter les tahitiens, nommés « les noirs », comme leurs inférieurs. Mais malgré leur tolérance infinie, ceux-ci finissent par se révolter en bonne et due forme.


Et puis en filigrane, toutes les questions de société apparaissent. Notamment, la religion est totalement différente entre les deux cultures : cette différence crée de magnifiques moments de philosophie pour le lecteur, et des moments assez drôles d'incompréhension mutuel de leurs mondes respectifs, toujours dans le respect. Enfin au départ. Car l'incompréhension crée des tensions ; les différences, au lieu de s'estomper, s'exacerbent. Et d'autres questions enveniment le débat, jusqu'à ce qu'une guerre civile éclate et divise l'île en deux clans, où chacun devra prendre parti. Car cette île a beau être vierge, les hommes ne le sont pas… Alors dans cette île sauvage, ou l'entraide devrait primer pour la survie de tous, il devient vite tentant pour certains blancs de reprendre les travers individualistes et manipulateurs de nos sociétés occidentales. Mais attention, car en matière de vengeance, lorsque la guerre est déclarée, les tahitiens pourraient bien vous surprendre…!


L'idéaliste lieutenant Purcell tentera de résoudre en douceur les questions de justice, de répartition des richesses, des valeurs à partager, etc… Mais y parviendra-t-il ? Doit-on combattre la violence par la violence, est-ce lâche de ne pas le faire ? Comment finira cette aventure, qui a commencé par une mutinerie ? Les hommes, unis par un même secret et surtout des intérêts communs, seront-ils capables de vivre ensemble, ou leur obstination et leurs mesquineries les détruiront-ils ? C'est tout l'enjeu de ce magnifique roman, dans un décor paradisiaque et dépaysant à souhait, propice à l'évasion, où vous trouverez également action, amour et suspense... Pour toutes ces raisons et bien d'autres, il s'agit de mon coup de coeur de l'année dernière, en grande partie grâce aux tahitiens et tahitiennes (des héroïnes très modernes) qui nous vendent du rêve, de la douceur, de la tolérance - mais aussi beaucoup de force et de détermination. A lire !
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Lire ou relire Robert Merle et puis mourir…
Le faire comme on réaliserait un souhait ultime, poser la dernière pierre d'un édifice, ou faire le dernier pas qui mène à destination. Et comme à chaque fois que je repose l'un de ses romans, il me vient cette sensation qu'il sera difficile de trouver grâce à la prochaine lecture. Voici donc le génie de cet oiseau moqueur, malin, beau et fort tourmenteur.

Nous embarquons avec lui à bord d'une frégate anglaise sillonnant les eaux polynésiennes à la fin du dix-huitième siècle. Et ce voyage devient - comme tous les voyages auxquels nous convie l'auteur - une passionnante découverte des tréfonds pitoyables de l'âme humaine et de ses tourments.
Quel plaisir ressenti lors de cette lecture, et quelle démonstration magistrale à chaque page !
Ce livre est déconcertant par l'habileté de l'auteur à peler l'âme humaine tel un oignon ; et vas-y que j'te découvre cette fureur cachée sous ce bel uniforme, et celle-ci à peine dissimulée sous un tricot rayé. N'avions nous pas vu cette jolie noirceur bien cachée sous cet air impassible et naïf ou encore cette force brutale et ces dents carnassières derrière ce joli minois ? Et quant à celui-là qui se croyait valeureux, humaniste et pur, n'a-t-il pas habilement dissimulé – quasiment à son insu - sous de bonnes couches d'humanité et de piété un autre défaut ?

Le sujet est connu : Sous les tropiques, au beau milieu du vaste océan Pacifique – qui n'a de pacifique que le nom - un équipage se rend coupable de mutinerie après avoir liquidé son odieux capitaine.
Officiers et matelots aborderont à Tahiti et décideront de tenter leur chance afin de gagner une petite île, présumée, absente des cartes et, selon les dires, peu hospitalière.
La chance sourira aux 9 audacieux marins accompagnés dans leur aventure par 6 Tahitiens et 12 vahinés, mais alors qu'ils tentent de reconstruire une société ce petit monde va se déchirer et s'affronter sous les tirs croisés de l'intolérance et du racisme, mais aussi ceux de la discrimination, de l'exclusion et des violences verbales ou physiques.

Comme à chaque fois avec Merle, les humanités sont dévoyées, le doute sourd entre chaque ligne, la réflexion est partout et sur tout. Et à la fin, on a droit à une extra ball comme lorsque la partie dure et qu'on l'a bien mérité !

Un livre à emporter sur une île déserte, assurément.
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Avec "L'île", Robert Merle imagine et réinvente, sur le postulat de l'histoire des "révoltés du Bounty », les relations interpersonnelles et groupales. J'ai trouvé son postulat de base plutôt pessimiste. Au travers de ce livre, Merle semble nous dire que l'homme, placé dans un contexte favorable à son évolution, ne change pas, ne s'améliore pas. Qu'il s'agisse de Purcell, le héros sans peur et sans reproche, consciencieux jusqu'à la presque niaiserie, Mason, le "Capitaine", qui rêve de mériter ce titre qui lui a échu en conséquence d'un meurtre, ou de Mc Leod, qui voit dans cette nouvelle vie l'occasion de prendre une revanche sur son passé, tous arrivent avec leurs bagages sur cette île, et ne sauront les poser pour construire quelque chose de nouveau.
Au-delà de cette vision un peu pessimiste que je ne partage pas, j'ai trouvé ce roman très agréable à lire, passionnant dans son analyse des rapports humains. Comme l'ont fait remarquer d'autres lecteurs, le langage des Tahitiens est porté par une écriture fleurie et imagée, qui fait voyager. Il nous permet de faire connaissance avec certains de leurs codes, de leurs coutumes, avec leur façon d'appréhender la vie.
Enfin, j'ai trouvé très intéressant le rôle que Merle fait jouer aux Tahitiennes. Elles sont pour moi au coeur de l'ouvrage, et les véritables héroïnes de l'histoire. A la fois frivoles et drôles, intelligentes et naïves, aimantes et haineuses, patientes et travailleuses, elles sont les détentrices d'une espèce de sagesse ancestrale qui tient plus à la connaissance des travers des hommes que d'une divinité quelconque. Je tire donc mon chapeau à Ivoa et à ses compagnes, et surtout à Omaata, dont j'aurais aimé faire la connaissance !
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Littérature française permettant d'apprécier une écriture hautement travaillée. Un titre très court ne laissant pas présager de la longueur du roman qui permet à l'auteur de donner libre cours à ses réflexions sur les cultures, la condition humaine des hommes et femmes, le respect des traditions, de la hiérarchie. Les réactions des personnages ont peu de libre arbitre, en face de situations périlleuses et sérieuses ils suivent plus soit leur entourage soit leur éducation, religion. Pour moi il y a un manque excessif de pragmatisme et une dérive dans les sentiments. Réflexions mises à part, les scènes relatives à l'aventure maritime, à la vie sur un bateau, petit ou gros sont superbement écrites, en particulier à la fin de récit lorsque le blanc et le tahitien traverse une tempête. J'aurais eu plus de plaisir à avoir la moitié moins de page pour l'histoire. Mais pour amoureux de belle écriture la longueur est secondaire.
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Robert Merle nous offre ici un formidable roman maritime qui s'inspire de la fuite des mutins de la Bounty à travers le Pacifique à la fin du XVIIIème siècle. Mais il ne livre pas un roman historique, il imagine les personnages et les situations.
Il nous fait appareiller avec le Blossom et partager la tragédie de son équipage et de Purcell...
Cet ouvrage est un grand roman humain et maritime dans la tradition du genre.
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Fin 18e, sur un voilier anglais parti vers Tahiti éclate une mutinerie. Pour éviter la pendaison, l'équipage, en compagnie de quelque tahitiens et thaitiennes vont tenter de survivre sur une petite île inconnue.

Racisme, égoïsme, fierté, choc des cultures, vont se confronter à l'éthique déontologique de l'idéaliste lieutenant Purcell.

Du début à la fin, Robert Merle maintient un suspense, une intensité dramatique incroyable!
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Pour nous dévoiler cette île de l'océan pacifique, Robert Merle a quitté le registre du récit historique pour entrer de plein pied dans le roman d'aventure. Parti d'un fait historique réel, la découverte par certains mutins du Bounty d'une île isolée sur laquelle s'établir pour échapper à la justice, l'auteur n'a pas pu rassembler suffisamment de matière historique vérifiée pour raconter leur épopée. Après plusieurs tergiversations qu'il explique dans la préface, il prendra le parti de se détacher de la vérité historique et d'inventer une vie à 27 personnes, mélange de mutins britanniques et de tahitiens, hommes et femmes.

C'est avec beaucoup d'intérêt que le lecteur suivra les péripéties des 27 courageux qui ont décidé de recréer une société sur une île déserte. Et si l'on pense que c'est une chance de pouvoir repartir d'une page blanche, nos héros seront en fait confrontés aux problèmes de leur époque qu'ils emporteront avec eux sur leur île: suprématie des "blancs" sur les "noirs", des hommes sur les femmes, hiérarchie entre anciens membres d'équipage alors qu'il n'y a plus de bateau, préservation des ressources naturelles, partage du territoire, notion de propriété, cohabitation de cultures différentes, croyances et cultures diamétralement opposées parmi la population....
A l'aide de dialogues et de descriptions très réalistes, Robert Merle nous immerge très vite au fin fond du Pacifique. Alternant les scènes parfois cocasses, avec des scènes émouvantes, voire cruelles, le roman possède son rythme propre, assez enlevé, permettant d'avaler très rapidement cette brique de presque 700 pages (Folio).

Les personnages sont très bien campés et les traditions tahitiennes savamment distillées tout au long de l'ouvrage. Et le fait que les dialogues soient parsemés de mots du cru (écrit à la mode francophone pour nous permettre d'utiliser la bonne prononciation) ajoute un goût piquant au voyage et l'aventure du lecture. Un régal !

Pour la petite histoire, l'île de Pitcairn, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est toujours habitée aujourd'hui par les descendants des mutins du Bounty. Avec ces 9 familles qui comptabilisent 50 habitants, l'île de Pitcairn est actuellement la plus petite entité politique du monde.
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Le récit débute en mer, sur un « gros » navire britannique, le Blossom, dont le capitaine, Burt est un tyran cruel et monstrueux... qu'un de ses hommes va tuer alors qu'il vient lui-même d'écraser un petit matelot innocent. Suite à cela, tout l'équipage sait qu'il ne doit pas se retrouver en présence de forces britanniques car, accusés de mutinerie, ils seraient pendus.
Le second à bord, celui-là même qui a tué son supérieur, prend alors le commandement du voilier et organise un repli sur une île non mentionnée sur les cartes. Après une escale à Tahiti où le héros, le lieutenant Purcell, retrouve les amis Tahitiens chez lesquels il a vécu 6 mois, découvrant leur civilisation et apprenant leur langue, l'équipage repart. Certains matelots ont choisi de rester à terre et en contrepartie, des Tahitiens embarquent pour l'aventure.
Mais l'île sur laquelle la communauté va s'installer est bien petite pour 30 personnes (hommes et femmes)...
Vont s'ensuivre toutes sortes d'événement au fil de l'installation et l'organisation de cette nouvelle société autarcique, mettant en jeu la hiérarchie et la lutte pour le pouvoir, la discrimination et un racisme colonial envers les Tahitiens, la répartition des femmes, etc.
Purcell est le seul à traiter ses compagnons Tahitiens à égalité et à respecter leurs coutumes mais il n'arrive par à faire entendre raison aux autres. C'est vraiment un personnage humain et humaniste attachant.
C'est presque un huis-clos mais j'étais très curieuse de voir comment ça pourrait se dénouer.
J'ai dévoré ce livre que j'ai adoré !
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Inspiré de la mutinerie du Bounty, le roman de Rober Merle, L'île, s'en éloigne tout à fait quant au volet historique, l'auteur prenant soin de le préciser dans sa préface.
Après une mutinerie meurtrière, sept matelots (Baker, MacLeod, Jones, Johnson, Smudge, Hunt, White), un lieutenant (Purcell) et un capitaine (Mason) prennent le contrôle du Blossom, navire battant pavillon britannique . Leur forfait accompli, ils abordent à Tahiti à la faveur d'une amitié entre Purcell et le grand chef des Tahitiens. Un groupe d'hommes et de femmes de la grande île acceptent de les suivre sur le bateau afin de trouver refuge sur la première terre abandonnée qu'ils trouveraient dans le vaste océan Pacifique.
C'est sur ce séjour que se concentre le récit : sur un îlot montagneux isolé, vingt-sept humains aux moeurs différentes tentent de créer une micro-société. Les relations ne tardent pas à s'envenimer, plombées par le racisme latent, la promiscuité, les jalousie et les écarts sociaux.
J'ai dévoré ce roman hautement édifiant sur la nature humaine en mode survie. le style épuré de la narration contribue grandement à une lecture facile et je le recommande, tout comme l'avait fait La librairie de la place aux herbes, à tous ceux et celles que l'aventure sauvage intéresse. Découvert avec ce roman, Robert Merle est un écrivain que je continuerai à fréquenter.
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Un roman que j'ai dévoré! J'ai englouti les 700 pages de ce récit avec plaisir : le style de l'auteur est très fluide et vous entraîne avec délice dans les mers du sud.
L'histoire en quelques mots : une mutinerie à bord d'un bateau britannique qui oblige les mutins à s'exiler, sous peine d'avoir à répondre de leurs actes face à la justice britannique.
Ils choisissent une île déserte et sont aidés par un groupe de Tahitiens, amis de Purcell, un des membres de l'équipage. L'histoire est inspirée de la révolte du Bounty en avril 1789 mais l'auteur réussit à créer des personnages vivants, attachants, notamment Purcell dont on partage les tourments et les interrogations face à la culture tahitienne qu'il pensait connaitre.
Un roman fleuve sur les tensions qui peuvent exister dans un groupe si restreint et coupé du monde.
Je vous recommande cette lecture et je compte bien découvrir d'autres romans de cet auteur.
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