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EAN : 9782330038878
203 pages
Actes Sud (07/01/2015)
  Existe en édition audio
3.11/5   18 notes
Résumé :
Révélation de la rentrée 2013 avec L’Esprit de l’ivresse, Loïc Merle récidive et confirme avec un deuxième roman qui quitte les foules pour approcher l’individu au plus intime, et explorer les ressorts du plus énigmatique, du plus improbable et peut-être du plus indéfectible des liens humains : l’amitié. Sur les enjeux de l’engagement et les choix de l’âge d’homme dans un monde en guerre, Seul, invaincu est le chant déchirant d’une bataille intérieure, patiemment dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Engagé dans l'armée sept ans plus tôt pour fuir sa ville natale et son amitié évaporée avec son ami Kérim San, pilier de sa jeunesse, Charles Zalik revient brutalement du désert rocailleux où il combat vers cette ville de C., après avoir reçu un message anonyme l'informant que «Kérim a attrapé un cancer».
Personnage plus grand que nature dans ses souvenirs, délinquant et bienfaiteur, démon et ange gardien, Charles retrouve, derrière la vitre de la chambre stérile de l'hôpital de C., un Kérim amenuisé par sa bataille contre la maladie et méconnaissable.

«Il était assis, ou plutôt paraissait posé comme une relique sur son lit sans draps et sans couverture, indifférent à la femme en tenue bleu horizon qui s'affairait d'un bout à l'autre de la pièce et lui parlait sans que jamais il ne daigne répondre, le regard fixé sur une fenêtre grillagée de noir qui dispensait une insoutenable blancheur et qui, frappant son visage sous un certain angle, le faisait presque disparaître.»

Loin d'un milieu militaire aux règles simples pour supporter des guerres contemporaines irréelles et indicibles, ce retour dans la petite ville de sa jeunesse, milieu étriqué mais où le sentiment de collectivité naît de la proximité inévitable et chaotique des autres et de la nature, ces retrouvailles malaisées avec un ami dévoré par la leucémie, font resurgir, de manière inattendue et criante, la force de ses expériences de jeunesse vivaces malgré la dérive des vies. En retrouvant Kérim, Charles retourne vers le passé à travers une relation à l'autre sans cesse recréée, avec ses multiples variations de lumière et d'ombre.

«Je le suivis, tenant par la main Cat que je forçai à m'accompagner, et nous rejoignîmes Kérim dans une cellule inoccupée, assis sur le lit, voûté, les yeux levés vers la fenêtre comme si son imagination, la part enchantée de lui-même que j'adorais depuis toujours, était occupée à construire l'échelle d'argent qui pourrait le mener au quartier de lune qu'on voyait s'extirper de la masse sombre des forêts et percer les nuages. À la vue de cet homme qu'enfin il me sembla retrouver, à son sommet ou à son plus bas il ne m'appartenait pas de le dire, son visage à nouveau jeune dans la clarté de lune, sous l'influence magique de la lune qui s'était emparée de lui et, après avoir opéré subtilement, faisait monter vers elle tous ses maux, à la vue de cet ami qui s'abandonnait, pendant un instant, pour s'accorder au temps et aux choses tels qu'ils étaient et non tels qu'il les désirait, mon orgueil tomba, et ma peur de me livrer aussi, de ne pas être à la hauteur, disparut d'un coup.»

L'ampleur des phrases de ce deuxième roman de Loïc Merle, leur avancée en longues spirales raconte superbement la complexité de l'expérience humaine, les atermoiements liés à ce qu'on a tenté ou a ce que l'on n'a pas accompli, le retour vers et la dissolution des idéaux de jeunesse comme tremplin pour grandir, seul, invaincu.
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Roman atypique. Prenez votre souffle : des phrases longues, comme il ne se fait plus.
Deux amis d'enfance se retrouvent, après sept années de séparation, lorsque l'un deux est à l'hôpital pour une leucémie. Charles, militaire, revient dans la ville C où il va se rendre au chevet de son ami. Il fera face à ses semblables, puis vivra dans une communauté de marginaux. Il prendra conscience qu'il est difficile de se détacher de la famille, de l'amitié qui s'accroche à la manière du lierre.
Ecriture tout en subtilité. Texte, je pense, énormément travaillé.
Le lecteur doit être concentré : les phrases sont tellement longues que j'ai dû, à plusieurs reprises, les recommencer.
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J'avais lu "L'esprit de l'ivresse", un premier roman très ambitieux et remarquable, qui m'avait marqué - sans me convaincre complètement. "Seul, invaincu" a un sujet plus délimité. Il est essentiellement question des relations du narrateur, Charles, avec son ami d'enfance, Kérim. L'auteur nous apprend de manière allusive que Kérim a été mêlé à des affaires louches qui lui ont permis de faire fortune. Charles, devenu soldat à l'âge adulte, revient après sept ans dans la ville de C. où Kérim est soigné pour une leucémie. Porté déserteur, Charles se cache dans un ermitage avec son amie Lily alias Cat, en compagnie d'autres marginaux. On suit les aventures du narrateur et l'évolution de la maladie de Kérim. Ce que, finalement, je n'ai pas pu comprendre, c'est l'origine et la nature de cet attachement particulier et indéfectible entre les deux hommes. Au moment de fermer le livre, je me suis senti très frustré par cette lacune essentielle. Je me suis dit "Tout ça pour (seulement) ça ?". Pour le reste, j'ai retrouvé le style très travaillé de Loïc Merle, déjà remarqué dans son roman précédent, notamment ses très longues phrases: parfois, je trouve qu'il en fait des tonnes, parfois j'apprécie ces "divines longueurs"...
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Loïc Merle signe avec "Seul, invaincu" un beau livre sur l'amitié. Charles, jeune militaire français, apprend le cancer d'un de ses amis d'enfance Kérim. Il décide de tout quitter pour se rendre à son chevet. A travers de longues phrases rythmées, l'auteur explore les mécanismes de l'amitié. Les dernières lignes du roman sont magnifiques.
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J'avais entendu beaucoup de bien de ce jeune écrivain lors de la parution de son premier livre l'Esprit de l'ivresse.
Mais le hasard a fait que je me suis trouvé à lire ce deuxième roman et je crains n'être pas rentré par la bonne porte tant je suis resté étranger, distant à cette histoire d'amitié traitée sans affect avec comme le souci permanent de la désincarner le plus possible.
Sentiment d'extériorité tel , pour ce qui me concerne, que j'ai faussé compagnie au livre à mi -chemin en me promettant une nouvelle tentative avec cette fois la lecture du coup d'essai apparemment réussi de son auteur.
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critiques presse (2)
Lexpress
19 janvier 2015
Remarqué avec son premier roman, L'Esprit de l'ivresse, Loïc Merle tente de disséquer dans le très puissant Seul, invaincu les mécanismes et éléments constitutifs de l'amitié, comme s'il s'agissait d'un phénomène paranormal.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
24 décembre 2014
Loïc Merle nous fait éprouver la force des liens, même mille fois tranchés, qui nous attachent à nos semblables. Après L'Esprit de l'ivresse, un second roman fulgurant.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il est vrai qu’après avoir reçu un message alarmant à son propos, dans le désert où je me trouvais alors, j’avais laissé en plan mon coûteux matériel militaire et quitté l’uniforme, pensant tout juste à demander la permission de partir. Et, c’est un fait, je m’étais envolé vers lui, même si j’avais dû faire escale entretemps et patienter toute une semaine sur une île, buvant et vomissant beaucoup, tout de même j’avais eu la sensation de voler d’une traite, puis, sitôt atterri, d’avoir roulé vers lui à toute allure. Mais, une fois revenu dans ma ville natale, à C., devant la clinique, je repris mes esprits… Les choses n’avaient guère changé… Une certaine atmosphère, pesante comme le brouillard qui stagnait et pénétrait les os, attaquait les os… Je sentais à nouveau le poids de la montagne, ses bras m’étreindre… L’ombre de la grande montagne, que j’avais fuie des années auparavant, derrière moi…
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Pour autant que je m’en souvienne, l’indifférence des gens, cette année-là, envers moi, envers mes camarades de combat ou leurs propres existences, était remarquable. Et l’emballement du cœur et l’espèce de course permanente vers l’abîme de la ville tout entière étaient à la mesure de ce mépris de soi, c’était enivrant, plus enivrant en vérité que mon ennuyeuse zone de combat. Tous les militaires en permission se retrouvaient à Paris, dans les mêmes quartiers. Nous vivions intensément, du moins avions-nous cette impression, dans la hantise d’un rappel anticipé en cas d’accrochage ou d’offensive soudaine de l’ennemi (même si, parfois, une canette de bière à la main, je m’arrêtais en pleine rue, frappé par cette pensée que je ne savais pas du tout, je ne me rappelais plus qui était-ce, et quel était le nom de cet ennemi). Sans nous côtoyer, nous nous croisions assez souvent, et nous ne manquions jamais de nous saluer d’un léger mouvement de tête, il était préférable de ne pas s’ignorer complètement, pour cette simple raison que, dans l’état d’exaltation, pour ne pas dire plus, où nous nous trouvions jour et nuit, le plus insignifiant prétexte suffisait à déclencher une bagarre qui, en laissant s’exprimer une extrême violence dont quelques-uns, parmi les plus intoxiqués d’entre nous, ne pouvaient désormais plus se passer, aurait nécessairement mal tourné. Cela fait, nous espérions ne jamais nous revoir. Sans avoir à parler, sans avoir jamais servi ensemble, nous ne nous connaissions que trop bien… Et je savais que la nuit, en plein cauchemar, contraints d’expulser l’air toxique qu’ils n’avaient pu éviter de ramener avec eux du Mali ou du Liban et qui congestionnait leurs poumons, beaucoup se mettaient à hurler… Se fréquentant il aurait fallu évoquer ces cris, ce serait immanquablement venu sur le tapis…
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À la vue des lourdes portes à battants de l’entrée, dont l’ouverture paraissait réclamer un mot de passe que je ne connaissais pas, il me sembla être sur le point de pénétrer un territoire interdit et dangereux. Bien sûr il se pouvait que, à peine sorti de ma zone de guerre, mon imagination me joue des tours. Pourtant, dès le premier hall, les odeurs tout à coup agressives, et les règles obscures concernant l’hygiène et la sécurité, au nombre de seize, les nombreuses interdictions, le dépouillement obligatoire des bijoux et de la montre que l’on portait, tout indiquait une sorte de sanctuaire où, contrairement à ce qui se passait au-dehors, comptaient les énigmes insolubles posées par les corps à la dérive, maltraités, les questions pratiques, la sobriété, où les traitements particuliers n’existaient pas, où il était impensable de ne pas suivre la procédure – je crois qu’il s’agissait, avant de franchir le pas, d’oublier qui l’on était.
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Je me rappelle une histoire qu'il ne cessait de me raconter, je ne sais toujours pas si elle est vraie, je n'ai jamais voulu vérifier, celle d'un navigateur dans les années soixante ou soixante-dix, qui, s'apprêtant à gagner une course autour du monde, en solitaire et sans escale, comme on dit, rebrousse chemin juste avant de franchir le ligne d'arrivée, ligne de toute façon imaginaire, avait-il dû se dire, sabote sa radio et s'en va en direction de l'océan indien, ni plus vite ni plus lentement que pendant la course, puis accoste sur un des milliers d'atolls que compte la Polynésie, avant de s'enfoncer, seul, dans la jungle. Kérim aurait aimé être comme ce navigateur, ou, mieux, que moi je sois comme ce navigateur, et que je l'entraîne dans son sillage - il rêvait surtout d'être n'importe qui d'autre, alors, d'avoir la possibilité; n'importe où ailleurs.
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... s'accorder au temps et aux choses tels qu'ils étaient et non tels qu'il les désirait...
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0:00:15 Introduction 0:01:02 Clément Camar-Mercier 0:11:47 Yasmine Chami 0:22:56 Sylvain Coher 0:33:49 Lyonel Trouillot 0:44:09 Clara Arnaud 0:55:03 Loïc Merle 1:06:13 Mathias Enard
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Plus d'informations sur notre rentrée française : https://rentree.actes-sud.fr/ #rentréelittéraire #litteratureetrangere
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