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EAN : 9782070377794
512 pages
Gallimard (14/11/1986)
3.88/5   359 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Bi et Fa, les deux dauphins, le regardaient, ni amicaux, ni hostiles.
— Eh bien, Bi, dit Sevilla, tu ne dis rien ?
— Maintenant, je ne parle plus. Maintenant je nage.
— Pourquoi ?
— Je ne veux plus parler la langue des hommes.
— Moi non plus, dit Fa tout d'un coup.
— Pourquoi ? dit Sevilla en se tournant vers lui.
Fa ne répondit pas.
— Po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 359 notes
Le dauphin, un animal doué de raison ? Robert Merle tente de nous le démontrer dans ce roman très bien développé tant dans la forme que dans le fond. Dans les années 70, en pleine guerre froide, Henri Sevilla mène les recherches sur cet étonnant cétacé qui est souvent considéré comme un animal intelligent et gentil (récemment d'autres études ont montré le contraire) avec une petite équipe de scientifiques. Quand ses avancées deviennent plus qu'attrayantes pour les Etats-Unis, les services secrets s'y intéressent d'un peu plus près...
Première fois que je lis Robert Merle, un auteur dont j'ai entendu beaucoup de bien, ce roman mêle beaucoup de choses : le côté humain transparait bien dans les différentes relations entretiennent les membres du l'équipe entre eux. Ils sont assez nombreux mais arrivent assez vite à repérer les caractères de chacun. Arlette parait presqu'un peu trop en retrait, Lisbeth trop autoritaire et revêche alors que Sévilla semble toujours mesuré dans ses propos et reste fidèle à ses idées. J'ai eu du mal au début avec les longs passages d'un bloc racontant pensées et faits mais j'étais plus au coeur de ces moments, ils m'ont apparu moins génants par la suite.
J'ai beaucoup aimé les passages avec Bi et Fa, trop peu nombreux à mon goût. Les échanges entre humains et dauphins sont passionnants et intriguants à suivre, même si on sent une certaine condescendance de l'homme vers l'animal. Dommage que cette partie soit éclipsée par le côté politique, les échanges entre états américain, russe et chinois sont assez tendues et quand les services secrets mettent leur nez dedans, ça peut donner quelque chose d'explosif ! Robert Merle passe d'un côté à l'autre avec beaucoup de souplesse et ses longues narrations sur les échanges, passages de journaux ou autres déclarations sont assez dynamiques sans oublier un discret humour pour ne pas tomber dans l'ennui.
Un roman que j'ai pris un peu temps pour rentrer dans l'histoire, une écriture exigeante mais finalement appréciable. Je relirai cet auteur.
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Je suis tombé sur une édition de poche originale de Un animal doué de raison par Robert Merle en parfaite état. La tentation était trop forte de goûté à l'écriture d'une époque désormais lointaine.

En pleine guerre froide, les deux blocs misent sur l'intelligence animale. Des recherches sont menés tout d'abord sur des primates, mais les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. Ainsi, les études sont tournés vers les dauphins. Ces animaux marins sont des être très intelligent dont le cerveaux est approximativement de même taille et de même morphologie que celui de l'être humain. Ces cétacés ont un avantage certain, puisqu'ils peuvent passer inaperçu par les sonars les plus perfectionner.

Bienvenue dans une époque sombre où chacun des deux blocs pouvaient détruire la planète avec leurs arsenaux nucléaires, où chaque faits et gestes étaient surveillés étroitement. Bon, en fait, cela n'a pas tellement changé, mais nous faisons semblant de croire que l'on vit dans une certaine liberté. Félicitons l'auteur pour sa maîtrise linguistique, sa verve et ses recherches. En avant-propos, Robert Merle a écrit une petite note comme quoi, il souhaitait que son roman soit le plus proche possible d'un documentaire. Bien qu'il soit intéressant et parfois émouvant, pourtant, j'ai eu beaucoup de mal avec son roman pour plusieurs raisons. En premier, il y a une forte partie trop politisé. Pour poursuivre, il faut savoir que l'auteur a écrit son livre avec plusieurs style littéraire, une prouesse en soit, mais un supplice pour moi lorsqu'il passait à un certain style.

Le style narrative donc, il y en a plusieurs. le style normal avec dialogue entre les chercheurs et les cétacés. Puis, un autre, style passif, l'auteur décrit les événements. Enfin, celui qui m'a posé beaucoup de problème, un style spécial. Je ne sais pas vraiment comment le décrire. Une phrase longue (parfois une page) entrecoupé par de nombreuses virgules ou les dialogues ne font plus qu'un avec la narration. C'est un style voulu par Robert Merle, certainement. Je ne sais pas si c'est le cas dans les autres éditions, mais j'ai trouvé ça très énervant comme lecture, d'autant plus que ces passages prennent une majorité du roman.
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Il est admis scientifiquement que le dauphin est un animal très intelligent. Robert Merle fait sauter le pas à son imagination pour écrire ce roman d'anticipation.
Il décrit les relations de deux dauphins, Bi et Fa, avec les hommes qui veulent les enrôler dans des tâches de guerre.
Très bien écrit, avec l'aide de deux spécialistes des dauphins, ce livre est passionnant et confirme en 1967 le talent révélé par les premiers livres de Robert Merle.
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"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme."
L'âme, dans ce roman, semble nichée dans la capacité à transcender les barrières spécistes, à la fois dans la communication et dans l'affection sincère.

De ma première lecture quand j'étais gamine, il m'était resté deux émotions solidement entrelacées :
– l'émerveillement, car le livre se penche sur ce mystère mythologique et affectif que sont les relations entre les dauphins et l'humanité, et il y a en ce mystère un noyau dur de joie pure
– le crève-coeur devant le gâchis humain : le roman, mêlant spéculations scientifiques et analyses politiques, se place dans un contexte de troisième guerre mondiale (et quand on songe que le roman date de 1968, on comprend à quelles peurs il puise la force atroce de ses enchaînements narratifs). Et dans ce contexte, l'intelligence des dauphins est convoitée par l'armée comme un enjeu de taille pour la maîtrise des mers.

On aimerait tant se couler dans le plaisir des relations interspécistes que nouent chercheurs et dauphins, se couler dans l'eau et rire de bonheur, comme des gosses. Mais dans le monde tel que le découpe l'homme, les eaux sont sous la ténèbre des croiseurs, des sous-marins nucléaires, des mines meurtrières. Mais dans le monde tel que le possède l'homme, les dauphins peuvent devenir propriété nationale, et eux qui en acquérant le langage humain ont prouvé au monde leur statut de sujet, se voir pour cette même raison utilisés comme objet – comme armes. Alors on frissonne.

Et on suit le sillage de Robert Merle dans l'idée, et l'espoir, que peut-être le salut du monde repose entre les nageoires d'un animal doué d'émotion, et dans la capacité de l'homme à s'entendre avec lui.
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Un animal doué de raison est un roman dense en idées, même touffu. Robert Merle aborde de nombreux thèmes mais ceux-ci sont disparates et ça donne un goût d'inachevé à l'ensemble du roman.

Il entame le roman sur la question de faire parler le langage humain à des dauphins, animaux qui auraient la capacité de l'utiliser en raison de leur intelligence. Alors on a droit à un cours sur le dauphin, c'est encyclopédique et même si c'est intégré au récit j'ai l'impression que ça prend le lecteur pour un neuneu.

Ensuite le récit est très tributaire du contexte géopolitique contemporain. La Guerre Froide est bien présente et on a droit à une opposition entre l'Occident (les États-Unis) et l'Est (URSS et Chine). Par contre il y a une certaine acuité quant à la description de la réaction de la population face à la destruction du navire américain. Même s'il devait se baser sur ce qu'il pouvait y avoir eu avec Pearl Harbour, j'ai trouvé qu'il y avait de grandes ressemblances avec les réactions post 11 septembre. Comme quoi une nation aura à peu près les mêmes réactions face à un tel événement, quelle que soit son évolution historique.

A côté des considérations zoologiques et anthropologiques, il y a les personnages, dont les historiettes amoureuses plombent le récit. On croirait que plutôt que de sauver le monde , ils pensent à leur bas-ventre. En plus, à part Sévilla et Arlette Lafeuille (avec un nom pareil on ne risque pas de la confondre), ils sont assez interchangeables. Ils sont tous grands, beaux et en bonne santé, et on des prénoms bateaux comme Bob ou Peter. Des fois je soupçonne Robert Merle de vouer un culte à l'Amérique, tant ses personnages américains sont parfaits et ne font pas l'objet de critique.

Heureusement qu'il y a Fa et Bi, les deux dauphins, qui apparaissent bien plus complexes que les humains et aussi plus humains.

Un animal doué de raison est un roman longuet, plombé par des luttes intestines entre services de renseignement et hommes politiques, par des histoires de coeur et qui laisse un peu rapidement de côté le rapport entre l'homme et l'animal et la question de la conscience de l'animal.
Lien : http://lecturesdechiwi.wordp..
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce que je tiens, avec la "politique-fiction", la définition que je cherche ?
Pas tout à fait. J'ai conscience qu'il reste dans "Un animal doué de raison" des éléments qui ne sont pas réductibles à la politique-fiction telle que la conçoivent nos amis d'outre-Atlantique : ne serait-ce par exemple, que le roman animal et la longue tradition philosophique qui, en Europe, lui reste attachée, la fusion de l'anticipation scientifique et de l'anticipation de l'histoire, l'analyse des rapports du savant et de l'état, l'étude parallèle du comportement des dauphins et du comportement humain.
Le résultat en est une œuvre hybride. Je le dis sans aucune honte, car pas plus en littérature qu'en biologie, je ne suis hostile au brassage des sangs...
(extrait de la préface insérée en début de volume paru chez "Folio" en 1972)
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"Quand on est jeune on est torturé parce qu'on n'a pas encore de femme, de métier, d'argent, d'indépendance, à l'âge mûr on est torturé par l'idée de la réussite, et quand on a dépassé cinquante ans, c'est pis que tout, c'est la terreur de la vieillesse, on se sent poussé en avant par les années qui passent avec une vitesse effrayante, elles s'abattent l'une sur l'autre, maigres et minces comme des cartes à jouer, il n'en reste plus beaucoup, c'est à peine si on a vécu et c'est la fin déjà, avec l'humiliation des forces qui baissent, de la vitalité qui s'en va."

"Quand on pense que les États-Unis détiennent dans leurs arsenaux atomiques de quoi pulvériser non seulement tous leurs ennemis, mais toute la planète - eux-même compris -, on est surpris de la persistance d'une fièvre obsidionale aussi délirante chez le peuple le plus puissant de la terre. Là aussi, il y a un grave symptôme, car l'idée de la guerre, et même d'une guerre d'agression, peut être un jour admise sans résistance par une population ainsi conditionnée, pour peu qu'elle lui soit présentée comme une guerre préventive contre un ennemi qui se prépare à l'anéantir."

"Le christianisme, sous peine de se discréditer, ne pouvait pas paraître se lier à des doctrines politiques rétrogrades. Il devait, au contraire, s'efforcer de garder le contact avec l'évolution du monde, assimiler les progrès de la pensée et travailler à inclure, d'une manière ou d'une autre, les découvertes les plus importantes de la science."

"Les croyances religieuses des dauphins [...] sont frustes et grossières ; elles n'en contiennent pas moins l'essentiel du sentiment religieux :
1- La notion de paradis perdu : les dauphins ont été chassés de la terre à une époque reculée.
2- La notion de l'au-delà : la terre est un paradis où ils accèdent après leur mort.
3- La notion de sacrifice de soi : ils sont prêts à perdre la vie pour atteindre plus vite et plus sûrement à la béatitude.
4- La notion de perfection adorable : ils éprouvent de vifs sentiments d'amour pour l'homme, décrit (inexactement) comme souverainement bon et tout-puissant.
L'écrivain français Vercors a raison [..] de prétendre que le seul test sérieux de la qualité d'homme, ce n'est ni l'apparence physique, ni le langage, ni même l'intelligence, c'est le sentiment religieux."
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« Bi et Fa, les deux dauphins, le regardaient, ni amicaux, ni hostiles.
- Eh bien, Bi, dit Sevilla, tu ne dis rien ?
- Maintenant, je ne parle plus. Maintenant je nage.
- Pourquoi ?
- Je ne veux plus parler la langue des hommes.
- Moi non plus, dit Fa tout d'un coup.
- Pourquoi ? dit Sevilla en se tournant vers lui.
Fa ne répondit pas.
- Pourquoi, Bi ?
Bi le regarda alternativement de l'œil droit puis de l'œil gauche... Elle dit d'une voix criarde, nasillarde et parfaitement distincte :
- L'homme n'est pas bon. »
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Le résultat est souvent hybride. Je le dit sans aucune honte, car pas plus en littérature qu'en biologie, je ne suis hostile au brassage de sang.

Le succès est fait d'une série d'échecs qu'on dépasse.

Il y a souvent plus de sagesse et plus de vrai courage à ne pas répondre aux attaques.

à mon avis, ça ne peut jamais bien marcher entre l'Etat et le savant, jamais ! Nulle part ! Leurs points de vue sont trop différents, pour un savant, la science, c'est la connaissance, mais pour l'Etat, c'est autre chose, [...], la science, c'est la puissance, pour l'Etat, la savant n'est qu'un outil qu'il se paye pour atteindre à la puissance, et bien entendu, il attend de l'outil, puisqu'il le paye, une soumission totale aux buts qu'il poursuit, le savant se croit libre parce qu'il cherche la vérité, mais en fait, à son insu, il est enrégimenté, domestiqué, captif, [...]

Pour réussir dans une tâche difficile, il faut concentrer sur elle sa pensée à l'exclusion de toute autre.

Notre monde est un monde dur. Celui qui survit, c'est celui qui cogne le plus fort.

L'important ce n'est pas de vivre à tous prix, c'est de savoir pourquoi on meurt.

Il n'était pas naïf pour penser qu'une cause triomphe parce qu'elle est juste.
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Mais ce qui fait du dauphin un animal idéal pour la recherche, c’est son extraordinaire gentillesse. Cette gentillesse n’est pas faiblesse. Il est capable, d’un seul coup de sa puissante mâchoire, d’assommer un requin de bonne taille en le frappant dans les ouïes. Il possède, en outre, une double rangée de crocs très acérés, quatre-vingt-huit en tout, et il pourrait, s’il le voulait, broyer bras ou jambe à ceux qui le capturent. Mais de mémoire d’homme, il n’a jamais tourné ses armes contre notre espèce. Mieux même, la plupart des bêtes domestiques, quand on leur fait subir une intervention un peu douloureuse, mordent ou griffent. Le dauphin accepte la douleur qu’on lui inflige sans regimber et sans jamais devenir menaçant.
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Vidéo de Robert Merle
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
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