AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Renod


« Week-end à Zuydcoote ». Avec un tel titre, on pourrait penser que le roman porte sur un séjour dans une station de la mer du Nord... Alors oui, « Il y a le ciel, le soleil et la mer», mais ce week-end se déroule aux heures les plus tragiques de notre Histoire. C'est la « débâcle », les troupes britanniques et françaises, coupées de leurs arrières par l'Armée allemande, sont prises en étau dans la poche de Dunkerque. L'objectif est de rapatrier les soldats en urgence, sous le feu allemand.

Des soldats désarmés et isolés de leur unité s'acheminent en longues files vers la plage dans l'espoir d'être embarqué vers l'Angleterre. La hiérarchie n'est plus écoutée. Les règles ont disparu. Maillart, le personnage principal, déambule au milieu de ce chaos. La guerre se montre nue , dans sa laideur et sa cruauté.

Tout n'est qu'angoisse... Les troupes allemandes sont à dix kilomètres, les obus sifflent et frappent aveuglément, les chasseurs de la Luftwaffe bombardent en piqué en faisant hurler leurs sirènes. Quand ce ne sont pas les Allemands, ce sont les soldats français qui se livrent à des exactions. La mort est partout et peut frapper chacun, à tout moment.

Mais surtout, la guerre est absurde. Maillart fait des rencontres improbables. Une jeune femme reste dans sa maison contre toute logique, malgré les dangers. Des hommes se terrent dans un abri de fortune. Des soldats se résignent à l'incendie de leur navire et ne cherchent pas à s'enfuir.

Face à de tels événements, chacun réagit à sa manière et selon son tempérament. Maillart occupe une roulotte avec plusieurs copains de fortune. le cupide trafique et combine pour obtenir des profits immédiats. le prêtre se recueille et se pose des questions morales. Un soldat héroïque tire sur les Stukas au fusil mitrailleur sans craindre leurs représailles. Un Sétois fait la popote en évoquant les doux souvenirs et les projets familiaux. Et Maillart lui promène son désespoir et subit le spectacle de l'absurdité du monde.

L'évacuation de Dunkerque va revenir à l'ordre du jour cette année avec la sortie prochaine d'une superproduction signée Christopher Nolan : "Dunkerque". On peut déjà imaginer les scènes réalistes et spectaculaires bourrées d'effets spéciaux. Mais « Week-end à Zuydcoote » apporte à ces événement tragiques un regard plein de questionnement philosophique. A mes yeux, ce roman ce situe entre « Kaputt » de Malaparte et « l'Etranger » de Camus. Il y a d'une part des scènes cruelles et morbides, de l'autre ce désarroi de l'homme qui se sent étranger dans un monde et une existence dont il ne saisit plus le sens.
Commenter  J’apprécie          542



Ont apprécié cette critique (46)voir plus




{* *}