De nombreux écrits politiques (marxisme et guerre d'Algérie).
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Cette immense littérature pensante, qui exigerait à elle seule un volume, fait-elle vraiment partie de la « philosophie » ? Est-il possible de la confronter avec ce que l'Occident a appelé de ce nom ? La vérité n'y est pas comprise comme l'horizon d'une série indéfinie de recherches, ni comme conquête et possession intellectuelle de l’être. C'est plutôt un trésor épars dans la vie humaine avant toute philosophie, et indivis entre les doctrines. La pensée ne se sent pas chargée de pousser plus loin les tentatives anciennes, ni même d'opter entre elles, et encore moins de les dépasser vraiment en formant une nouvelle idée de l'ensemble.
Le langage est de soi oblique et autonome, et, s'il lui arrive de signifier directement une pensée ou une chose, ce n'est là qu'un pouvoir second, dérivé de sa vie intérieure. Comme le tisserand donc, l'écrivain travaille à l'envers : il n'a affaire qu'au langage, et c'est ainsi que soudain il se trouve environné de sens.
Nous n'avons pas à choisir entre ceux qui pensent que l'histoire de l'individu ou de la société détient la vérité des constructions symboliques du philosophe, et ceux qui pensent au contraire que la conscience philosophique a par principe les clefs de l'histoire sociale et personnelle. L’alternative est imaginaire, et la preuve en est que ceux qui défendent l’une de ces thèses ont subrepticement recours à l'autre.
Le langage signifie quand au lieu de copier la pensée, il se laisse défaire et refaire par elle. Il porte sons sens comme la trace d'un pas signifie le mouvement et l'effort d'un corps.
Fanny Arama
Camille Froidevaux-Metterie
Najat Vallaud-Belkacem
Kaori Ito
La façon dont une culture traite le corps – en particulier le corps des femmes – dit une profonde vérité sur cette culture. le corps est en effet une construction : il prend forme au cours de notre vie et en fonction de nos relations, il est modelé par nos choix, mais également forgé par les institutions, leurs diktats et leurs requêtes. Les sciences humaines et la philosophie ont mis en évidence cette construction sociale du corps – cette « incorporation » : le corps est façonné, comme l'a montré Foucault, par une kyrielle de dispositifs disciplinaires qui en font une « chair » à racheter, une force de travail à employer, un organisme à soigner, mais aussi, dirait Merleau-Ponty, le véhicule de notre advenir au monde que l'être au monde nous oblige à ajouter sans cesse. Mais le corps n'est jamais neutre : il est déterminé entre autres par des facteurs de race et de genre. Réfléchir sur le corps construit implique donc qu'on analyse la manière dont il est construit, qu'on voie quels corps sont construits, selon quels différentiels, et qu'on mette au jour les effets qui produisent les inégalités de pouvoir entre les hommes et femmes. Dans une telle construction sociale, l'empreinte machiste a été déterminante: aussi le corps féminin a-t-il été façonné selon les désirs des hommes. Quelle vérité sur le corps des femmes – maternité, menstruations, ménopause, apparence, sexualité… – apparaîtrait si, dans une perspective féministe, on déconstruisait cet ensemble iconique et idéologique dans lequel l'homme a trouvé les outils de sa domination, sinon les justifications de sa violence symbolique et réelle exercée sur les corps des femmes ?
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