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Aude Mermilliod (Autre)
EAN : 9782203243897
296 pages
Casterman (11/09/2024)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Après Il fallait que je vous le dise, Aude Mermilliod continue dans Éclore, à explorer son intimité, sexuelle, sentimentale et psychologique. Elle se livre avec une sincérité et une liberté confondante à un décorticage en règle, de ses expériences passées, qui l'ont parfois construite, ou détruite, mais dont elle a toujours appris et tiré des leçons. Car c'est bien là le fil rouge de cet album : la résilience. Loin de subir et de se résigner, l'autrice cherche à com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Éclore est un roman graphique de Aude Mermilliod. Il se compose de 296 pages et paraîtra le 11 Septembre aux Éditions Casterman. Attention, ce récit se destine à un public majeur et averti.

Intime

Aude nous livre ici le récit de sa vie. La violence des garçons dès l'enfance, puis celle des filles, peut-être parce qu'elles ont elles-mêmes été blessées ? Sa candeur, l'agressivité d'autrui, les attentes, les regards, son corps en pleine évolution…

Aude grandit, échange son premier baiser en 1998. le temps s'écoule, jusqu'à ce qu'elle rencontre Samy, un très mauvais garçon. Elle n'a que 14 ans quand il abuse d'elle. Aude en conserve un traumatisme ancré dans ses chairs qu'elle n'arrive tout d'abord pas à nommer. Elle va voir une psy, prénommée Tali, qui va l'aider pendant 2 ans, puis par téléphone de temps en temps.

Pour abréagir ce qu'elle a vécu, Aude se fait poser un piercing microdermal, mais son corps le rejette. Elle se fait ensuite tatouer un cercle noir au creux des seins, cet endroit profondément souillé, plein de signification pour elle.

Aude enchaîne les aventures sans lendemain, n'écoutant jamais ses propres envies, son plaisir, son corps. Elle part finalement pour Montréal. Là-bas, elle rencontre Jaques qui va l'initier au libertinage au club de l'Orage. Elle découvre le BDSM et apprend à écouter ses propres fantasmes.

Aude a toujours préféré les hommes plus âgés ; mais cette fois, Jaques a tout de même 29 ans de plus qu'elle, cette relation est vouée à l'échec et lui procure une grande insécurité… Par ailleurs, elle ne supporte pas que son amant partage son corps avec d'autres femmes. Des tensions naissent, qu'elle essaie d'apaiser difficilement.

Après quelques années, Aude retourne en France, et y vit d'autres amours. Sylvain et ses massages tantriques, et enfin Claire. Des personnes qui vont guérir ses blessures. Aude apprend à cicatriser, à prendre du recul sur ce qui lui est arrivé pour comprendre que notre société moderne est en grande partie responsable de ce qu'elle a vécu. Elle ne peut trouver d'excuses au garçon qui l'a violée. Oui, elle aurait pu s'enfuir, mais les chaînes qui la retenaient captive dans cette chambre décatie étaient extrêmement insidieuses. Et surtout, elle n'avait que 14 ans…

Introspection

Éclore est profondément féministe et intime. Aude se dévoile entièrement dans cette autobiographie ; elle évoque les aléas de sa vie, ses courbes, ses complexes, ses interrogations, son cheminement intérieur. Les séquelles de son viol, qui ont entraîné des répercussions pendant toutes ces longues années. le besoin de panser ses plaies. Réaliser qu'elle est devenue détraquée à cause de ça, chercher un rapport de force dans l'intimité.

Être femme a toujours été difficile, de tout temps. La modernité ne déroge pas à cette règle. Beaucoup d'hommes violentent les femmes, que ce soit verbalement ou physiquement. Rares sont ceux qui écoutent vraiment les envies/besoins de leur compagne et les respectent. Nombreux sont les jules qui utilisent la femme comme un objet puis la jettent. Ici, il n'est pas question de violence conjugale, mais d'une souillure qu'Aude doit panser au fil du temps.

C'est un récit entier, très intime, sans concessions. Cet ouvrage contient beaucoup de scènes érotiques et se destine donc à un public averti.

On ressent l'ambiance des années 90, le baladeur, les hits de l'époque, la coupe du monde… Mais très vite tout bascule. On se sent forcément proche d'Aude. On compatit pour elle et on lui souhaite de trouver le bonheur au bout de ce long tunnel, de ces mésaventures qui ont tant blessé son corps.

Au fil de l'histoire, l'arbre qui symbolise Aude se déploie. Des branches peuvent casser, mes ses racines s'étirent profondément dans la terre, en elle-même, pour mieux s'ancrer, mieux s'épanouir. le titre Éclore est pertinent, car oui, Aude éclot en elle-même pour se découvrir, accueillir toute sa douleur, la panser, avancer… Éclore est certainement le récit le plus viscéral que j'ai lu cette année. Un hommage aux femmes, au féminin sacré. À l'amour que l'on peut ressentir pour se réapprendre.

Mon seul reproche réside dans l'écriture inclusive appliquée ici. C'est un débat houleux que j'ai argumenté plusieurs fois et qui surprend la communauté LGBT dont je fais partie, étant moi-même bisexuelle. Je ne cautionne pas l'écriture inclusive en qualité d'écrivaine, tout simplement.

Outre cela, le personnage de Aude est authentique, sans faux-semblants. Elle a des rondeurs qu'elle met du temps à assumer. Elle prend conscience de son corps, des attentes des autres, mais et les siennes ? Elle grandit, d'année en année, de relation en relation, jusqu'à se trouver elle-même, ainsi que son bonheur. Aude parvient à ne plus banaliser l'horreur, à la surmonter et se sublimer.

Aude Mermilliod a confié qu'Edmond Baudoin a influencé son travail. Les couleurs employées dans ce roman graphique me font penser à des bulles d'encre qui se mélangent parfois au corps de l'héroïne. Cette technique est savamment distillée, entremêlant des émotions, des couleurs qui s'entremêlent.

Conclusion : Éclore en soi
Éclore émeut dans sa narration autobiographique : le drame qu'a subi Aude à ses 14 ans. Elle va devoir cheminer toute sa vie durant avec ce traumatisme. C'est un récit très fort, sans tabous, qui aborde la sexualité avec une grande authenticité. Une histoire destinée à un public mature, qui amène des réflexions sur la violence dans notre monde moderne et les cassures qui en résultent, comment les abréagir dans la résilience.
Lien : https://geekandchill.com/ecl..
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Dans Éclore, Aude Mermilliod poursuit l'exploration de son univers personnel et intime, initiée avec Il fallait que je vous le dise. Cet album graphique se distingue par une sincérité et une liberté d'expression remarquables, où l'auteure se livre à une introspection détaillée de ses expériences sexuelles, sentimentales et psychologiques. À travers ses récits illustrés, Mermilliod examine comment ces expériences l'ont à la fois façonnée et morcelée, offrant une réflexion nuancée sur la croissance et la résilience.

Éclore est un voyage visuel et émotionnel au coeur de la quête de soi, mettant en lumière le cheminement de l'auteure vers l'épanouissement personnel. L'album est caractérisé par une grande sensualité et une harmonie artistique qui accompagnent le lecteur dans le parcours de Mermilliod. Elle explore les défis, les leçons apprises, et les moments de transformation, tout en invitant les lecteurs à partager sa quête d'équilibre et de guérison. Par sa profondeur et son authenticité, Éclore se présente comme un témoignage puissant et indispensable de la résilience et de la quête d'harmonie intérieure.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est trop important et sacré pour le faire quand tu n’en as pas vraiment envie. Pas de pression.
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Vidéo de Aude Mermilliod
Dans le 177e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Yveline, premier tome sur trois de la série Les vents ovales que l’on doit au scénario conjoint de Jean-Louis Tripp et Aude Mermilliod, au dessin d’Horne, qui est édité chez Dupuis dans la collection Aire libre. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Pastorius Grant que l’on doit à Marion Mousse ainsi qu’aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Marguerite Broquedis que l’on doit au scénario de Paul Carcenac, au dessin de Fabien Ronteix et qui est publié chez Des ronds dans l’O - La sortie de l’album Mou que l’on doit à Benoit Feroumont et que publient les éditions Dupuis - La sortie de l’album Bertille & Lassiter que l’on doit à Éric Stalner, un titre qu’édite la maison Grand angle - La sortie de l’album Plouheran que l’on doit à Isabel Del Real et que publient les éditions Delcourt dans la collection Encrages - La réédition au format poche de Polina que l’on doit à Bastien Vivès et que publient les éditions Casterman Découvrir le podcast
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