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EAN : 9782081312739
240 pages
Flammarion (18/09/2013)
2.94/5   33 notes
Résumé :
Jean Valmore, enseignant désabusé et écrivain non publié, bascule : il prend sa carte au Front national et côtoie un groupuscule d'extrême-droite. Il raconte ses dernières semaines, une plongée effrayante, cynique et comique dans la folie meurtrière. Une mise en scène de la noirceur qui habite les sociétés tentées par l'extrémisme et gagnées par la haine et le mépris de l'autre.
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« Au fond, jusque-là, ce qui m'avait manqué, c'était de n'avoir pas pris conscience que j'étais une saine pourriture ou, plus banalement, comme beaucoup d'autres, une personne activement immorale, opportuniste, avide, terrestre, se foutant pas mal de ses semblables, douée d'indifférence ou de mépris à leur égard, prête à les écraser pour jouir, faire de l'argent, obtenir des distinctions ou une position dominante quelle qu'elle soit. » (p. 13) Jean Valmore est un enseignant cynique et un écrivain raté. La cinquantaine bien entamée, le foie bien attaqué et l'esprit bien dérangé, il prend sa carte au sein d'un tristement célèbre parti d'extrême droite. L'attrait intellectuel premier est rapidement remplacé par une folie meurtrière qui va s'exercer à l'aveugle, la lucidité faisant naufrage. « Au fond de moi, il y a un tueur… Il bouge… » (p. 57)

La préface de l'auteur est d'une grande intelligence : les sots s'en offusqueront, mais uniquement parce qu'ils sont aveugles à la réalité. Et pour ceux qui n'ont pas peur de regarder cette dernière en face ? le personnage narrateur n'est pas plus tendre avec eux et, au fil de sa confession – puisque c'est de cela qu'il s'agit –, il les fustige avec le mépris goguenard qu'ils méritent. « Si vous êtes encore là, penchés sur ces lignes comme une cuvette de w.-c., c'est que vous n'êtes pas non plus très recommandables. » (p. 34) Toute la noirceur du monde est un cocktail de misanthropie fasciste, réactionnaire et pornographique. Pas le genre de lecture que vous aurez envie de partager avec Belle-Maman. Avec Beau-Papa, peut-être, s'il porte à droite, très à droite. L'humour est noir, grinçant, dérangeant, évidemment. J'ai ri, c'était nerveux, un peu honteux aussi. Mais si vous êtes aussi sains d'esprit que moi, vous en redemanderez, comme moi.

Pierre Mérot est aussi l'auteur de l'excellent Mammifères. Commencez par celui-ci et embrayez avec Toute la noirceur du monde, il y a un sens certain dans tout cela.
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Subversif, provocateur, choquant...Les adjectifs sont multiples pour qualifier le nouveau roman noir de l'écrivain Pierre Mérot (connu par ailleurs pour Mammifères: Prix de Flore 2003).
Jean Valmore, quinquagénaire veuf dépressif, écrivain et professeur en arrêt maladie, va glisser sur une mauvaise pente, celle de la folie et de Toute la noirceur du monde. "Je ne supporte plus les mous.Les mous attirent les coups" confie-t-il avec mépris et cynisme. "J'étais un glacier" dit-il encore dans son cruel monologue.
Pierre Mérot, s'introduit dans les pensées intimes d'un homme perturbé psychologiquement pour décrire de main de maître comment peut s'enclencher la folie meurtrière chez ce solitaire paranoïaque en perte de repères. Haine, mysoginie ( les "caramels femelles", leur sexe "couleur foie de veau"),racisme, antisémitisme,fascisme, perversité....l'auteur nous plonge dans les affres de la violence allant de la confusion mentale au passage à l'acte. Je ne dirai pas que j'ai aimé mais ce livre ne peut laisser indifférent.
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Merot Pierre, toute la noirceur du monde, Flammarion.

Le livre a fait scandale, par une histoire d'éditeurs, et son thème : un professeur s'enrôle dans le Front National, et même au-delà, puisqu'il participe aux « activités » d'un groupuscule d'extrême-droite.

Le narrateur (« Je ») n'est pas l'auteur, ni son représentant, même quand ses réflexions touchent la cible : la dégradation des conditions d'enseignement dans le secteur technologique, où le manque de culture et la misère linguistique sont patents. Ajoutons-y le poids des origines ethniques prévalent dans ces filières, la frilosité de l'administration devant ses responsabilités, les provocations de « disciples de Tarik Ramadan » - devant lesquelles la capitulation fut trop souvent une règle de conduite. D'autres maladresses « pédagogiques » comme l'attribution du prix de l'Education Nationale au film « Elephant  » de Gus van Sant, histoire d'une tuerie dans un lycée américain :

« Le ministère de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche propose un cédérom pédagogique destiné en priorité aux enseignants souhaitant travailler avec leurs élèves autour du film de Gus van Sant, "Elephant", prix cinéma de l'Éducation nationale, palme d'Or et prix de la mise en scène, Cannes 2003. »

Bien entendu cet argumentaire, noyé dans le flux incohérent d'un esprit chaotique, n'est en rien une apologie de l'extrême droite ! Valmore, professeur non inséré socialement, ni affectivement, en proie à l'alcool et à des troubles mentaux, nourrit des obsessions morbides et des délires criminels révoltants, quand il se livre à des ratonnades ou à des meurtres crapuleux. On pense à Brett Easton Ellis pour la brutalité et l'humour noir.

Il y aurait en effet de l'humour : dans la scène de consultation chez un psychanalyste, dans les propos de salles des profs, dans des scènes de bistrot où des ivrognes peinent à articuler des mots - pourtant galvaudés, comme « dé-dia-bo-lisation ». Ceci dit, la ressemblance revendiquée entre Valmore et un taphophile (« amateur de cimetières), au sens où notre fasciste à la dérive serait un fournisseur de victimes, risque de mal passer !

Le mépris universel du « lettré », qui agite des bribes des souvenirs culturels, ses agissements criminels qui relève de l'arsenal des idées comme des actions racistes indignent le lecteur. Quand la charge est excessive, le rire s'éteint, et on ne partage « point » les « gloussements » hystériques du « dément autoproclamé ».

C'est dommage, car la plume alerte de Pierre Mérot dans les « mammifères » nous avait préparés à des plats savoureux - et moins indigestes !
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Toute la noirceur du monde est un roman du, hélas, trop méconnu Pierre Mérot, surtout réputé pour le magnifique Mammifères (Prix Flore 2003) qui, un peu à la manière d'un Houellebecq, auscultait avec dérision, cynisme et poésie le désarroi du mâle quadra contemporain.

L'histoire de ce roman, son huitième, paru dix ans plus tard, est un roman en elle-même. Manuscrit refusé par Grasset, il est annoncé chez Gallimard, qui finalement fait volte-face et renonce. Stock reprend le manuscrit et l'inscrit à son agenda, avant de renoncer finalement quatre mois avant la publication. Après ce jeu de chaises musicales qui fit grand bruit dans le microcosme littéraire, l'ouvrage est finalement récupéré par Flammarion qui le publiera en demandant à Pierre Mérot d'y ajouter une préface de mise en perspective et d'explication. C'est que ce récit de l'auteur de Mammifèresdonne de nombreux bâtons pour se faire battre et mettre mal à l'aise éditeurs et lecteurs. Il retrace la dérive d'un professeur de lycée au bout du rouleau qui par désespoir et haine envers son prochain va devenir militant d'extrême droite, puis serial killer.

Raciste, alcoolique, pédophile, manipulateur et tueur, voilà le portrait d'un homme atroce que l'auteur cherche pourtant à rendre, d'une certaine façon, touchant. Il essaye en tout cas de dépasser le simple regard réprobateur ou froid sur un monstre et de nous faire toucher du doigt sa part d'humanité blessée. L'homme est inconséquent et fou, mais pas véritablement abject, malgré ses épouvantables méfaits.

L'entreprise est osée et certains passages, dont la fin, ne sont pas loin de donner la nausée. On sent aussi une vraie volonté un peu puérile de choquer le bourgeois et d'écrire des horreurs avec un sens du mauvais goût et du cynisme assumé.

Mais au-delà de la posture provocante, le parcours apocalyptique de ce french psycho porte en lui une très belle proposition. C'est que Pierre Mérot est un auteur. Un homme de style et de goût (littéraire) malgré les dégoûts que peuvent susciter certains propos du héros ou certaines aventures qu'il vit. Alors oui, c'est parfois choquant ou bêta, ou bêtement choquant. Il y a presque un esprit potache et bas de plafond chez ce Patrick Bateman (nom du héros du American Psycho de Brett Easton Ellis) franchouillard, mais ses terribles pérégrinations sont truffées de fulgurances poétiques et de vérités puissantes et tristes. La plume de Mérot est à la fois douce et tranchante et ce n'est pas tous les jours que l'on trouve un auteur contemporain français capable de telles envolées.

Un livre malade, mais d'un véritable auteur, qui n'a hélas pas trouvé avec ce livre le chemin pour rendre justice à son talent.



Tom la Patate
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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« Au fond, jusque-là, ce qui m'avait manqué, c'était de n'avoir pas pris conscience que j'étais une saine pourriture ou, plus banalement, comme beaucoup d'autres, une personne activement immorale, opportuniste, avide, terrestre, se foutant pas mal de ses semblables, douée d'indifférence ou de mépris à leur égard, prête à les écraser pour jouir, faire de l'argent, obtenir des distinctions ou une position dominante quelle qu'elle soit. Oui, à cinquante ans, il était temps que je songe activement à moi, à moi seul ».
Ainsi débute la morne histoire de Jean Valmore, le personnage central du dernier ouvrage de Pierre Mérot. La cinquantaine confirmée, malmené par les remous d'une existence qui a perdu toute saveur, Valmore nous est dépeint comme un enseignant désenchanté que le veuvage, les mauvais choix, les piètres fréquentations et la déchéance de la société vont peu à peu mener à la dérive sociopathe et meurtrière.
Outre pour sa défunte épouse Judith, le calva-16-ans-d'âge, son élève Oumar, son père-tortue et la jeune rockeuse Erika, il ne possède plus aucune considération, pour rien ni pour personne. Alors il va tuer, allant jusqu'à se persuader de la nécessité de son action : « Eliminer une ou vingt-quatre personnes est un jeu dont les règles sont sommaires : tuer le plus possible avant d'être tué. Et la société n'est qu'une fragile construction, un globe pudibond et avachi posé par-dessus ça. Et la société-en-gants-blancs-hypocrites tue bien plus de monde que moi, alors, pas de morale, s'il vous plaît ! Je suis juste venu sur la Terre – hélas, je m'en aperçois seulement aujourd'hui – pour mettre un peu d'ambiance […] Et le monde, à nouveau, sera en ordre ».
Et si l'exercice délicat du (de ce) récit à la première personne aurait gagné à voir l'existence de ce Valmore enrichie de plus de détails, son comportement – plus précisément son égarement – est à l'image de celui "à risque" de notre monde, dont la perte de repères fondamentaux, l'expansion des idéologies extrémistes et le mépris jusqu'à la haine d'autrui empreignent de noirceur. A ce titre, l'intitulé s'avère judicieusement choisi.
Au final, ce livre interroge en ce qu'il rend visible certains "maux" actuels que ce monde dit civilisé génère, nourrit, entretient, essaime.
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critiques presse (1)
Bibliobs
04 octobre 2013
Le livre n'est malheureusement pas à la hauteur de son scandale [...] Animé par une volonté puérile de choquer son nigaud de lecteur, Mérot multiplie les saillies racistes, antisémites, sexistes, pédophiles. On frémit, mais de lassitude.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Oumar est la risée de la classe, non seulement à cause de sa laideur [...], mais surtout en raison de sa folie et de ses positions politiques. Son père tient une petite épicerie. Le soir, Oumar le remplace. Le matin, il a les yeux cernés. Moi, je l'aime bien, c'est un ovni et, contrairement à ses camarades, il suit l'actualité et possède une vraie culture. Certes, elle est un peu spéciale. Il veut devenir dictateur.
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Au fond, jusque-là, ce qui m’avait manqué, c’était de n’avoir pas pris conscience que j’étais une saine pourriture ou, plus banalement, comme beaucoup d’autres, une personne activement immorale, opportuniste, avide, terrestre, se foutant pas mal de ses semblables, douée d’indifférence ou de mépris à leur égard, prête à les écraser pour jouir, faire de l’argent, obtenir des distinctions ou une position dominante quelle qu’elle soit. Oui, à cinquante ans, il était temps que je songe activement à moi, à moi seul. Voyez-vous, avant mon sursaut, j’aurais, dans un réflexe d’honnêteté, d’idiote et d’honnête scrupulosité, une scrupulosité timorée de comptable sans envergure, oui, j’aurais accordé, non sans préciosité, non sans ridicule observance des règles de la grammaire – le bien des inférieurs –, j’aurais donc accordé et dit : “il était temps que je songeasse.” Pauvre type timide !
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« Si vous êtes encore là, penchés sur ces lignes comme une cuvette de w.-c., c’est que vous n’êtes pas non plus très recommandables. » (p. 34)
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Je ne supporte plus les mous. Les mous attirent les coups.
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« Au fond de moi, il y a un tueur… Il bouge… » (p. 57)
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