La terre est occupée par des êtres venus de l'espace. Ils sont d'abord restés prudemment en observation avant de prendre la direction des opérations. Les humains sont ravalés au rang d'animaux comme les autres. Ils sont répartis en trois catégories : de compagnie, de travail, d'élevage pour la boucherie.
Malo Claeys est l'un des ces « démons », comme il dit. Et il rêve d'un monde meilleur.
En terminant ce terrible roman, je reste perplexe et tout à fait décontenancée.
La problématique qu'il soulève a tout pour me toucher. Elle m'intéresse et me parle, car, moi aussi, je me soucie de l'avenir de notre planète et du sort réservé aux animaux. Quand on m'a présenté ce livre, le peu qu'on m'en a dit m'a tout de suite fait penser à «
Sous la peau » de
Michel Faber. On y voyait des extraterrestres capturer des humains pour les engraisser et les manger. Dans le récit de
Vincent Message, ce n'est pas tout à fait la même chose. D'abord, nos ne saurons jamais à quoi ressemblent les nouveaux maîtres de la terre. A aucun moment, ils ne sont décrits. On sait seulement qu'ils ont des habitudes aquatiques, puisque, à plusieurs reprises, Malo nous parle de ses nuits, qu'il passe dans une baignoire. Quand il évoque les premiers arrivants, ceux-ci se groupaient dans des endroits isolés où ils pouvaient bénéficier d'un étang ou d'une étendue liquide, dans lesquels ils vivaient. Ils sont arrivés un jour, on ne sait ni d'où ni pourquoi, afin d' observer la terre et voir s'ils pourraient s'y établir. Et, bien que l'univers soit, selon eux, rempli de planètes habitables, ils ont jeté leur dévolu sur la nôtre, justement parce qu'elle est, en majorité, composée d'eau.
Après une sérieuse observation, ils remarquent que les « maîtres et possesseurs » n'en prennent pas soin et passent leur temps à la détruire. Ils décident de les protéger d'eux-mêmes. Pourtant, on les verra tomber dans les mêmes travers. A plusieurs reprises, Malo fait allusion aux oiseaux qui ont disparu, qu'ils ont exterminés. Des descriptions terriblement dures nous font pénétrer au sein d'un élevage d'humains de boucherie. Elles sont choquantes, oui, mais elles n'ont rien d'imaginaire. Elles dépeignent, trait pour trait, le sort que nous réservons aux animaux que nous mangeons : petits arrachés à leurs mères, mâles castrés à la chaîne, réticence des éleveurs à respecter certaines règles de « bien être », telles un espace suffisant pour pouvoir bouger, ou possibilité de vivre en plein air. le roman nous présente quand même un utopiste, qui développe une « ferme du bonheur ». Hélas, son bétail se révolte et le met en pièces.
Au centre du livre, l'attachement ambigu qu'éprouve Malo pour Iris. N'est-elle, pour lui, qu'une « humaine de compagnie » ou ressent-il un véritable amour à son égard ? En tout cas, sa femme, Saskia est jalouse d'Iris. Mais nous ne savons rien de ce que pense celle-ci, étant donné que le récit est pris en charge par Malo. Nous ne disposons que de son unique point de vue.
Un dilemme se pose à lui : il a sauvé Iris de l'abattoir, mais n'a pas le droit de la garder. C'est exactement ce qui se passe lorsque, dans notre monde, des gens prennent soin d'animaux sauvages, cerfs, sangliers, arrachés aux griffes des chasseurs. le plus souvent, on leur brandit sous le nez un papier précisant que la loi leur interdit de les détenir. On les leur enlève. On les abat. Que doit faire Malo ? Garder Iris enfermée pour la préserver ? Alors, il la prive de liberté et elle ne sera pas beaucoup plus heureuse que dans son étable. Doit-il la laisser sortir au risque de la voir capturée ou accidentée ?
Malo refuse de manger de la viande. Il est stigmatisé par ses congénères. Ce n'est pas très différent de notre société, dans laquelle se déclarer végétarien est presque considéré comme une maladie.
Malo se donne beaucoup de mal pour défendre une loi visant à protéger les humains et à améliorer leur sort. Il se heurte à des opposants qui, bien qu'ils se présentent comme des défenseurs de la planète, s'acharnent, en fait, à l'épuiser et à la détruire. Est-ce si éloigné de ce que nous connaissons ?
Donc, me voilà déconcertée. Les thèmes abordés me tiennent vraiment à coeur. Mais le roman est dur, noir, totalement désespérant. Il s'acharne à tuer toute lueur d'espoir. En le refermant, on est bon pour un gros cafard. En outre, de nombreux passages m'ont paru longs et ennuyeux. de telle sorte que je ne sais que dire. Ce livre est d'une terrible actualité et il aurait dû me plaire. Je pense qu'il mériterait d'être découvert par le plus de monde possible, surtout par ceux qui se cachent les yeux et refusent de regarder la réalité en face. Et pourtant, je n'ai pas réussi à accrocher.