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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après avoir tué trois personnes dans la rue, Oscar Waldo Nexus s'est endormi sur les cadavres...
Un acte insensé dont personne n'arrive à comprendre les mobiles.
Chargés d'éclaircir les raisons profondes du tueur, le policier Paulus Rilviero et le psychiatre Joachim Traumfreund décident de s'isoler avec Nexus, dans un bâtiment en plein coeur de la montagne.
Au fil des jours, ils découvrent que Nexus vit dans son sommeil une vie parallèle où il rejoint un monde onirique: le Séabra...

Ce projet ambitieux d'un auteur d'à peine 26 ans dont qui plus est, c'est le premier roman (!), est mené avec une telle assurance, une telle aisance, une telle originalité et un tel esprit créatif, qu'on ne peut que se laisser embarquer dans cette histoire dense et captivante, tout à fait subjugante malgré sa longueur.
Réflexion sur la place indispensable de l'imaginaire dans notre société enchaînée au réel, "Les veilleurs" est un livre remarquable d'intelligence qui nous mène par le bout du nez.
On en sort pétri d'admiration. Tout simplement bluffant.
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Livre incroyable, époustouflant, génial ! Bref j'ai adoré.
Oscar Nexus a tué trois personnes dans la rue sans mobile apparent. A 30ans, Nexus, amnésique de son passé, dit être né depuis un an. Après avoir été condamné à perpétuité, il est transféré dans un hôpital psychiatrique. Les soins et traitements administrés ne lui permettent pas de retrouver la mémoire. Parmi les victimes il y a une femme, Ania, maîtresse de Samuel Drake, gouverneur de la province et de la ville Regson. Ce dernier pense que par ce meurtre quelqu'un cherche à l'atteindre. Il ordonne à Paulus Rivielro, inspecteur de police, de se joindre à un célèbre psychiatre, le docteur Joachim Traumfreund, pour reprendre l'enquête et l'interrogatoire de Nexus. Les méthodes du psychiatre sont assez originales. Nexus est interné dans un maison-vaisseau niché au fond d'une vallée en montagne, isolée de tout, surveillé en permanence par deux infirmiers.
Traumfreund et Rivielro vont découvrir que Nexus, à chaque phase de sommeil, poursuit le même rêve. Pour redonner la mémoire à Nexus et comprendre les raisons de ses meurtres, ils vont s'employer à entrer dans le rêves de Nexus, parcourir son imaginaire et découvrir un monde parallèle.
Vincent Message a écrit un roman sur la raison et l'imaginaire se livrant une guerre depuis des siècles. Dans notre monde rationnel et technique, obnubilé par l'efficacité, la rentabilité, l'imaginaire a été totalement renié et au mieux admis comme étant l'expression de non-dit qu'il faut analyser rationnellement. Tout le roman s'interroge sur la possibilité de faire coexister l'imaginaire avec le réel. L'auteur symbolise cet équilibre par l'équinoxe, totalement oublié dans nos sociétés qui préfèrent célébrer les solstices d'hiver et d'été.
Au fur et à mesure que nous découvrons le monde imaginaire de Nexus, Vincent Message arrive à nous faire douter de l'existence du réel. Finalement en quoi l'imaginaire peut-il influencer et créer le réel? En décrivant très précisément les lieux géographiques, en attribuant des noms à chaque villages, rivières, montagnes et surtout en faisant référence parfois à des lieux réels (Canada, Terre, ...) le monde dit réel, mais néanmoins imaginaire de l'auteur devient véritablement réel. D'où l'énorme trouble que l'on ressent lorsque que l'on plonge dans le monde imaginaire de Nexus, le Séabra avec ses régions, son désert, ses villes immenses. On ne sait plus où est le réel et l'imaginaire. Alors qu'il s'agit des rêves de Nexus, on finit par l'oublier et croire qu'il s'agit vraiment d'un monde parallèle réel et que le monde de Regson est le miroir imaginaire.
Thème omniprésent, les visages et le regard. Zone d'expression et de communication entre les hommes. Medium obéissant à des règles en société pour chaque circonstance, qui est source d'imagination et d'interprétation et de manipulation.
Le roman peut également être lu comme une critique de nos sociétés et de ses dérives. Critique des intellectuels, critique de l'hypocrisie des politiques, critique de nos sociétés de consommation. A tout moment les situations décritent font écho a des évènements de notre monde et nous interrogent.
L'écriture de Vincent Message est truffée de petites phrases très imagées (imaginaire !) permettant en quelques mots de décrire des situations doubles (L'autre a les mains mal rasées et les joues moites, le roseau faisait fléchir les chaînes, des dizaines de cerisiers qui gardent au cours de l'année en eux l'idée de fleurs et la laissent surgir au printemps en une explosion de vie).
Il invente des mots lui permettant de révéler des sens cachés (les gardiens qui déblavardent, certains avocacteurs, corps musculaturés, carnavalges).
Vincent Message s'appuie sur des multiples clins d'oeil et références culturels (la banque Fafner évoquant le dragon de la tétralogie de Wagner gardant l'or du Rhin, la stèle présente avant le déluge dans le monde de Séabra évoquant la stèle de 2001 Odyssée de l'Espace de S Kubrick, le nom du psychiatre Traumfreund soit l'ami des rêves en allemand, etc, etc).
Roman immense dont il faudrait citer chaque page. Roman exigeant d'une densité extraordinaire dont je n'ai certainement pas vu toutes les clés.
Roman à lire absolument et à relire.
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«Il comprit que l'entreprise de modeler la matière incohérente et vertigineuse dont se composent les rêves est la plus ardue à laquelle puisse s'attaquer un homme, même s'il pénètre toutes les énigmes de l'ordre supérieur et inférieur.» (Borges, Les ruines circulaires)

Oscar Nexus a tué trois passants dans la rue dans la cité de Regson, avant de s'endormir sur les cadavres. Homme gris, marginal et invisible avant les meurtres, il est resté muet pendant son procès, et a été condamné à la prison à vie.
Nexus est-il fou ? Est-il un manipulateur ? Samuel Drake, gouverneur de Regson, aimerait comprendre si l'assassinat de sa maîtresse, parmi les trois victimes, est un crime conçu pour l'atteindre politiquement ou un hasard malheureux. Joachim Traumfreund, psychiatre surdoué aux méthodes atypiques, et Paulus Rilviero, officier de la police judiciaire, talentueux et instinctif malgré son air balourd, sont chargés par Drake de répondre à cette question.

Pour pénétrer sous la carapace mutique de Nexus, Traumfreund le transfère et l'accompagne avec Rilviero dans un lieu reculé, une maison très particulière, l'Aneph, comme un «bateau de pierres blanches échoué toutes voiles dehors au-dessus du grand pierrier gris», léguée par un architecte et ancien patient du psychiatre après sa thérapie.

«Rilviero commence à entrevoir l'intérêt de l'Aneph : l'idée était de construire une demeure refermée sur elle-même et qui donne pourtant l'impression d'être un univers d'une richesse inépuisable ; de créer une infinité de chemins dans cet espace fini.»

Là, Nexus va se mettre à parler et dévoiler l'univers de ses rêves, un monde parallèle où des communautés s'affrontent, un monde archaïque traversé par les questions d'aujourd'hui, désastre écologique, fanatisme, barrières d'une civilisation dominée par la raison et la cupidité et où l'imagination agonise, étouffée par la routine et les normes. Traumfreund et Rilviero vont pénétrer chaque jour dans ce monde onirique, dans lequel Nexus semble véritablement vivre, et où ils découvriront peut-être la clé de ses crimes.

«Si vous viviez dans une vallée où la brume ne se lève jamais et que vous faisiez chaque nuit le même grand rêve … quel aspect de votre vie vous paraîtrait le plus réel ? le monde solide auquel vous êtes habitué serait invisible – perpétuellement masqué par une brume terrible … épaisse comme ça. Combien de temps faudrait-il avant que vous doutiez qu'il existe encore ?»

Parsemé de signes et d'influences innombrables, roman impressionnant au croisement de deux mondes et des genres littéraires, «Les veilleurs» est une ode à l'imaginaire et à l'arc en ciel des possibles.
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Incroyable hybride de thriller policier et de quête poétique à la Gracq / Jünger / Abeille.

Publié en 2009, le premier roman de Vincent Message (26 ans à l'époque) tranche, dans une production contemporaine fréquemment quelque peu timorée, par son ambition et sa maîtrise, développées en 750 pages impressionnantes.

Quelque temps après sa condamnation surprise (car il présentait bien des aspects d'irresponsabilité pénale) à l'emprisonnement à vie, Oscar Nexus, un marginal asocial qui survivait dans un petit boulot de veilleur de nuit, avant d'abattre un beau matin trois personnes en pleine rue, est ré-interrogé, en profondeur, par le psychiatre non conventionnel Traumfreund et par l'ex-policier d'élite Rilviero, mandatés par le puissant politicien Drake, qui voudrait être certain que la mort de sa maîtresse, l'une des trois victimes, était bien le fruit du hasard, et non celui d'une attaque à son encontre…

Bien qu'ayant gardé un mutisme obstiné pendant toute l'enquête initiale et tout le procès (ce qui n'avait pas peu contribué à la peine prononcée), suite à un changement de méthode (Traumfreund est un adepte d'une forme actualisée et subtile de l'anti-psychiatrie de Cooper, de Laing et de leurs émules) et d'environnement (une annexe de la clinique du Dr Traumfreund, située en pleine montagne, oeuvre d'un architecte profondément original et lui-même ancien patient), Nexus se met, peu à peu, à parler.

Se confiant aux deux enquêteurs, il raconte par le menu, en une terrifiante spirale irrationnelle pourtant de plus en plus crédible, sa précaire installation entre notre monde diurne, auquel il ne semble pas vraiment appartenir, et un autre monde, nocturne, qu'il parcourt dans ses longs rêves, observateur aux côtés de Calder, prêcheur intellectuel tentant désespérément d'y unir toutes les forces vives, prêtes à se déchirer entre elles, businessmen, militaires, artistes, savants, sectateurs religieux, au lieu de se rassembler pour faire face à l'inexorable croissance du désert dévastateur au sein de leur univers clos, et quelles circonstances issues de l'onirique l'amenèrent in fine à commettre son crime étrange…

Maniant solidement tous les codes du grand thriller policier, Vincent Message réussit à l'intérieur de ce cadre apparent une formidable hybridation, dans laquelle retentissent avec force et poésie des accents de Julien Gracq, d'Ernst Jünger (celui des « Falaises de marbre », bien entendu) ou de Jacques Abeille, distillant le rêve, le doute, l'incrédulité, à chaque rebond des consciences de cette incroyable « enquête ». Une mise en abyme du pouvoir performatif de la narration, et aussi, tout simplement, du grand art, que peu de romanciers atteignent, tout particulièrement lors d'un premier roman.
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On embarque dans un monde imaginaire ou la réalité et le rêve se chevauchent, et ou la frontière n'est pas déterminée….Meme si il faut être très accroché quand on lit ce livre (s'il écrit comme ca à 26 ans, je me pose la question à 40….), l'histoire et les personnage sont fascinants…L'auteur a des points de vue vraiment intéressant sur la vie en général….

a adoré l'intrigue et les personnages…Un petit bémol pour certains: c'est un pavé avec un style très soutenu, donc faut vraiment avoir envie de le lire….Vous ne serez pas déçu si vous arrivez jusqu'à la fin!!!!
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Les veilleurs est un roman de Vincent Message paru le 20 août 2009 au Seuil (635 pages, 22 €, ISBN 978-2-02-099707-2) et qui a déjà reçu le Prix Laurent Bonnelli (décerné par le magazine Lire et les librairies de Virgin). Plus d'informations sur l'auteur sur son site officiel.

Je remercie Suzanne de Chez les Filles et les éditions du Seuil de m'avoir fait parvenir ce roman que je vais lire dans le cadre du challenge 1 % de la rentrée littéraire 2009. Premier roman de ce parisien né en 1983, pavé de plus de 600 pages : il a intérêt à être bien ! Bon, j'ai lu moins de 20 pages et je suis déjà conquise, accro, ne me dérangez surtout pas, je lis !

« À en croire la très bonne parole, il faut que je sois fou. Ils ont réfléchi toute la nuit derrière des portes closes, et maintenant que la fatigue a fini par les mettre d'accord, ils peuvent le dire sans aucun risque de se tromper : c'est ça. L'un deux monte au créneau pour défendre cette position. le pauvre est mal barré. Pour rien au monde je n'échangerais nos places. » (page 11, premières phrases du roman). le narrateur, celui qui pense ça, est sur le banc des accusés, il s'appelle Oscar Waldo Andreas Nexus (30 ans) et il a tué avec un pistolet trois personnes qu'il ne connaissait pas, dans une rue de Regson, un matin de février, puis il s'est endormi sur leurs cadavres et n'a déclaré qu'une chose : qu'il avait sauvé le monde. En cinq mois, l'affaire est traitée. le verdict : perpétuité, l'enfermement : à la clinique Bentlam où il sera observé par le docteur Joachim Traumfreund (55 ans).

L'officier de police judiciaire Paulus Rilviero (47 ans) est mandaté par le gouverneur Samuel Drake pour découvrir qui est réellement Nexus et pourquoi il a agi ainsi. Car parmi les victimes, Richard Tallis (la cinquantaine, père de deux enfants) et Zhao Yuan (jeune expert-comptable qui allait se marier), il y avait Ania Walevska (la trentaine, brillante sociologue d'origine polonaise, qui était la maîtresse cachée du gouverneur).

C'est un récit surprenant que découvre le lecteur ! D'un côté les pensées de Nexus : « Cet homme n'avait pas de vie – ou bien une vie tout intérieure. » (page 63), de l'autre l'enquête de Rilviero et de Tramfreund car Nexus ne semble pas avoir existé avant son arrivée à Regson et son travail de veilleur de nuit : on ne se rappelle pas qui l'a embauché ou alors cette personne a quitté l'entreprise, sa concierge ne se rappelle pas l'avoir vu emménager et il était tout simplement apparu, son appartement est des plus impersonnel, personne ne le connaît ou ne communiquait avec lui à part une petite fille qui l'appelle le Dormeur et on ne sait pas d'où vient l'arme qu'il a utilisée ni l'argent versé sur son compte bancaire.

[...]
Lien : http://laculturesepartage.ov..
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Ceci ne ressemble pas à un roman français. Encore moins à un premier roman.

Par un beau matin de février, « un peu froid mais lumineux », le veilleur de nuit Oscar Nexus descend dans la rue armé d'un pistolet et abat trois personnes...
Lien : http://goodnightmary.blogspo..
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