Le poison du doute

C'est , je l'avoue , la couverture de ce livre de poche qui a attiré mon regard et m'a convaincu dans mon choix . La puissance dégagée par le regard de la femme vers l'homme a transmis en moi un je ne sais quoi de mystère, d'inquiétude dans ce décor sobre et sombre . Après, j'ai lu la quatrième et me suis dit que trop , comme bien souvent , on en apprenait trop , beaucoup trop ...J'avoue me faire prendre à chaque fois ...Je me promets de me fier à mon " instinct " et , il faut que je regarde le dos du livre ....
Bon , ce couple et cet enfant , on peut supposer que ce sont Margaux , une jeune infirmière, Philippe , son mari , ébéniste de talent , employé dans une entreprise locale et , Romain , leur fils . Une belle petite famille pour qui la vie s'annonce radieuse , épanouie....Alors , lorsqu'un jour , une lettre officielle va conduire Philippe à la gendarmerie , une petite fissure commence à se faire jour . OH, il s'agit de trois fois rien , un contrôle, rien de plus , qui doit se régler très vite ...C'est souvent arrivé à Philippe dont les origines sont quelque peu mystérieuses et qui est souvent ennuyé pour cette raison Mais pourquoi une policière réputée, Judih , est elle présente pour une simple vérification ? Là , vous allez me dire que j'en révèle déjà trop ...Si vous saviez ...Rumeurs , faits étranges, insultes , agressions verbales ....Au pays , " les braves gens n'aiment pas qu'on prenne une autre route qu'eux ..." La fissure s'aggrave , le couple fait front mais ...lorsque " le ver est dans le fruit " , la machine est lancée, , " la moisissure gagne du terrain" ....C'est le panier qui va se gangrener. ....
La force de ce roman , c'est de nous obliger à assister avec impuissance à une longue , une lente érosion, à semer le doute en permanence , à prendre parti , douter , se douter , revenir en arrière...L'auteur distille son poison par petites touches vicieuses , bluffantes . Nous sommes assaillies et assaillis de toutes parts par ce " poison du doute " qui nous étouffe. C'est parfois lent , lent mais subtil . Les " voyages " parcourus dans les paragraphes par un personnage différent à la fois maintient un suspense lourd , oppressant , usant . Bien entendu , on va tout savoir bien avant la fin mais l'auteur sait terminer intelligemment un récit qui aurait pu se dégonfler comme un soufflé raté. Non , je l'ai vécu comme tel : tout se tient et nous conduit " à bon port " .
Est - ce violent ? Est - ce sanglant ? Est- ce vulgaire ? Non , pas de crainte même si , bien sûr , le sujet n'est pas facile.
Les dialogues , nombreux, sont intéressants et contribuent grandement à perturber notre force de déduction.
Les personnages portent en eux les sentiments qui conviennent aux circonstances . On en préférera certains à d'autres mais je vous laisse vous faire votr propre opinion , même si , pour moi , Margaux et Judith auront " une longueur d'avance " .
J'ai aimé le rythme de ce récit qui m'a vraiment fait douter , passer par différents sentiments avant ....avant ...ben avant de le terminer , tiens .
Lire la quatrième, c'est éventer des éléments importants de l'histoire mais qu'importe , Julien Messemackers a suffisamment de talent pour franchir l'obstacle.

Une policière travaille depuis plusieurs années sur une enquête, on peut même dire qu'elle est obsédée par cette affaire. Elle veut absolument trouver l'homme qui a assassiné sa femme et ses enfants avant de disparaitre. Ce n'est pas la première fois qu'elle pense l'avoir trouvé mais là, elle en est certaine, elle est sur la bonne piste et ne va rien lâcher. Elle va débarquer chez les Novak et à partir de ce moment là, leur petite vie paisible est terminée. Elle pense que l'homme qu'elle recherche est Philippe Novak, le mari de Margaux. Pour cette femme, l'enfer va commencer car elle se retrouve entre les deux. Rien ne prouve de manière tangible sa culpabilité mais rien ne prouve qu'il soit innocent, des éléments sont troublants et peuvent le rendre coupable mais en même temps il a toujours une bonne explication. Son mari n'a pas eu une histoire de vie « classique ». Un article parait dans la presse, elle doit en plus faire face aux conséquences dans sa vie professionnelle, les regards, les remarques, l'éloignement du voisinage, de sa famille. Son petit garçon subit également des conséquences, ça lui fait mal dans son coeur de maman. Elle s'interroge et si elle avait refait sa vie avec un homme qui a été capable d'un tel acte, n'est elle pas en danger et pourtant elle se dit qu'il ne peut pas être coupable, qu'elle le connait, que la policière a une nouvelle fois fait une erreur. Dans tous les cas cette histoire montre l'ampleur qu'une rumeur peut prendre, qu'elle soit vraie ou fausse… Peut importe la fin, personne ne va en sortir indemne.
L'auteur aime jouer avec le lecteur, coupable ? Innocent ? La policière s'acharne-t-elle, elle n'a pas de limite, elle est prête à tout, assiste-t-on à une erreur judiciaire ou finalement a-t-elle mis la main sur cet homme qu'elle cherche depuis plus de 15 ans ?
Quand on lit ce livre, on a forcément des faits divers qui nous viennent en tête. Pour moi c'est celle de Dupont de Ligonnès car c'est récent et le drame c'est passé près de chez moi. Avec le livre on se dit qu'il a refait sa vie sous une autre apparence, qu'il a reconstruit une nouvelle famille qui ne se doute de rien.
Finalement sait on vraiment avec qui on vit ? (ça donne des frissons cette histoire)

Quand je ne suis pas trop bien (migraine qui traine en longueur, ou autres douleurs que malheureusement l'on doit endurer quand on va vers la vieillesse ..🙄), ou que je ne me sens pas de lire un des bouquins de la Rentrée Littéraire, ou qu'on en a lu un et qu'on procrastine pour la rédaction de la chronique, rien de tel qu'un petit thriller pour penser à autre chose, et ça c'est chouette. Par « petit thriller » j'entends les policiers et autres suspense, en poche pour le poids léger, qui me sont faciles à lire et qu'on peut oublier.. d'occasion souvent, quand on en trouve, on s'en fait une petite provision.

Comme à mon habitude, je ne lis pas la quatrième de couverture, c'est mieux pour éviter les spoils. Alors j'ai plongé, et j'avoue qu'au tout début, j'ai eu peur que ce livre-là parte sur la pile « à jeter par la fenêtre ». Ma lecture était cahotique, des adjectifs mal placés ou inutiles genre « Philippe était dans l'expectative, il ne savait pas ce qui l'attendait. » Alors je bondis, et…. après quelques dizaines de pages cette impression de style mal foutu a disparu. Je crois que le récit, l'histoire y a été pour quelque-chose, je n'ai réussi à poser ce livre qu'une fois fini, à trois heures du matin. Un suspense très bien réussi.

L'histoire :

« Dupont de Ligonnès, Godard, Romand… Autant de familles a priori sans histoires décimées par un père ordinaire. Et si, sans le savoir, Margaux Novak vivait avec l'un d'eux qui aurait refait sa vie ? La question donne le vertige… Surtout lorsqu'il n'y a rien pour le prouver, à part des petites habitudes, des petits riens… Et qu'à l'origine de ces accusations, il y a une policière prête à tout.
Quitte à tout détruire. Qui croire ? Que croire ? Installée dans sa confortable petite maison en baie de Somme avec son fils et son mari, Margaux Novak connaît le bonheur tranquille de n'importe quelle mère de famille… lorsqu'une policière débarque chez elle pour mettre sa vie à sac. Depuis quinze ans, celle-ci mène l'enquête sans relâche. Elle cherche un homme qui a assassiné femme et enfants avant de disparaître.
Et elle pense l'avoir retrouvé en la personne de Philippe Novak, le mari de Margaux. Sans ADN, sans preuve tangible de l'innocence ou de la culpabilité de Philippe, c'est parole contre parole entre la flic qui accuse et le mari soupçonné. Et pour Margaux, c'est le début d'une longue descente aux enfers. Très vite, son quotidien se trouve bouleversé. le voisinage se retourne contre elle et sa famille commence à se faire harceler.
La rumeur a décidé de s'inviter dans sa vie pour la détruire à petit feu, et ce sont des pans entiers de son existence qui s'effondrent. Entre deux cauchemars, lequel est le vrai ?«

Les trois femmes concernées prennent la parole, chapitre par chapitre, d'abord Margaux, longuement, c'est le départ du récit : lorsque son mari Philippe Novak est convoqué à la gendarmerie sous un prétexte de plaque minéralogique, il lui dit qu'il y avait dans la salle une femme qui ne s'est pas présentée, qui le scrutait. Cette deuxième femme c'est Judith, de la PJ de Versailles, qui n'a jamais cessé de chercher cet homme « familicide », et qui prend tous les moyens et même la Presse pour déstabiliser son « suspect ». La troisième, c'est Marianne, la femme décédée avec ses enfants, qui raconte sa vie avec son merveilleux mari, jusqu'au moment où tout bascule.

Une merveille d'analyse policière, et un suspense qui vous prend au tripes. On y plonge avec délices.
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La vie paisible de Margaux et Philippe Novak vole en éclats. Installés en Baie de Somme avec leur petit garçon, Romain, le couple était pourtant sans histoire. Elle, infirmière, appréciée de ses patients. Lui, employé modèle. Une maison tranquille où vivre sereinement tous les trois. Mais Judith Balmain va transformer leur vie en enfer. Judith est policière et traque depuis quinze ans un certain Antoine Durieux-Jelosse, soupçonné d'avoir tué sa femme et ses trois enfants avant de disparaître. Et Judith est sûre d'avoir reconnu cet Antoine sous le masque de Philippe Novak. Petit à petit le trouble gagne Margaux. Que sait-elle finalement de cet homme avec qui elle vit qui n'a pas de parents, pas d'amis, un passé dont elle connait si peu. Sous les pressions conjuguées des habitants de la ville où ils sont installés et où la rumeur a vite fait de les accabler et celle de cette policière tenace, Margaux va peu à peu sombrer. Mais la volonté de protéger son fils sera sans doute la plus forte.

Clairement, l'auteur est habité ici par les fantasmes qui entoure la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès. Il s'en donne à coeur joie en développant une hypothèse un poil capillotractée comportant une reconstruction faciale, une usurpation d'identité, d'invraisemblables points communs entre Antoine et Philippe. Et bizarrement, cela ne fonctionne pas si mal. On est, comme Margaux, d'abord incrédule devant cette policière qui débarque de nulle part. Puis troublé par les coïncidences, les trous dans l'histoire de Philippe.

D'autant qu'en parallèle, Julien Messemackers revient sur l'histoire entre Antoine et Marianne, l'épouse disparue avec les enfants et qui n'a jamais été retrouvée. Il explore ainsi toute la psychologie d'un homme manipulateur, menteur, hanté par des rêves de grandeur qui le conduisent à s'endetter et à mettre en péril sa famille.

Ainsi, on lit avec intérêt l'histoire de cette traque auquel Judith a beaucoup sacrifié. Même si on imagine assez vite vers quelle conclusion l'auteur va nous amener, on se demande par quel chemin il va y parvenir et cela suffit à nous faire tourner les pages de ce thriller.

Un bémol stylistique par contre en ce qui me concerne. J'ai été gênée tout au long de la lecture par les dialogues qui ne contiennent aucune négation (“je vais pas le lâcher” ; “vous pensez jamais...”). Alors certes, le langage parlé regorge de ces négations absentes, et moi-même je dois en abuser. Mais à l'écrit, cela dérange la fluidité de la lecture.

Et si on venait détruire votre vie? Comme ça, sur presque rien... Un soupçon. Puis une rumeur... quel détail de votre passé pourrait être accusateur, juste sur une interprétation ? 😮

Margaux Novak, infirmière libérale, et son mari Philippe mènent une vie tranquille avec leur jeune fils Romain à St Valéry-sur-Somme. Un matin, Philippe est convoqué à la gendarmerie. On l'y interroge sur des cambriolages au cours desquels une voiture comme la sienne a été repérée. Et puis, rapidement, les questions dévient sur son passé. Passé compliqué. Hongrois d'origine, orphelin, il a été défiguré lors d'un accident, opéré il a changé de visage. Interrogatoire perturbant, sous la surveillance muette d'une femme étrange.

Cette femme, c'est Judith Balmain, elle est flic et recherche depuis 17 ans Antoine Durieux-Jelosse qui a assassiné femme et enfants avant de disparaître. Elle est persuadée qu'il est celui qu'elle traque obsessionnellement. A partir de là, et bien que Philippe soit relâché sans accusation, tout va s'enchaîner. Un article de presse... et toute la vie de Margaux et Philippe s'effondre. Agressions, harcèlement, ils sont désignés coupables sans jugement, sans enquête. L' horreur à l'état pur. Comment détruire trois vies sur la base d'un soupçon sans preuve par une flic monomaniaque...

La tentation va être TRÈS forte de sauter au dernier chapitre pour savoir. le suspense est quasi immédiat. Innocent martyrisé par une folle ? Assassin redoutablement intelligent ? Quidam piégé par des coïncidences ? Autre chose de plus compliqué ? Gardez-vous le temps de lire les 100 dernières pages d'une traite et surtout, surtout, ne cassez pas votre plaisir final pour celui, fugace, de soulager la tension.

Julien Messmackers alterne les récits de 3 femmes : Margaux, Judith et Marianne (celle qui a été tuée). Trois points de vue... Mais, évidemment, comment ne pas penser à Xavier d'De L... L'auteur est sûrement parti de ce fait divers tout en bâtissant des personnages complexes. Une femme qui va peu à peu se mettre à douter de son mari sur des détails anodins. Une flic inadaptée à la vie obsédée par le fait de rendre justice à Marianne et ses enfants. Un père de famille au passé douloureux qui n'arrive pas à prouver ses dires.

Terrible erreur qui va détruire une famille ou intuition géniale d'une enquêtrice ? La réponse est épouvantable. Vous refermerez ce livre avec un wouah d'étonnement et de plaisir, et un frisson rétrospectif ! Et si ça vous arrivait ? Quel détail de votre vie deviendrait accusateur sous le regard policier ? Et si vos voisins, vos amis, vos collègues tout à coup vous regardaient différemment et vous tournaient le dos?

Le doute... poison sans antidote. Ou presque.