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EAN : 9782290164907
224 pages
J'ai lu (22/08/2018)
3.42/5   102 notes
Résumé :
Ma foi, qu'est-ce donc que la vie, la vie qu'on vit ? D'expérience, elle a la douceur d'un airbag en béton et la suavité d'un démaquillant à la soude, la vie ne serait-elle qu'une épaisse couche d'amertume sur le rassis d'une tartine de déception ? Pas moins, pas plus ? C'est en tout cas la démonstration que nous livre Marion Messina, l'Emmanuel Bove de ces temps, dans Faux départ, son premier roman. À ma gauche, Aurélie, à ma droite Alejandro ! Entre la Grenobloise... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Pourquoi tant de noirceur, tant de pessimisme, tout est-il irrémédiablement foutu pour notre jeunesse ?
Bien sûr il y a les galères pour trouver des petits boulots afin de gagner des clopinettes en espérant se loger dans quelques mètres carrés, si l'on n'a pas la chance d'être financé par papa et maman.
Bien sûr, une fois le diplôme obtenu re-galère pour trouver un vrai travail débouchant sur un CDI, tellement bien représenté comme « le ciel » sur la marelle figurant sur la couverture de cet étrange roman.

Premier roman que j'ai beaucoup aimé, lu d'une traite comme aimantée par une écriture brutale, addictive et diablement efficace.
Marion Messina nous propose de suivre Aurélie, jeune étudiante grenobloise qui peine à trouver sa place dans le milieu modeste dont elle est issue, et qui se sent profondément seule. Grâce à sa maturité, elle décode déjà fort bien les mécanismes de la société française qui rendent difficile son ascension sociale malgré le discours politique qui promeut l'égalité des chances.
On la suit dans ses études, ses petits jobs, ses errances, ses amours, ses galères.

D'autres beaux personnages jalonnent ce livre : Alejandro, exilé colombien idéalisant son pays d'origine tout en ne voulant pas y retourner malgré la dureté de sa vie en France; Franck, quadra en mal d'amour; Benjamin qui semble apporter un peu de sérénité dans la vie d'Aurélie.

Sous des airs désabusés, cette Aurélie est fort attachante avec ses doutes et ses faiblesses. J'ai eu envie de la secouer et de lui insuffler un peu d'espoir tellement nécessaire pour se construire une belle vie d'adulte, même si elle n'est pas tous les jours facile.

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Attention danger ! Les optimistes invétérés, les croyants aux lendemains qui chantent passez votre chemin. le premier roman de Marion Messina risque de vous plomber durablement. Ici, la chronique est amère, la vie difficile et l'avenir très sombre. Nous allons suivre Aurélie durant ses années post-bac. Celles que l'on se plaît à décrire comme les plus belles de la vie.
Mais il suffit de placer le projecteur sur les bancs de la fac de Grenoble pour constater que la plupart des étudiants ne sont pas là par vocation, ni même pour se construire un avenir, mais parce que la voie universitaire semble être, après le baccalauréat, le meilleur moyen d'entretenir l'illusion d'une brillante carrière. le poids des statistiques montre à lui seul le carnage qui s'annonce. Tout comme Aurélie qui ne comprend pas vraiment les cours qui lui dispensés et ne va tarder à s'en dispenser, la majorité de ses congénères rejoindra les rangs de pôle emploi avant d'avoir décroché un diplôme. Constat brutal et pourtant lucide sur la misère étudiante, ce roman est aussi la chronique du délittement des relations sociales.
Pas plus qu'on ne peut croire au plein emploi, on ne peut croire au grand amour. le sexe est d'abord un pis-aller, un dérivatif. Avec Alejandro, étudiant colombien débarqué par hasard en Isère, Aurélie aurait pourtant voulu y croire. Mais de galère en incertitudes et au bout d'une série d'échecs, elle choisit de tenter sa chance à Paris.
Dans la ville lumière, elle trouvera certes un premier emploi d'hôtesse d'accueil, mais surtout tous les problèmes inhérents à son statut précaire. Travailleuse pauvre obligée de quémander un toit, elle «se sentait connectée à tous les balayeurs, soudeurs, employés du bâtiment, dames pipi, chauffeurs de bus, distributeurs de journaux gratuits qui travaillaient déià quand elle se réveillait. Son tailleur mettait de la distance entre elle et eux, il aurait été difficile de leur expliquer que de nombreux smicards pouvaient travailler endimanchés; si les ouvriers et assimilés n'y voyaient que du feu, les principaux concernés voyaient très bien la différence dans la qualité de l'accoutrement.» Marion Messina fait tomber le masque et nous offre avec ce tableau détaillé un réquisitoire puissant contre ce système qui broie ceux que les politiciens appelent les «forces vives de la nation». Dur, dur !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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J'ai quelque difficulté à m'exprimer à propos de ce livre qui traite de l'ennui d'être étudiant en province,
de la difficulté d'une insertion à Paris, sans travail, sans argent, sans logement.
Du refus d'une gentille fille tout juste bachelière, de suivre la voie tracée par ses parents : réussir grâce aux études, puis vivre une vie bien réglée et sans histoire.
Cette gentille fille se retrouve, en première année de Fac, amante passionnée d'un jeune colombien, " devenu un branleur stricto sensu, la masturbation et la recherche du plaisir sexuel occupant l'essentiel de son temps libre."
Je suis restée extérieure , lu une accumulation de faits négatifs. Comme s'il ne fallait oublier aucun grief.
Cela m'a paru davantage un dossier à charge qu'un roman.
D'autant plus que des mots jugés importants sont écrits en italique.
Pas d'empathie, donc. Les personnages secondaires m'ont paru plus consistants.
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Le parcours du combattant de la vie étudiante et de l'entrée dans la vie active.
Pour Aurélie, mal à l'aise partout. Pour Alejandro, immigré colombien.
De Grenoble a Paris, rien n'est facile pour eux.
Ce roman, fort bien écrit est le constat implacable d'une société sans pitié et sans espoir pour une jeunesse qui peine à s'insérer et à trouver sa voie et sa place.
Entre choix de vie pas évident, amours incertaines, précarité, notre époque n'est pas toute rose
Malgré le ton sombre de l'histoire, c'est une lecture qui vaut le détour.
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C'est qu'on aurait presque pu passer sous silence Faux départ, le premier roman de Marion Messina publié chez le Dilettante. Un roman qui n'a effectivement pas fait trop de vagues dans une rentrée littéraire 2017 plutôt occupée à se retourner vers son passé franco-algérien (L'Art de perdre longtemps pressenti pour le Goncourt, et bien d'autres romans) ou vers son Histoire sombre (L'Ordre du jour officiellement sacré au même endroit). Et pourtant, très vite, on vit en Marion Messina la digne héritière de nul autre que Michel Houellebecq himself. Mérité ?

# La bande-annonce

« Alejandro s'était réveillé avec la bouche sèche et la mi-molle des matins maussades. »

Entre Aurélie, qui crève d'ennui dans une fac, et Alejandro, le Colombien expatrié, l'amour fou et inimitable, le frisson nouveau sont toujours à portée de corps mais jamais atteints. La vie fait parfois un drôle de bruit au démarrage…

# L'avis de Lettres it be

Jeune grenobloise sans histoire, ensuite rédactrice indépendante en France puis au Québec, puis titulaire d'un BTS agricole, rien ne prédestinait le nom de Marion Messina à faire des vagues en libraire et ce dès son premier roman. Et pourtant, la quasi-banalité de cette trajectoire lui donne toute la légitimité pour ne parler de rien d'autre que l'histoire d'une jeune fille d'un coin de France, étudiante, qui s'amourache d'un Colombien expat'. Quand rien d'intéressant se transforme en un tout plus que captivant…

« La défense du principe d'égalité des citoyens était poussée à son paroxysme, il croyait souvent avoir des hallucinations devant certains débats, notamment ceux d'Yves Calvi ; Christophe Barbier lui semblait être un personnage de bande dessinée.

Histoire d'amour somme toute classique, plongée dans le quotidien d'une jeune fille de France, temps d'arrêt littéraire objectif sur notre quotidien banal trop banal… Difficile de ranger Faux départ dans une case toute faite tant les visées paraissent nombreuses et la réussite unique. Pour un premier roman, Marion Messina fait reparaître tout l'acide réalisme d'un Houellebecq, modestement la « petite musique » d'écriture d'un Céline ou encore l'ennui captivant d'un Jay McInerney. Aurélie, l'héroïne de ce roman, c'est vous, c'est moi, c'est elle. Et dans notre société toujours en quête d'un ailleurs idéalisé notamment en matière littéraire, quoi de mieux qu'un regard froid, sans fard pour dire ce qui se joue en nous et autour de nous ?

« Pour Christine, il y avait quelque chose de rétrograde et de profondément mortifère dans le culte des grandes familles ; son troisième enfant avait été conçu pour optimiser les prestations familiales et surtout pour tenir compagnie aux deux grands.

Dans un écrin résolument autobiographique à la langue effrayante de justesse, Marion Messina enchante les quelques 222 pages de son premier roman. Un enchantement qui s'étale dans ce réel, notre réel, qui prend vie sous la plume d'une auteure qui ne semble déjà n'avoir plus rien à prouver. Faux départ frappe juste, sans coup férir. La comparaison a vite été faite avec Michel Houellebecq et d'autres. Et si Marion Messina nous montrait là ce que c'était de faire du… Marion Messina ?

« Ses parents étaient dans l'incapacité financière de lui permettre de s'épanouir loin de leurs discussions autour de l'assurance auto, le loyer qui augmente et les séances shopping chez le hard discounteur du coin.

Découvrez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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critiques presse (1)
Lexpress
25 septembre 2017
Marion Messina livre un premier roman en forme de radiographie sinistre de notre époque, Faux Départ. Le choix de David Foenkinos.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Alejandro s’était réveillé avec la bouche sèche et la mi-molle des matins maussades. Il s’était étiré péniblement, la paume dorée de ses mains fines avait touché la poutre qui traversait l’unique pièce de son appartement. Il avait faim, le frigo acheté chez les Compagnons d’Emmaüs dégageait une odeur âcre de pâtes aux lardons. Il avait remis le même caleçon que depuis trois jours, enfilé un pull trop fin pour supporter les hivers grenoblois et regardé la liste de ses téléchargements. Il observa d’un œil torve et d’une main agitée la sodomie d’une quadragénaire en porte-jarretelles et talons aiguilles, sortit s’acheter un kebab avec un ticket-resto et rentra dans son dix-huit mètres carrés poussiéreux. Il était déjà 17 heures, c’était un samedi pluvieux et froid de décembre. Il ne travaillait pas les week-ends. La prochaine beuverie chez ses amis compatriotes ne commencerait pas avant 21 heures. Il se roula un joint et s’allongea.
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Aurélie était à Paris depuis un peu plus de deux mois, elle avait validé sa période d’essai et pouvait se lancer dans la recherche périlleuse d’un logement. Elle avait été hôtesse dans un prestigieux cabinet d’avocats du VIIIe arrondissement, dans une centrale d’appels pour une chaîne de la grande distribution à Rungis, dans un musée très réputé, dans divers sièges sociaux, dans les locaux d’une société de production audiovisuelle. Elle avait traversé toute la petite couronne en bus, transilien et métro. Certains déplacements prenaient quatre heures aller-retour, ce temps de transport n’était jamais rémunéré. Elle avait fondu, il avait fallu changer deux fois de tailleur. Elle se nourrissait mal, irrégulièrement, de carottes râpées en boîte plastique et sandwiches au poulet recomposé ou au surimi. Elle avait promis à sa mère d’effectuer une prise de sang afin de détecter une éventuelle anémie. Le laboratoire d’analyses était ouvert sur ses horaires de travail, la secrétaire médicale aurait demandé une ordonnance. Elle n’avait pas de médecin traitant à Paris, pas effectué
les démarches administratives auprès de la CPAM.
Pour cela, elle aurait dû aller dans un cybercafé afin d’imprimer le courrier. Cela lui aurait coûté une journée.
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Il n'y avait que des citoyens libres de s'amuser et de choisir leur solitude en se pensant maîtres de leur vie, quand celle-ci était rythmée par l'heure des passages du train de banlieue. Il y avait quelque chose de mortifère dans toutes ces pintes de bière exhibées sur les photos de soirées, dans les meutes de festivaliers qui criaient dans la rue, dans la recherche de l'approbation de centaines d'amis virtuels, dans les fêtards de trente cinq ans qui draguaient des élèves de terminale dans les bars, dans les cursus universitaires sans fin et dans l'adulescence jusqu'à la mort.
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Un Colombien sur le creuset français:

"En fait, vous n'êtes pas racistes, vous êtes des xénophiles. Vous voulez imiter les Etats-Unis tout en vous targuant d'une exception culturelle. Vous voulez le melting-pot, la diversité et toutes conneries, tout en reniant le communautarisme...Ces choses n'existent pas ! Au Brésil les descendants d'esclaves ont la même couleur que leurs ancêtres et les arrière-petit-fils d'Allemands sont toujours blonds. Les gens ne se mélangent pas. p.201
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On n'avait jamais autant parlé de cul de manière libérée mais elle ne voyait que des célibataires décomplexés, obligés de consacrer une part non négligeable de leur revenu dans des sorties en quête du partenaire de débauche d'un soir ou d'un mois, délai maximal toléré. p. 104
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Videos de Marion Messina (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marion Messina
En cette rentrée littéraire, Marion Messina publie "La peau sur la table" aux éditions Fayard. Elle y dépeint un cheptel humain trop prompt à troquer la liberté contre l'illusion de la sécurité.
À cette occasion, la romancière s'est prêtée au jeu de notre interview Lire et écrire.
En savoir plus https://www.hachette.fr/videos/lire-et-ecrire-avec-marion-messina
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