Citations sur La maison paternelle (9)
Au fond d'elle-même, elle sentait que la maison paternelle, changée, transformée, la rejetait peu à peu.
— On ne revient pas en arrière ! susurraient les roses en lui effleurant les cheveux, molles et parfumées.
— On ne revient pas en arrière ! grondait la mer au loin, en jetant sur le rivage des paquets d'écume argentée, comme si elle avait voulu atteindre la terrasse.
— On ne revient pas. Tout change.
(La maison paternelle)
Au loin, sur les tuiles inondées de soleil, un tesson étincelait. On ne pouvait pas regarder. C'était peut-être un petit soleil tombé sur le toit ?... On voyait bouger une lueur rouge, comme une flamme. C'était une autre enfant, dans une autre soupente. Elle, elle avait une maman, puisqu'elle était habillée en rouge... Personne n'était mort dans la maison de cette petite fille... Mais son visage s'animait de nouveau. Il y avait des fleurs sur une terrasse, des fleurs blanches et bleu foncé, immenses, merveilleuses. En avoir une, rien qu'une ! Elles étaient si grandes qu'une seule, à coup sûr, aurait rempli la soupente. Mais non. Ce n'était que du linge étendu. Un coup de vent lui avait fait entrevoir une chemise, un tablier...
(Lucciuzza)
Sa mère l'accompagna tout de suite dans la "chambre du chat", une pièce immense, autrefois vide, ainsi nommée parce qu'un chat tigré, mort de vieillesse, avait coutume de dormir sur le bord de la fenêtre.
Quand Vanna était petite, chaque pièce avait un nom. Un fait qui se répétait ou excitait l'imagination des enfants suscitait des noms étranges et nouveaux. Il y avait ainsi la chambre "des figuiers de barbarie", celle "des livres", celle "couleur de rose".
(La maison paternelle)
Jamais elle ne parviendrait à quitter le deuil : avec tous ces parents âgés, proches ou lointains, il lui fallait le remettre à chaque nouvelle mort avant même de l'avoir quitté.
(Les visiteurs)
Elle plaça le petit vase sur le marbre désert de sa commode ; et ce bibelot qui lui semblait si joli dans la chambre de tante Fifina lui parut déplacé, perdu sur ce meuble, comme un bouton doré sur un tablier.
(Les visiteurs)
Elle était toujours là, devant la porte ou près de la cheminée, occupée à habiller sa poupée, à la bercer, à lui raconter tous ses chagrins et tous ses rêves, dans un murmure léger, aussi léger que le bourdonnement d'une abeille qui se pose sur une fleur.
(Lucciuzza)
A l'aube, la grand-mère trouva Lucciuzza à moitié hors du lit. Elle avait le visage strié de larmes, des larmes séchées, comme les petites traînées brillantes que laissent les escargots.
(Lucciuzza)
Elle se disait que l'on va, l'on va, et on a toujours l'impression que quelque bel événement va survenir et que la vie durera indéfiniment; et chacun se croit indispensable aux autres et puis, à l'improviste tout finit: les affections, les espoirs, qui semblaient si grands, et la vie de ceux qui restent reprend son cours immuable.
C'était le même facteur, un peu vieilli, qui lui apportait autrefois les lettres de son fiancé. Elle l'avait attendu tant de fois sur la terrasse ! Les matinées étaient alors si belles, le soleil si lumineux, la mer si bleue et les bruits qui venaient du ciel, de la mer et de la route étaient aussi profonds et tumultueux que les battements de son cœur. Tout était joyeux et frais comme ses lèvres qui répétaient : "Seigneur ! Faites qu'il m'écrive !"
(La maison paternelle)