Grand Livre du Decodage Gestuel

C'est un ouvrage particulièrement intéressant sur les gestuels dans le langage, une approche longtemps ignoré en occident où tout reposait sur un sens : l'ouïe. Or lors du premier contact, les deux sens sollicité en premier sont la vue et l'odorat. Même le touché pouvais précéder l'audition, du moins avant la covid. Ces signes ne sont donc pas à négliger. Ce manuel n'a pas pour prétention de donner une définition unique à chaque geste, plutôt une aide pour décrypter des attitudes, en assemblant les mouvements comme on assemble des lettres pour faire un mot et des mots pour faire une phrases. Il est important de ne pas oublier le contexte (géographique, objet de la rencontre ...) qui sont des signifiants importants et impactent très sensiblement les comportements.
Bien à lire, mieux à étudier en groupe et encadré avec mise en situation avec à la clé, quelques bonnes crises de fou rire aussi.

On doit à Joseph Messinger une véritable geste autour des gestes, car ses ouvrages sur le sujet ne se comptent pas. Son discours s'apparente à un exposé expérimental, au contenu proche de celui tenu par ceux qui prétendent révéler le caractère des gens par les traits de leur visage. Voilà bien le problème car ni la morphopsychologie ni la synergologie n'ont un caractère scientifique.

Passe encore qu'une communication non verbale trahisse un sentiment mais de là à déterminer un trait de caractère il y a un pas. de plus, selon le milieu culturel où l'on a grandi on a eu un usage plus ou moins fréquent de gestes pour accompagner sa parole et pour faire passer la même idée on peut s'appuyer sur des actions ou des mimiques fortement différentes. On sait par exemple que, dans certaines cultures d'Océanie, on bouge la tête pour approuver dans un sens qui est décrypté comme émettre un avis négatif en Occident. En Chine une femme qui met ses mains sur les hanches fait un signe d'impudeur et le signe pour le huit correspond à celui du deux en Occident alors que celui, connu en Europe, pour être des oreilles d'âne (ou de la victoire) désigne le nombre deux dans l'Empire du milieu.

Certes Joseph Messinger n'a pas la prétention d'établir un codage universel mais son ambition de permettre de profiler un interlocuteur par sa gestuelle semble bien ambitieuse. Il le reconnaît d'ailleurs en précisant prudemment, dans son introduction, que « 80% de vos gestes et de vos postures changent de signification suivant le contexte » (page 26).

Nous citerons un seul exemple qui devrait éclairer les lecteurs sur le discours tenu globalement : « Coudes en appui, votre interlocuteur repose son menton sur son pouce, son index et son majeur sont collés à ses lèvres. On dirait qu'il fume une cigarette ! Ce refrain gestuel débouche sur un scepticisme inoxydable et un personnage autoritaire, doctrinaire, inflexible et radical dans ses jugements. Un juge d'instruction » (page 159).

Personnellement je fais ce geste plutôt quand je désire me concentrer quand j'hésite entre plusieurs actions. On a, dans une première partie, un commentaire sur un nombre très important de postures et, dans un second volet, on part des sentiments pour aller vers des gestuelles. le contenu de cet ouvrage ne manquera pas d'intéresser un grand nombre de curieux.