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EAN : 9782700302585
217 pages
Editions Arthaud (30/11/-1)
3.83/5   3 notes
Résumé :
En 1978, Reinhold Messner tente une première qui va marquer l'histoire de l'alpinisme : l'ascension de l’Everest sans recourir aux masques qui permettent de lutter contre la raréfaction de l'oxygène. A 8000 mètres d'altitude la composition du sang se modifie, peut entraîner des dommages irréversibles au cerveau et même conduire à la folie ou à la mort.Dès le départ les difficultés surgissent : un Sherpa disparaît dans une crevasse pendant qu’un autre est paralysé pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Lorsque Reinhold Messner se lance avec une équipe autrichienne à l'assaut de l'Everest en 1978, il a déjà un palmarès respectable. Et une ambition avouée : tenter, avec Peter Habeler, d'arriver au sommet sans utiliser d'oxygène.
Les deux hommes se connaissent bien et ont une solide expérience commune. Personne ne doute de la valeur de la cordée qu'ils forment.
Mais, l'Everest sans oxygène ?
Tout le monde considérait qu'il était physiologiquement impossible à un être humain de grimper ainsi à une telle altitude.
Reinhold Messner est tout sauf fou. Il ne prend jamais de risques inconsidérés et prépare toujours minutieusement tout ce qu'il entreprend. Cette ascension-là encore plus !
Avec son compagnon d'aventures, ils espèrent vaincre sans oxygène, mais se tiennent prêts à en faire usage s'ils se sentent en trop grand danger.
Tout au long du récit alternent les moments de découragement, lorsque le mauvais temps s'invite ou que le terrain n'est pas favorable, et les moments où l'espoir renaît, où l'énergie revient, où les hommes se sentent intensément vivants.

Reinhold Messner est un dur à cuire. Il a peu d'états d'âme.
Au début de l'expédition, l'équipe entière a une grande discussion à propos des accidents et de la conduite à tenir au cas où l'un des membres viendrait à décéder. Chacun exprime ses "dernières volontés" : où il veut, si possible, être transporté, quelle cérémonie il souhaite... discussion qui peut paraître assez macabre mais qui a l'air de se dérouler tout à fait naturellement.
Pour notre alpiniste italien, c'est simple : "Je désire qu'on m'enterre sur le lieu de l'accident et qu'on continue."
Efficacité et pragmatisme sont les maîtres-mots de ce grimpeur exceptionnel, mais il n'est pas insensible pour autant et nous gratifie de-ci de-là de jolies réflexions, comme lors de ce bivouac éprouvant : "Je n'ai plus que le sentiment de la vanité, de l'absurdité de notre entreprise, et surtout l'impression d'être soustrait au monde, de n'appartenir à rien, ni à moi-même." ou dans les derniers moments de l'ascension : "Respirer est si épuisant qu'il nous reste à peine la force de continuer à marcher. Tous les dix ou quinze pas, nous nous écroulons dans la neige pour une brève halte, avant de continuer notre reptation. J'ai même oublié que j'existe."

Dans le chapitre "Point final" dans lequel il raconte la dernière montée avec Peter Habeler, l'arrivée au sommet puis la redescente, Messner se fait lyrique comme jamais. Ce qu'il a éprouvé a visiblement été très fort et il arrive à merveilleusement bien à nous faire comprendre ce qu'il ressent, physiquement et émotionnellement, l'état d'esprit qui l'anime, et ce que représente pour lui cette victoire.
Oui, l'Everest a déjà été gravi avant, mais sans rien enlever au mérite de tous les prédécesseurs, le toit du monde n'avait jamais été atteint sans masque à oxygène.
Une "première" a toujours une valeur particulière car si l'on peut s'appuyer partiellement sur les expériences précédentes, on doit faire seul une partie du chemin et s'aventurer en terrain inconnu. Reinhold Messner ne s'y trompe pas, et il sait la valeur de l'exploit qu'il a accompli avec son compagnon.
Un exploit tellement grand qu'il laisse un vide terrible. Dans ce livre, l'auteur explique très bien ce phénomène et l'ambivalence de ce qu'il éprouve : "l'irrésistible envie de descendre et de mettre l'alpinisme au clou. En même temps que naît en moi le désir de revenir, de me retrouver encore une fois à la limite des possibilités humaines."

Everest sans oxygène est un témoignage intéressant d'un fait marquant de l'histoire de l'alpinisme.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'après-midi se passa comme toujours dans ces conditions. À l'arrivée, on rampe dans sa tente, si épuisé que pendant trois-quarts d'heure on ne fait rien que se reposer étendu dans un sac de couchage. Puis le devoir commence à parler ; un grimpeur tout haletant, avec force grognements et de fréquentes haltes, se traîne hors de son sac, hors de la tente et jusqu'à une étendue de neige voisine de quelques mètres, où il remplit deux grands pots d'aluminium de neige. Pendant ce temps, son compagnon, haletant et grognant encore plus, s'assied sur son lit, allume le réchaud et ouvre quelques boîtes et sacs de vivres, par exemple une tablette de pemmican, du thé, du sucre et du lait condensé, une boîte de sardines ou de corned-beef et une boîte de biscuits.
Puis les voilà de nouveau tous deux emmitouflés dans leurs sacs de couchage, côte à côte, tandis que le réchaud fait de son mieux pour tirer un demi-pot d'eau chaude de chaque pot rempli de neige pulvérulente. Il ne semble pas que ce soit une opération très formidable et l'on trouvera peut-être que j'exagère ; mais j'ai fait cette routine en trois ou quatre occasions et je peux dire en toute conscience que je ne connais rien − pas même l'escalade à pic à ces altitudes − qui soit si épuisant ou qui demande plus d'énergie que cette odieuse besogne de faire la cuisine en haute montagne.
[Extrait du récit de l'alpiniste britannique Edward Felix Norton, pionnier de l'Everest]
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Il fait chaud dans la tente. Les deux sherpas sont toujours serrés l'un contre l'autre − la porte entrouverte − et cuisinent à tour de rôle. Il faut un sacré temps à 7 200 mètres pour faire fondre la glace et chauffer l'eau du thé. Assis, chacun doit se contorsionner pour trouver sa place, et, couchés, nous devons nous installer tête-bêche. Le moindre mouvement d'un des dormeurs oblige aussitôt les autres à bouger, serrés que nous sommes comme sardines en boîtes. Mais, moi, je me trouve très bien à cette altitude.
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Aujourd'hui, après les ablutions habituelles, je suis resté plongé toute la matinée dans mes songeries. Assis sur une pierre ensoleillée, je n'ai prêté l'oreille qu'au silence et à la solitude, jusqu'à ce qu'on m'appelle pour le repas de midi. Alors seulement j'ai repris conscience de la fuite du temps. À rêver je me sens mieux que si je faisais quelque chose et les heures qui passent ne me paraissent pas « perdues », mais bien « offertes » comme un cadeau.
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Il est midi passé, 8 800 mètres. Aux arrêts, nous ne pouvons même plus nous tenir sur nos jambes, nous restons agenouillés, accroupis, agrippés au manche de nos piolets dont nous avons fiché la pointe dans la neige durcie. Nous ne nous assurons pas mutuellement, nous nous ignorons, mais, au plus profond de son subconscient, chacun sait que l'autre est là et ne fera pas de faute. L'harmonie de notre cordée est devenue telle qu'aucun de nous n'a plus peur pour son compagnon.
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Je me suis arrêté deux mètres au-dessous du sommet pour faire suivre Ang Phu. Ensuite, j'ai encore fait des photos ; le point culminant juste à la hauteur de mes yeux, j'ai pris l'extrémité de l'arête avec le pied du mât tripode. Enfin, j'ai saisi Ang Phu par les épaules et je lui ai dit : "Maintenant, nous allons monter ensemble... " Ce fut pour moi l'instant le plus heureux de toute l'expédition. Nous nous sommes embrassés et, soudain, je me suis mis à pleurer comme un petit enfant.

[Extrait du récit de l'Autrichien Robert Schauer, premier alpiniste a avoir gravi l'Everest en n'ayant recours au masque à oxygène qu'à partir de 8 000 mètres]
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