Je n'aime pas le sourire de Dick. Avec ses fausses incisives ma taillées, on dirait une hyène au repos
Monsieur François, c'est le genre de mec que je sens bien , aussi tordu qu'une équerre.
Je repense à Dick et me demande comment on a fait tous les deux pour cumuler autant d'échecs dans une même vie. Peut-être qu'on est doués, tout simplement. (p.64)
C’était juste ça, la liberté, être comme j’étais sur un banc public.
C'est comme ça que tu tiens une meuf, avec le fric. Alors, du coup, elle est comme prisonnière du mec qui partage son pieu. Alors qu'est-ce que tu veux qu'elle fasse ? Elle attend que ça passe, c'est tout. Mais si la fille gagne sa vie, le mec, il ne peut plus la réduire à l'état d'esclave. La fille elle prend son MacBook sous le bras et elle se tire. Et en plus elle va porter plainte pour coups et blessures. Mais une fille qui n'a pas de blé, c'est la misère pour elle, et les mecs, ils n'ont plus de limite. (p. 46)
Les cages d'escalier sont désertes. Pas de témoin. ça ne vaut plus le coup de se la jouer. A part impressionner les boîtes à lettres défoncées, c'est tout ce qui reste. (p.8)
Je porte un treillis stylé avec des poches factices, un modèle Kenzo à 99 euros qui vient de Chine. Mais franchement, à parti si tu fumes les coutures, tu ne vois pas la différence. Puis quand je vois la silhouette de Dick sortir de la cicatrice d’un bloc de béton, je ne bouge pas. Pendant que j’étais en zonz, ce mec m’a tout piqué : la fille qu’était avec moi et le fric que j’avais planqué sous la baignoire d’un Formule 1.
Il est venu me voir quelques fois au début de mon incarcération, puis ensuite, je n’ai plus entendu parler de lui. Des tas de fois j’ai imaginé ces retrouvailles. Moi défouraillant direct pour le fumer, lui faisant cracher sa bave en lui fracassant le nez avec la crosse. Mais je ne suis plus vraiment en état de marche.
En taule, tu penses juste à ta sortie, plus beau, plus fort, comme pour rattraper le temps perdu. Tu as les dents pourries, tu manges de la merde, tu cohabites à quatre dans 9 m2, sans intimité, sans hygiène. Alors c’est simple, tu fais des pompes, des abdos, des tractions. Une promenade par jour, trois douches par semaine, et au lieu de mourir tu ressuscites, seulement en contraignant ton corps à un entraînement de militaire. Mais les séquelles, pour t’en débarrasser, bonjour.
Monsieur François, c'est le genre de mec que je sens bien, aussi tordu qu'une équerre. On s'est dit à bientôt, que je recevrais un mail avec le jour et l'heure.
Le truc paradoxal, mais qui n'a rien d'étonnant quand tu connais la jungle, le procédurier devient alors un détenu hyper dérangeant, bien plus qu'un naze qui viole ses copains. Le procédurier, c'est d'abord celui qu'il faut faire taire absolument parce qu'on ne veut pas qu'on sache, à l'extérieur, que quelque chose ne va pas dans l'enceinte de la prison. Donc, on va tout faire pour lui faire fermer sa gueule. (p.61)
On caillasse juste les mecs qui débarquent avec des armes. Si un flic il arrive en maillot de bain, avec une bouée autour de la taille, tu es certain qu'on n'y touchera pas. Au contraire, on lui indiquera le chemin de la piscine, avec fraternité. (p.40)