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Critique de IrishStew


Bastien se fait faucher par une voiture alors qu'il a 11 ans. Il sait qu'il passera le reste de sa vie assis. du jour au lendemain, sa place dans sa famille change: ses parents ne savent comment considérer leur enfant devenu handicapé, et les repas de familles sont régis par des silences gênés et gênants. Bastien rencontre Iris, une jeune violoniste rousse qui lui apprend les rudiments de l'instrument. Elle lui apprend un concerto de Vivaldi, oeuvre qui restera parmi les préférées dans le répertoire du jeune musicien. Seulement voilà, Iris finit par déménager, et ne laisse que pour seul souvenir un violon. Bastien entreprend donc de continuer son apprentissage. Son premier professeur refuse de lui donner des cours, n'a d'yeux que pour le fauteuil et est gêné par le handicap du jeune garçon. le second professeur décèle chez Bastien un talent rare et l'amène à peaufiner son jeu. On lui propose d'entrer au conservatoire, mais les parents refusent, soi-disant que ce n'est pas un milieu pour eux. Seulement, le jeune violoniste réussit le concours d'entrée, enchaîne les concerts, les récitals, les enregistrements en studio. Et finit par retrouver Iris!
Hervé Mestron met en scène le regard des autres sur un handicap, mais aussi la musique comme exutoire. Bastien est cloué sur un fauteuil roulant, mais le fait qu'il soit reconnu comme violoniste virtuose lui permet de cracher à la figure du Destin. Quand on considère l'histoire de la musique (et pas seulement classique), on constate qu'énormément d'handicapés ont monté des groupes ou des side-projects qui restent dans la mémoire. Peu importe qu'ils aient un bras en moins, deux-trois doigts atrophiés, ils vont marquer l'histoire. Les exemples sont nombreux! Et c'est toujours plus admirable de voir des artistes qui mettent à profit leur(s) handicap(s) pour élaborer une technique personnelle. La musique, dans ce roman (et dans la vie de tous les jours), sert d'exutoire. Demandez à un-e musicien-ne pourquoi il ou elle joue d'un instrument: c'est qu'au contact de l'instrument, et dès les premières notes, il ou elle entre dans un état indescriptible, une sorte de plaisir métaphysique, et ça devient rapidement une drogue.
Pour ce qui est de Bastien, j'ai l'impression que c'est ce qu'il ressent quand il empoigne son violon et qu'il joue le concerto de Vivaldi. C'est un état que connaît bien Hervé Mestron, vu qu'il est aussi musicien, altiste.
La virtuosité du jeune violoniste fait oublier son handicap; son jeu fait disparaître son fauteuil roulant, ses jambes paralysées.
Dans la société actuelle, il semble que le talent des musiciens se mesure à leur physique, et ce peu importe les genres musicaux. Si on avait fait ça bien avant, des gens comme Mozart, Beethoven ou Wagner n'auraient jamais été reconnus comme des génies, et Brahms n'aurait été reconnu comme tel que durant sa jeunesse. Townshend, le guitariste des Who, n'aurait jamais été considéré comme virtuose à cause de son pif, et Ray Manzarek, le claviériste des Doors, n'aurait pas non plus été considéré comme génial. Et comme Un violon dans les jambes se déroule dans un contexte très actuel, le discours qui y est tenu est on ne peut plus explicite.
Ce roman est intéressant à lire. Hervé Mestron ne cherche pas à faire pleurer en mettant en scène un jeune homme dans un fauteuil roulant, mais à faire réfléchir. Il le fait de façon intelligente, ne force jamais le discours et nous laisse propres juges de la situation à laquelle nous sommes confrontés.
Lien : http://lesjeuneslettres.blog..
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