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EAN : 9782866458522
273 pages
Le Félin (13/10/2016)
3.67/5   3 notes
Résumé :
A l'occasion du soixantième anniversaire de l'insurrection de 1956, cette anthologie littéraire rassemble les textes d'auteurs hongrois à travers lesquels ils évoquent le soulèvement de Budapest. L'ouvrage donne à voir comment les écrivains ont vécu, raconté, pensé et remémoré la révolution antitotalitaire.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie Babelio de m'avoir proposé ce livre dans le cadre de "Masse critique". Je ne pense pas que je l'aurais choisi spontanément mais c'est un des intérêts de ces opérations : permettre de découvrir d'autres littératures !

Le 23 octobre est la date de la Fête nationale en Hongrie en souvenir de l'insurrection populaire et antitotalitaire débutée le 23 octobre 1956 à Budapest et achevée le 10 novembre de la même année.

Les chars russes sont intervenus pour le "maintien de l'ordre" une première fois le 24 octobre et les jours suivants. Ils reviendront le 4 novembre écraser la révolte surtout après que le nouveau gouvernement se soit officiellement affranchi de Moscou .

Milan KUNDERA nous avait déjà plongés dans cette période historique avec "L'Insoutenable légèreté de l'être", même si son thème principal était l'amour.

Là, il s'agit d'une anthologie ( recueil de textes de différents auteurs sur un même thème), et les 17 textes sélectionnés sont très variés. Du coup, il y en a toujours qui plaisent. Parmi les auteurs, certains sont connus, d'autres moins.

Les récits et poèmes regroupés ici sont souvent assez courts permettent d'approcher une littérature pas très médiatisée. La plupart n'avaient pas été traduits en français et ont été écrits à partir des années 50 ou quelques années plus tard, d'où un style parfois daté mais qui ajoute au côté "témoignage".

Les thématiques développées sont celles propres à ces périodes particulières où un système politique est balayé par une nouvelle organisation politique. Peur, trahison, courage, exaltation, morale, compassion, solidarité : toute une palette de sentiments et leur contraire coexistent et on peut passer très rapidement d'un extrême à l'autre. La pauvreté et la dureté du régime communiste font évidemment partie du tableau.

Ce qui est troublant, c'est ce mélange réalité / fiction, propre à ce genre de fiction s'inspirant de la réalité historique et aboutissant à des "témoignages" tellement opposés alors qu'ils se nourrissent d'événements soit disant partagés. le doute est présent aussi chez la plupart des personnages et c'est là que la littérature nous montre son pouvoir d'exploration d'un réel toujours vivant à travers les subjectivités.

Mon texte préféré et le plus déchirant : "Prière" d'Istvan ORKENY où des parents, mis en présence d'un cadavre qu'ils doivent reconnaître, se persuadent que ce n'est pas leur fils et qu'il vit heureux aux Etats-Unis.

"Voeux d'octobre " de Istvan AGH, nous entraîne à la suite d'un jeune étudiant désorienté dans un lycée où il se retrouve au milieu d'élèves laissés à eux mêmes.

"Mystères de novembre" de Laszlo LADANYI relate l'indifférence incompréhensible des pays habituellement alliés à la Hongrie.

Dans " L'heure des comptes" deTibor DERY, un vieux professeur traverse le pays avant de se laisser mourir aux portes de l'Autriche.

Dans "L'histoire d 'une villa " de Tamas ACSEL, le personnage principal est une belle villa qui va changer de propriétaires une bonne dizaine de fois au gré des changements et des arrangements politiques.

"Une phrase sur la tyrannie", poème de Gyula ILLYES écrit en 1950, débusque la tyrannie partout , même où on l'attendrait le moins.

C'est donc un très bon aperçu assez facile d'accès pour les lecteurs s'intéressant à cette période et à ce pays proche et lointain à la fois.

Lien : http://litterature.calice68...
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Voici une anthologie dont j'attendais beaucoup. Par intérêt pour l'Histoire, pour commencer. Par curiosité plus personnelle, aussi : je suis la petite-fille de Ferenc Karinthy, un des auteurs choisis par Guillaume Métayer pour témoigner ; L'âge de fer figure en bonne place dans le recueil, dans la traduction de mes parents, Judith et Pierre Karinthy. Les présentations sont faites.
Dix-sept écrivains hongrois sont rassemblés dans cette anthologie pour témoigner de la révolution d'octobre 1956 et de l'oppression soviétique qui l'a suivie. Les auteurs, tous contemporains des évènements sauf deux, évoquent les jours noirs, le contexte sociopolitique qui y a conduit et les deuils qui en ont découlé.
Les textes sont inégaux, hélas. Certaines traductions sont maladroites. C'est loin d'être la majorité, heureusement. Quelques nouvelles d'une grande beauté justifient à elles seules la lecture de cet ouvrage. J'en citerai deux. Dans Prières, Istvàn Örkény entraîne le lecteur dans l'intimité d'un couple confronté au deuil. Les mots simples de parents, aux différentes étapes de la prise de conscience, frappent aussi durement que leurs silences. le texte de Tibor Déry, L'heure des comptes, rassemble dans un même wagon en route vers la frontière autrichienne les fuites sous toutes leurs formes, quelques jours après le passage des chars russes dans les rues de Budapest. Un condensé d'opinions analysées avec finesse. La liberté ne se trouve pas que de l'autre côté du rideau de fer.
Quelques poèmes ont également leur place entre deux textes en prose. Une phrase sur la Tyrannie de Gyula Illyés introduit d'ailleurs le recueil. Cette phrase dure le temps de lire cent quatre-vingts vers ; la tyrannie mérite qu'on s'y arrête et qu'on en parle.

Budapest 1956 – Budapest 2016. le soixantenaire de la révolution hongroise sonne douloureusement aux oreilles des militants de la démocratie. Comment serait-il possible, fin 2016, d'évoquer les deux cent mille Hongrois qui ont fui le pays en 1956 (2 % de la population de l'époque) sans penser au referendum d'octobre 2016 et au refus de 95 % des électeurs de relocaliser en Hongrie des réfugiés syriens en proie aux massacres de masse dans leur propre pays ?
Un extrait issu de L'heure des comptes de Tibor Déry m'a particulièrement frappée. Je le reproduis ici en hommage à ces peuples du Moyen-Orient qui ont peut-être tenté le même périple que ceux qui les rejettent aujourd'hui. Il donne une idée de l'organisation du passage à l'Ouest, tout le long de la frontière austro-hongroise.
« Leur hôte demandait deux mille forints par tête, payés en avance, y compris pour les enfants. […] Pas de marchandage, dit leur hôte, lui aussi devait remettre une bonne partie de l'argent, tout travail mérite salaire. Ce n'est pas sûr qu'ils puissent partir la nuit même, il n'a pas encore reçu de signal comme quoi la route était libre. Si le départ était repoussé au lendemain soir, ils devraient passer la journée dans la grange, par contre il ne pouvait donner à manger à personne. À la question de savoir si on pouvait traverser la frontière en sécurité, il haussa les épaules ; si la route était sans danger, il ne demanderait pas deux mille forints. Trois jours auparavant, les gardes-frontières avaient abattu un homme de son groupe et blessé un autre, mais le reste avait réussi à passer de l'autre côté. »
Lien : https://akarinthi.com/
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Tout d'abord je remercie Babelio et les éditions du Félin pour cet envoi (et cette découverte) , et je souhaite m'excuser sur mon retard d'un jour de ma chronique (soucis d'internet).
Ce livre m'intriguait pour le côté historique et littéraire de cette révolution, et j'ai trouvé les textes choisis sont très variés, ce qui est un très bon point. Mais ils sont également très intéressants, j'ai découvert de nombreux nouveaux auteurs, et leurs écrits m'ont véritablement touché (surtout les poésies vraiment très belles). Tout comme MD68 j'ai beaucoup aimé le texte : "Prière" d'Istvan ORKENY, il est splendide mais très triste (à lire absolument).
Cependant certains textes ne m'ont pas plu comme celui sur la maison, que j'ai trouvé plutôt long et ennuyeux, je ne lui ai pas trouvé d'intérêt.
Un second bon point c'est la présentation dans la préface de cette révolution de 1956, parce que sans ça je serai perdu. Elle est très bien écrite et compréhensible. (Un très bon livre pour le BAC d'histoire!) J'ai beaucoup appris sur le pays qu'est la Hongrie et dont je ne connaissais pas grand-chose.
Ce livre a donc ravi ma curiosité, et m'a beaucoup plus malgré quelques textes que je n'ai pas appréciés. Je le recommande aux amateurs d'histoire et aux curieux de nature et je peux ajouter que contrairement à de nombreux livres historiques, celui-ci n'est pas écrit en minuscules, ce qui est des plus agréables.
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Vidéo de Guillaume Métayer
Avec Grzegorz Kwiatkowski, Claude Mouchard, Audrey Kichelewski, Mateusz Chmurski & Guillaume Métayer
La revue Po&Sie, fidèle à son exigence de découverte des voix singulières de la poésie mondiale, reçoit Grzegorz Kwiatkowski (né en 1984), poète et musicien polonais, auteur de sept recueils de poèmes, et membre du groupe de rock psychédélique Trupa Trupa. Les textes poétiques de Grzegorz Kwiatkowski interrogent avec vigueur les questions de l'histoire, de la mémoire et de l'éthique, particulièrement vives dans la Pologne aujourd'hui. Les intervenants en débattront avec l'auteur, à l'occasion de la parution de son premier recueil en traduction française, Joies, édité chez La Rumeur libre.
À lire – Grzegorz Kwiatkowski, Joies, préface de Claude Mouchard, trad. par Zbigniew Naliwajek, coll. « Centrale/Poésie », La Rumeur libre, 2022 – La revue Po&sie est éditée chez Belin.
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