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EAN : 9791090566194
52 pages
Mauconduit (13/10/2015)
3.34/5   19 notes
Résumé :
Le père du narrateur, algérien, venu lui rendre visite en France, laisse un mot sur la table de son appartement avant de repartir pour l’Algérie : « Je n’ai pas eu le temps de bavarder avec toi, je te laisse ce ticket de métro. Ton père ». Le narrateur, déçu, une fois encore, de n’avoir pu établir la communication avec son père, transforme ce ticket de métro en cadeau d’anniversaire et s’offre une balade en bus de Clichy au coeur de Paris. Durant ce trajet, il mène,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un trajet en bus banal et ennuyeux pour le lecteur, mais qui, pour l'auteur, semble avoir suffisamment d'intérêt pour mériter une publication.
Il s'offre ce petit voyage de Clichy à St-Michel (Paris) avec un ticket de métro que son père lui a laissé intentionnellement - mais pourquoi ?
Il décide que ça sera son cadeau d'anniversaire.
.
Un récit froid & factuel pour décrire brièvement, au fil du parcours, un lieu, une ou deux personnes et leur(s) action(s) à un instant T.
Ce style et le jugement sévère (ou l'indifférence/incompréhension affichée, c'est presque pire) à l'égard du père m'ont de plus en plus fait penser à Annie Ernaux. Ça m'a donc amusée de lire, page 40, que l'homme va finalement chez Gibert s'acheter un livre de cette auteure.
Tout ça pour ça.
Mais quelque chose de beaucoup plus 'profond' doit m'échapper, et j'avoue ne pas avoir envie de le saisir...
.
C'est dans le rayon 'Facile à lire' de notre médiathèque que j'ai trouvé ce livre de 53 pages très aérées. Les ouvrages proposés y sont variés, mais pas toujours bien choisis - la preuve.
Que signifie 'facile', si on a l'impression que l'auteur n'écrit que pour lui et une poignée d'intellos ?
Même très court et écrit avec des mots simples, un texte peut se révéler sans intérêt s'il laisse le lecteur perplexe et le fait douter de son niveau de compréhension (en langue française, par exemple).
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"Je n'ai pas eu le temps de bavarder avec toi", tout part de ce petit mot laissé par le père du narrateur à son fils avant de rentrer à son pays L'ALGÉRIE.

Le narrateur choisit alors le jour de son anniversaire pour utiliser ce ticket.
C'est ainsi que le narrateur nous embarque avec lui, au bord du premier bus qui arrive, dans un aller simple d'une heure et demi (durée de validité du ticket) de Clichy-la-garenne vers le centre de Paris, pour ce qu'il a nommé "un parcours de bavardage" entre son père et lui même.

Un texte court (53 petites pages), mais émouvant qui décrit les relations compliquées aussi bien générationnelles (père/fils) que socio-culturelles ... Ce qui met en évidence le grand décalage entre le père et le fils, l'Algérie et la France et même entre Paris et sa banlieue.

Une lecture courte, touchante et très agréable, et qui m'a personnellement donné envie de lire son premier roman "Ma Mère et moi".



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Je n'ai pas eu le temps de bavarder avec toi m'a encore obligée à mettre de côté toutes mes peurs et de le prendre à bras le corps (ce n'est pas parce qu'il est court que ce roman ne pèse pas lourd), tout comme Ma mère et moi m'avait forcée à dépasser les mêmes appréhensions et ensuite d'être heureuse de l'avoir fait.
Cette fois-ci, au coeur du roman, le père. Pour de nombreuses personnes (et plus j'avance dans l'âge, plus je le constate), la part du père est déterminante dans l'évolution de l'adulte, dans le regard que l'ancien enfant pose sur le monde et surtout sur soi-même. Volens, nolens, la vie aidant, nous nous éloignons de nos parents mais lorsque la distance devient non seulement abstraite mais aussi géographique, sociale, culturelle, la cassure peut être irrémédiable.
Le roman de Brahim Metiba parle de cette cassure mais pas seulement. Si dans Ma mère et moi le narrateur cherchait des passerelles qui faciliteraient la communication avec sa mère en Algérie, dans le texte présent c'est le père qui est venu à Paris. En guise de passerelle, un ticket de métro avec un mot: "Je n'ai pas eu le temps de bavarder avec toi, je te laisse ce ticket de métro. Ton père."
Oui, le père est déjà parti lorsque nous commençons la lecture du roman, parti en laissant son fils avec un mot et un ticket de métro, avec surtout beaucoup de questions.
"Je ne pose pas la question à mon père car nous ne nous comprenons pas. Mon père a sa propre logique du monde. Logique dont je suis exclu. Je ne pose pas la question à mon père car je suis persuadé que derrière ce mystère entre le temps que mon père n'a pas eu, pour "bavarder" avec moi, et le ticket de métro qui accompagne son mot, il n'y a rien d'autre qu'un ticket de métro qui traînait dans la poche de mon père et qui est inutilisable dans le pays de mon père".
Pourquoi "bavarder" puisque de toute évidence le bavardage, le narrateur nous le dit, reprèsente l'action de parler longuement , familièrement, souvent pour ne rien dire ? Ce n'aurait pas été plus honnête de dire, simplement, "je n'ai pas pris le temps de parler avec toi?"
Ce temps, le narrateur le prendra tout seul, avec son ticket de métro, en s'offrant un cadeau étrange: "Le ticket de métro étant valable pour le bus, je choisis le jour de mon anniversaire, le 24 octobre, pour "bavarder" avec mon père, en bus. Comme il ne faut pas réfléchir, pour que ce parcours soit le parcours de bavardage entre mon père et moi, je prendrai le premier bus qui se présentera, ce sera le cadeau de mon père pour mes 37 ans."
Ce trajet en bus, effectué depuis Clichy la Garenne vers le Paris intra muros, est un prétexte pour aborder non seulement la relation au père mais également, en filigrane, pour esquisser une ébauche de sociologie urbaine dont les prémices sont extrêmement prometteuses et que, à titre personnel, j'aimerais retrouver dans un prochain roman.
Le cheminement qui s'opère de la péripherie vers le centre géographique via le bus, a son pendant dans le cheminement du bavardage intérieur: l'image du père se dessine au fur et à mesure, en partant des fragments de souvenirs d'enfance pour déboucher sur celui que le narrateur laissera derrière en quittant l'Algérie.
Ce voyage en bus qui doit combler la part du non-dit ouvre de nombreuses autres pistes de réflexion: en interrogeant la part du père, Brahim Metiba interroge aussi le monde à travers les figures disséminées ici et là entre les pages de son roman.
Une suite de Ma mère et moi ? Certes, nous retrouvons le style minimaliste, pudique, extrêmement touchant qui personnellement m'avait subjuguée à la lecture du premier roman de Brahim Metiba. Seulement, cette fois-ci, on commence à percevoir la force latente de son écriture et plus encore, un regard qui ne laisse pas beaucoup de place à la concession sur le monde qui nous entoure.
"Petit, j'écoutais mon père parler en français avec ses amis, j'admirais son phrasé. Je ne comprenais rien, ils parlaient politique, mais j'aimais la musique des phrases prononcées par mon père, et l'assurance que ça lui donnait. Puis mon père a cessé progressivement de parler."
Continuez à parler, Monsieur Metiba!

Je n'ai pas eu le temps de bavarder avec toi, Brahim Metiba, Editions du Mauconduit, octobre 2015

Lien : http://lavistelquilest.blogs..
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Le père algérien du narrateur de ce roman est venu rendre visite à son fils installé en France. Il lui laisse en partant un petit mot : « Je n'ai pas eu le temps de bavarder avec toi, je te laisse ce ticket de métro ».

Après avoir tenté de comprendre ce que peut signifier cette phrase, il en déduit que ne pouvant utiliser ce ticket en Algérie, il le lui laisse pour en faire usage et ne pas le perdre. Ce ticket devient donc, dans l'esprit du narrateur une sorte de cadeau qu'il va mettre à profit pour « bavarder » dans le bus avec un père incompris et secret.
Promenade en bus qui comme chez Queneau va prendre l'aspect d'une sorte d'exercice, non de style mais de « mémoire ».
Alors commencent des réflexions sur la France vue avec les yeux d'un franco-algérien, sur ce père figé dans ses habitudes et qui ne parle que français bien que vivant en Algérie… Un bavardage porté par le regard de ce voyageur à la recherche de ses racines.

Un court récit de Brahim Metiba mais d'une grande densité, preuve qu'il n'est pas nécessaire d'écrire des milliers de pages pour faire passer l'essentiel de ses interrogations et de ses émotions.
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Quel livre étrange !
Je n'ai pas à le classer heureusement. Je n'ai eu qu'à le lire... Et à l'apprécier.
Il y a peu de pages, une soixantaine. Il y a peu de mots, mais forts, emplis de douceur et de brutalité en même temps. Un cri muet qui explose dans un silence assourdissant... Oui, c'est ce que j'ai ressenti. Un impossible dialogue entre un père et son fils. Pourquoi les liens du sang ne permettent-ils pas toujours la communication ? Différence de génération, différence de culture, différence tout simplement...

Le père du narrateur, venu d'Algérie, pour lui rendre visite à Paris, laisse un mot sur la table de son appartement avant de repartir : " Je n'ai pas eu le temps de bavarder avec toi, je te laisse ce ticket de métro. Ton père."
Ce ticket, reçu comme un cadeau lui donnant le droit de bavarder avec son père pendant un temps donné, servira au fils à accomplir un voyage en bus. de Clichy au coeur de Paris, il mènera un dialogue intérieur avec son père, échange impossible mélangeant les souvenirs familiaux, les comportements des uns et des autres et les regards posés sur son pays d'adoption.

Une découverte étonnante et singulière pour laquelle je remercie les éditions du Mauconduit et Babélio. Brahim Metiba, un jeune auteur à suivre, sans aucun doute.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Mon père, pour des raisons que j'ignore, regarde toujours le journal télévisé de TF1. Je me demande pourquoi cette chaine qui, lorsqu'elle montre des arabes vivants en France, ils ont forcément un fort accent qui les rend inintelligibles, et qui, lorsqu'elle montre des Noirs vivants en France, c'est toujours dans le cadre d'un reportage sur les aides sociales, je me demande en quoi cette chaîne peut intéresser mon père.
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La peau blonde et les yeux clairs, sont l'idéal esthétique des algériens; hommes comme femmes. Les algériens n'aiment ni leur langue, ni leur physique. Comment peut-on construire un pays, quand on n'aime ni sa langue ni soi? A quel moment l'algérien a-t-il basculé d'un être fier d'avoir libéré le pays, à un être complexé t ne sachant pas quoi faire de ce même pays?
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...je ne comprends rien à ce qu'il raconte, et il ne comprend rien à ce que je dis. Nous parlons pourtant la même langue: le français. Car comme tous les algériens de sa génération, mon père ne connaît que le français. Les algériens de ma génération parlent algérien: une langue constituée d'une base de français, plus ou moins arabisée c'est à dire phonétisé comme l'arabe;.....L'arabe n'a jamais su s'imposer en Algérie. Ce qui rend les Algériens incapables de communiquer avec le monde: le français n'est pas complètement français pour communiquer avec des francophones; l'arabe n'est pas complètement arabe pour communiquer avec des arabophones. Les algériens sont, pour ainsi dire, coupés du monde.
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Je ne discute jamais avec mon père, nous n’avons pas grand-chose à nous dire, nous bavardons encore moins. Ce jour-là, juste avant de repartir en Algérie, mon père m’avait laissé un mot : « Je n’ai pas eu le temps de bavarder avec toi, je te laisse ce ticket de métro. Ton père. » À côté du mot, il y avait le ticket de métro. L’écriture de mon père, régulière et fière, m’a toujours fasciné. Mon père a toujours besoin de signer « ton père », quand il m’écrit. Comme si, ce jour-là, ç’aurait pu être quelqu’un d’autre. Comme si je ne reconnaissais pas son écriture. Est-il fier d’être mon père, au point de le souligner ?
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Le parcours de bavardage entre mon père et moi, sera donc un parcours dépourvu d’intérêt. Il ne faudra pas réfléchir, car réfléchir c’est donner à son action un sens déterminé par un intérêt. J’habite Clichy-la-Garenne, je ne prends que le métro, jamais le bus. Le ticket de métro étant également valable pour le bus, je choisis le jour de mon anniversaire, le 24 octobre, pour « bavarder » avec mon père, en bus. Comme il ne faut pas réfléchir, pour que ce parcours soit le parcours de bavardage entre mon père et moi, je prendrai le premier bus qui se présentera, ce sera le cadeau de mon père pour mes 37 ans.
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Vidéo de Brahim Metiba
Le jeudi 16 avril 2015, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr) accueillait Brahim Metiba, à l'occasion de la parution de son premier roman, "Ma mère et moi", aux éditions Mauconduit.
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